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1303. (1866) Cours familier de littérature. XXI « CXXVIe entretien. Fior d’Aliza (suite) » pp. 385-448

Nous cédons à ses menaces pour ne pas ensanglanter le débat, nous prenons acte de son délit et nous réservons les droits à l’exécution de l’ordre, auquel nous sommes délégués, pour les faire exécuter en leur temps par la force publique. […] Et quant à toi, petite couleuvre aux écailles luisantes, dis adieu à ton trou dans les racines du châtaignier, tu n’y resteras pas longtemps ; les religieuses de la maison des novices ne tarderont pas à t’envoyer prendre pour te donner une éducation moins sauvage. […] … » Son ange gardien était entré en moi, il avait pris ma figure. […] Je m’étais dis en moi-même, en m’habillant : Prends aussi la zampogne, cela te servira de contenance, de gagne-pain, de passeport, et, qui sait, peut-être de salut, à la recherche de Hyeronimo dans la ville ; car le son, c’est plus pénétrant encore que les yeux, cela perce les murs, et si je ne puis pas le voir, par hasard, il pourra m’entendre ! […] Quand il saura que sa sœur souffre avec lui, il souffrira la moitié moins, car une âme prend, dit-on, plus de la moitié des maux d’une autre âme sur la terre, comme dans le purgatoire.

1304. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Mme Desbordes-Valmore » pp. 01-46

Nous n’irons pas nous en prévaloir contre elle ni en prendre sujet de la mépriser. […] Et cependant on prit des précautions vis-à-vis de lui, tant on le craignait. […] ou tout bonnement pris au hasard ? […] Sainte-Beuve prenait assez souvent part à ces exercices, où triomphait Ondine. […] Tu prendrais ta part de tant de biens !

1305. (1899) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Septième série « Figurines (Deuxième Série) » pp. 103-153

Grâce à quoi, on l’a enfin pris lui-même tantôt pour un membre du Caveau et tantôt pour un vieux monsieur dans le genre du regretté Camille Doucet. […] Tous vos bals n’étaient pas dansés encore, je crois, et, quoi que vous en disiez, vous n’y preniez point de peine ». […] On a vu des prostituées prises tout à coup d’une horreur physique insurmontable pour leurs besognes habituelles. […] * * * Malgré les avantages qu’ils ont ainsi ou qu’ils prennent sur lui, M.  […] La vision de Bernadette est préparée par ses solitudes de bergère dans un paysage où les objets prennent volontiers des airs d’apparitions.

1306. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre cinquième »

On crut lui prendre ses plans en s’assujettissant étroitement à ses règles, et son harmonie en évitant les vers durs. […] Il avait pris pour modèle le cinquième acte de Rodogune et ses beautés si périlleuses. […] Voltaire trouve du bon à prendre partout, même dans Shakspeare qu’il eut le tort de traiter de barbare. […] Il vient, il la presse ; il prend ses hésitations pour l’embarras de la pudeur. […] Toutes les qualités prenaient cette forme à ses yeux, même la douceur dans un caractère de femme.

1307. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — CHAPITRE IX »

et quelle revanche d’affronts et de mépris elle prend sur ce bellâtre ahuri ! […] Autant de pris sur le fossoyeur. […] Il a pris d’assaut le succès. […] L’amour va vite, après avoir pris un pareil élan. […] Cependant, arrive son mari qui part pour la chasse et vient prendre congé d’elle.

1308. (1902) Les œuvres et les hommes. Le roman contemporain. XVIII « Gustave Flaubert »

J’ai vu des mères, affligées de squirres, prendre leur squirre pour un enfant et devenir tendres pour cette horrible chose qu’elles avaient dans le ventre. […] il va devant lui comme un enfant, attiré par l’objet à décrire, pris par cet objet d’un intérêt futile, — l’intérêt d’une sensation. […] Mais comment un matérialiste comme Flaubert ne prendrait-il pas les sensations pour les sentiments ? […] Ce n’est pas plus là, en effet, la Tentation de saint Antoine que celle du premier fou pris à Charenton ; car à Charenton il y a aussi la folie obscène et la folie religieuse. […] Pris et serré là-dedans, — quel étau ! 

1309. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Balzac » pp. 17-61

Quand la Critique compare des livres analogues, il faut bien les prendre où ils sont. […] Elle tient à ce qui l’a faussée et à ce qu’on y prend pour elle : le dandysme. […] Sa sobriété produit plus d’effet que la magnificence, et il prend l’imagination par tout ce qu’il ne lui donne pas. […] Ils ne sont ni l’expression d’une société vivante, ni même l’œuvre d’un homme vivant ; car Balzac semble avoir traversé le tombeau pour les écrire et pris une âme de ce passé qu’il a voulu peindre. […] Tout ce qui a plume en a écrit, attendu que le privilège du génie est de faire jaser les hommes qui pensent, ou qui ne pensent pas, comme des portières, et même sur la manière dont il prend sa clé pour aller se coucher !

1310. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Œuvres de Virgile »

Il serait vraiment digne de la maison Hachette de vulgariser enfin cette réforme qui ne prend quelque importance que parce qu’on y résiste. […] Après plusieurs couplets élégamment alternés, le vieillard Palémon, qu’ils ont pris pour juge, se déclare impuissant à décerner le prix entre deux talents qui lui semblent égaux. […] Il dit aux deux bergers qu’ils méritent chacun le prix, et il prend sur lui d’ajouter que quiconque appartient à la catégorie des vrais amoureux et y a fait ses preuves méritera également le prix. […] C’était une manière élégante de dire : « Nous prenez-vous pour des barbares ?  […] Il ne tint pas à lui que la France ne prit quelque résolution vigoureuse qui eût amené un conflit avec l’Angleterre.

1311. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre IV. Construction de la société future »

Otons ces vêtements surajoutés ; prenons l’homme en soi, le même dans toutes les conditions, dans toutes les situations, dans tous les pays, dans tous les siècles, et cherchons le genre d’association qui lui convient. […] Nous supposons qu’elles sont apaisées, amorties ; nous voulons croire que la discipline imposée leur est devenue naturelle, et qu’à force de couler entre des digues elles ont pris l’habitude de rester dans leur lit. […] Au contraire, dans la théorie nouvelle, c’est contre le gendarme que tous les principes sont promulgués, toutes les précautions prises, toutes les défiances éveillées. […] « Dans toute véritable démocratie, la magistrature n’est pas un avantage, mais une charge onéreuse, qu’on ne peut justement imposer à un particulier plutôt qu’à un autre. » Nous mettons la main sur nos magistrats ; nous les prenons au collet pour les asseoir sur leurs sièges. […] Premier-né, fils unique et seul représentant de la raison, il doit, pour la faire régner, ne rien laisser hors de ses prises  En ceci l’ancien régime conduit au nouveau, et la pratique établie incline d’avance les esprits vers la théorie naissante.

1312. (1868) Cours familier de littérature. XXV « CXLVIIe entretien. De la monarchie littéraire & artistique ou les Médicis »

Les deux partis se retirèrent pour aller prendre des quartiers d’hiver. […] Il paraît incontestable que le cœur de Laurent n’eut aucune part à la conclusion de ce mariage, à en juger par la manière dont il s’exprime à ce sujet dans ses Mémoires, où il nous apprend qu’il prit ou plutôt qu’on lui donna Clarice Orsini pour femme 19. […] Ils le conjurèrent de prendre la direction du gouvernement comme de son patrimoine ; il sentit qu’il ne pouvait impunément l’abdiquer. […] Pazzi, dit-on, se flattait, après avoir abattu les Médicis, de prendre leur place à Florence. […] Laurent l’invita en conséquence à venir le prendre dans son palais pour l’accompagner avec sa suite.

1313. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre huitième »

Les Considérations me laisseraient croire que je n’ai point à m’aider pour être bien gouverné, et que ceux qui gouvernent m’ont pris ma place. […] Je croirais plutôt qu’il a pris plus de peine pour manquer de méthode que pour en avoir. […] Il est l’homme aux considérations ; il faut le prendre au mot ; et considérer n’est pas nécessairement raisonner, déduire ou conclure. […] Il est de ceux qui songent à se payer de deux façons de l’emploi qu’ils font de leur esprit, par le plaisir qu’ils y prennent et par la gloire. […] Il est vrai qu’il faudrait prendre son parti de ne plaire ni à l’un ni à l’autre.

1314. (1920) La mêlée symboliste. II. 1890-1900 « L’expression de l’amour chez les poètes symbolistes » pp. 57-90

Soyons César, Cyrus, Hamlet et s’il nous prend fantaisie d’être Don Juan, le passé est assez riche en héroïnes de tout genre, pour que nous puissions y cueillir des trophées à loisir. […] Vers elle, je penchais ma lèvre mais sans prendre Le baiser qu’elle s’attendait à recueillir. […] Verlaine en prend son parti. […] Il passe sa vie à étouffer des bâillements et le voilà pris du mal de poitrine. […] Il a pris, de ses maîtres, le goût des spéculations hardies.

1315. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIII. La littérature et la morale » pp. 314-335

Le respect de la pensée d’autrui, la tolérance mutuelle, la volonté de reconnaître à tous une égale liberté de conscience prit peu à peu dans l’estime générale, malgré la résistance des partisans attardés de l’orthodoxie forcée, la place si longtemps occupée par la conception chère aux Inquisiteurs. […] On voit que de précautions il faut prendre pour se représenter nettement l’état moral d’une époque. […] Roland et Olivier sont aux prises dans un duel formidable ; Olivier brise son épée ; Roland attend qu’on lui en donne une autre ; il ne veut pas user de son avantage. […] Qu’arrive-t-il, le jour où d’autres vertus prennent dans la vie réelle la place des vertus militaires ? […] Or le jour où l’on sait si bien tourner en ridicule les exagérations de la vertu depuis longtemps régnante, c’est qu’elle a été détrônée par une autre et ce jour-là aussi le héros des poètes et des romanciers a déjà pris un autre caractère.

1316. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame de Pompadour. Mémoires de Mme Du Hausset, sa femme de chambre. (Collection Didot.) » pp. 486-511

Louis XV était alors dans le premier éclat de son émancipation tardive, et la nation, ne sachant plus depuis longtemps où se prendre, s’était mise à l’aimer éperdument. […] Ainsi la jeune Pompadour fit son entrée à Versailles à titre de beauté sage, dont le cœur s’était senti pris uniquement pour un héros fidèle. […] Elle, naturellement obligeante et bonne, elle dut s’armer contre les inimitiés et les perfidies, prendre l’offensive pour ne pas être renversée ; elle fut amenée par nécessité à la politique et à se faire ministre d’État. […] Tout dans la physionomie, dans l’attitude, exprime la grâce, le goût suprême, l’affabilité et l’aménité plutôt que la douceur, un air de reine qu’il a fallu prendre, mais qui se trouve naturel et qui se soutiendra sans trop d’effort. […] Notre amie ne peut plus scandaliser que les sots et les fripons : il est de notoriété publique que l’amitié, depuis cinq ans, a pris la place de la galanterie.

1317. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Chateaubriand homme d’État et politique. » pp. 539-564

« J’avais rugi, dit-il après sa chute de 1824, en me retirant des affaires. » Il aurait pu dire de même : « J’avais rugi en y entrant. » Quelle était donc cette nature impétueuse et passionnée qui a pris et quitté si vivement les choses de ce monde, tout en s’en proclamant si désabusé ? […] Quiconque le voudrait prendre purement et simplement comme un homme politique, et prétendrait découvrir par des raisons de cet ordre les motifs fondés de ses variations et de ses disparates, n’en viendrait jamais à bout. […] On ne peut gouverner avec lui ni sans lui , disait M. de Villèle ; on prit pourtant le dernier parti, celui de gouverner sans lui, et M. de Chateaubriand fut renvoyé sans égards, le 6 juin 182446. […] Elle s’avance ; elle nous presse ; elle nous pousse : bientôt elle va prendre notre place. […] Depuis la publication du Congrès de Vérone et des Mémoires, ce point de vue qui porte sur le caractère même nous est apparu dans toute sa lumière, et l’auteur a pris soin de mettre en saillie toutes les faiblesses de l’homme.

1318. (1865) Causeries du lundi. Tome V (3e éd.) « Études sur Saint-Just, par M. Édouard Fleury. (2 vol. — Didier, 1851.) » pp. 334-358

Il méprisait l’homme, ce « vil roi de l’univers » ; il le croyait sot, destiné de tout temps à toutes les sottises, et il jouissait de le lui dire en face ; il prenait plaisir à salir le genre humain, à la veille de le vouloir régénérer. […] Ici celui qu’on pouvait prendre pour un élève de Montesquieu redevient un écolier de Rousseau, et, en général, toute cette brochure pèche par une grande obscurité et une grande confusion d’idées. […] À cette date, et avant que ses instincts cruels aient été mis directement aux prises avec les événements et avec les tentations ambitieuses, Saint-Just est encore imbu des doctrines philanthropiques du xviiie  siècle en matière pénale : c’est un élève de Beccaria. […] Mon parti est pris cependant : si Brutus ne tue point les autres, il se tuera lui-même. […] Ils se présenteront, à cet effet, dans le temple, le jour de la Fête de la vieillesse, au jugement de leurs concitoyens ; et, si personne ne les accuse, ils prendront l’écharpe.

1319. (1917) Les diverses familles spirituelles de la France « Chapitre vi »

Ils prennent les armes pour une guerre défensive.‌ […] Schiller, le cœur tout vibrant, prend le pas, s’associe au rythme de ses frères d’armes, mais ses principes, loin qu’il les abandonne à la porte de son dépôt, lui fournissent son ravitaillement moral. […] Or, voici ce qu’il disait : « S’il y a de la rouspétance chez les hommes, il faut les prendre par l’amour-propre. […] J’aime en prendre pour témoin un jeune homme, porteur d’un nom illustre. […] Qu’a-t-il pris de sève par ses racines dans la terre profonde ?

1320. (1868) Curiosités esthétiques « IV. Exposition universelle 1855 — Beaux-arts » pp. 211-244

Condamné sans cesse à l’humiliation d’une conversion nouvelle, j’ai pris un grand parti. […] J’irai encore plus loin, n’en déplaise aux sophistes trop fiers qui ont pris leur science dans les livres, et, quelque délicate et difficile à exprimer que soit mon idée, je ne désespère pas d’y réussir. […] Ingres, je dise qu’ils se sentent en face d’un hétéroclitisme bien plus mystérieux et complexe que celui des maîtres de l’école républicaine et impériale, où cependant il a pris son point de départ. […] Ces chevaux surnaturels (en quoi sont-ils, ces chevaux qui semblent d’une matière polie, solide, comme le cheval de bois qui prit la ville de Troie ?) […] La Chasse aux Lions est une véritable explosion de couleur (que ce mot soit pris dans le bon sens).

1321. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

La Défense des ouvrages de M. de Voiture, dédiée à M. de Balzac, parut avec une préface de Martin de Pinchêne, neveu de Voiture, lequel reconnaissait tenir le manuscrit des mains de Conrart et prenait sur lui la responsabilité de la publication. […] Il a été pris quelquefois sur le fait de telle fabrication, quand son amour-propre y trouvait son profit. […] M. de Girac qui, dans sa solitude, lisait ses auteurs pour les connaître à fond et non pour en tirer d’agréables bribes et des gentillesses d’allusions à faire valoir à la rencontre, n’avait pas de peine à prendre le léger Voiture en faute en bien des endroits, tronquant ici un vers d’Horace, écorchant là un mot grec, donnant à un passage un sens hasardé, appelant quelque part Homère l’« aveugle Thébain », on ne sait pourquoi. […] En présence d’une dissertation écrite dans cette mesure et sur ce ton, il n’y avait pas, ce semble, de quoi si fort se courroucer, et Costar ne put d’abord prendre l’affaire en main que d’un air souriant et sur le pied d’une aimable controverse. […] Costar na pas fort lu les anciens poètes ; qu’il se trompe en disant que la lune n’a point eu d’amant ; qu’il ignore que l’étoile du matin est la même que celle de Vénus. » Quand on en est là, on est bien près d’en venir aux grosses injures : la querelle allait prendre une tournure décidée de xvie  siècle, et elle fut portée en effet bientôt aux dernières extrémités.

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