Savez-vous comment ils sont placés vis-à-vis de ces réalistes qu’ils méprisent, et qui sont l’expression dernière du matérialisme littéraire contemporain ?
En effet, il a placé, avec l’entente d’un art profond, sa madame Bovary, cette nature si peu exceptionnelle, dans les circonstances qui devaient le plus repousser ce qu’elle a de commun, et accuser le plus énergiquement les lignes de son type.
Je parle de l’intérét qui vient de l’ensemble du livre ; je ne parle pas de l’intérêt spécial, individuel, détaché de chaque histoire de ce Décameron d’histoires, quoique cet intérêt-là l’auteur l’ait bien dispersé en l’étendant à plusieurs héros placés tous au même plan, en un parallélisme qui leur fait tort les uns aux autres, dans ce livre sans perspective, sans hiérarchie, sans unité ; car toute hiérarchie bien faite s’achève et se couronne par l’unité, tout ce qui n’est pas unitaire dans les œuvres ou les institutions des hommes, tout ce qui s’y rencontre de multiple étant anarchique en plus ou en moins.
Trois siècles après, un empereur10 plaça son image dans un temple domestique, et l’honora à côté des dieux.
Si on nous fait des conférences, nous nous en allons. » — « Je ne conçois pas qu’on attache de l’importance à une explication théorique », remarqua l’auteur de Sourires placés. […] Je dis les entrailles, car ce que nous nommons le cœur, chez les faunes est placé un peu plus bas. […] C’est le vrai Verlaine, et le poète entier qui parle dans ces créations exquises ; il ne pense qu’à lui et à ses sensations confuses ; rien, mais rien absolument, ne vient se placer entre le poète et nous. […] L’essentiel, partout et toujours, c’est d’avoir le cœur bien placé. […] « Il vous sera difficile peut-être de vous placer au point de vue d’où je contemple cette bataille des mots qui se heurtent, se blessent, se poussent dans l’obscurité », dit Marcel Schwob qui de son côté, probablement, ne trouvait point son argumentation tout à fait probante.
Il n’est point aisé de bien parler de Platon, à moins de se placer au point de vue de la pure philosophie. […] Enfin, s’il a pris la parole, c’est pour placer les cathédrales à leur rang. […] On peut, non pas précisément placer plus haut que lui, mais préférer Shakespeare, Hugo, et deux ou trois anciens. […] Ce fanatique de Gluck, de Beethoven et de Weber, ne plaçait pas trop mal non plus ses admirations littéraires. […] Bergson a placé sa confiance, mais dans la « poussée vitale » et le « pur vouloir ».
Tout d’abord, on plaça l’Histoire de sa vie au-dessous des Confessions de Rousseau et d’Alfieri. […] J’avais la vie du Tasse, j’avais ma propre vie ; en mêlant les différents traits de ces deux figures si étranges, je vis naître l’image de Tasse, et, comme contraste, je plaçai en face de lui Antonio, pour lequel les modèles ne me manquaient pas non plus. […] À côté de la figure de son protagoniste, il en plaça une autre, qui la compléta en lui faisant contraste. […] Pénétrés l’un de l’autre, également, bien que différemment supérieurs à leur milieu, ayant de leur art une conception qui les plaçait à l’abri des misères de la concurrence, ils ne formaient presque qu’un génie, qu’une intelligence, qu’une âme. […] Et ce ne fut pas elle seulement, mais encore Ottilie, ma chère nièce, que je plaçai dans ce pensionnat, elle qui peut-être se serait mieux préparée, sous ma direction, à me seconder dans les soins du ménage.
Les chœurs causant trop d’embarras et de dépenses, on les remplaça par des joueurs d’instruments que l’on plaça d’abord sur les côtés de la salle. […] Les décors purent être placés et enlevés avec facilité. […] Elle s’adjoignit la duchesse de Bouillon, son frère le duc de Nevers, et plusieurs personnages haut placés. […] Il savait ménager les incidents, placer çà et là, dans ses pièces, des traits heureux, des situations intéressantes, des mouvements forts et véhéments. […] je le cherche depuis plusieurs jours : c’est la scène où j’ai dessein de placer la mort de Néron, dans une tragédie à laquelle je travaille. » Le commissaire renvoya ses archers, et quelque temps après Péchantré fit jouer sa pièce.
Une marmite infernale, placée sur le rebord de la fenêtre, fit explosion, et notre homme, geignant et titubant, couvert de sang et criblé de projectiles, dut être conduit, en piteux équipage, à l’hôpital de la Charité. […] Qu’il se rappelle cette devise placée par Alphonse Karr au fronton d’un de ses livres : Plus ça change, plus c’est la même chose. […] Tout au contraire des autres, Maurice Maeterlinck s’applique à laisser dans l’ombre ce qu’ils placent en plein jour. […] Je vous placerai sur le passage de la prisonnière au moment de sa promenade. […] Il chercha sa voie dans le réalisme, c’est-à-dire dans l’étude minutieuse des faits, directement observés et placés en leur vrai cadre.
Les examinateurs qui corrigent les compositions des candidats au baccalauréat ont quelquefois à s’apercevoir que les « copies » de deux candidats (placés l’un à côté de l’autre) ont un air de famille. […] L’auteur a été placé dans une situation qui le forçait à mentir. […] L’auteur a été placé de façon à observer le fait et s’est imaginé l’avoir réellement observé ; mais il en a été empêché par quelque motif intérieur dont il n’a pas eu conscience, une hallucination, une illusion ou un simple préjugé. […] L’auteur a été mal placé pour observer. […] L’observateur doit être placé de façon à voir exactement, sans aucun intérêt pratique, aucun désir d’atteindre un résultat donné, aucune idée préconçue sur le résultat.
Ce dernier sentiment superbe, par lequel il se séparait hautement de la foule des poètes et se plaçait d’autorité dans le groupe des maîtres, il l’a rendu une fois, entre autres, avec une admirable largeur : Apollon à portes ouvertes Laisse indifféremment cueillir Les belles feuilles toujours vertes Qui gardent les noms de vieillir ; Mais l’art d’en faire des couronnes N’est pas su de toutes personnes, Et trois ou quatre seulement, Au nombre desquels on me range, Peuvent donner une louange Qui demeure éternellement. […] Le vrai est que Malherbe était sincèrement monarchique, admirateur passionné du grand roi et sentant qu’il pouvait lui rendre en louanges ce qu’il en recevrait en bienfaits : « Il me semble que ce qu’il eût eu de moi valait bien ce que j’eusse reçu de lui. » Il avait, malgré son souci du positif, le cœur haut placé, celui qui a dit : Les Muses hautaines et braves Tiennent le flatter odieux, Et, comme parentes des Dieux, Ne parlent jamais en esclaves. […] Nous n’osons plus prononcer de ces mots si durs, et qui cependant, bien placés, répondaient à la chose.
Placer les gens, manier l’argent, interpréter la loi, démêler les motifs des hommes, prévoir les altérations de l’opinion publique, être forcé de juger juste, vite et vingt fois par jour, sur des intérêts présents et grands, sous la surveillance du public et l’espionnage des adversaires, voilà les aliments qui ont nourri sa raison et soutenu ses entretiens ; un tel homme pouvait juger et conseiller l’homme ; ses jugements n’étaient pas des amplifications arrangées par un effort de tête, mais des observations contrôlées par l’expérience ; on pouvait l’écouter en des sujets moraux, comme on écoute un physicien en des matières de physique ; on le sentait autorisé et on se sentait instruit. […] Ils seront admis dans les conseils de la Providence et comprendront toutes ses démarches « depuis le commencement jusqu’à la fin des temps. » De plus « il y a certainement dans les esprits une faculté par laquelle ils se perçoivent les uns les autres, comme nos sens font des objets matériels, et il n’est pas douteux que nos âmes, quand elles seront délivrées de leurs corps ou placées dans des corps glorieux, pourront par cette faculté, en quelque partie de l’espace qu’elles résident, apercevoir toujours la présence divine922. » Vous répugnez à cette philosophie si basse. […] En lisant ces essais, on l’imagine encore plus aimable qu’il n’est ; nulle prétention ; jamais d’efforts ; des ménagements infinis qu’on emploie sans le vouloir et qu’on obtient sans les demander ; le don d’être enjoué et agréable ; un badinage fin, des railleries sans aigreur, une gaieté soutenue ; l’art de prendre en toute chose la fleur la plus épanouie et la plus fraîche, et de la respirer sans la froisser ni la ternir ; la science, la politique, l’expérience, la morale apportant leurs plus beaux fruits, les parant, les offrant au moment choisi, promptes à se retirer dès que la conversation les a goûtés et avant qu’elle ne s’en lasse ; les dames placées au premier rang929, arbitres des délicatesses, entourées d’hommages, achevant la politesse des hommes et l’éclat du monde par l’attrait de leurs toilettes, la finesse de leur esprit et la grâce de leurs sourires : voilà le spectacle intérieur où l’écrivain s’est formé et s’est complu.
Dans un angle est placée une boîte à cases numérotées qui sert à garder les serviettes, ou tachées ou vineuses, de chaque pensionnaire. Il s’y rencontre de ces meubles indestructibles, proscrits partout, mais placés là comme le sont les débris de la civilisation aux Incurables. […] La fiction qui représenterait ces pauvres cœurs opprimés par les êtres placés autour d’eux pour favoriser les développements de leur sensibilité serait la véritable histoire de ma jeunesse.
Par ce moyen, l’on pourra toucher du doigt le procédé de travail habituel de l’écrivain dont tout le monde s’occupe aujourd’hui : « Vincent, après avoir porté les burettes sur la crédence, revint s’agenouiller à gaudche, au bas du degré, tandis que le prêtre, ayant salué le Saint-Sacrement d’une génuflexion sur le pavé, montait à l’autel et étalait le corporal, au milieu duquel il plaçait le calice. […] Quand il a eu choisi le paysage, il y a d’abord placé des types très divers, quoi qu’on en dise. […] Zola, le seul du groupe, se trouve placé dans la critique militante ; par ce fait même, il est appelé à défendre les théories qu’on lui connaît ; il le fait avec d’autant plus de vigueur qu’il se sent appuyé par le suffrage et par les opinions des hommes dont il estime le plus le goût et le talent.
Garcia tué, l’état moral du meurtrier est peint en un mot, indirectement : « Nous l’enterrâmes, et nous allâmes placer notre camp deux cents pas plus loin. » Passons sur les autres petits incidents déterminés par la vie de contrebandier, laquelle a été déterminée elle-même par l’amour exclusif pour la bohémienne : nous arrivons au dénouement, qui est admirable parce est contenu à l’avance qu’il dans tous les événements qui précèdent comme une conséquence dans ses prémisses : — « Je suis las de tuer tous tes amants ; c’est toi que je tuerai. — Elle me regarda fixement de son regard sauvage et me dit : — J’ai toujours pensé que tu me tuerais…. — Carmencita, lui demandai-je, est-ce tu ne m’aimes que plus ? […] Il n’y a plus seulement là observation, à en croire les théoriciens du naturalisme ; il y a expérimentation, en ce sens que Balzac ne s’en tient pas strictement, en photographe, aux faits recueillis par lui : il intervient d’une façon directe, pour placer son personnage dans des conditions « dont il reste le maître ». […] Avant les progrès envahissants de la science contemporaine, le romancier, dans une étude psychologique, se contentait de prendre l’état d’âme existant et le dépeignait tel qu’il le trouvait, sans en demander compte ni aux raisons physiologiques, ni au milieu dans lequel son héros se trouvait placé.
Assurément, je ne prétends pas. placer Bertrand au-dessus d’Hugo, mais seulement dire que ni Bug-Jargal ni les Burgraves ne m’ont procuré un plaisir aussi complet que Gaspard de la Nuit. […] On a tant appris à les connaître et à les chérir, on a tant pris pour habitude de les confondre dans un même et puissant amour qu’on se fait presque un scrupule de placer l’un d’eux avant tous. […] On ne peut nier toutefois qu’il ne se soit placé au-dessus des autres poètes de son siècle et qu’il ne les domine simplement, sans effort apparent, comme un pic domine d’autres pics.
Au premier rang parmi les esquisses du mysticisme futur nous placerons certains aspects des mystères païens. […] Du point de vue où nous nous plaçons, et d’où apparaît la divinité de tous les hommes, il importe peu que le Christ s’appelle ou ne s’appelle pas un homme. […] Encore le succès ne sera-t-il jamais assuré ; l’écrivain se demande à chaque instant s’il lui sera bien donné d’aller jusqu’au bout ; de chaque réussite partielle il rend grâce au hasard, comme un faiseur de calembours pourrait remercier des mots placés sur sa route de s’être prêtés à son jeu.
. — À quel point de vue l’on ne se placera pas pour parler de l’École des femmes […] Cependant, de retour à Paris, et placé sous la protection de Monsieur, frère du roi, rassuré sur l’avenir, il regarde, il observe, il songe. […] La muse reprit ses sens ; les cendres de Corneille et de Racine se ranimèrent, et leur successeur fut placé sur le trône entre les deux tombeaux. […] Il n’est que trop facile de se placer ainsi d’abord en pleine convention, hors de la nature ou de la commune vraisemblance, de ne jouer ainsi que contre soi-même ; et, dans cette partie que l’artiste ou le poète engagent avec leur sujet, de récuser par avance le seul adversaire sérieux : je veux dire la nature et la vérité. […] J’ouvris une large fosse ; j’y plaçai l’idole de mon cœur, après avoir pris soin de l’envelopper de tous mes habits pour empêcher le sable de la toucher.
Quelle plus grande étude pour nous que les exemples d’un tel maître, illustré par tant de succès dans un genre qu’Aristote plaçait au-dessus du genre épique ! […] Les tributs d’admiration qu’il porte à Racine, tout éclatants qu’ils soient, ne semblent même lui être payés, en expressions fastueuses, que pour déprécier l’éminence du grand génie de Corneille, et le placer au-dessous de ce digne rival, qu’il rangera lui-même au-dessous du brillant Voltaire. […] Il y a loin de la découverte des effets que deux verres placés l’un devant l’autre ont sur la vue, à ceux des télescopes fabriqués après qu’on eut étudié les jeux physiques de la lumière. […] Toutes deux se rendraient indignes du cothurne, si leur fable était romanesque ; et ce qui leur conserve la gravité du genre, est de placer leur intrigue, ou leurs personnages en des temps et en des lieux qu’elles puissent retracer avec vérité. […] Il sut mesurer les hommes du point éminent où son âme s’était placée.