Il doit ce qu’il est à la structure de la phrase ou au choix des mots. […] La phrase, le mot auront ici une force comique indépendante. […] Appliquons ces procédés au choix des mots et à la construction des phrases. […] Prudhomme est l’homme des phrases toutes faites. Et comme il y a des phrases toutes faites dans toutes les langues, M.
C’est la réduction de la phrase aux seuls mots essentiels et qui évoquent une image précise. […] Plus une phrase est remplie de rimes, dans Tristan, et plus celles-ci deviennent pleines et sonores, plus, toujours, la phrase perd en précision, et plus sa portée devient vague et flottante. […] Et puis, ce que chacun verra, c’est comment la structure de la phrase se modifie. […] Des phrases entières telles que celle (page 132) que M. […] Enfin, « Wissend, « il sait », est la reprise du verbe de la phrase précédente.
» C’est là une phrase comme les anciens professeurs de rhétorique en écrivent, sans se soucier de ce qu’il y a dedans ou de ce qu’ils croient mettre dedans. […] S’il avait dit : « C’est le Roi de la phrase (comme je n’ai jamais su en faire ! […] Cuvillier-Fleury qui parle), — c’est le Roi de la phrase sonore, colorée, aérienne, — c’est le Roi de la phrase pour la phrase, du style pour le style, pour l’amour de la langue française qu’il adorait et qui le lui rendait bien, — le Roi du coloris, mettant sur des riens des touches d’Albane », eh bien, à la bonne heure ! […] Victor Cousin, qui était un styliste, et qui avait plus de style que de philosophie, s’écriait un jour qu’il donnerait le monde pour une belle phrase. […] Ses plus belles, ses plus souples, ses plus éclatantes phrases, il les écrivait : va comme je te pousse !
Quand un long usage l’a accouplé à un autre mot, ou enchaîné dans une phrase, il tend toujours à tirer après lui sa compagnie. […] De là l’influence de ce qu’on appelle les phrases toutes faites, les clichés. […] Chaque phrase d’un écrivain crée une liaison de mots, qui tendra à se reproduire avec plus ou moins de fréquence ou de force selon la célébrité de l’écrivain et de la phrase. […] Le mot qu’on prononce accroche un vers, une phrase où quelque écrivain l’a logé : et il nous amène les autres mots qui y sont avec lui, bien qu’on n’ait affaire que de lui seul. […] L’inconvénient est grave : car quand la pensée se coule dans des phrases toutes prêtes, elle perd sa marque originale.
Pour éveiller la sympathie chez le lecteur au gré de l’écrivain la phrase doit être vivante ; or, un être vivant n’est pas une suite d’éléments juxtaposés, c’est un ensemble fait de parties dissemblables et unies par une mutuelle dépendance ; la phrase est donc un organisme. Tout membre de phrase se différencie du précédent ou du suivant, soit qu’il s’y oppose et le restreigne, soit qu’il le complète ou le confirme en le répétant sous une forme plus vive ; chaque membre de phrase a son individualité propre, à plus forte raison chaque phrase. Il y a même d’ordinaire certains rapports de proportion entre la longueur de la phrase et la puissance de l’idée ou du sentiment. Un membre de phrase plus long contient souvent une idée ou une image plus forte ou plus importante. […] La carrure mélodique des phrases de musique se retrouve dans les strophes.
Je ne vous pardonne pas non plus l’encombrement presque toujours déplaisant, souvent incorrect, de la phrase. […] Une des rares phrases mal faites qu’on rencontre dans ses livres vante chez je ne sais plus quel écrivain « une verve amère dont le contour un peu sec de sa phrase permet de savourer toute la cruauté ». […] Trop occupé sa besogne de policier, le vaillant anarchiste fabrique à la grosse des articles dont il n’a pas le temps de relire toutes les phrases. […] Sa phrase puissante va jusqu’à rajeunir la terre, à condition que cette vieille vieillisse encore un peu. […] Bergeret, ta phrase ne méprise pas tout à fait Napoléon quand tes mots le glorifient.
L’analyse des phrases suivantes achevera d’établir cette vérité. […] chap. xij.) cite la même phrase comme un exemple de l’énallage ; & d’autres l’ont rapportée à l’hyperbate, Méth. lat. de P. […] Je tirerois de tout ceci une conclusion surprenante : la phrase allemande est donc un idiotisme régulier, & la phrase commune un idiotisme irrégulier. […] Consultons d’autres phrases plus claires dont la solution puisse nous diriger. […] Mais ce qui est raisonnable par rapport à la phrase latine, seroit ridicule & faux dans la phrase françoise.
Si l’on relit les divers exemples de « vers libres » que j’ai cité, on remarquera que les divisions de la strophe concordent avec les divisions naturelles de la phrase. […] Tout le travail de l’artiste sera donc celui-ci : faire concorder selon l’eurythmie l’analyse logique de la phrase, les plans des images et les formes musicales qui en sont le naturel support. […] Mais en une phrase ainsi déchiquetée, il est difficile de faire sentir un rythme de quelque force et d’une allure continue. […] J’entends bien qu’il y a de la surprise chez ceux qui déchiffrent cette phrase. […] Moréas, — s’ingénièrent à renouveler encore l’alexandrin par ces détours de la phrase, et par des césures déplacées ; plusieurs continuèrent même un peu après.
Flaubert refusera toujours d’admettre dans la littérature la phrase de la conversation : le contraire exactement de Stendhal. […] Il se rendait compte de ce qu’étaient l’architecture, la composition, la construction d’un livre, d’une page, d’une phrase. […] Avec ma main brûlée, j’ai le droit maintenant d’écrire des phrases sur la nature du feu. […] Et les affres de la phrase commenceront, les supplices de l’assonance, les tortures de la période. […] Il s’agit en second lieu de fabriquer du style, de convoquer le ban et l’arrière-ban des phrases, des périodes et des métaphores.
Il est une certaine phrase, question, rappel, invocation ou dédicace qui a un sens. […] Comment décrire en phrases successives son expansion multiforme et simultanée ? […] Qui retire le Verbe de la phrase, elle perd son sens ». […] Il est formé de longues phrases ascendantes que couronne l’évanouissement. […] Elle est une phrase que l’on n’a pu retenir.
Huysmans fulgure et chatoie, passe, pour employer, une de ses phrases, « tous feux allumés ». […] Certaines phrases pétaradent et font feu des quatres pieds : « La horde des Huns rasa l’Europe, se rua sur la Gaule, s’écrasa dans les plaines de Châlons, où Aétius la pila dans une effroyable charge. […] D’autres phrases coulent lentement comme des larmes de miel : « Cette pièce où des glaces se faisaient écho et se renvoyaient à perte de vue dans les murs des enfilades de boudoirs roses, avait été célèbre parmi les filles, qui se complaisaient à tremper leur nudité dans ce bain d’incarnat tiède qu’aromatisait l’odeur de menthe dégagée par le bois des meubles ». […] Le souple enlacement de cette sorte de phrase, est sans égal. […] Par la lecture de certains livres de théologie, de certains volumes de poésie savante, par de justes inventions, il enrichit et pare son langage, de vocables assoupis, longuement harmonieux et doux ; il les sertit et les associe en de lentes phrases, qui joignent le poli soyeux des mots, à la suavité de l’idée : « Sous cette robe tout abbatiale signée d’une croix et des initiales ecclésiastiques : P.
Soit qu’on ne sache pas faire usage des mots qu’on connaît, soit qu’on n’ait pas les mots eux-mêmes à sa disposition, on se laisse aller à croire que la langue ne peut pas rendre ce qu’on ne sait pas lui faire dire, et l’on crée des tours de phrases et des termes pour le besoin de sa pensée. […] Et d’abord, pour ce qui est de la forme des phrases et des lois qui président au groupement des mots, on ne saurait trop respecter la grammaire. […] On aime aujourd’hui à défaire ses phrases, à ne plus les construire, à braver l’antique et régulière structure des propositions, à jeter les sujets sans verbes au milieu d’une mer d’épithètes et de compléments, à greffer d’étranges et singulières incidentes sur le tronc des phrases, à faire chevaucher les prépositions les unes sur les autres, à supprimer toutes les articulations des périodes, tous les mots qui liaient les termes expressifs, et les assemblaient selon les exigences de la syntaxe, pour ne laisser subsister que ces termes expressifs, dépositaires de l’impression et du sentiment, qu’on plaque les uns à côté des autres comme des couleurs sur la toile, sans rien qui les assemble ou les sépare, que les seules lois de l’accord et de l’opposition des tons. Ce style plaît, et touche fortement, parce qu’il est à la mode, et parce qu’on sort à peine de la grande rhétorique, des périodes artistement combinées, majestueusement développées, de la phrase ample et oratoire que Rousseau et Chateaubriand avaient su plier à l’expression du pathétique et du pittoresque, et que les plus illustres romantiques ont si adroitement, si puissamment maniée. Il viendra peut-être un jour où nous serons si ignorants de la syntaxe et de la rhétorique, si blasés sur tous les effets du style disloqué et de la phrase impressionniste, qu’un écrivain qui reviendra à la stricte observance des lois grammaticales, qui s’avisera de faire suivre un sujet de son verbe et le verbe de son complément, qui saura employer d’autres temps que l’imparfait, qui donnera un régime direct aux verbes actifs, indirect aux intransitifs, qui se servira des conjonctions et des relatifs, qui renverra les participes et les prépositions à leur ancien office, cet écrivain-là, honnête disciple de Dumarsais et de Marmontel, charmera tout le public par l’éclatante originalité de sa tentative.
» Et cette phrase encore, dans laquelle la fantaisie, la muse qui grise M. […] Cette phrase tient à la fois de lord Byron et du puisatier d’Écully. […] Il ne prononça distinctement que cette seule phrase. […] C’est joli, c’est vide, et cela dure quelquefois le temps d’achever votre phrase. […] Il y a, au contraire, dans le trio final de la Nuit blanche, une phrase admirablement dite par Darcier ; cette phrase, empreinte d’une ineffable tendresse, circule, sans rien perdre de son caractère, à travers le ton joyeux du morceau.
De l’esprit, de l’atticisme, la phrase droite, le ton classique, facilité, fluidité, causerie exquise : ce sont de bons prosateurs. […] Le rythme est pour nous le résultat général de l’harmonie ; c’est ce qui se dégage d’une phrase bien faite. […] Il est rare qu’une phrase bien faite, qui ne remue plus, à laquelle on ne peut ni ajouter ni retrancher, ne soit pas naturellement harmonieuse. […] Il ne faut pas, bien entendu, confondre le rythme des phrases avec le rythme des mots, deux choses qui sont susceptibles d’être réunies, mais qui demeurent distinctes. […] Qu’adviendra-t-il, si un écrivain d’autorité et de valeur semblables vante cette même phrase et cette même page ?
Et dans la construction des phrases, l’allure si nette, si dégagée de la vieille langue se ralentit, s’embarrasse, s’alourdit, les phrases s’enchevêtrent, se nouent ou filent. […] Il y a à cet égard un recul visible de Marot et de Commynes à Rabelais, à Calvin, à Montaigne surtout dont j’ai dit déjà combien la phrase est étrangement inorganique. Cependant après un temps d’hésitation et comme de reflux, les nécessités pratiques et vitales font reprendre à la langue son cours naturel : la phrase se dégage et si, j’ose dire, se retrouve. […] L’archaïsme et le latinisme s’effacent à la fois et se fondent dans l’aisance spontanée de la phrase française : si bien qu’à vrai dire les vestiges de la vieille langue passent à l’état de licences bizarres, et les formes latines tendent à devenir une question de style plutôt que de grammaire. […] Il les rendra plus denses, en leur retranchant du volume : il donnera une structure artistique à la masse inorganique du vers et de la phrase.
La parole intérieure a l’apparence d’un son, et ce son est celui que nous nommons parole ou langage : il se compose de deux sortes d’éléments, des voyelles et des articulations ; ces voyelles et ces articulations sont groupées en syllabes, les syllabes peuvent se grouper en mots, les mots se groupent en phrases ; une syllabe est un ensemble de voyelles et d’articulations simultanées ou qui se succèdent avec une continuité parfaite, sans le moindre intervalle de silence ; des syllabes, soit distinguées par l’intonation, soit séparées par un intervalle de silence extrêmement court, forment un mot ; des intervalles plus longs séparent les mots d’une même phrase, de plus longs encore les membres de phrase et les phrases ; les phrases sont, en outre, marquées par des intonations : chaque phrase a son chant propre et sa note finale ; enfin l’intensité du son varie dans le discours, mais entre des limites sensiblement fixes. […] Il faut ici distinguer dans la parole intérieure les mots et les phrases. […] Aussi, presque toujours nos phrases sont nouvelles, au moins comme phrases, et quand même la pensée n’a rien de nouveau ; les mots, au contraire, sont répétés pour la millième fois ; ils ont déjà servi souvent dans des phrases différentes. […] Le mot, une fois usuel, n’existe plus pour lui-même, mais pour les phrases dans lesquelles il entre et pour la portion d’idée qu’il sert à exprimer. […] » (Nous soulignons, Egger ne cite que la deuxième phrase).]
Or, des mots vieillis ne font point abandonner la lecture d’un auteur qui a construit ses phrases regulierement, ou qui même s’est approché dans leur construction de la régularité. […] Ils ont construit leurs phrases suivant les mêmes regles de syntaxe que lui, du moins il s’en faut très-peu que cela ne soit absolument vrai. […] Ils en préferent le stile au stile plus orné des écrivains postérieurs, parce que la phrase italienne étoit parvenuë à sa régularité dès le seiziéme siecle. […] Les étrangers se plaignent même que notre langue envahisse, pour ainsi dire, les langues vivantes en introduisant ses mots et ses phrases à la place des anciennes expressions. […] La construction de la phrase prouve seule qu’elle ne sçauroit avoir un autre sens, et ce sens se présente d’abord.
Et que de phrases de M. […] Mais il a eu soin de ne pas mettre cette phrase au passé, après sa descente. […] Maurras à la pulpe pleine de ses mots, à la courbe féminine de ses phrases. […] Ce ne sont pas, chez lui, les images qui créent la phrase, c’est la phrase qui fait les images, c’est la phrase qui fait image, qui veut faire image, et qui n’y réussit pas toujours. […] Alors voilà une phrase qui dit autre chose que ce que vous vouliez dire, et c’était précisément le cas de ma phrase sur les écrivains de race.
Ma traduction met sous la phrase un fait douteux et vague. C’est quelque chose ; j’apprends à me défier de cette phrase, et je sais désormais qu’il faut s’en servir peu ou point. […] « Rabelais a écrit le Pantagruel » Chacun traduit cette phrase à l’instant par le fait le plus net. […] Au premier aspect on n’aperçoit que l’effet apparent : dans l’estomac, la métamorphose des aliments ; dans le livre, l’assemblage des vingt mille phrases. Mais l’assemblage des vingt mille phrases, comme la métamorphose des aliments, est accompagné par un nombre infini de circonstances inconnues.