Tout déguisement, en effet, expose deux personnes, celle qui le prend et celle pour laquelle il est pris. […] Nous l’avons dit, malgré le bas-bleu, la blouse, la casquette, le cigare, les défis à, l’opinion chrétienne, Mme Stern, qui a tué son sexe autant qu’elle a pu dans sa personne, a pourtant gardé la chasteté de je ne sais quel goût ; elle n’a pu perdre je ne sais quelle aristocratie, et cette dernière marque de son origine doit la faire cruellement souffrir, quand elle reprend une thèse tombée si bas que personne ne la relève plus. […] D’attitude, dans les livres, je ne connais personne de plus insolemment placide.
Il y a donc une autre cause des succès de Saint Simon que l’enlèvement, par le talent, de l’imagination charmée ou par l’intérêt d’un récit qu’avant lui personne n’avait su faire encore, et qu’après lui personne n’oserait recommencer. […] Si nous n’aimons pas tout ce qu’il aimait, si nous nous soucions assez peu, par exemple, de ses sentiments féodaux, de son duché, de sa pairie, des ducs à brevet ou sans brevet, de l’affaire du bonnet qui fut la grande affaire de toute sa vie, par ce côté, il faut le dire, sérieusement et idéalement grotesque, si même nous taillons des comédies dans tout cela, des comédies où la dignité de l’homme qui nous amuse à ses propres dépens reste à plat, nous haïssons au moins ce qu’il a haï, et il a pour lui tous les préjugés actuels (et ils sont nombreux) contre la personne ou le gouvernement de Louis XIV. […] L’auteur des Mémoires eu chercha laborieusement la raison avec cet art des inductions et des interprétations qu’il possédait mieux que personne et qui le rend un historien si séduisant, si éblouissant et si dangereux, et il la trouva, nous dit-il, dans l’opposition et l’influence de Mme de Maintenon, la vieille fée, — de Mme de Maintenon, sa seconde haine ; la seconde raison de la popularité actuelle de son livre, et pour nous la seconde tache de ces admirables et adorables Mémoires, que nous voudrions effacer.
… Il a les jambes du paon mais il n’en a pas la queue, et cependant il ne se plaint ni à Junon, ni à personne ; car il a fait un assez beau chemin sur ces jambes-là. […] Personne n’en parlait. […] Il jette, il est vrai, vers la fin, un regard assez prophétiquement noir sur l’Empire, auquel sa carcasse, comme il disait de sa personne, a survécu quelques jours. […] Mérimée, le sec Mérimée, aurait dû plus que personne se défier des lettres.
VI Je ne connais personne, en effet, quand j’y regarde avec attention, qui soit plus fort que Lord Macaulay en critique littéraire, dans un temps que les critiques, assez intéressés à la chose, vantent plus pour sa critique que pour ses inventions. […] Personne ne s’en doutait. Personne n’en avait la pensée. […] Guillaume Guizot nous révèle si justement, et auquel nous n’avons, en France, parmi nos meilleurs écrivains de journaux et de revues, personne à comparer exactement et à opposer.
Rousseau, qui nous l’apprend, n’indique pas toutefois le nom et la condition de la personne qui fit commettre au premier aumônier de Madame cette grave infraction à ses habitudes flegmatiques et régulières. […] L’abbé était connu d’ailleurs pour n’aimer personne en particulier ; il embrassait trop le genre humain en masse pour se resserrer ainsi dans un choix unique. […] Il a surtout rassemblé les principaux points de sa doctrine dans le portrait d’Agaton, archevêque très vertueux, très sage et très heureux ; c’est son vicaire savoyard à lui, et, s’il a échappé aux tracasseries du Parlement et de la Sorbonne, c’est qu’on ne le lisait pas et que, de son vivant, personne ne le prenait au sérieux.
Confiné alors aux champs, il y voit une personne simple, douce, plus âgée que lui, mais belle encore, un peu dévote, assez mystérieuse, Mme Pierson ; il en vient à l’aimer, à être aimé d’elle ; ici mille détails simples, enchanteurs, des promenades dans les bois, avec chasteté, puis avec ivresse. […] Mme Pierson, durant toute cette première situation attachante, est une personne à part, à la fois campagnarde et dame, qui a été rosière et qui sait le piano, un peu sœur de charité et dévote, un peu sensible et tendre autant que Mlle de Liron ou que Caliste : « Elle était allée l’hiver à Paris ; de temps en temps elle effleurait le monde ; ce qu’elle en voyait servait de thème, et le reste était deviné. » Ou encore : « Je ne sais quoi vous disait que la douce sérénité de son front n’était pas venue de ce monde, mais qu’elle l’avait reçue de Dieu et qu’elle la lui rapporterait fidèlement, malgré les hommes, sans en rien perdre ; et il y avait des moments où l’on se rappelait la ménagère qui, lorsque le vent souffle, met la main devant son flambeau76. » Pour bien apprécier et connaître cette charmante Mme Pierson, il faudrait, après avoir lu la veille les deux premières parties de la Confession, s’arrêter là exactement, et le lendemain matin, au réveil, commencer à la troisième partie, et s’y arrêter juste sans entamer la quatrième : on aurait ainsi une image bien nuancée et distincte dans sa fraîche légèreté. […] Il ne reste plus à présent, pour démêler le vrai dans ce conflit de récits passionnés et même envenimés, qu’à attendre la publication des lettres écrites par les deux acteurs en jeu, lettres contemporaines des événements, et dont quelques-unes au moins ont été conservées soit par la personne survivante intéressée, soit par des tiers.
Personne ne ressemble plus à Claudien que Delille. […] Il protestait que ce livre n’avait jamais fait sur lui, en l’écrivant, de mauvaises impressions, et il ne comprenait pas qu’il pût être si fort nuisible aux personnes qui le lisaient. » Je le crois ; il l’avait fait trop naturellement pour y voir du mal. […] La Fontaine semble un simple, occupé du loup, du renard, capable tout au plus de rêver parmi les prés et les basses-cours, et d’en badiner devant les grandes personnes, avec quelque profit pour les enfants.
Est-ce que, pendant le peu de jours où la nécessité, et non l’ambition, nous donna un rôle politique, nous avons abusé des circonstances, de la popularité et de la force, par quelques-uns de ces sévices, contre les partis ou contre les personnes, qui laissent dans les cœurs de justes et implacables ressentiments ? […] Est-ce que nos paroles n’auraient pas été aussi respectueuses pour les personnes que nos actes pour la souveraineté du pays ? […] Aujourd’hui, je ne succombe pas, mais je chancelle sous le poids de beaucoup de choses plus lourdes que les années : je suis pauvre des besoins d’autrui ; sous ma fausse apparence de bien-être je ne suis pas heureux ; je n’éblouis personne de tous mes prestiges éteints ou éclipsés ; je dispute des proches, des amis, des clients, un berceau, un sépulcre, à l’encan des revendeurs de tombes ; je suis désarmé, je veux l’être ; il n’y a ni mérite, ni force, ni gloire à m’outrager ; il y en aurait à m’aider dans mon travail si l’on avait un autre cœur !
Ce qui s’impose à l’évidence, c’est que l’auteur du Traité du verbe connaît mieux que personne les ressources du vocabulaire, que sa bonne foi ne saurait être mise en doute et que, s’il bronche parfois dans le harnais, ce n’est ni par maladresse ni par impuissance. […] Personne dans les rues, qui semblent les couloirs de cryptes funéraires. […] Parfois, l’aîné, gamin d’une douzaine d’années, sur un signe de sa mère, se détachait pour aller tendre un bougeoir, une serviette, manège si habituel que personne n’y prenait garde, sauf quand des discussions éclataient, provoquées par l’ivresse ou un excès de marchandage.
Le propre de ces cultures scolastiques est de fermer l’esprit à tout ce qui est délicat, de ne laisser d’estime que pour les difficiles enfantillages où l’on a usé sa vie, et qu’on envisage comme l’occupation naturelle des personnes faisant profession de gravité 587. […] On veillait surtout scrupuleusement à ce que personne n’entrât à l’état d’impureté légale dans les portiques intérieurs. […] Réunis en chambrées de dix et vingt personnes, les pèlerins envahissaient tout et vivaient dans cet entassement désordonné où se plaît l’Orient 608.
À la suite de ce cabinet, il y en avait plusieurs autres qui s’ouvraient suivant l’affluence des personnes de la société7. […] Les mêmes motifs concoururent à conduire chez elle et à réunir dans sa société celles des personnes de son rang, qui étaient ennemies comme elle du désordre et des intrigues. […] » Trois personnes furent jalouses de la princesse de Condé, la maîtresse en titre ; la marquise de Verneuil, la reine, le prince de Condé.
Jaloux de donner à cet Ouvrage le degré de perfection & d’utilité dont il est susceptible, d’après nos propres réflexions, d’après celles de nos amis & de plusieurs personnes distinguées qui s’intéressent à la cause que nous défendons, nous n’avons épargné ni soins, ni recherches, pour le rendre digne des suffrages nationaux & étrangers. […] Nous voudrions pouvoir déférer aux sentimens de quelques personnes estimables, qui ont trouvé trop de vivacité dans certaines de nos censures. […] Oui, malgré les hurlemens de l’orgueil & de la médiocrité ; malgré le persifflage des esprits frivoles & libertins ; malgré les froids raisonnemens des ames pusillanimes ; malgré l’indifférence de ces caracteres isolés qui ne prennent part à rien ; malgré les faux jugemens, les fausses critiques, les fausses imputations ; malgré son imperfection même, nous ne craindrons pas de l’avouer, nous avons vu notre Ouvrage accueilli & défendu par les personnes les plus respectables, estimé par les Littérateurs les plus distingués ; nous l’avons vu se répandre chez l’Etranger, mériter les éloges des plus sages Souverains, être réimprimé en plusieurs endroits, par un empressement général à se le procurer.
D’un côté, les vénérateurs d’un saint mystère, et de ceux qui l’honorent par des communions saintes ; ici, un si pur et si admirable sacrifice, là des pécheurs envieillis, tout sortant de leur infamie ; une victime toute sainte et un Dieu de sainteté ; des mains souillées et des bouches toutes souillées… « On a tant dit de mal de l’antithèse, qu’on nous a dispensés d’en dire, Pascal en a médit plus spirituellement que personne, lorsqu’il a comparé « ceux qui « font des antithèses en forçant les mots » à ceux qui font de fausses fenêtres pour « la symétrie ». […] Cette opinion peut paraître ridicule à certaines gens ; mais elle est partagée par des personnes qui ne sont pas ridicules et qui en valent d’autres. […] Il est heureux que le génie de Racine ne puisse plus nuire à personne.
Et il doit se connaître mieux que personne aux tressaillements profonds et menaçants qui l’annoncent… Louis Teste — comme tout le monde le sait — est un des écrivains les plus en vue du Paris-Journal. […] Mais pour qui sait combien ces connaissances, dont l’époque raffole, sont de peu dans le gouvernement des hommes, il y avait mieux à glorifier dans Léon XIII, et c’étaient les facultés qui ne sont créées par personne et qu’on tient de Dieu pour le service de Dieu. […] Grégoire XVI, qui comprenait le gouvernement comme un ancien moine, — car il n’y a personne de plus près d’un homme d’État qu’un moine, à qui la Règle a appris le commandement par l’obéissance, — Grégoire XVI, enchanté de son Délégat, le nomma, de satisfaction, archevêque de Damiette et nonce à Bruxelles.
Car c’est lui, c’est Voltaire, et lui plus que personne, qui est la cause de la longue erreur dont nous nous plaignons. […] Nul plus que lui, l’auteur de la Henriade, de la Pucelle et de l’Essai sur les Mœurs, ne commit de crimes en histoire, et personne non plus parmi ces assassins de la vérité, qu’on ne traîne pas à l’échafaud, ne les commit avec un bonheur plus insolent, une plus épouvantable fortune. […] Par cette retenue, il ne dit pas quel malheur ce fut, en réalité, pour la France du Moyen Âge et de saint Louis, que l’avènement de la maison de Bourbon dans la personne d’Henri IV, et quelle politique à bascule allait remplacer cette forte organisation catholique de tout un pays, l’exemple du monde, que les Valois avaient compromise et que les Guise auraient sauvée !
Seulement, la tête de l’Église n’est sur les épaules de personne, et la Papauté, qui dure plus que le Pape, est encore plus difficile à tuer d’un seul coup que le genre humain ! […] Il ne permet la présence de personne entre Dieu et l’âme. […] Non pas celui de Luther ou de Calvin ou de personne, ni même l’apostolique du comte de Gasparin, — cette pointillerie, comme aurait dit Bossuet, dans le dédain de son bon sens, cette pointillerie à examiner, travail de Pénélope toujours repris par qui a la fantaisie de le reprendre, — mais le protestantisme primitif, éternel, qui date du paradis terrestre, disait Lacordaire, et qui naquit le jour où Satan dressa contre Dieu le pourquoi de toutes les révoltes… Le chez soi du comte de Gasparin, c’est l’individualisme sans limites, c’est le plein vent de la liberté, c’est le radicalisme absolu !
malgré des travaux si variés et auxquels personne plus que nous n’est disposé à rendre justice, peut-être Monselet n’en est-il encore qu’à la période des esprits qui ont assez de sève pour fermenter longtemps et qui cherchent la voie définitive, que la Critique, si elle est sagace, doit les aider à découvrir. […] … Personne. […] … Mais jusqu’à ce coup de foudre qui allume la poussière d’un homme et en fait un poète, et sur lequel il n’est permis à personne, si optimiste soit-on, de compter, que Monselet aille dans sa voie vraie, indiquée par la nature de ses facultés, et s’il fait des vers encore, que ce soit seulement pour ce public de cœur qui prend tout de nous avec ivresse, — nos rimes, nos cheveux et nos portraits !
Car à supposer que les formes dont on parle, et auxquelles nous adaptons la matière, viennent entièrement de l’esprit, il semble difficile d’en faire une application constante aux objets sans que ceux-ci déteignent bientôt sur elles : en utilisant alors ces formes pour la connaissance de notre propre personne, nous risquons de prendre pour la coloration même du moi un reflet du cadre où nous le plaçons, c’est-à-dire, en définitive, du monde extérieur. […] Il faudra donc l’opérer encore, mais au profit de la durée, quand on étudiera les phénomènes internes ; non pas les phénomènes internes à l’état achevé, sans doute, ni après que l’intelligence discursive, pour s’en rendre compte, les a séparés et déroulés dans un milieu homogène, mais les phénomènes internes en voie de formation, et en tant que constituant, par leur pénétration mutuelle, le développement continu d’une personne libre. […] La vérité est que si nous vivons et agissons le plus souvent extérieurement à notre propre personne, dans l’espace plutôt que dans la durée, et si, par là, nous donnons prise à la loi de causalité qui enchaîne les mêmes effets aux mêmes causes, nous pouvons cependant toujours nous replacer dans la pure durée, dont les moments sont intérieurs et hétérogènes les uns aux autres, et où une cause ne saurait reproduire son effet, puisqu’elle ne se reproduira jamais elle-même.
« J’ai perdu un jour, disait Titus, car je n’ai fait aujourd’hui de bien à personne. […] Marc-Aurèle, voyant son armée prête à périr par la soif, leva ses mains au ciel : Ô Dieu, dit-il, je lève vers toi, qui donnes la vie, cette main qui ne l’a jamais ôtée à personne. […] La persécution cessa ; et cet empereur assassin, ce barbare incendiaire, ce chrétien persécuteur d’autres chrétiens, publia un édit, par lequel il défendait qu’on employât désormais ni autorité, ni menaces pour faire changer personne de religion.