En d’autres termes, la mémoire intégrale répond à l’appel d’un état présent par deux mouvements simultanés, l’un de translation, par lequel elle se porte tout entière au-devant de l’expérience et se contracte ainsi plus ou moins, sans se diviser, en vue de l’action, l’autre de rotation sur elle-même, par lequel elle s’oriente vers la situation du moment pour lui présenter la face la plus utile.
Il l’appelle en se réjouissant de ce que la montée de l’escalier va briser une partie des verres que le malheureux porte sur ses épaules. […] Le fait seul d’aller prendre, comme cadre de son livre, un peuple pour lequel l’archéologie et l’histoire n’ont fourni que des données insignifiantes, porte déjà en soi un indice assez net des dispositions du maître. […] — Si l’on porte même le débat sur la question des sujets choisis dans le monde moderne, — ce qui est en somme d’une bien mesquine importance, — ne les avait-il pas implicitement admis en publiant Claude Gueux, le Dernier Jour d’un Condamné, et plus tard les Misérables ? […] Rien de ce qui se rattache à sa personne ne porte une empreinte négligeable ; sa vie calme et presque bourgeoise recouvrant une fièvre du cerveau et une agitation de l’intelligence qui le poursuivaient presque dans son sommeil : le nihilisme de sa philosophie et l’activité de son labeur d’écrivain ; son exubérance d’imagination et son tempérament scientifique ; sa poésie idéale et son réalisme vulgaire ; tous les mélanges, toutes les contradictions aboutissant, par une contradiction dernière, à des œuvres d’une suprême harmonie.
La chute retentissante des Burgraves, en 1843, — à laquelle s’oppose, dans la même année, le succès non moins retentissant, quoique certes moins mérité, de la Lucrèce de Ponsard, — porte au drame romantique un coup dont il ne s’est pas relevé. […] Il est vrai qu’aussitôt, avec cette facilité que les femmes ont toujours de se jeter aux extrêmes, et surtout d’obéir aux influences masculines qui les dominent momentanément, George Sand, guidée par Lamennais d’abord et ensuite par Pierre Leroux, se porte en trois pas du roman intime ou lyrique au roman social ou déjà socialiste ; et Le Péché de M. […] Rapports du physique et du moral] ; — et qu’en outre on y discerne deux ou trois éléments originaux et nouveaux ; — qui vont faire de Stendhal un des précurseurs de l’idéal romantique. — Son intervention dans la bataille : Racine et Shakespeare, 1823 ; — et qu’il n’est pas inutile de savoir que le livre a en partie paru dans une revue anglaise ; — s’il porte ainsi témoignage du cosmopolitisme de Beyle. — Les Promenades dans Rome, 1829 ; — et Le Rouge et le Noir, 1830.
Ruysch éveillé regarde à travers les fentes de la porte, il a un moment de sueur froide malgré toute sa philosophie ; il entre pourtant : « Mes enfants, à quel jeu jouez-vous ?
La cour de Prusse, enthousiasmée par la beauté et le patriotisme de sa reine, porte plus de jactance que de solidité dans l’armée ; les plans de campagne s’y forment et s’y brisent en un instant ; on consume le temps en conseils de guerre ; on finit par diviser l’armée en deux corps pour satisfaire aux exigences de deux généraux.
« Voilà quelques-uns des inconvénients de la république vantée par Socrate ; j’en pourrais indiquer encore plus d’un autre non moins grave. » XXII « Il ne faut pas oublier, quand on porte des lois semblables, un point négligé par Phaléas et Platon : c’est qu’en fixant ainsi la quotité des fortunes, il faut aussi fixer la quantité des enfants.
Et Victor Hugo écrivit : Dans Virgile parfois, dieu tout près d’être un ange, Le vers porte à sa cime une lueur étrange.
Les circonstances locales décident de l’usage fréquent ou du défaut d’exercice des organes, et l’on sait que chez les animaux l’influx vital se porte de préférence vers les organes qui agissent beaucoup : cette règle doit s’étendre aux plantes.
On pourrait comparer les journalistes dont je parle, à ces mercenaires subalternes établis pour lever les droits aux portes des grandes villes, qui visitent sévèrement le peuple, laissent passer avec respect les grands seigneurs, permettent la contrebande à leurs amis, la font très souvent eux-mêmes, et saisissent en revanche pour contrebande ce qui n’en est pas.
L’hypothèse que S′ est un duplicata de S ne porte aucune atteinte à la généralité de notre démonstration, puisque la dislocation alléguée de la simultanéité en succession, et en succession plus ou moins lente selon que le déplacement du système est plus ou moins rapide, ne dépend que de la vitesse du système, nullement de son contenu.
Le globe pose sur un autel qui porte aussi le feu sacré et le bâton augural, la torche nuptiale et l’urne funéraire, symboles des premiers principes de la société.
Le Menteur n’est pas non plus une comédie de mœurs, quoique d’ailleurs il soit bien de son temps et qu’il en porte nécessairement la marque. […] Ruy Blas, fermez la porte, ouvrez cette fenêtre… Un peu plus loin, beaucoup plus loin, au troisième acte, Attila changeait de note ; il devenait galant ; et l’on entendait ce Hun, ce Kalmouck, cet homme jaune, pousser de ces soupirs d’amour : Ô beauté, qui te fais adorer en tous lieux, Cruel poison de l’âme et doux charme des yeux. […] Molière, devançant l’Asmodée ou Diable Boiteux de Le Sage, soulève pour nous les toits des maisons et, avec lui, derrière lui, pour la première fois au théâtre, nous pénétrons dans le logis, dans une famille, dans un intérieur du xviie siècle… Nous y voilà, Messieurs, nous y sommes : Mme Pernelle est partie ; Orgon est revenu de la campagne ; on a fermé la porte ; nous connaissons les êtres du logis : Qu’est-ce qu’on fait céans ? […] Mais croyez-vous que ce soit pour rien que la Cathos des Précieuses porte le nom de Mme de Rambouillet, ou Madelon celui de Mlle de Scudéri ?
Ce ne fut que le soir qu’il fut mis à la porte avec horreur. […] Il s’arrête à cette strophe : Comme dormait Jacob, comme dormait Judith, Booz, les yeux fermes, gisait sous la feuillée ; Or, la porte du ciel s’étant entre-bâillée, Au-dessus de sa tête un songe descendit.
Thiers pour tout ce qui porte le nom, le cœur, le drapeau français, contribuera sans doute à la vogue militaire de son livre dans son temps et dans son pays ; mais cette noble faiblesse ne contribuera pas, dans l’avenir, à l’universalité d’estime que ce livre mérite et qu’il obtiendra sous d’autres rapports.
Et, comme un grand nombre d’entre eux sont plus ou moins pénétré d’esprit chrétien, il ne fut pas trop gêné ensuite par ses croyances dans les jugements qu’il porte sur eux.
Il n’y a pas de qu’elles sont ; une fois parties de la main de leurs auteurs, elles vivent, elles grandissent, elles se développent en dehors et indépendamment d’eux, et il n’appartient de modifier le jugement que l’on en porte qu’à la diversité des esprits qui s’appliquent successivement leur interprétation. […] Pellissier, — que de juger à leur tour les jugements qu’il porte sur nos contemporains, sur MM. […] Grâce aux progrès de la « réclame », il ne paraît pas un roman qui ne soit salué de chef-d’œuvre en naissant, est qu’à défaut d’un « ami », son éditeur ne porte aux nues d’abord.
Tout porte à croire qu’il avait eu une jeunesse, élégante et amoureuse, ce qui était presque un devoir de condition dans la classe à laquelle il appartenait. […] Tantôt — mais il faut bien savoir que ce n’est qu’une boutade devenue trop célèbre et peut-être bien sa pensée de derrière la tête, mais où il n’aime pas à trop s’arrêter — tantôt il dit qu’il faut couronner tous ces gens-là de fleurs et les mettre à la porte de l’État ; plus souvent il veut tout simplement une censure, mais en quelque sorte une censure active et non point seulement prohibitive, qui force le poète et l’artiste à se mettre au service de la vertu et à l’enseigner. Le poète, ou l’artiste, doit être l’auxiliaire et même l’instrument du magistrat dans l’œuvre d’éducation morale que celui-ci poursuit sans cesse : « Il faut [que le magistrat] cherche des artistes habiles, capables de suivre à la trace la nature du beau et du gracieux, afin que nos jeunes gens, élevés au milieu de leurs ouvrages comme dans un air pur et sain, en reçoivent sans cesse de salutaires impressions par les yeux et par les oreilles et que dès l’enfance tout les porte insensiblement à imiter, à aimer le beau, et à établir entre lui et eux un parfait accord. » — « À l’exemple du médecin qui, pour rendre la santé aux malades et aux languissants, mêle à des aliments et à des breuvages flatteurs au goût les remèdes propres à les guérir et de l’amertume à ce qui pourrait leur être nuisible afin qu’ils s’accoutument pour leur bien à la nourriture salutaire et n’aient pas de répugnance pour l’autre ; de même le législateur habile engagera le poète et le contraindra même, s’il le faut, par la rigueur des lois, à exprimer dans des paroles belles et dignes de louange, ainsi que dans ses mesures, ses accords et ses figures, le caractère d’une âme tempérante, forte et vertueuse. » En un mot, l’art, comme toute chose, devrait être étroitement et sévèrement subordonné à la morale, et le beau n’est pas, comme on l’a fait dire à Platon, et comme il ne l’a jamais dit, et ce serait presque le contraire de sa pensée, la splendeur du vrai ; mais le beau est la splendeur du bien ; et c’est, pour parler simplement, le bien présenté avec agrément. […] Se porte-t-elle avec ardeur vers les connaissances et les recherches, elle le consume.
La curiosité se déplace ; et de la connaissance ou de la méditation des œuvres des anciens elle se porte tout entière vers l’observation des choses voisines, réelles, et contemporaines. […] — À partir de ce moment la vie du poète est comme désemparée ; — la publication du livre du père Garasse, dirigée contre lui, lui porte le dernier coup ; — on instruit son procès ; — il est condamné par arrêt du 1er septembre 1625 au bannissement à perpétuité. […] Lalanne, III, 340], — et de ne pas confondre Mme de Scudéri, la femme de Georges, avec Madeleine, sa belle-sœur. — Qu’en dernière analyse, il est difficile de rien reconnaître dans La Princesse de Clèves qui porte la marque de La Rochefoucauld ; — qu’il est seulement vrai que La Princesse de Clèves et les Maximes sont également, et en des genres un peu différents, des « fleurs » naturelles de l’esprit précieux ; — et qu’il n’y a ni dans les unes ni dans l’autre de trace de « cartésianisme » ; — mais qu’il est facile d’y en signaler du « jansénisme » [Cf. la préface de la première édition].
Il porte à la majesté de l’art un respect trop pur pour s’inquiéter du silence ou des clameurs du vulgaire et pour mettre la langue sacrée au service des conceptions viles.