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284. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 3665-7857

On croit tromper les autres, mais on ne se trompe jamais ; & tel prétend à l’estime publique, qui n’oseroit se montrer s’il croyoit être connu comme il se connoît lui-même. […] aussi peu l’un que l’autre : mais il a des statues & des tableaux, & avec eux il prétend avoir acquis le talent de s’y connoître. […] Cependant il semble ridicule de prétendre qu’Ovide exilé de Rome dans les deserts de la Scythie, ne fût point pénétré de son malheur. […] Quelques-uns l’attribuent à Hésiode & à Archiloque ; d’autres prétendent que les fables connues sous le nom d’Esope, ont été composées par Socrate. […] Défiez-vous de quiconque prétend rendre les hommes plus heureux qu’ils ne veulent l’être ; c’est la chimere des usurpateurs, & le prétexte des tyrans.

285. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 388-389

Le caractere du Grondeur est d’une vérité, d’un comique, les nuances en sont développées avec une finesse & un génie qui placent cette Comédie immédiatement après les meilleures que Moliere ait faites ; elle pourroit même prétendre à l’égalité, si le dénouement répondoit au reste.

286. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 407-409

Nous ne prétendons pas garantir la justesse de toutes les observations de ce sublime Historien ; il a reconnu lui-même qu’il s’étoit égaré quelquefois ; mais on ne peut disconvenir de sa supériorité sur presque tous nos Ecrivains les plus célebres, qui ont trop négligé les graces de l’élocution, pour s’attacher à l’appareil du raisonnement.

287. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 424-425

Il faut sur-tout renvoyer nos ingénieux Mécréans à celle d'un prétendu Militaire à un jeune Impie, placée à la fin de l'Ouvrage, pour les mettre à portée de juger sainement du cas qu'on doit faire de la déplorable gloire attachée à la Philosophie.

288. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — V. — article » pp. 513-514

Oter à l'homme son immortalité, c'est non seulement l'insulter, l'avilir, c'est encore l'outrager dans cette raison même, dont la Philosophie moderne prétend se servir pour l'éclairer.

289. (1859) Moralistes des seizième et dix-septième siècles

Sans prétendre en faire l’histoire, je chercherai à signaler quelques-uns de ses caractères. […] Ils prétendaient avoir une religion d’une part, de l’autre une morale fondée sur des principes rationnels. […] Les uns éprouvèrent de la surprise, de l’indécision ; ils se demandèrent ce que prétendait réellement l’auteur. […] Si vous ne pouvez faire ni l’un ni l’autre, vous ne pouvez prétendre à aucun empire sur notre volonté. […] J’observe premièrement que je n’ai point prétendu énoncer une idée neuve.

290. (1929) La société des grands esprits

Clemenceau prétend que les conquêtes d’Alexandre furent sans résultat ni « profit pour quiconque ». […] Les mystiques prétendent que ces impressions constituent une connaissance directe et intuitive. […] Sans prétendre à aucune compétence spéciale, on peut remarquer que Frédéric a eu de la chance. […] C’est ainsi que le philosophisme de Schiller prétend régenter Goethe ! […] Quant à son prétendu égoïsme, où le prend-on ?

291. (1930) Les livres du Temps. Troisième série pp. 1-288

Ce n’est pas mon affaire ici, mais je prétends du moins que M.  […] Comme il l’écrivait à Sainte-Beuve, il ne prétendait pas « déduire l’individu ». […] Albalat prétend que le sectarisme de Michelet « eût choqué Flaubert ». […] Vous prétendez que le pragmatisme condamne le « stupide dix-neuvième siècle » ? […] Pourquoi prétend-il que dans le mythe de la caverne les humains ne connaissent qu’un monde à deux dimensions ?

292. (1761) Querelles littéraires, ou Mémoires pour servir à l’histoire des révolutions de la république des lettres, depuis Homère jusqu’à nos jours. Tome IV pp. -328

On prétend que cet événement accéléra l’ordre de fermer le tombeau de saint Médard. […] D’autres prétendent qu’elle avoit auparavant été proposée à Paris. […] On le demande à M. d’Alembert, dont il a prétendu relever l’imprudence. […] Il avance plusieurs propositions, par lesquelles il prétend détruire ce qu’il appelle une calomnie. 1°. […] Vous prétendiez par là infirmer leur autorité.

293. (1813) Réflexions sur le suicide

On a néanmoins eu tort de prétendre, que le Suicide était un acte de lâcheté : cette assertion forcée n’a convaincu personne ; mais on doit distinguer dans ce cas la bravoure de la fermeté. […] Il prétendait que les hommes ne devaient avoir que le plaisir pour objet dans ce monde ; mais comme il est très difficile de s’en assurer les jouissances, il conseillait la mort à ceux qui ne pouvaient les obtenir. […] Quelques personnes prétendent qu’il est des circonstances, où se sentant à charge aux autres, on peut se faire un devoir de les délivrer de soi. […] Ces mêmes hommes mettent en contraste le christianisme avec la doctrine philosophique des anciens et prétendent que cette doctrine était bien plus favorable à l’énergie du caractère que celle dont la résignation est la base. […] On prétend aussi que le climat d’Angleterre porte singulièrement à la mélancolie : je n’en puis juger, car le ciel de la liberté m’a toujours paru le plus pur de tous ; mais je ne crois pas que ce soit à cette cause physique qu’on doive surtout attribuer les fréquents exemples de Suicide.

294. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome I « Bibliotheque d’un homme de goût. — Chapitre I. Des poëtes anciens. » pp. 2-93

Il est vrai qu’il avoit promis d’user des expressions les plus enveloppées de notre Langue ; mais la gaze dont il a prétendu voiler les obscénités de Plaute est si fine & si transparente que le Lecteur n’y perd rien. […] On prétend qu’elle sera effacée à son tour par M. l’Abbé Le Monnier qui va donner Térence en latin & en françois, en 3. vol. […] in-12. est la meilleure qui ait été encore faite de ce Poëte, au moins pour la lettre ; car quelques critiques prétendent que le traducteur est trop froid, & que quelquefois il noye dans de longues phrases entortillées la poésie de Virgile. […] L’Art d’aimer, la source, à ce qu’on prétend, des malheurs d’Ovide, n’a pas trouvé de traducteur digne des charmes de ce Poëme ; & ce n’est pas un malheur, l’ouvrage pouvant être très-dangereux pour les mœurs. […] “On a prétendu, dit-il, que le Professeur Agamemnon est Sénéque ; mais le style de Sénéque est précisément le contraire de celui d’Agamemnon, turgida oratio ; Agamemnon est un plat déclamateur de Collège.

295. (1889) Essai sur les données immédiates de la conscience « Chapitre I. De l’intensité des états psychologiques »

Ce dernier élément, où les autres viennent se fondre après l’avoir en quelque sorte annoncé, explique l’irrésistible attrait de la grâce : on ne comprendrait pas le plaisir qu’elle nous cause, si elle se réduisait à une économie d’effort, comme le prétend Spencer 1. […] Mais si elle n’était rien de plus, comme quelques-uns l’ont prétendu, elle nous inspirerait l’idée de fuir les misérables plutôt que de leur porter secours, car la souffrance nous fait naturellement horreur. […] Le psychophysicien va plus loin encore : il prétend que notre œil évalue lui-même les intensités de la lumière. […] Tout autre est l’objet du psychophysicien : c’est la sensation lumineuse elle-même qu’il étudie, et qu’il prétend mesurer. […] Or, cet élément qualitatif, que l’on commence par éliminer des choses extérieures pour en rendre la mesure possible, est précisément celui que la psychophysique retient et prétend mesurer.

296. (1865) Cours familier de littérature. XIX « CXIe entretien. Mémoires du cardinal Consalvi, ministre du pape Pie VII, par M. Crétineau-Joly (3e partie) » pp. 161-219

Il paraissait donc très faux de prétendre que dans ce cas ce qui était survenu n’aurait pas eu lieu. […] On nous accuse d’être mêlés implicitement ou explicitement à tous les complots qui se trament ; on prétend même que nous abusons de l’hospitalité que le Pape nous accorde pour fomenter dans l’intérieur des États pontificaux la division et la haine contre la personne auguste du Souverain. […] On peut même entrevoir, d’après un passage de ses mémoires relatifs à son affection intime pour les familles Patrizzi et Giustiniani, dans sa jeunesse, que la mort prématurée d’une jeune princesse de dix-huit ans, à la main de laquelle il aurait pu peut-être prétendre, et dont l’amitié lui laissa d’éternels regrets, fut un coup déchirant porté à son cœur. […] Il y a et il y a eu en tout temps des esprits contentieux, ambitieux, impolitiques, mal nés, et qui ne connaissent les doctrines auxquelles ils se prétendent attachés, que par la haine que les partis contraires leur inspirent.

297. (1841) Matinées littéraires pp. 3-32

Winckelmann prétend qu’en présence de l’Apollon du Belvédère, l’homme se redresse involontairement et prend une plus noble attitude. […] Quand ils reçoivent l’instruction parmi des contes faits à plaisir, ils sont, par manière de dire, ravis d’aise et de joie. » Pénétré de cette vérité, nous avons mis tous nos soins à nous dépouiller de la gravité des écoles ; et, sans prétendre à vous ravir d’aise et de joie, comme le veut le philosophe de Chéronée, notre ambition sera satisfaite si nous parvenons à vous inspirer quelque intérêt pour nos études, et quelque bienveillance pour nous-même. […] Nous ne prétendons point qu’un bon lecteur doit être un bon orateur ; mais nous affirmons que l’orateur qui sait bien lire a, en parlant, un grand avantage sur celui qui ne le sait pas. […] On prétend « Que c’est avec plaisir qu’à la chambre on l’entend.

298. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XIV. La littérature et la science » pp. 336-362

Si elle prétend faire passer au premier rang le désir de plaire ou d’amuser qui est sa principale raison d’être, [si elle devient de la sorte une servante-maîtresse, une alliée qui commande, adieu le profit de son intervention ! […] Qui donc aujourd’hui prétendrait étudier le mécanisme de la sensibilité ou de la volonté humaine sans se tenir au courant des travaux de ceux qui pèsent, dissèquent, analysent les cerveaux des hommes et des bêtes ? […] Il a été scientifique par l’obligation où il s’est mis de travailler sur le modèle vivant, de peindre d’après nature, de choisir ses sujets dans le monde contemporain ; il a prétendu même recourir non seulement à l’observation, mais à l’expérience ; il s’est intitulé roman expérimental. […] Quand la littérature en est là, elle revient brusquement à l’idéal, à la passion, à l’amour ardent de la vie et de la beauté, et la science fait, non pas banqueroute, comme le croient et le crient les gens à courte vue, mais une retraite momentanée hors des territoires usurpés où elle prétendait commander.

299. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Émile Augier — CHAPITRE VI »

Le baron la prend à témoin de l’abîme, aussi postiche qu’une trappe de théâtre, où il prétend avoir fait tomber sa victime, et de l’offre qu’il lui fait de sa main pour l’en retirer. […] Les Cassandres du vieux Théâtre italien refuseraient d’avaler l’énorme mystification avec laquelle d’Estrigaud prétend tromper le monde parisien. Et, d’abord, je lui dénonce son prétendu compère comme un triple traître. […] Emile Augier a tiré de cet arrangement nouveau deux scènes vigoureuses : d’Estrigaud, se redressant furieux lorsque sa fraude est découverte, jette à André Lagarde une provocation ; il prétend tuer, pour sa peine, celui qui vient de le ressusciter en sursaut.

300. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 430-432

Ces titres ne seroient pas suffisans pour prétendre à une réputation solide, si M. l’Abbé de Gourcy n’annonçoit d’ailleurs des talens capables de se développer dans la suite d’une maniere plus avantageuse.

301. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Le duc de Rohan — II » pp. 316-336

Il prétend, à travers tout, être resté un bon Français ; il a toujours l’air de ne prendre les armes que malgré lui, à son corps défendant, et parce qu’il ne peut en honneur s’en empêcher sans manquer à son devoir et au bien des Églises. […] Richelieu soutint résolûment qu’il fallait exiger des Anglais et des Hollandais le nombre de vaisseaux auxiliaires auxquels ils s’étaient obligés par les nouveaux traités, vingt de Hollande, sept ou huit d’Angleterre ; il prétendait de plus faire stipuler, pour être sûr que ces vaisseaux opéreraient efficacement et n’iraient pas à l’inverse du but, qu’on aurait droit d’y mettre à bord des capitaines français, avec des équipages français, soit en totalité, soit en grande partie. […] Cet armement, si hardiment combiné, auquel l’Angleterre contribua par ses seuls vaisseaux, et la Hollande par ses vaisseaux à la fois et par ses hommes, eut tout le succès et l’effet qu’il prétendait en tirer.

302. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Histoire de l’Académie française, par Pellisson et d’Olivet, avec introduction et notes, par Ch.-L. Livet. » pp. 195-217

S’il avait moins de goût que les grands hommes de la Grèce et de Rome que nous venons de citer, cela tenait aux inconvénients de son époque, de son éducation, et à un vice aussi de son esprit, atteint d’une sorte de pédantisme : mais s’il péchait dans le détail, il ne se trompait pas dans sa vue publique de la littérature et dans l’institution qu’il en prétendait faire pour le service et l’agrément de tous. […] Ce n’est point sur les lettres patentes de son institution que je la prendrai en défaut, et d’ailleurs je ne prétends point du tout la prendre en défaut, mais seulement relever exactement les faits et en tirer la conséquence. […] L’Académie, je le répète, a fait moins et a fait plus que ce qu’il prétendait d’elle ; et, somme toute, s’il reparaissait en l’un de nos jours de fête, il n’aurait pas trop à rougir de sa création ; il gronderait un peu, mais il tressaillirait aussi dans son orgueil de père à la vue de sa fille émancipée. — Je reviens vite à l’édition de M. 

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