Dans ce récit, écrasant vraiment de vulgarité et de bassesse, dans cette histoire de deux idiots qui se sont rencontrés un jour sur un banc de promenade et se sont raccrochés par vide de tête, badauderie, flânerie, bavardage et nostalgie d’imbécillité, et dont les deux niaiseries, en se fondant voluptueusement l’une dans l’autre, sont devenues la plus incroyable et la plus infatigable des curiosités, — comme, en grammaire latine, deux négations valent une affirmation, — il n’y a pas un mot, pas un sous-entendu qui puisse faire croire que l’auteur se moque de ces deux benêts qui sont les héros de son livre, et qu’il n’est pas la dupe de ce récit prodigieux de bêtise voulue et réalisée… Et il n’est pas que bête, ce récit, qui est un phénomène de bêtise !
Je désigne ainsi un travail qui montrerait dans les faits d’expérience intime, contemporaine, journalière, les mêmes phénomènes spirituels que le christianisme a reconnus de tout temps sous le nom de péché, de péché mortel, de rédemption, de grâce, d’effets de l’ascétisme, d’effets de la prière, d’illuminations du Saint-Esprit, de primauté de l’humilité, de béatitude du renoncement. » — Je mets en fait qu’on ne pourra pas habituer aux phénomènes de la rédemption, de la grâce et de l’illumination du Saint-Esprit un homme qui ne sera pas un catholique pur et simple ; qu’on ne pourra pas faire accepter et pratiquer ces états d’âme à un homme qui n’y croira pas objectivement ; qu’on ne pourra pas les proposer comme des pratiques purement intimes, n’ayant ni réalité, ni aboutissement, ni source non plus en dehors de nous ; que, donc, celui qui y voudra participer sera un catholique, ne pourra pas même les comprendre s’il n’est catholique pleinement et foncièrement, et qu’il échappera par conséquent à M. […] mais que ce phénomène de coucher de soleil régulier se répète tous les soirs, la génération prochaine sera ravie en extase. […] Parce que nous sommes des vivants, parce que nous faisons partie de ce petit phénomène parfaitement négligeable, de ce petit accident un peu ridicule, de cette bavure de l’Univers qu’on appelle la vie ; il faut que l’explication de l’univers s’appuie tout entière sur la conception que nous nous faisons de la vie ; il faut que le monde, je dis le monde, « le monde, l’univers, tout, la nature entière », soit déclaré mauvais si la vie nous apparaît mauvaise, et bon si la vie nous apparaît bonne, et que nous résolvions sur lui comme nous résolvons sur elle, et d’après ce que sur elle nous avons résolu. […] C’est que Gambetta avait attrapé le style oratoire de 1790, avec une telle exactitude, que quand on lit ses discours on est stupéfait de la ressemblance et l’on se demande quel est ce phénomène étrange de reviviscence atavique, et si ce qu’on lit est un démarquage de Barrère ou une parodie de Mirabeau.
C’est la réduction du phénomène à ce qu’il a d’essentiel ; ou plutôt, c’est le phénomène lui-même, abstrait et comme dégagé, non seulement des singularités ou des exceptions » mais encore de la solidarité des autres phénomènes qui risqueraient, en voulant les considérer tous ensemble, d’en masquer ou d’en déguiser la nature. […] Puisqu’il suffit d’une seule expérience, pourvu qu’elle soit bien faite, pour établir la loi d’un phénomène, ce doit être assez de Chapelain ou de Boileau pour représenter, eux seuls aussi, une période entière de la critique. […] Nous chercherons ici s’il y a des lois du phénomène ou, au contraire, si, comme on serait d’abord plutôt tenté de le croire, l’évolution de chaque genre ayant ses lois à elle, il n’y a pas de loi générale de l’évolution des genres. […] Ce que Voltaire n’a pas pu faire, d’autres s’y essayent à leur tour, mais avec moins de succès ou de bonheur encore, Marmontel, Laharpe, Ducis ; et — phénomène bien digne d’attention, qu’il nous faudra regarder de très près — la tragédie périt pour avoir en quelque manière laissé rentrer dans sa définition tout ce que l’on en avait exclu pour la conduire elle-même à sa perfection.
Pour voir ce phénomène étrange, un homme vivant dans l’enfer, Farinata s’est dressé dans son sépulcre : Ô Toscan qui, par la cité du feu, Vivant, t’en vas, ainsi parlant discrètement, Qu’il te plaise t’arrêter dans ce lieu. […] Bien qu’il eût poussé, comme Dante, aussi loin qu’il était possible l’observation des phénomènes naturels et l’étude de leurs lois, peut-être même à cause de cela, les relations occultes de l’homme avec le monde invisible ne le trouvaient point esprit fort. […] Étudiant à la fois, comme l’Allighieri, toutes les branches du savoir humain, observant tous les phénomènes de la nature qui, pour lui, est « le poëme sacré », pratiquant tous les arts, et revenant toujours aux grands problèmes de la destinée humaine, Gœthe s’avance, comme le Florentin, des ténèbres au crépuscule, du crépuscule à la lumière, le regard attaché sur les lueurs naissantes, animé et ébloui par la clarté suprême, qui « justifie ses efforts et réalise tous ses désirs. » — Je cite, Élie, les propres paroles de Gœthe, afin de mieux marquer l’analogie des conceptions et des images dans le génie de nos deux poëtes. […] Doué comme Dante d’un vif instinct des transformations de la vie, attentif à cette puissance de métamorphose dont il admirait dans un des plus beaux chants de l’Enfer une peinture merveilleuse, Gœthe observe, comme l’auteur des cantiques, des phénomènes qui n’ont point été observés avant lui. […] À Verdun, il observe un phénomène d’optique ; au siège de Mayence, il établit tranquillement sa théorie des couleurs.
À ce point de vue, il est un phénomène unique au xixe siècle, où l’art apparaît plus que jamais comme le dépôt naturel de la vie. […] Plus précisément, nous dirons que la psychologie, comme toutes les sciences qui portent sur les phénomènes de la vie, comporte des écoles, procède par écoles ; que, dans ces écoles formées autour de la personne d’un maître presque autant qu’autour de l’œuvre imprimée qui fait sa doctrine partout présente dans l’espace, les considérations de langue, de nation, de religion, de clientèle, d’éloquence, de savoir-faire jouent un rôle important ; que, sciences de la vie, elles baignent par ailleurs de toutes parts dans les conditions et dans les nécessités, souvent humiliantes, de la vie. […] Car enfin le banc est un petit peu à moi, — ce fameux banc de la poésie pure devant lequel le Landerneau littéraire défila pendant trois mois, comme s’il eût vu un phénomène. […] Il y a là une psychologie de l’idéal que vous retrouverez en relisant dans Divagations le Phénomène Futur et le sonnet qui s’y enchâsse.
Pour en donner un exemple, nous demandons à transcrire ici un axiome que M. de Balzac n’a pas craint d’inscrire dans son livre : Le phénomène de la croyance ou de l’admiration qui n’est qu’une croyance éphémère, dit le romancier, s’établit difficilement en concubinage avec l’idole. […] Nous serions prêts à admettre que l’instinct du poète doit le renfermer dans l’intime partie de la nature, lui faire envisager l’âme humaine comme son meilleur domaine, et le rendre tellement sensible aux phénomènes de la vie, qu’il ne lui reste point de loisir pour relever les détails ajoutés de la main des hommes.
oui, une fois il avait été le jouet d’un phénomène inexplicable et il allait nous le raconter. […] Ce fut à ce moment que se produisit le phénomène demeuré pour lui inexplicable et mystérieux. […] » Leconte de Lisle n’ajoutait pas s’il avait laissé ses amis croire à une pose de sa part, où s’il leur avait avoué par quel étrange chemin il s’était rendu de la rue de Rohan à la rue des Beaux-Arts, et la singulière hallucination à laquelle il avait été en proie, hallucination où s’ajoutait, du reste, une preuve matérielle, par quoi elle dépasse la portée des phénomènes analogues et qui en ferait plutôt un cas de lévitation d’une espèce très particulière, mais rentrant en somme dans un ordre de prodiges naturels, scientifiquement observés, tels que M.
Toutefois elle vous permet d’acquérir un semblant de lumière sur un certain nombre de phénomènes d’ailleurs équivoques. […] il prétend que l’herbe est bleue. » Je me suis souvent ébahi à cause d’un tel étrange phénomène. […] J’avais beau essayer de faire comprendre à cet infortuné jeune homme que toutes les imaginations d’Hegel étaient relatives, trop impatient, rebuté par la complexité des phénomènes, éperdu à cause de l’intuition intellectuelle que Hegel prétendait lui fourrer dans l’esprit, il se raccrocha éperdument à une seule proposition.
Quant à lui, il était ce qu’on est convenu d’appeler très improprement panthéiste, c’est-à-dire ne séparant pas en deux la création et la créature, et adorant la nature entière comme la divinité des choses sans s’élever à la divinité de l’esprit ; philosophes pour ainsi dire brutaux et fatalistes dans leur croyance, qui reconnaissent bien en Dieu la force latente de tous les phénomènes visibles ou invisibles, mais qui n’y reconnaissent pas l’individualité et la suprême intelligence, c’est-à-dire ce qui constitue l’être, refusant ainsi à l’Être des êtres ce qu’ils sont forcés d’accorder au dernier insecte de la nature.
De ces trois vertus gouvernementales dans la race anglo-saxonne est résulté le phénomène que nous voyons : une richesse incommensurable chez eux, une légitime influence sur les continents, une monarchie véritablement universelle sur les mers ou sur toutes les contrées desservies par les Océans.
Les idées sont nées avec notre âme, et ne font que s’appliquer, pendant notre existence terrestre, aux phénomènes qui sont sous notre perception.
L’objet de cet amour était aussi étrange que cet amour lui-même était inexplicable autrement que par la magie et la possession, explications surnaturelles des phénomènes des cœurs dans ce temps de superstition.
Les phénomènes de sa pensée, les lois de la civilisation, les phases de ses progrès ou de ses décadences, sont les mystères qu’il a le moins pénétrés.
Et si toute morale a pour origine la poussée des autres qui sont en nous, la pression de l’instinct social, il est intéressant de voir par quel mécanisme compliqué, à cause de quel jeu indépendant des phénomènes sociaux et des éléments psychiques, la société en vient à marcher contre son but essentiel, et à imposer à l’individu, malgré lui et en quelque sorte malgré elle des actes pénibles pour lui et qui tendent à la détruire.
Il admet, il veut que marchant à l’envers, recurrens, regrediens, l’expérience remonte (partant des faits, des phénomènes, des observations, des expériences), qu’elle aille au devant de cette voie déductive qui était restée pour ainsi dire sur le tranchant du sort.
Ce que j’ai vu alors m’a donné une grande aptitude pour comprendre les phénomènes historiques qui se passent au premier contact d’une barbarie énergique avec la civilisation.
A l’origine, notre âme éprouve des sensations, phénomènes de plaisir ou de peine : et c’est les diverses couleurs, résistances, odeurs, ou sonorités, toutes choses que nous croyons des qualités externes, et qui sont, uniquement, des états intérieurs de l’esprit.
Sa mimique, grandement expressive, rend bien les phénomènes de l’extase.
Le mythe ici reste clair comme les phénomènes physiques qu’il met en action.