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514. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Deuxième partie. Invention — Chapitre II. Définition. — Énumération. — Description »

Sur chacune de ces catégories, dont on pourrait étendre la liste, vous pouvez vous poser un certain nombre de questions. […] Une fois l’esprit habitué à ce procédé, vous n’aurez plus besoin de faire les demandes : les réponses précéderont les questions ; vous penserez naturellement selon la méthode que vous vous serez imposée, et votre réflexion conformera sa marche à l’ordre accoutumé. La première question qui se pose sur quelque objet que ce soit, est : Qu’est-ce que c’est ?

515. (1863) Molière et la comédie italienne « Chapitre XI. Il Convitato di pietra (le Convié de pierre) » pp. 191-208

“Mais si l’on te donnait la question ? […] Alors, prenant le ton du barigel, le maître feint de donner la question à son valet, qui s’empresse de tout avouer. […] Son chapeau l’embarrasse, il le met sur la tête de Don Juan, qui le jette au loin, et qui lui fait beaucoup de questions sur la jeune veuve dont il est fort tenté.

516. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IV. La folie et les lésions du cerveau »

Il est très difficile d’appliquer une telle méthode à la question qui nous occupe, au moins dans l’humanité ; on ne peut à volonté, si ce n’est dans des cas très rares et avec quelques périls, jouer avec l’intelligence humaine, comme avec des vapeurs ou des gaz32 ; mais, hélas ! […] Voilà la question. […] Mais je ne vois pas quel avantage le matérialisme pourrait tirer de cette concession, à moins de poser en principe que toute maladie est une maladie du corps, et c’est précisément ce qui est en question.

517. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre III. Besoin d’institutions nouvelles » pp. 67-85

Que de questions indécises, même sur les premiers éléments de notre nouveau pacte social, sur la Chambre des Pairs, sur celle des Communes, sur les limites respectives des pouvoirs de la société ! […] Ils devraient cependant être bien rassurés à présent ; car il ne peut plus être question de rétablir notre vieille religion sociale, mais d’affaiblir la haine qu’on lui porte, et d’établir que ses dogmes nous furent utiles. […] Il était, sans doute, convenable et nécessaire que les sages intervinssent dans l’examen des questions nouvelles ; mais il eût été désirable qu’eux seuls y fussent intervenus.

518. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XV. Mme la Mise de Blocqueville »

Toutes les questions que roulent les penseurs qui n’en peuvent mais du xixe  siècle, y sont abordées avec une hardiesse qui n’a d’égale que l’impuissance qui l’accompagne : car patauger dans les questions n’est pas les résoudre, même quand on ferait sauter l’écume très loin autour de soi et dans les yeux de ses lecteurs ! […] Les forts conversationnistes de ses Soirées, qui s’y donnent la réplique, prennent les questions par tous les bouts qu’elles ont et qu’elles n’ont pas.

519. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Chapitre XXV. Mme Clarisse Bader »

C’est la question, Mademoiselle. […] Or, pour épuiser ses humbles condescendances de dame de compagnie, elle va jusqu’à porter la queue de la soutane du père Duboscq, auteur assez obscur d’un livre intitulé la Femme héroïque, dans la question de savoir si la chaste Suzanne est plus grande que Lucrèce…, question, du reste, bien digne d’une discussion entre femmes !

520. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Les Césars »

Dans les premières années de ce siècle, deux hommes de génie, mais d’un génie qui finissait en rêverie, comme la flamme la plus pure finit en fumée, Ballanche et Niebuhr, frappèrent, avec des préoccupations diverses, au cœur même de la chose romaine ; mais l’exactitude de leurs travaux plus illuminés que lumineux, n’est-elle pas une question encore ? […] Voilà la question que nous osons poser ! […] Lorsqu’on est un homme de réalité supérieure comme Franz de Champagny, c’est trop superficiel, en vérité, que d’expliquer l’avènement de l’Empire et sa durée par les seules questions morales, par la vertu oblitérée des républiques, par une terreur à la Robespierre et une idolâtrie épouvantée du nom de César, — de ce nom devenu, grâce à celui qui le porta le premier, une tête de Méduse d’adoration et de crainte !

521. (1880) Goethe et Diderot « Note : entretiens de Goethe et d’Eckermann Traduits par M. J.-N. Charles »

Et c’est la question, et pas une autre. […] En métaphysique, je trouve simplement ici un athée qui a peur de se compromettre et qui se roule dans cette toile d’araignée pour se cacher : « Je crois — dit-il, page 191, — Dieu incompréhensible, et l’homme ne peut avoir de lui qu’une idée vague, une idée approximative… » Pour la question pendante sur tout cerveau humain comme un glaive, la question de notre immortalité : « Je crois — dit-il avec une impertinence nonchalante — qu’il faut y croire, mais qu’il ne faut pas y penser (page 34).

522. (1888) Les œuvres et les hommes. Les Historiens. X. « M. le vicomte de Meaux » pp. 117-133

Voilà la question, et nous y reviendrons tout à l’heure. […] Assurément, je ne lui conteste pas sa foi, à cet écrivain qui la met cependant perpétuellement en dehors de la question d’histoire, mais il faut avouer qu’il n’a pas l’ambition de sa foi, et qu’il n’en a pas les regrets ! […] Ce n’était qu’une question de temps.

523. (1895) Les œuvres et les hommes. Journalistes et polémistes, chroniqueurs et pamphlétaires. XV « Auguste Vacquerie » pp. 73-89

… Voilà les questions qui vous pressent à la lecture de ce plaisant volume, intitulé : Profils et Grimaces. […] IV La biographie en question, qui termine, dans une gloire, le volume de Profils et Grimaces, quoique écrite évidemment en vue du public a pris la forme, adroite du reste (mais Vacquerie se soucie bien d’être adroit !) […] , et il va du paysage aux arcanes les plus mystérieux de la philosophie, du chien Ponto, célèbre déjà dans Les Contemplations, à la question de l’âme des bêtes, pour lesquelles Vacquerie a la sympathie d’un homme qui voit en elles son logement prochain.

524. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

Caro pourrait bien arriver à temps pour enfin terminer un débat sans bout dont tout le monde est las, et dont il restera, je le crains, à l’esprit français, — cet esprit qui d’ordinaire traverse les questions comme une balle, — un immense appesantissement ! […] Elle place la question là où elle doit être, et elle la résout en l’élevant. […] qui se piquent de libre examen et de philosophie, et c’est ainsi que du bonheur, de n’être pas prêtre dans une question théologique, il aura fait une habileté.

525. (1909) Les œuvres et les hommes. Philosophes et écrivains religieux et politiques. XXV « Edgar Quinet »

Sur le premier homme, qui est une question quand on parle de la Création, ce naturaliste de quatre jours et de quatre sous donne sa démission et confond l’homme avec l’histoire.  […] Il répond à la question par la question.

526. (1868) Curiosités esthétiques « V. Salon de 1859 » pp. 245-358

Pour bien répondre à cette question, mon cher M***, il ne faut pas craindre d’être trop dur. […] Chercher à étonner par des moyens d’étonnement étrangers à l’art en question est la grande ressource des gens qui ne sont pas naturellement peintres. […] Conséquemment, de trop grands écarts faits hors de la méthode en question témoignent d’une importance anormale et injuste donnée à quelque partie secondaire de l’art. […] J’ai d’ailleurs à faire un reproche plus vif au tableau en question. […] » telle est la question que se fera tout le public féminin.

527. (1882) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Deuxième série pp. 1-334

Car, je vous prie, la question est-elle de savoir si Mahomet était épileptique ? […] Telles sont à peu près les questions que M.  […] La question revient donc toujours. […] Mais la question est ailleurs. […] C’est précisément la question.

528. (1893) La psychologie des idées-forces « Tome second — Livre cinquième. Principales idées-forces, leur genèse et leur influence — Chapitre cinquième. Genèse et action des principes d’identité et de raison suffisante. — Origines de notre structure intellectuelle »

— La réponse est contenue dans la question même : puisque nous ne connaissons les objets que par notre pensée, c’est-à-dire par nos états de conscience et leurs relations, nous ne pouvons faire autrement. […] C’est une question essentiellement pratique, portant tout entière sur les relations du mouvement avec le plaisir et la douleur, ou, physiologiquement, sur les relations entre les muscles et les nerfs. La question spéculative, et avec elle la pensée scientifique, ne commence que plus tard ; en présence d’un objet, la pensée ne dit plus : que faire ? […] Mais cette question, en apparence si spéculative et si désintéressée, revient encore à ceci : qu’est-ce que cet objet pourrait me faire sentir, et par quel mouvement pourrais-je répondre ? […] La proportion du même et de l’autre, du semblable et du dissemblable dans la nature est donc une question d’expérience.

529. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre II. De la multiplicité des états de conscience. L’idée de durée »

Pour répondre à cette question, il suffira à chacun de passer en revue les diverses formes que l’idée de nombre a prises pour lui depuis son enfance. […] Et il est incontestable qu’on aura compté ainsi des moments de la durée, plutôt que des points de l’espace ; mais la question est de savoir si ce n’est pas avec des points de l’espace qu’on aura compté les moments de la durée. […] Nous lui poserons alors cette question : la multiplicité de nos états de conscience a-t-elle la moindre analogie avec la multiplicité des unités d’un nombre ? […] On aurait tort d’attribuer une trop grande importance à la question de la réalité absolue de l’espace : autant vaudrait peut-être se demander si l’espace est ou n’est pas dans l’espace. […] Il n’est donc pas question ici de durée, mais seulement d’espace et de simultanéités.

530. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Madame Dacier. — II. (Fin.) » pp. 495-513

Il se dit de part et d’autre beaucoup de choses bonnes et mauvaises, spirituelles et grossières, excellentes et ridicules ; chacun des combattants y dessina son caractère encore plus qu’il n’éclaircit la question. […] Cependant il montrait dans l’examen de la question autant de sérieux que La Motte y avait mis de légèreté et d’air mondain. […] Dans cette question d’Homère il trouvait le moyen de se montrer un disciple de Descartes, un précurseur de Turgot, de Condorcet, d’Auguste Comte et d’Emerson. […] Je ne me suis pas même posé, durant toute cette étude, cette question, pourtant si française : Mme Dacier était-elle jolie ?

531. (1870) Causeries du lundi. Tome XI (3e éd.) « Préface pour les Maximes de La Rochefoucauld, (Édition elzévirienne de P. Jannet) 1853. » pp. 404-421

Venir après deux siècles s’interposer entre une maîtresse aussi subtile et aussi coquette d’esprit, aussi versatile de cœur que la sœur des Condé et des Conti, et un amant aussi fin, aussi délié, aussi roué si l’on veut, que M. de La Rochefoucauld ; prétendre sérieusement faire entre les deux la part exacte des raisons ou des torts ; déclarer que tout le mal est uniquement d’un côté, et que de l’autre sont toutes les excuses ; poser en ces termes la question et s’imaginer de bonne foi qu’on l’a résolue, c’est montrer par cela même qu’on porte en ces matières la ferveur d’un néophyte, qu’on est un casuiste de Sorbonne ou de cour d’amour peut-être, mais un moraliste très peu. […] Quand on parle des femmes, il me semble que ce n’est point là la véritable question à se faire, et qu’il serait mieux de se demander tout bas, non pas si on daignera les accueillir, mais si elles vous auraient accueilli. […] Si nous étions à l’hôtel Rambouillet, je poserais cette question : « Le livre de M.  […] [NdA] Je ne discute point la question de savoir si ces Réflexions diverses sont certainement de La Rochefoucauld ; il me suffit qu’elles lui soient attribuées, qu’elles soient dignes de lui, et qu’elles expriment le meilleur goût et tout l’esprit de son monde.

532. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Santeul ou de la poésie latine sous Louis XIV, par M. Montalant-Bougleux, 1 vol. in-12. Paris, 1855. — I » pp. 20-38

Mais il faut raconter tout cela par ordre et avec méthode, et mettre chacun à même de bien juger de l’état au moins de la question. […] Que s’il se mêle à cette question de liturgie une part de dogme, on trouvera tout naturel que je la néglige ici pour ne considérer que ce qui est du ressort du goût, ce dernier ordre de considérations étant très suffisant pour nous permettre de bien juger du caractère, du rôle et de toute la destinée de Santeul ; car il ne fut jamais qu’un homme de verve, et nullement un homme de doctrine. […] Un des bénédictins français modernes, dom Guéranger, souleva le premier et traita la question dans son livre des Institutions liturgiques (1841) : il y attaquait tout le système gallican, mais particulièrement cette innovation du xviie  siècle dans les chants et les hymnes sacrés, innovation dont Santeul fut l’instrument principal, et dont les promoteurs, M. de Harlay, archevêque de Paris, et le cardinal de Bouillon, abbé de Cluny, n’offraient pas toutes les qualités morales désirables chez des hommes voués au service de Dieu et préposés à la célébration de ses louanges. […] Son livre, sans qu’il y soit question nommément de Santeul, est écrasant pour ce dernier par la comparaison involontaire qu’on est amené à établir entre l’enthousiasme un peu factice du gai chanoine de Saint-Victor et la haute source d’inspiration habituelle de ces grands docteurs et promoteurs de la foi, les saint Bernard, les saint Bonaventure, les saint Thomas d’Aquin, le pieux roi Robert, et bien d’autres de ces âges anciens.

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