On lui permit d’aller faire un court séjour à Rome pour consulter les érudits, les théologiens et les critiques du temps, sur les chants déjà achevés de son poème. […] La crainte de perdre le Tasse, et avec le Tasse l’honneur d’avoir produit le plus accompli des poèmes, était devenue une passion jalouse dans le cœur du duc de Ferrare. […] Le Tasse obtint l’autorisation de se rendre à Rome, à Padoue, à Venise, pour épurer son poème de tout ce qui pouvait blesser les plus légers scrupules de la théologie, de la philosophie, de la langue ou du goût. Il partit et revint à Ferrare sans avoir réussi à faire imprimer son poème à Venise, parce qu’on n’y accordait pas de privilège de propriété aux auteurs. […] » Pendant l’hiver suivant, 1578, qu’il passa à Ferrare, toujours absorbé dans la correction de son poème, on voit se développer son humeur ombrageuse dans ses lettres à ses amis.
. — Poèmes sérieux, théâtre, histoire, romans. — Conception écourtée de l’homme et de la vie humaine. […] Le poème lyrique avorte, et aussi le poème épique369. […] S’il s’agit, comme dans le poème dramatique, de créer des personnages, le moule classique n’en peut façonner que d’une espèce : ce sont ceux qui, par éducation, naissance ou imitation, parlent toujours bien, en d’autres termes, des gens du monde. […] Tant de poèmes sérieux, depuis la Henriade de Voltaire jusqu’aux Mois de Roucher ou à l’Imagination de Delille, que sont-ils sinon des morceaux de rhétorique garnis de rimes ? […] Voltaire, Essai sur le poème épique [‘polies,’], 290. « Il faut avouer qu’il est plus difficile à un Français qu’à un autre de faire un poème épique… Oserai-je l’avouer ?
Ceux de demain, que publiait Bernard Lazare ; la publication (vers 1896) par l’Écho de Paris, dont le tirage et l’influence étaient alors considérables, des poèmes de M. […] C’est à cette place que l’on situerait par exemple, chez Corneille ou Victor Hugo, les discours sur le poème dramatique, ou William Shakespeare . […] Son évolution poétique, des Poèmes saturniens jusqu’à l’instrument faussé et à la voix disloquée de ses derniers recueils, eût pourtant fourni matière à une étude intéressante. […] Il fallait signaler les poèmes, généralement mauvais, où il essaie naïvement de se plier aux modes de l’école qui reconnaissait en lui son père : c’est ainsi que le Chateaubriand des Mémoires d’outre-tombe imitait de près les procédés romantiques, et soignait après coup sa paternité. […] Barre, pour « orchestrer des poèmes comme Wagner », mais pour donner au vers, mot intégral, toute sa densité adamantine, pour en éliminer, comme la paille qui le briserait, tout soupçon de déjà vu, pour le ramener à une pureté d’essence.
Si l’unité de ce poème n’est pas explicite, du moins elle est facilement intelligible, et dans un poème de cette nature, cette unité est suffisante. […] Je regrette qu’il n’ait pas jugé à propos d’encadrer ce qu’il avait à dire de ces artistes éminents dans les divers chants de son poème ; nous aurions perdu les sonnets que nous aimons, mais l’unité du poème eût été plus complète. […] L’Irlande paraît à peine dans le poème de M. […] Pour que Lazare fût un poème et non pas un recueil, il eût fallu que M. […] Le poème de l’inventeur qui dédaigne la tradition peut offrir une moindre perfection de détails ; mais il a sur le poème auquel la tradition seule a présidé une supériorité incontestable, celle de la volonté.
Bouilhet, Louis (1821-1869) [Bibliographie] Melænis, poème (1851). — Madame de Montarcy, drame en cinq actes et en vers (1856). — Hélène Peyron, drame en cinq actes et en vers (1858). — Festons et astragales (1859). — L’Oncle Million, cinq actes et en vers (1860). — Dolorès, quatre actes et en vers (1862). — Faustine, cinq actes en prose (1864). — La Conjuration d’Amboise (1866). — Mademoiselle Aïssé (1869) […] » ; j’ajoute : le seul poème scientifique de toute la littérature française qui soit cependant de la poésie… Sa forme est bien à lui, sans parti pris d’école, sans recherche de l’effet, souple et véhémente, pleine et imagée, musicale toujours. […] Henry Céard Dans le même recueil (les Dernières chansons), les amateurs seront dédommagés par un petit poème de peu de vers et qui célèbre les amours d’une fleur et d’un rossignol.
Raymond de La Tailhède n’a encore publié que quelques poèmes, et cependant ils révèlent une âme si noble de poète et un art si parfait, qu’on ne peut hésiter à le placer au premier rang. — Le mouvement, l’enthousiasme, l’audace sûre des tours font, de ses vers, les plus magnifiques qui soient. […] Le livre ouvert par le principal poème qui a donné son titre au volume entier, contient, en outre, quatre odes, quatre sonnets et trois hymnes. […] L’apparition d’un nouveau poème marquait pour lui la perte d’une qualité.
Ce poème n’a pas toujours fait partie de la Bible proprement dite ; il a été ensuite recueilli dans le livre sacré ; il lui est peut-être antérieur, et il en est indépendant. […] Quant à nous-même, voici franchement et hardiment ce que nous pensons de l’auteur et du poème. […] On ne sait ni précisément en quel lieu, ni surtout en quel temps ce poème ou cette histoire a jailli d’une fibre d’homme. […] C’est une page déchirée de quelque poème surhumain, écrite par quelque géant de la pensée à l’époque où tout était gigantesque dans le monde. […] Est-ce que ce n’est pas là cette Divine Comédie dont Dante a donné le titre à son poème du Ciel, du Purgatoire et de l’Enfer, mais poème et drame que Job avait réalisés bien avant lui ?
Quelle singulière idée, de venir nous faire, à l’heure qu’il est, un poème athée en six ou sept mille vers ! […] Richepin énumère, dans cette supercoquentieuse préface, toutes les catégories d’imbéciles que choquera son poème. […] Les Trois matelots de Groix et le Serment sont de beaux poèmes, égaux pour le moins aux Pauvres gens, et où il entre plus d’humanité que M. […] Je goûte l’effort des poèmes cosmogoniques de la fin : le Sel, la Gloire de l’eau, la Mort de la mer. […] Ces poèmes ont aussi le tort de faire songer à M.
Il laisse éclater son doute désespéré dans le Don du poème. […] Un jour, Coquelin l’aîné qui figurait au programme d’une représentation extraordinaire, annoncée à grand renfort de presse et où le Tout-Paris s’était assigné rendez-vous, se propose d’y déclamer un poème inédit et s’en ouvre à Banville. […] Mais une idée de vérité le domine : le Symbole, quoique dans les poèmes détachés, les quelques sonnets surtout dernièrement parus et faits spécialement pour l’évidence de cette idée, elle n’apparaisse que comme jeu singulier et un peu puéril et faux. […] Il employa son existence à rééditer dix sonnets, six poèmes en vers un peu plus étendus, quinze poèmes en prose, une scène de tragédie et quelques fragments théoriques. […] Partant de ce principe bizarre que « nommer un objet, c’est supprimer les trois quarts de la jouissance du poème qui est faite du bonheur de deviner peu à peu », il s’interdit de traiter autrement que par allusions, les vers et les proses qu’il offrait à la sagacité de ses lecteurs… Il accuse les mots de ne pas représenter suffisamment ses concepts.
De cette œuvre on peut mettre à part les poèmes et les proses de jeunesse. […] Mallarmé résume l’admirable poème panthéiste de Hugo en dehors des lois de la grammaire ? […] Edmond Pilon : Les Poèmes de mes soirs (chez Vanier) […] Voici un poème qui résume, je crois, l’état d’esprit de M. […] je vivrai majestueux comme un arbre et splendide comme un poème.
Au surplus, Voltaire a vécu au milieu d’une civilisation trop avancée pour composer un bon poème épique, quand bien même il en aurait eu la puissance en lui-même. […] Alfred de Vigny dans le Poème. […] Les repos réguliers et les formes carrées des autres vers sont insupportables dans un poème de longue haleine ; l’admiration devient bientôt de la fatigue. […] Mon œuvre la plus importante est un poème sur Rodrigue dernier roi des Goths. […] Ce poème est tiré de ces admirables romances espagnoles, qu’on a si bien nommées une Iliade sans Homère.
Une pensée grave et puissante s’incruste en chacun de ses poèmes. […] Deux poèmes de ce recueil eurent toujours mes préférences. […] Ces poèmes sont fort curieux. […] Un poème groupe des syllabes appuyées ou glissées. […] Un poème s’adresse d’abord au cœur, est l’expression figurée d’une émotion.
Le commun accord est loin de s’être fait, sur la valeur et le mérite absolus des poèmes de Mallarmé. […] À ce compte le véritable Décadent serait le faiseur de tragédies de 1810 ou le fabricateur de poèmes didactiques de la même époque. […] Les affectations et les manies d’alors se trouvent très exactement représentées dans ces poèmes. […] Un poème ainsi conçu, quelles que soient les précautions qu’on prenne pour le rendre accessible, n’est jamais d’un accès immédiatement facile. […] C’est pourquoi justement je sais le tort que l’on a fait à des poèmes en cherchant à en donner une idée critique, c’est-à-dire explicative.
Toute la démonologie des vieux contes germaniques a peuplé d’ombres ses poèmes. […] Avec cette fantaisie le plus souvent sombre et le mieux émue par des idées affligeantes, une ironie douloureuse et discordante, subite comme une convulsion, une esthétique imitée et composite, Heine a écrit quelques-uns des plus beaux poèmes d’amour de ce siècle. […] Sur ce prototype de tous les romans, Heine a brodé de nouvelles et charmantes variations dans tous ses poèmes. […] Tel est ce poème d’amour libre et charmant, personnel, réaliste, plein de délicats détails visibles et perçus, libre de la rhétorique déclamation de Musset, de la trop pâle mélancolie de Lamartine, mais vif, tendre, amer, violent, sardonique et emporté, le plus bel effort de la lyre allemande. […] La courte haleine des pages, l’incapacité à déduira longuement un récit, une idée, un poème, à composer logiquement un ouvrage en résulte.
M. de Vigny voulait bien m’écrire à la date du 14 mars 1828 : « Eh bien, Monsieur, puisque vous êtes de ceux qui se rappellent les Poèmes que le public oublie si parfaitement, je veux faire un grand acte d’humilité en vous les offrant. […] J’aurais voulu y joindre Eloa, mais elle n’existe plus, même chez moi. » Dans ce grand mouvement de propagande romantique de 1828-29, je travaillais à être utile à ces Poèmes de M. de Vigny et à les propager, non seulement en les célébrant dans mes vers, mais aussi en les faisant lire, en les commentant et les démontrant, pour ainsi dire, à d’autres critiques de bonne volonté qui furent des premiers à leur rendre justice. […] Tout cela est, en vérité, de bien bon augure pour ces pauvres Poèmes ressuscités d’entre les morts. » Cet autre, c’était M. Charles Magnin, qui fit bientôt, en effet, sur les Poèmes de M. de Vigny, un article capital inséré dans le Globe le 21 octobre 1829.
N’est-il pas évident, à première vue, qu’un tel poème s’adresse à des esprits cultivés ? […] Émile Faguet Sur quoi Aubanel, grand poète, mais ouvrier un peu maladroit, à ce qu’il me semble, a donné de tout son cœur sur le point désobligeant et périlleux, que la légende dérobait et lui épargnait, et s’y est attaché de tout son cœur, et en a fait le tout de son œuvre… Comme poème proprement dit, le Pain du péché est une belle œuvre. […] Ce style est d’une facture large et aisée, qui convient admirablement au poème épique porté à la scène.
— Futura, poèmes philosophiques et humanitaires (1890). […] Anatole France Futura est un poème largement, pleinement, abondamment optimiste, et qui conclut au triomphe prochain et définitif du bien, au règne de Dieu sur la terre… Un souffle de bonté passe sur ce grand poème.
Des personnages de son théâtre, aux héros de la Légende des Siècles aux femmes et aux enfants qui traversent certains poèmes, tous sont ainsi peints au décuple, saisis une première fois d’un coup, repris, traités à nouveau, enclos de mille contours semblables et déviants, obsédés et retouchés par une main sans cesse retraçante. […] Mais les plus insignes exemples d’antithèses reprises, continuées et réduites, seront trouvés dans la Chamon des Rues et des Bois, où presque chaque poème semble traversé par deux courants d’idées inverses et parallèles. […] Dans les Châtiments, le poème Nox met en regard des splendeurs du couronnement, l’aspect du cimetière Montmartre, fosse des fusillés. […] Que ce manque de pénétration, d’analyse, de souci des dessins, de recherche du vrai sous l’apparent, cette irritante surperficialité qui rend creux les moindres poèmes comme les plus empanachés héros, les grosses catastrophes comme la moindre tirade amoureuse, est chez M. […] Hugo, dès le début, l’habitude de répéter en plusieurs formules diverses une seule pensée, de sorte que fort souvent dans tout un chapitre et tout un poème, peu d’idées distinctes sont émises.
— Ainsi parle M. de Pongerville dans la préface qui précède sa traduction ; mais, depuis Louis XIV, l’admirable poème de la Nature des choses était tombé dans un véritable discrédit. […] Odieuses calomnies, interprétations mensongères dont l’effet certain était d’exposer le poème de Lucrèce à la réprobation générale et à un prochain oubli ! “En un mot, dit M. de Pongerville, le voile qui dérobait cette antique et grande production à l’estime publique s’est tellement étendu, qu’une partie considérable du poème doit être regardée comme un monument dont nous enrichirait une découverte récente.” […] Pourtant la traduction achevée, les corrections arrêtées, il fallait prendre un parti sur le sens philosophique de ce poème tout philosophique. […] Depuis ce jour, l’estimable traducteur de Lucrèce appartient à une coterie littéraire et philosophique ; il a un rôle, on l’a averti dans l’oreille de prendre garde à son déisme de Lucrèce, et que cela pouvait nuire ; il a raccommodé sa préface ; il est le candidat de l’école sensualiste ; et ce n’est plus qu’à ses heures perdues et dans ses visites confidentielles qu’il peut encore s’épancher avec attendrissement sur l’Être suprême, la Providence, l’âme universelle et les harmonies touchantes du Poème de la nature.