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1031. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

On a prétendu que cette représentation des Âmes damnées avait fourni à Dante l’idée de son poème. […] Certes, la plus parfaite traduction en prose ne rendra jamais la suavité ou la véhémence, enfin ce plaisir entier qu’un beau poème distille. […] Et il ajoutait que Lamartine avait envoyé de Saint-Point à son éditeur, trois à quatre mille variantes pour ce poème, et qu’elles allaient être distribuées au hasard. […] Frédéric Schlegel soutenait que les poèmes homériques, loin d’être des ouvrages conçus et exécutés, avaient pris naissance et grandi naturellement. […] Des personnages fort doctes se mettent à désarticuler les poèmes homériques.

1032. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre troisième. L’esprit et la doctrine. — Chapitre III. Combinaison des deux éléments. »

La religion est de sa nature un poème métaphysique accompagné de croyance. […] Voir notamment dans la littérature brahmanique les grands poèmes métaphysiques et les Pouranas.

1033. (1862) Cours familier de littérature. XIV « LXXXIVe entretien. Considérations sur un chef-d’œuvre, ou Le danger du génie. Les Misérables, par Victor Hugo (2e partie) » pp. 365-432

Je comprends très bien que Victor Hugo, plus libre, plus plein de loisirs que moi, ait été tenté par ce seul sujet, véritablement digne de l’homme, par ce poème, terrible et touchant à l’invraisemblable, de la misère des êtres humains : seulement je ne comprends pas autant pourquoi il fait de cette souffrance universelle des êtres un sujet d’amertume, de critique acerbe, d’accusation contre la société. […] Et remarquez déjà, chose étonnante dans ce poème des travailleurs illusionnés : c’est que personne n’y travaille, et que tous sortent du bagne ou sont dignes d’y être, à l’exception de l’évêque et de Marius, de la religion et de l’amour.

1034. (1856) Mémoires du duc de Saint-Simon pp. 5-63

Il serait curieux de démêler le chevalier vrai sous le chevalier des poèmes. […] « Je ne pus me contenir de lui dire à l’oreille que je ne serais point heureux avec une autre qu’avec sa fille. » On lui oppose de nouvelles difficultés ; à l’instant un poème d’arguments, de réfutations, d’expédients, pousse et végète dans sa tête ; il étourdit le duc « de la force de son raisonnement et de sa prodigieuse ardeur » ; c’est à peine si enfin, vaincu par l’impossible, il se déprend de son idée fixe.

1035. (1870) Causeries du lundi. Tome XV (3e éd.) « Mélanges de critique religieuse, par M. Edmond Scherer » pp. 53-66

On a beaucoup admiré les Paroles d’un croyant ; nous n’avons, pour notre part, jamais su goûter ce pastiche apocalyptique, ce genre emprunté à la Bible et qui consiste essentiellement dans le dépècement du discours en versets et dans l’usage de la conjonction et au commencement des phrases, cette prose soi-disant poétique enfin, qui trahit par son ambition même l’impuissance d’écrire un poème véritable.

1036. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

Les poètes savaient peindre de la manière la plus frappante les objets extérieurs ; mais ils ne dessinaient jamais des caractères où la beauté morale fût conservée sans tache jusqu’à la fin du poème ou de la tragédie, parce que ces caractères n’ont point leur modèle dans la nature.

1037. (1890) Conseils sur l’art d’écrire « Principes de composition et de style — Première partie. Préparation générale — Chapitre V. De la lecture. — Son importance pour le développement général des facultés intellectuelles. — Comment il faut lire »

Que Malebranche et Pascal vous éclairent sur Montaigne ; que Bossuet vous fasse comprendre Corneille et Racine, et la nature du poème dramatique ; anathème à part, il y a peu de critiques qui aient mieux entendu le théâtre que Bossuet.

1038. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série « Joséphin Soulary »

Poèmes et poésies.

1039. (1887) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Troisième série «  Les femmes de France : poètes et prosateurs  »

Elles sont à elles-mêmes leur propre poème.

1040. (1890) L’avenir de la science « XXI »

Les souffrances du poète, ses colères, ses passions, son exil ne sont-ils pas une moitié du poème ?

1041. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre XV, l’Orestie. — les Choéphores. »

Et parfois tu rejetais le vin et les mets dont tu étais rassasié, sur ma poitrine et sur ma tunique, comme font les petits enfants. » D’autres exemples ne seraient pas rares : tel passage, dans les grands poèmes, fait dire au lecteur ce que disaient les disciples devant le sépulcre ouvert de Lazare : « Maître, il sent. » Domine, jam fœtet.

1042. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre II. Le cerveau chez les animaux »

Chapitre II Le cerveau chez les animaux Ou sait l’admiration qu’inspirait à Voltaire le troisième chant du poème de Lucrèce.

1043. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre premier : M. Laromiguière »

Le Télémaque est-il un poème ou un roman ?

1044. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXXVII. Des éloges en Italie, en Espagne, en Angleterre, en Allemagne, en Russie. »

Dans tous leurs grands poèmes, sans en excepter l’Arioste et le Tasse, la partie des descriptions et des tableaux est en général très supérieure à la partie des sentiments.

1045. (1827) Principes de la philosophie de l’histoire (trad. Michelet) « Principes de la philosophie de l’histoire — Livre premier. Des principes — Chapitre premier. Table chronologique, ou préparation des matières. que doit mettre en œuvre la science nouvelle » pp. 5-23

. — Homère confia ses poèmes à la mémoire des Rapsodes, parce que de son temps les lettres alphabétiques n’étaient point trouvées, ainsi que le soutient Josèphe contre le sentiment d’Appion. — Si Cadmus eût porté les lettres phéniciennes en Grèce, la Béotie qui les eût reçues la première n’eût-elle pas dû se distinguer par sa civilisation entre toutes les parties de la Grèce ?

1046. (1814) Cours de littérature dramatique. Tome I

Un opéra-comique est à un drame régulier, ce qu’un conte des Mille et une Nuits est à un poème épique. […] Luce de Lancival, fit répandre dans les salons un petit poème intitulé Folliculus. […] Aristote dit : Il y a des absurdités qu’il faut laisser dans un poème quand on peut espérer qu’elles seront bien reçues, et il est du devoir du poète, dans ce cas, de les couvrir de tant de brillants, qu’elles puissent éblouir. […] Au reste, ce serait une grande hérésie d’Aristote, s’il avait dit qu’il faut laisser dans un poème des absurdités, quand on espère qu’elles seront bien reçues. […] Il faut penser qu’il se trouve aujourd’hui de tels acteurs ; car on revoit ce poème avec un grand plaisir.

1047. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

La comédie de Molière est conçue dans la manière de la fresque (dont il a décrit sympathiquement les procédés dans son mauvais poème de la Gloire du Val-de-Grâce). […] Vodoz rappelle une fois de plus, mais ce qu’aucun critique n’avait certainement vu, c’est que le Roland de son poème, inspiré d’un résumé populaire de chanson de geste, représente le romantisme, et Olivier le classicisme. […] Comme il l’a fait pour l’article de Jubinal sur Roland, l’auteur du Satyre eût peut-être transposé ce livre en un poème éblouissant de l’inspiration, qu’il a esquissé d’ailleurs dans le poème des Quatre Vents, où il traite un peu les mascarons du Pont-Neuf comme M.  […] L’être réel et vivant qu’est un poème hugolien ne se ramène pas à de la chair verbale, il a une âme et même une pensée, et il implique, comme le dit justement M.  […] L’énergétique balzacienne, dont Louis Lambert nous donne l’épure, est équilibrée par une mystique balzacienne, dont Seraphita est le poème.

1048. (1896) Les idées en marche pp. 1-385

Tel poème de Keats ou de Shelley nous semble enclore un rayon du soleil de la Grèce antique, et cependant il ne décrit rien. […] Il a là-dessus maint petit poème qui enchâsse de fulgurants aveux. […] Cependant maint petit poème en prose a sa note maligne et troublante, certaines fleurs du mal engourdissent vraiment du sommeil à images louches. […] et quel connaisseur un peu fin pourrait se tromper au goût d’un quelconque de ces poèmes qui laissent une telle chaleur au sentiment ? […] Trois poèmes de lui le caractérisent nettement : Atta Troll, le Rabbin de Bacharach et le Livre de Lazare.

1049. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome I

Voici que des romans se publient, aussi désenchantés que le chef-d’œuvre de Senancourt, des poèmes aussi amers que les sonnets de Joseph Delorme. […] Il y a tout un décor du vice parisien, comme il y a tout un décor des rites catholiques, dans la plupart de ses poèmes. […] Combien l’ont lu qui venaient de lire un poème de Baudelaire, et en lui demandant une même sorte d’excitation ? […] Il s’y trouve une première version de jeunesse de tous les poèmes plus complets de l’âge mûr. […] Il en écrit les syllabes comme le personnage du poème de Virgile dut les prononcer, avec adoration.

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