Elles consolent, elles soutiennent dans les commencements, et à une certaine saison de la vie des poëtes, contre l’indifférence du dehors ; elles permettent à quelques parties du talent, craintives et tendres, de s’épanouir, avant que le souffle aride les ait séchées. […] On y répondait indirectement et sans amertume à un article de la Camaraderie littéraire qui fit du bruit dans le temps, et que le très-spirituel auteur (M. de Latouche) me permettra de qualifier de partial et d’exagéré.
On ne l’apprécierait exactement qu’en se permettant de détacher et de discuter quelques-uns des brillants tableaux dont elle est prodigue. […] Or, c’est un inconvénient toujours de s’exercer dans un genre qui, n’étant que la lisière d’un autre ou de deux autres, reste nécessairement secondaire, qui ne se propose jamais le sublime en perspective, et qui ne permet même pas de l’espérer.
D’ailleurs la distance des lieux autorise bien des familiarités qu’on ne se permettrait pas de près avec le génie, et il arrive ici précisément l’inverse du fameux adage : Major e longinquo reverentia. […] Comme sir Walter aime à la folie les comparaisons, il me permettra d’en faire une, et de trouver que sa manière de comprendre notre Révolution ressemble exactement à la manière dont le matérialiste Lamettrie comprenait l’homme physiologique, par des poids, des leviers, des soupapes et tout le gros attirail d’une mécanique vulgaire.
Quoi qu’il en soit, si l’on pouvait encore, il y a quelques années, se méprendre aux symptômes généraux d’ennui et de refroidissement, si l’on pouvait n’y voir qu’une fièvre passagère d’anglomanie ou de germanisme, et crier de bonne foi à la cabale, il n’est plus permis aujourd’hui de mettre en doute l’antipathie prononcée, ou du moins la profonde indifférence du public pour notre grand genre dramatique. […] On comprend que nous n’ayons pas eu à répéter ici les articles que l’auteur lui-même a recueillis, dès ce temps-là ; dans le premier de ces deux ouvrages, et qui avaient paru, en 1827, dans le Globe. — Et à ce propos d’omissions volontaires, qu’il nous soit encore permis de répondre d’avance à une objection qui ne manquera pas de nous être faite par les curieux : pourquoi ne retrouve-t-on pas ici quelques autres articles dont la signature saute çà et là aux yeux dans le Globe d’avant 1830 ?
La tournure ferme, judicieuse et précise de son talent ne lui eût pas permis de chercher dans un faux éclat et des aperçus hasardés un succès qu’il ne voulait devoir qu’aux sérieuses études dont sa première vie l’avait distrait, et auxquelles il s’était remis avec toute sa vigueur. […] Je me permettrai seulement de rappeler à M.
Si l’on disait en français précisément les mêmes mots, la table est remplie, le plus grand acteur du monde ne pourrait, en les déclamant, faire oublier leur acception commune ; la prononciation française ne permettrait pas cet accent qui rend nobles tous les mots en les animant, qui rend tragiques tous les sons, parce qu’ils imitent et font partager le trouble de l’âme. Les Anglais peuvent se permettre en tout genre beaucoup de hardiesse dans leurs écrits, parce qu’ils sont passionnés, et qu’un sentiment vrai, quel qu’il soit, a la puissance de transporter le lecteur dans les affections de l’écrivain : l’auteur de sang-froid, quelque esprit qu’il ait, doit se conformer à beaucoup d’égards au goût de ses lecteurs.
Assez de textes ont été publiés, assez d’éclaircissements fournis, pour qu’il ne soit plus permis au simple lettré d’arrêter sa curiosité au seuil de la Renaissance. […] On pouvait autrefois se permettre bien des excursions, quand les xvie , xviie et xviiie siècles constituaient seuls à peu près toute la littérature dont on parlait ; on étoffait le peu qu’on savait du moyen âge français, par le peu qu’on savait du moyen âge provençal.
Don Juan prend feu là-dessus, et lui permet de s’asseoir à son côté. […] Mais il faut tenir compte évidemment des exagérations de style qu’on s’est toujours permises dans les descriptions.
Si l’on veut me permettre de poursuivre ma comparaison avec les beaux-arts, le mathématicien pur qui oublierait l’existence du monde extérieur, serait semblable à un peintre qui saurait harmonieusement combiner les couleurs et les formes, mais à qui les modèles feraient défaut. […] Combien de vérités que les analogies physiques nous permettent de pressentir et que nous ne sommes pas en état d’établir par un raisonnement rigoureux !
En supposant que sa pensée à cet égard puisse prêter à quelque équivoque, la direction générale du christianisme après lui n’en permet pas. […] Cette sublime personne, qui chaque jour préside encore au destin du monde, il est permis de l’appeler divine, non en ce sens que Jésus ait absorbé tout le divin, ou lui ait été adéquat (pour employer l’expression de la scolastique), mais en ce sens que Jésus est l’individu qui a fait faire à son espèce le plus grand pas vers le divin.
Il suffirait d’ailleurs, pour la justification de Bossuet, d’observer que madame de Maintenon est la seule de tous ses contemporains qui se soit permis, en cette occasion, de donner comme un témoignage de mollesse, ou comme un défaut d’esprit de la cour, une conduite pleine de bienséance et conforme aux maximes de la prudence chrétienne. […] Je ne puis lui parler seule, parce qu’elle ne me le pardonnerait jamais ; et quand je lui parlerais que je dois à madame de Montespan ne peut me permettre de parler contre elle. » Une lettre explicative de celle qu’on vient de lire, et qui heureusement porte la date précise du lundi 29 juillet, détermine très approximativement cette de la précédente, la voici : « Je pense toujours de même, quoique le changement de mon style vous ait fait craindre un changement d’idée. » (Cette phrase suppose une lettre intermédiaire d’un ton moins triste que la précédente.)
Dans le genre du tableau littéraire proprement dit, où il excelle, et dans le tableau qu’il a donné du xviiie siècle en particulier, je me permettrai seulement de faire une remarque, de relever un trait de caractère qu’on ne saurait omettre en parlant du critique célèbre qui a été le maître de notre âge. […] Je me permettrai toutefois, en montrant cette veine et en l’appelant heureuse chez celui qui l’a trouvée, de signaler l’inconvénient qui en pourrait naître.
Afin de faire un peu d’exercice, de ne pas tomber malades, nous ne nous permettons qu’une promenade après dîner, une promenade dans les ténèbres des boulevards extérieurs, pour n’être point tirés, par la distraction des yeux, de notre travail, de notre enfoncement spirituel en notre œuvre. […] » J’entends le tailleur Armand dire cela à Baschet, qui s’était permis, sur un trottoir, de lui demander où en était une jaquette commandée depuis une quinzaine de jours.
Loin de là : si une œuvre aussi incomplète valait la peine d’être discutée à ce point, on surprendrait peut-être beaucoup de personnes en leur disant que, dans la pensée de l’auteur, il y a eu tout autre chose qu’un caprice de l’imagination dans le choix de ce sujet et, qu’il lui soit permis d’ajouter, dans le choix de tous les sujets qu’il a traités jusqu’à ce jour. […] Ainsi, toute proportion gardée, et en supposant qu’il soit permis de comparer ce qui est petit à ce qui est grand, si Eschyle, en racontant la chute des titans, faisait jadis pour la Grèce une œuvre nationale, le poëte qui raconte la lutte des burgraves fait aujourd’hui pour l’Europe une œuvre également nationale, dans le même sens et avec la même signification.
Mais comment se permettrait-il ces prodigalités luculléiennes ? […] « Monsieur, lui dit-il, vous vous êtes permis de faire publiquement mon éloge.
Le sonnet ne se montre plus, l’élégie expire, l’églogue est sur son déclin, l’ode même, l’orgueilleuse ode commence à déchoir ; la satire enfin, malgré tous les droits qu’elle a pour être accueillie, la satire en vers nous ennuie pour peu qu’elle soit longue ; nous l’avons mise plus à son aise en lui permettant la prose ; c’est le seul genre de talent que nous ayons craint de décourager. […] Chez nous la grammaire des poètes est aussi rigoureuse que celle des prosateurs ; l’inversion est rarement permise, elle nous déplaît pour peu qu’elle soit extraordinaire ou forcée ; et celui qui a dit que le caractère de la poésie française consistait dans l’inversion, n’avait apparemment jamais lu de vers, ou n’en avait lu que de mauvais.
Nous trouvons cela déplacé et d’ailleurs impossible, quelle que soit la force de la main qui ose se permettre cette épouvantable compression. […] Mais je ne leur permets pas les grands airs de l’histoire, et Barot les a pris.
Il dit, comme Montesquieu dirait : « Le lecteur aime les dénouements moraux, surtout dans les autres. » Il dit encore : « Il est permis aux hommes de se montrer inconséquents, pour qu’ils puissent parfois se retrouver raisonnables. » Est-ce assez Montesquieu comme cela ? […] Être un biographe à cette heure, — dans une époque d’analyse et d’individualité, — c’est être un historien à la taille même de cette époque qui doit aimer mieux les portraits que les tableaux, et dont la triste histoire ne permet même plus le tableau !
L’un de ces livres : l’Histoire des Législateurs et des Constitutions de la Grèce antique 7, par Lerminier, est une œuvre nouvelle, et, qu’on nous permette le mot ! […] — parce que les civilisations sont éteintes qu’il n’est pas permis au législateur d’en soulever l’image inanimée dans de nouvelles institutions, ou au philosophe politique d’en évoquer le souvenir et de l’imposer comme un modèle.