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1628. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE LONGUEVILLE » pp. 322-357

La vie de Mme de Longueville a de ces symétries harmonieuses, de ces accords et de ces retours qui la font aisément poétique, et auxquels l’imagination, malgré tout, se laisse ravir.

1629. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXVIIIe entretien. Revue littéraire de l’année 1861 en France. M. de Marcellus (1re partie) » pp. 333-411

Terrik Hamilton, grand orientaliste, n’a pu néanmoins retracer que faiblement, dans sa traduction du poème d’Antar, le caractère poétique et guerrier des Arabes.

1630. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

Son père était un de ces caractères aventureux, romanesques, galants, poétiques, qui laissent des traditions populaires de bravoure et de licence, dans l’imagination de leur pays, tels que François Ier et Henri IV, de France.

1631. (1869) Cours familier de littérature. XXVII « CLVIIe Entretien. Marie Stuart, (Reine d’Écosse). (Suite et fin.) »

Comment, après de tels aveux, gravés pour l’immortalité poétique, calomnier une reine qui se calomnie ainsi de sa propre main ?

1632. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre II. La première génération des grands classiques — Chapitre III. Pascal »

Mais l’originalité poétique de Pascal, c’est le caractère, si je puis dire, métaphysique des inquiétudes et des images qui jettent ces flammes intenses dans son style.

1633. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre deuxième »

En attendant, je pense, donc je suis ; je pense à vous avec tendresse, donc je vous aime ; je pense à vous uniquement de cette manière, donc je vous aime uniquement. » Boileau, dans l’Arrêt burlesque, vengeait la philosophie de Descartes des dénonciations de l’université de Paris, et en gravait le précepte essentiel, « Aimez donc la raison », à toutes les pages de l’Art poétique, ce Discours de la méthode de la poésie française.

1634. (1911) La morale de l’ironie « Chapitre III. Les immoralités de la morale » pp. 81-134

Et l’on peut dans la vie remarquer constamment des jugements de cette espèce, avec la beauté poétique en moins.

1635. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « III »

Adoptée par ce peuple éminemment poétique, elle s’est beaucoup développée, mais dans un sens guerrier, presque national, médiocrement religieux.

1636. (1888) Petit glossaire pour servir à l’intelligence des auteurs décadents et symbolistes « Petit glossaire »

Oui, Celle-là (serais-tu perdu en une salle, spectateur très étranger, Ami) pour peu que tu déposes avec soumission, à ses pieds d’inconsciente révélatrice, ainsi que les roses qu’enlève et jette en la visibilité de régions supérieures un jeu de ses chaussons de satin pâle et vertigineux, la Fleur de ion poétique instinct n’attendant de rien autre la mise en évidence et sous le vrai jour des mille imaginations latentes : alors, par un commerce dont son sourire paraît verser le secret, sans tarder elle te livre à travers le voile dernier qui toujours reste, la nudité de tes concepts et silencieusement écrira ta vision à la façon d’un Signe, qu’elle est.

1637. (1887) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (deuxième série). IX « Proudhon » pp. 29-79

Quelques personnes trop disposées en sa faveur l’ont, il est vrai, trouvé poétique, quand il fit, vous vous en souvenez ?

1638. (1898) Politiques et moralistes du dix-neuvième siècle. Troisième série

Ils avaient raison de chercher au-delà de lui, tort, sans que ce fût leur faute, de prendre une chimère poétique pour une conception rationnelle. […] L’idéalisme poétique, et le déisme qui en est l’expression accomplie, est un long détour par lequel l’humanité cherchant l’absolu s’est égarée, avant de se rendre compte du véritable objet de ses recherches et du véritable et unique moyen d’y atteindre.

1639. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

Quelques traces de rhétorique, ou plutôt de poétique, s’y laissent surprendre. […] Selon la poétique du temps, sinon selon la critique (et encore !) […] De Claudie je ne vous dirai rien, quoique l’ayant vu jouer en reprise et quoique la trouvant la pièce la plus brillamment oratoire et la plus délicieusement poétique de tout le théâtre de George Sand. […] Toute cette littérature poétique nous paraît aujourd’hui un peu démodée. […] Tout ce théâtre du dix-septième siècle est mort et on ne lui conserve un semblant de vie que grâce à de larges et inintelligentes subventions. » Examinez-moi un peu le style poétique de ce Racine : « Quel poète, ayant le culte de son art, n’aimerait mieux être condamné à se promener dans le Jardin des supplices que de consentir à incarner son rêve en des vers comme ceux-ci : Vous voyez de quel œil et comme indifférente J’ai reçu de ma mort la nouvelle sanglante.

1640. (1914) En lisant Molière. L’homme et son temps, l’écrivain et son œuvre pp. 1-315

La Gloire du Val-de-Grâce étant de 1669 et l’Art poétique de Boileau de 1675, et du reste Molière étant mort en 1673, c’est incontestablement à Molière que le vers appartient. […] Comme nous avons tracé la poétique de Corneille, traçons la poétique de Molière. […] Comédie, en soi, à la même hauteur que la tragédie, en fait très supérieure parce qu’elle est plus difficile à faire, voilà : le premier point de la poétique de Molière. […] Retour à la nature, sans que l’auteur s’interdise l’imagination, comme nous verrons ; mais retour à la nature comme à la base même de l’art et qu’on ne doit jamais perdre de vue un seul instant ; proscription de l’extraordinaire et de l’invraisemblable ; indifférence à l’endroit des règles ; se proposer pour but de plaire à ceux qui connaissent la vie et par conséquent faire semblable à la vie, voilà les traits essentiels de la poétique de Molière.

1641. (1905) Pour qu’on lise Platon pp. 1-398

Les poètes me parurent dans le même cas et je m’aperçus en même temps qu’à cause de leur faculté poétique, ils se croyaient les plus sages des hommes dans toutes les autres choses, bien qu’ils n’y entendissent rien. » Quelle « vanité » du reste, comme dira plus tard Pascal, quelle inanité et quelle insignifiance que cet art tout d’imitation, qui arrive au troisième degré pour ainsi dire de l’imitation, qui imite ce qui est déjà imité et qui est comme l’ombre d’une ombre ! […] En somme il était, non seulement dans les habitudes, mais dans les tendances mêmes de l’esprit grec d’être métaphysicien, tant à cause de l’influence du polythéisme, qui est, lui aussi, une métaphysique, qu’à cause de l’instinct poétique qui trouve dans la métaphysique une matière toujours séduisante et une carrière toujours délicieuse soit à tenter, soit à parcourir. […] Il ne conduit qu’à un état d’âme poétique et, du reste, décevant et négatif. […] Comme il était bien plus réaliste et sur un terrain plus solide dans son autre théorie, analysée plus haut, quand il disait que l’amour n’est pas autre chose qu’un désir d’immortalité, ce qui est moins ambitieux et moins poétique, mais beaucoup plus sûr et même tout à fait certain, et ce qui peut, à la rigueur, expliquer tout ce qui ressortit aux passions de l’amour ! […] Cet esprit de conservation, qui n’est pas autre chose que le patriotisme même, car le patriotisme a ceci de particulier qu’il se saisit dans le passé et non, ou beaucoup moins, dans le présent, doit présider à toutes choses, aux ouvrages littéraires, aux ouvrages poétiques, aux arts, aux jeux, qui sont des arts populaires.

1642. (1899) Arabesques pp. 1-223

Ils s’attachèrent à y exprimer les émotions les plus intimes de leur être non dans la forme rigide que comportaient les poétiques antérieures, mais selon les mille aspects, les images fugaces ou persistantes que leur évoquait leur imagination très vive. […] Le symbolisme fut donc avant tout une évolution poétique : c’est pourquoi son apport se restreint au lyrisme. […] Paul Souchon : les Élévations poétiques.

1643. (1927) Quelques progrès dans l’étude du cœur humain (Freud et Proust)

Les regrets que j’en éprouvais, tandis que je restais seul à rêver un peu à l’écart, me faisaient tant souffrir, que pour ne plus les ressentir, de lui-même par une sorte d’inhibition devant la douleur, mon esprit s’arrêtait entièrement de penser aux vers, aux romans, à un avenir poétique sur lequel mon manque de talent m’interdisait de compter. […] Ne prend-il pas lui-même le soin, dans un des passages que je viens de vous lire, de marquer la parenté de la jalousie avec le génie poétique ou scientifique : À ce moment par une de ces inspirations de jaloux, analogue à celle qui apporte au poète ou au savant, qui n’a encore qu’une rime ou qu’une observation, l’idée ou la loi qui leur donnera toute leur puissance , etc… Et plus tôt déjà, quand Swann se croit sur le point de surprendre Odette et Forcheville ensemble : Et peut-être, observe Proust, ce qu’il ressentait en ce moment de presque agréable, c’était autre chose aussi que l’apaisement d’un doute et d’une douleur : un plaisir de l’intelligence . […] Les regrets que j’en éprouvais, tandis que je restais seul à rêver un peu à l’écart, me faisaient tant souffrir, que pour ne plus les ressentir, de lui-même par une sorte d’inhibition devant la douleur, mon esprit s’arrêtait entièrement de penser aux vers, aux romans, à un avenir poétique sur lequel mon manque de talent m’interdisait de compter.

1644. (1932) Les idées politiques de la France

La finesse de l’oreille poétique consiste à discerner, dans un vers de Racine, de Chénier ou de Victor Hugo, la césure intérieure, organique, qui peut se trouver à n’importe quelle place, et la césure extérieure, mécanique, celle qui tombe obligatoirement après la sixième syllabe. […] L’échec final de Clemenceau vient du même fonds que sa grandeur politique et poétique : c’est le radical sans les comités. […] Or, tout se passe comme si ce mythe (j’entends par là une vérité poétique et plastique) mettait aujourd’hui son signe indicateur au plus haut ou au centre de l’idéologie socialiste.

1645. (1863) Cours familier de littérature. XV « LXXXVIIe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (5e partie) » pp. 145-224

Disons la vérité crûment à ceux qui, avec un pareil monde et pour un pareil monde, ont créé une poétique fantasmagorie d’un progrès indéfini où ils font marcher l’homme, comme dans une aube éternelle, de perfection en perfection, jusqu’à des félicités et des immortalités terrestres évidemment incompatibles avec sa nature.

1646. (1895) Histoire de la littérature française « Quatrième partie. Le dix-septième siècle — Livre III. Les grands artistes classiques — Chapitre VI. Bossuet et Bourdaloue »

On pourrait dire que sa méthode est moins analytique que synthétique, moins psychologique que philosophique et sensible à la fois, métaphysique et poétique.

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