M. de Fontanes y prit le sentiment terrible du religieux ; pourtant l’imagination était peut-être plus frappée que le cœur. […] « Les premiers choix sont en quelque sorte faits comme on prend des numéros à la loterie. […] Si ce fut par pressentiment de sa fortune politique, bien lui en prit. […] Il dit qu’il ne prend rien, et la manière dont il le dit devient à l’instant cette fine perle qu’il a l’air de ne plus chercher. […] Robespierre prit la parole, et, tout en approuvant Couthon, excusa bénignement l’intention des pétitionnaires.
On conte qu’Apelles, étant venu voir Protogènes, ne voulut pas dire son nom, prit un pinceau et traça sur un panneau préparé une mince ligne sinueuse. […] Une pareille disposition d’esprit conduit l’homme à prendre la vie comme une partie de plaisir. […] Nous n’y prenons point part ; nous avons des délégués qui, choisis par eux-mêmes ou par l’Etat, combattent, naviguent, jugent ou prient pour nous. […] L’expérience des sens et le raisonnement des savants sont insuffisants et trompeurs ; prenons pour flambeau la révélation, la foi, l’illumination divine. […] Il est bien petit. — On est toujours assez grand pour naviguer. — Mais quel chargement prendrons-nous ?
Écrivain, il ne l’est à aucun degré ; il n’est, en ce genre, que ridicule : et cette dernière et malheureuse prétention, qui lui a pris sur le tard, gâte toutes tes autres qualités qu’il a réellement. […] Vous avez prononcé aussi le mot de vanité qui est inévitable en un tel sujet ; mais tant de gens ont leur vanité en dedans que la sienne, toute en dehors, était en quelque sorte commode pour autrui : cela accepté, on avait affaire à un esprit orné, plein d’anecdotes et de mots pris aux bons endroits, facile et coulant.
Et Dubus, qui était le garçon le plus naturel du monde, se crut obligé de prendre le ton. […] Ils étaient pris du même désir d’introduire dans leurs vers plus de mystère, plus de rêve, plus de musique, et de substituer au mode narratif et didactique une méthode synthétique aux raccourcis violents.
Le soir, quand le bilakoro rassembla ses moutons pour regagner le village, Ybilis prit la forme d’une femme très belle et le suivit ainsi jusqu’à la case de ses parents. […] Il reconnut du premier coup d’œil à qui il avait affaire mais il dissimula : « Cela va bien, répondit-il, et je vais te prendre pour femme ».
— Pourquoi m’a-t-on pris ? […] Et toujours, elle retombe sans avoir pu prendre son vol, et elle écrase quoi ? […] Prenons aujourd’hui les conservateurs. […] Leur idéal est clair, parce qu’il prend sa source dans la nature et dans la vie. […] … Qu’est-ce qui vous prend ?
Saint-Marc est plus leste de ton, plus badin, persifleur, bel esprit et belle plume ; pour prendre idée du style et de la manière de Saint-Marc, lisez dans les Débats de vendredi (26 mai) l’article en tête contre la Gazette : c’est du pur Saint-Marc : caillette maligne et de grand esprit ; il porte d’ailleurs dans cette question l’intérêt personnel et d’amour-propre d’un universitaire. — Je crois pourtant, malgré les présomptions, que le gros des articles, ceux du milieu de la querelle, sont de Sacy16. […] Mais au fond je trouvais que mon homme d’esprit académicien faisait preuve de goût et de franchise en me parlant ainsi ; et que nos autres académiciens non romantiques qui se sont pris subitement à vouloir revendiquer cette œuvre comme de leur école sont dupes et vraiment niais.
L’expression, en donnant un corps à la pensée, en fait apercevoir le faible ; on la corrige, on l’étend, on l’approfondit ; parfois on l’abandonne, mais pour en prendre une autre dont la vérité s’est révélée à nous en parlant. […] En un mot, au lieu de se persuader qu’on a affaire à de purs esprits et à des axiomes universels, on croira qu’on a devant soi un individu vivant, en qui tout est borné et relatif, chez qui les affections, les habitudes, la disposition physique font échec à la vérité ; on prendra la parole qu’on entend pour le signe de l’âme qu’on ne voit ni n’entend ; on tâchera par elle de deviner ce qu’est l’invisible personne qui ne se laisse jamais atteindre que par le dehors.
À l’heure qui nous occupe, elle vient de prendre possession avec éclat de la scène du Théâtre-Français. […] Elle semble l’illustration vivante de tous ces poèmes, obsolètes et polychromes, en train d’éclore de toutes parts, pleins de lys, d’alérions, de clairs de lune, de sphinx et de centaures, et elle captivera les chevaucheurs de nuées et de chimères par la grâce imprévue et troublante de ses travestis, évoquant la vision de l’Androgyne, du Surêtre asexué, de l’Ange impollu, ce qui lui vaudra l’hommage d’un poète exquis et précieux, l’arbitre des élégances, le nouveau Pétrone, l’un des adeptes de l’esthétique nouvelle, chez qui Huysmans a pris l’idée de son Des Esseintes : le comte Robert de Montesquiou : REVIVISCENCE2 Les Héroïnes disparaissent en cohortes Comme si les chassait un étrange aquilon : Sombre Lorenzaccio, pâle Hamlet, blanc Aiglon, Un jeune homme renaît des jeunes femmes mortes.
Où prendrons-nous le parallèle, et la poésie chrétienne a-t-elle assez de moyens pour s’élever à ces beautés ? […] Il a pris son vol sur les ailes des Chérubins ; il s’est élancé sur les vents.
Celui-ci, voyant la griote dans les vêtements de la princesse, la prit pour sa fiancée et la fit entrer dans sa case. […] Dêdé alors se lava les mains dans le sang de l’aventurière150 et prit la place à laquelle elle avait droit.
Grâce à cette erreur populaire, j’arrivai à Naples sans obstacle, la nuit du jour où les Calabrais, l’armée insurrectionnelle et le général Pepe, qui avait pris le rôle de Lafayette napolitain dans le pays et dans l’armée, entraient dans cette capitale. […] Je prenais une part très vive et très confidentielle aux différentes phases et aux différents orages que cette révolution suscitait dans le peuple, dans le parlement et dans le palais. […] Les disgrâces même, du sort sont gracieuses aux hommes de cette nature, ils ne prennent rien trop au sérieux dans la vie. […] On le prit au mot de ses prétentions, non seulement en Italie, mais en France, où on le jugea sur parole. […] Il prit en main la cause de sa patrie ; il fit imprimer contre moi une brochure dont l’honneur de mon pays et l’honneur de mon poste ne me permettaient pas d’accepter les termes.
C’est alors que plusieurs Wagnéristes prirent l’initiative, sous la direction du comte de Sporck, de convoquer, quelques semaines après la mort du Maître, au printemps de 1885, une grande assemblée Wagnérienne à Nuremberg. […] Haydn avait été le maître de l’adolescent ; l’homme devait prendre pour guide, dans le puissant développement de sa vie artistique, le seul maître désormais possible, le très grand Sebastien Bach. […] Voici déjà, cependant, que Haydn prenait des motifs de danse populaires, vifs et pleins d’âme : souvent il les empruntait, aisément reconnaissables, aux danses des paysans hongrois, ses voisins. […] Aussi Beethoven a-t-il suivi la route de Haydn ; il a pris des motifs de danse populaires ; mais au lieu de les faire servir pour la distraction d’une table princière, il les a joués — dans un sens idéal — au peuple lui-même. […] À Wagner, il a pris le sujet, les railleries émues des ondines, cependant que s’éloigne Siegfried, vers sa Mort.
Prenez la table des matières de la Critique de la Raison pure ; comme là il ne peut être question que de l’ordre logique, de l’enchaînement de toutes les parties de l’ouvrage, rien de plus lumineux, rien de plus précis. […] Ils ont reconnu que la raison ne conçoit que ce qu’elle produit elle-même d’après ses propres plans, qu’elle doit prendre les devans avec ses propres principes, et forcer la nature de répondre à ses questions, au lieu de se laisser conduire par elle comme à la lisière. […] Par exemple, prenez cette proposition : ce meurtre qui vient d’avoir lieu suppose un meurtrier ; quels sont les élémens dont se compose cette proposition évidente par elle-même ? […] Prenons l’exemple déjà employé : un meurtre suppose un meurtrier. […] Elle prend pour point de départ unique en psychologie les jugemens synthétiques à posteriori, les jugemens d’expérience, et, lorsqu’elle en vient à la logique, elle donne pour fondement à cette logique, le principe d’identité ou de contradiction.
Chez les Romains, nous apprenons de Pline qu’on adjugeait des prix considérables à des Pigeons ; « voire même, dit le naturaliste latin, qu’ils en sont venus jusqu’à pouvoir rendre compte de leur race et de leur généalogie. » Dans l’Inde, vers l’année 1600, Akbar-Khan était grand amateur de Pigeons ; on en prit au moins vingt mille avec sa cour. […] Des changements de cette nature, c’est-à-dire lents et insensibles, ne sauraient être constatés, à moins que des mesures exactes ou des dessins très corrects des races modifiées, pris longtemps auparavant, ne puissent servir de point de comparaison. […] Les jardiniers de l’époque gréco-latine, qui cultivèrent les meilleures poires qu’il leur fut possible de se procurer, n’ont jamais pensé quels superbes fruits nous mangerions un jour, bien que nous les devions, en quelque mesure, à ce qu’ils ont tout naturellement pris soin de choisir et de perpétuer les meilleures variétés qu’ils ont pu trouver. […] Mais il ne faut pas juger non plus de la valeur accordée d’abord à de légères différences accidentelles chez un seul individu d’une espèce, par celle que prend la race, lorsqu’elle s’est une fois solidement établie par suite de plusieurs reproductions. […] Quelqu’un conserve et fait reproduire un individu qui présente quelque modification peu sensible, ou prend plus de soin qu’un autre pour apparier ensemble ses plus beaux sujets, et ainsi les améliore encore.
Hennin de lui épargner les voyages inutiles à Versailles ; car il les fait à pied, il s’en revient de nuit ; et quand la lune lui manque et que la pluie le prend, il s’embourbe dans les chemins, il tombe, et n’arrive que trempé et brisé ! […] C’était certes une position à prendre, un point de vue heureux à relever vers cette fin du xviiie siècle, que d’assembler et de déduire les accords, les harmonies animées du tableau de la nature, et de faire sentir la chaîne et, s’il se pouvait, l’intention de ces douces lois. […] La colombe, touchant ça et là, y gagne en essor, et son vol en prend plus d’aisance et de mesure. […] Dans la correspondance avec Ducis, qui forme un des endroits les plus récréants de ce déclin, le bonhomme tragique nous apparaît bien supérieur à son ami, par un génie franc, cordial, une grande âme débonnaire, et une imagination quelque peu sauvage, qui prend du pittoresque et des tons plus chauds en vieillissant. […] Mais il ne faudrait pas prendre au mot ces éclats de haine chez les âmes honnêtes.
Il descendit de cheval, prit respectueusement la bride de celui de la reine, feignit une légère violence, et la conduisit, captive volontaire, dans son château de Dunbar, dont il était gouverneur comme lord des frontières. […] … J’ai la fièvre de cette lettre. » On voit que, dès les premiers jours de son séjour en Angleterre, en caressant d’une main Élisabeth, elle nouait de l’autre, avec l’étranger et avec ses propres sujets, la trame dans laquelle elle finit par se prendre elle-même. […] Le parti de Jacques, fils de Marie Stuart, et le parti de sa mère luttèrent de forfaits ; Lennox fut tué en combattant ; le comte de Morton prit la régence à sa place ; il régna en bourreau, le fer à la main ; il anéantit le parti de la reine par la terreur d’un gouvernement, qui prépare des reflux de sang. […] Il la reprit cependant au moment d’expirer, et, soit puissance de la vérité, soit tendresse, il dicta à ses geôliers une justification de la reine dans la mort de Darnley ; il prit tout sur lui : crime et expiation. […] les pauvres âmes ne feront rien que prendre adieu de moi.
Théorie imposante et un peu bousculée, qui, pour prendre un exemple parmi les derniers venus, va de M. […] Ce livre est pris sur le vif de la réalité. […] L’amour entravé par les prescriptions morales éternelles, ou la passion aux prises avec les difficultés de l’existence matérielle si fréquemment hostile aux vœux du cœur, tel est le grand élément sentimental de son œuvre. […] Il donne à ses héros des traits pris aux gens d’aujourd’hui, et ces traits appellent aussitôt de piquants et de significatifs rapprochements. […] Peut-être a-t-il pris épisodiquement le ton de quelques-uns de ses modèles.
La connaissance qu’il en prit dès lors ne lui fut pas inutile plus tard dans les discussions de lois et d’affaires auxquelles il fut mêlé. […] Un de ces inconvénients, c’est, en écrivant sur les auteurs ou en touchant certaines idées religieuses, sociales, d’être trop tenté de prendre les personnes ou les choses par leur surface embellie, par l’expression convenable et consacrée selon laquelle elles se produisent. […] Villemain avait pris une influence immense ; chacune de ses leçons était un événement et une fête. […] Fauriel pour prendre un excellent exemple, comme doivent faire et font les jeunes et savants professeurs qui, succédant dans la carrière à M. […] Non, l’auteur de Michaël ou du Vieux Mendiant du Cumberland (pour prendre au hasard de courts et enchanteurs poëmes) n’est pas inférieur à Byron en génie simple, en peinture naturelle et profonde, comme il l’est en gloire.