La mémoire, comme nous avons essayé de le prouver 2, n’est pas une faculté de classer des souvenirs dans un tiroir ou de les inscrire sur un registre. […] L’attrait qu’elle a pour nous prouve assez qu’elle donne satisfaction à une inclination innée. […] Elles sont toutes deux invérifiables, la première parce que la science n’a pas encore avancé d’un pas vers la synthèse chimique d’une substance vivante, la seconde parce qu’il n’existe aucun moyen concevable de prouver expérimentalement l’impossibilité d’un fait. […] On sent bien aussi que, même si l’on s’en tient au monde organisé, il n’est guère plus facile de prouver que tout y soit harmonie. […] Nous voici revenus, en effet, après une digression nécessaire, à la question que nous tenons pour essentielle : peut-on prouver par les faits l’insuffisance du mécanisme ?
première réflexion. il seroit inutile de prouver fort au long, qu’il est des païs où l’on ne vit jamais de grands peintres ni de grands poëtes. […] Alleguer que les indiens ne se seroient pas laissez subjuguer si facilement, s’ils avoient eu les mêmes machines de guerre, les mêmes armes et la même discipline que leurs conquerans ; c’est prouver la supériorité de génie de notre Europe, qui avoit inventé toutes ces choses, sans que les asiatiques et les ameriquains eussent encore rien trouvé d’équivalent, quoiqu’ils fissent continuellement la guerre les uns contre les autres. […] Après avoir fait refléxion sur toutes les choses que je viens d’alleguer, et sur plusieurs autres connuës generalement et qui prouvent notre proposition, on ne sçauroit s’empêcher d’être de l’opinion de Monsieur De Fontenelle, qui dit en parlant des lumieres et du tour d’esprit des orientaux : en verité, je crois toujours de plus en plus… etc. . Non-seulement il est des païs où les causes morales n’ont jamais fait éclore de grands peintres ni de grands poëtes, mais ce qui prouve encore d’avantage, il y a eu des temps où les causes morales n’ont pas pû former de grands artisans, même dans les païs, qui en d’autres temps en ont produits avec facilité, et pour parler ainsi, gratuitement. […] Les belles statuës qu’on a trouvées dans la Grece depuis deux ou trois siecles, prouvent bien que les empereurs romains et leurs officiers ne les en avoient pas toutes enlevées.
Toutefois les conditions de la paix d’Alais, signée en 1629, prouvent que Richelieu fut assez clairvoyant et indépendant du « parti dévot » toujours avide de sang protestant, pour laisser aux Réformés l’exercice de leur culte et un certain droit à l’existence. […] Ce prélat les envoya quérir et tâcha de leur prouver ce dogme pur les meilleures raisons qu’il leur put alléguer. […] Le polémiste… Que prouvent les Avertissements aux protestants, l’œuvre principale de Bossuet envisagé comme polémiste ? […] En quelle partie de sa métaphysique, de sa morale, de ses sermons, de ses oraisons, de ses histoires, s’est-il prouvé original ou génial, créateur ou intuitif ? […] Le roi inclinait plutôt vers la modération, car sa nature n’était point portée vers la cruauté ; la violence même de la persécution prouve quelle dut être la pression du clergé sur sa volonté, jusqu’à le faire se parjurer, puisqu’à plusieurs reprises, il avait solennellement confirmé l’Édit de Nantes.
. — Mais, d’abord, il n’est nullement prouvé que Mme de Rémusat eût contre l’empereur le genre de griefs qu’on a dit : ce n’est qu’une supposition de notre malignité. […] Cela prouve seulement qu’il y a deux façons de se représenter la personne et l’œuvre de Napoléon. […] Je veux bien (quoique, après tout, cela ne soit nullement prouvé) qu’elle ait été déçue soit dans son amour, soit dans son ambition ou sa vanité ; je veux qu’elle en ait gardé du dépit, et qu’elle ait vu Napoléon d’un tout autre œil qu’auparavant. […] C’est seulement après l’achèvement de leur destinée humaine par le sacrifice qui leur prouve leur valeur morale, qu’ils dépouillent leur matérialité pour entrer dans le dernier paradis, dont le poète se résigne à ne se faire qu’une très vague idée… — Mais alors, pourquoi l’aventure de Faustus et de Stella ne se passe-t-elle pas tout simplement sur la terre ?
On employa toutes les pieuses fraudes pour prouver que saint Samson avait été métropolitain ; mais les cadres de l’Église universelle étaient déjà trop arrêtés pour qu’une telle intrusion pût réussir, et les nouveaux évêchés furent obligés de s’agréger à la province gallo-romaine la plus voisine : celle de Tours. […] IV Ma mère continua ainsi : « Tout n’est au fond qu’une grande illusion, et ce qui le prouve, c’est que, dans beaucoup de cas, rien n’est plus facile que de duper la nature par des singeries qu’elle ne sait pas distinguer de la réalité. […] ces pauvres filles prouvent par leurs égarements les saintes lois de la nature et leur inévitable fatalité. […] On ne sortait pas de ce raisonnement : « Le voleur est entré par la porte de la sacristie ; or la sacristine seule a pu passer par cette porte, et il est prouvé qu’elle y a passé en réalité ; elle-même l’avoue. » On cédait trop alors à l’idée qu’il était bon que tout crime fût suivi d’une arrestation.
Ce qui prouve, du reste, la triple absence de l’aperçu, de la sensibilité et de la science réelle en Villemain, c’est qu’au meilleur moment de sa jeunesse et de sa force il n’ait cherché dans les Pères et dans l’étude de leurs écrits qu’une raison et qu’un moyen d’enseigner l’éloquence, comme si l’éloquence s’enseignait ! […] Mais parce que l’Académie a des passions de femme qui boude contre un pouvoir qu’elle devrait respecter, et parce qu’elle s’imagine que le pavillon Mazarin est aussi inviolable que le château de Coppet, elle n’est pas pour cela madame de Staël, III Et Villemain vient de le prouver pour sa part, — pour son quarantième de talent et de flamme inspirée. […] Ces six cents pages ne sont pas même le tour de force sur le vent que nous attendions d’un si grand artiste en vide que Villemain ; car, au bout de quelques haleines, il clôt, épuisé, la dissertation sur Pindare, et se met à pourchasser la poésie lyrique partout où elle s’est montrée dans la littérature des peuples, afin de nous prouver (dit-il) qu’elle fut toujours en harmonie avec l’élévation morale et religieuse des nations ! […] C’était là une bonne occasion pourtant de prouver qu’elle avait de l’encre dans les veines… Élevée probablement pour être un bas-bleu, elle ne nous a pas montré le moindre bout de l’odieuse chaussette, et elle s’est contentée de nous dire ce qu’est le livre de son père, avec la simplicité de monsieur Jourdain demandant à Nicole ses pantoufles… À rigoureusement parler, ce livre de la Tribune moderne n’est pas un livre, mais le projet d’un livre interrompu et dont on a réuni les fragments qui ont été achevés.
Le poète est convaincu — et il le prouve du reste — qu’il n’est point de nuance, si subtile soit-elle, qu’on ne puisse rendre et pour ainsi dire faire toucher au moyen des mètres consacrés que le vrai poète sait toujours modeler sur la pensée.
Cet Auteur a été en cela un exemple très-capable de prouver combien un esprit caustique, indépendant, aidé d’une mémoire prodigieuse, est propre à enfanter d’erreurs, & à les débiter avec assurance.
Ce petit Ouvrage est précédé d'un Discours préliminaire qui renferme d'excellens principes de morale & de goût, qui prouvent que l'esprit de l'Auteur est plus propre à donner des leçons que des exemples.
Les réflexions y sont lumineuses & fortement exprimées ; ce qui prouve que, pour écrire au moins passablement, il faut suivre son propre caractere, quand on n’a pas assez de nerf & de souplesse pour se plier à celui des grands Modeles.
Honoré Bonhomme va demandant la vérité vraie, que l’histoire ne dit pas toujours… » Et à la suite de ce préambule, on nous prouve, moyennant citations louangeuses tirées d’articles de journaux, et conséquemment au système de la vérité vraie, que M. […] On ne sert pas deux maîtres à la fois : Collé l’a prouvé par son exemple. […] Il répète, après bien d’autres, des choses vraies sur la vieillesse et ses désagréments ; il prouve lui-même cet inconvénient de vieillir par bon nombre de ses jugements qui ne sont que des préventions ; mais lorsqu’il dit en un endroit : « J’entre dans l’extrême vieillesse, et je n’ai à envisager que des déperditions de toute espèce et des infirmités et maladies de tous les genres à attendre : belle perspective !
Après le Méchant, dans lequel il prouva une heureuse entente des tracasseries du monde, comme dans Vert-Vert il s’était joué avec les tracasseries du couvent, Gresset avait tout dit. […] Desfontaines, plus judicieux, concluait, après bien des éloges : « Ce sont de jolis riens qui ne conduisent à rien. » A les relire aujourd’hui, en effet, presque tous ces vers de Gresset ne nous offrent plus guère qu’une interminable enfilade de rimes entre-croisées dans lesquelles chaque mot ne marche qu’invariablement escorté de son épithète : pur babil, ramage, une sorte de loquacité poétique qui prouve de la facilité plutôt que de la verve, facilitas potius quam facultas. […] C’est le poëte des Grâces, et il a prouvé qu’il pouvait être autre chose, de moins parfait à la vérité, mais qu’on croyait incompatible avec tant d’agréments et de légèreté.
Il est si doux de le prouver qu’un écrivain se met sans le vouloir en quête de phrases ingénieuses, et défigure sa pensée pour la parer. […] Plusieurs fables, Jupiter et les Tonnerres, les Vautours et les Pigeons, le Rat de ville et le Rat des champs 203, prouvent que le mètre uniforme eût fait tort à la pensée poétique, et que le génie ne peut rien contre la nature des choses. […] 204 Les deux strophes prouvent assez combien il est dangereux d’accepter un rythme trop musical.
car, si on ne le sent pas, je n’ai pas à le prouver. […] Pour montrer, avant tout, ce qu’était Mme de La Tour, cette Julie qui se croyait en droit d’être comparée à Julie d’Étanges, et pour prouver qu’elle n’en était pas trop indigne, je ne puis faire rien de mieux que de citer son propre portrait, envoyé par elle à Rousseau, un jour que celui-ci, dans une de ses rares boutades de galanterie, lui avait demandé comment elle s’habillait, afin de pouvoir se fixer l’imagination, disait-il, et se faire quelque idée d’elle. […] À la façon dont elle prend à partie tous ceux qui l’attaquent, on voit qu’elle a à cœur de prouver jusqu’à la fin « qu’on est toujours de la religion de ce qu’on aime ».
Lauzun, devenu duc de Biron, l’a prouvé. […] M. de Bouillé ajoute que, le lendemain, le duc de Biron vint chez lui, et lui remit par écrit sa conversation de la veille, afin de lui prouver que c’était sincère et qu’il y pouvait compter. […] Vous me prouviez, l’autre jour, que leur opinion avait un grand poids.
M. de Bonald avait pris pour épigraphe cette phrase de Rousseau dans le Contrat social : « Si le Législateur, se trompant dans son objet, établit un principe différent de celui qui naît de la nature des choses, l’État ne cessera d’être agité jusqu’à ce que ce principe soit détruit ou changé, et que l’invincible nature ait repris son empire. » — M. de Bonald se réservait de prouver qu’ici la nature n’était autre chose que la société même la plus étroitement liée et la plus forte, la religion et la monarchie. […] Pour prouver la religion des premières familles et le sacerdoce des premiers patriarches, qu’avait-il besoin de passer par des espèces d’équations et de proportions où il fait entrer ses termes favoris, cause, moyen, effet, qui répondent ici à père, mère, enfant, et tout ce qui s’ensuit ? […] En cela, comme dans son analyse de Chateaubriand, Chénier a prouvé qu’il n’était qu’un demi-critique.
Toute une œuvre historique, écrite par un homme qui a prouvé, par ses fameux Mémoires, qu’il est un des plus éclatants génies d’écrivain que la France ait jamais eus, va sortir de l’engloutissement dans lequel on la tenait, le croira-t-on ? […] Cela rappelle le petit poisson au nez du requin ; mais le petit poisson y voit clair, et Faugère n’y voit goutte. — Ce volume prouvera, du reste, une fois de plus, que la supériorité d’un homme, quand il est supérieur, se retrouve partout. […] Le principe, violé une fois en haut, se retrouve violé partout… et jamais chose n’a mieux prouvé que le pouvoir politique et la paternité sont congénères, et qu’on ne les disjoint jamais que pour la honte et le malheur des peuples !
Il fallait prouver que le xixe siècle était revenu, ou allait revenir, non de lassitude, non d’impuissance et de désespoir, mais en vertu de sa force et de son progrès, en vertu de ce qu’il y a de plus éclairé et de plus réfléchi, au catholicisme tel qu’il existait au temps d’Innocent III par exemple. […] Le catholicisme (maintenant prouvé) de l’auteur n’apparaît pas nettement dans son livre. […] Quant à son catholicisme, nous en avons donné l’explication la plus honorable en montrant qu’il consistait seulement dans le sentiment de respect qu’inspire à très bon droit un système aussi fort, aussi lié en toutes ses parties, que le système catholique au Moyen Âge ; mais de théorie, de démonstration tendant à prouver la valeur absolue, divine, éternelle de ce catholicisme du passé, il n’y en a pas dans Hurter, esprit trop peu philosophique pour s’inquiéter beaucoup d’une théorie quelconque.
Il ne la tient pas toujours de ses aïeux ; il l’acquiert alors par un acte de volonté, et sa nationalité est sur lui comme une qualité dont il se préoccupe de prouver qu’il est digne. […] De tout mon être je voulais être Français, mériter de l’être, prouver que je l’étais, et je rêvais d’actions d’éclat à la guerre contre Guillaume. […] Un long cortège d’exemples vient de nous montrer Israël qui s’applique dans cette guerre à prouver sa gratitude envers la France.