On a dit qu’il ne lui manquoit, pour écrire parfaitement, que de sçavoir penser . […] Il mit le comble à sa gloire, par la manière de bien penser dans les ouvrages d’esprit ; livre très-utile aux jeunes gens, pour leur former le goût, & leur apprendre à fuir l’enflure, l’obscurité, les pensées fausses & recherchées.
Son amour-propre se satisfait ainsi ; il étale son esprit devant le lecteur, et le désir qu’il a de se montrer penseur ingénieux, le conduit souvent à bien penser. […] Dans aucun temps, dans aucun pays, sous quelque forme de gouvernement que ce soit, jamais la liberté de penser n’a été plus grande qu’en France au temps de sa monarchie.
L’hystérique n’a même plus besoin de penser nettement au sommeil pour s’endormir au signal, tant son équilibre mental et nerveux est instable. […] Nous ne pensons point, en effet, sans prononcer mentalement des paroles, et nous ne les prononçons pas mentalement sans les prononcer aussi physiquement avec le larynx ; penser, c’est parler tout bas. […] Ruault ont même pensé que l’hypnotisé peut, comme le sourd-muet, lire les mots sur les lèvres. […] Une même lésion produit donc des effets très différents sur l’intelligence et la mémoire selon qu’elle frappe des individus qui, pour penser et parler intérieurement, usent habituellement de telle ou telle catégorie d’images. […] Une femme passe, par exemple, du « type visuel » au « type moteur » et réciproquement ; dès lors, la personne qui pensait tout au moyen des signes fournis par la vue semble disparaître pour faire place à celle qui se sert des signes moteurs.
Il pense toujours d’une façon phantomatique et vague. […] Le mot « jeune fille » ferait simplement penser à une jeune fille, et à rien d’autre. […] Cela ne s’explique que par le penser confus du poète mystique. […] L’homme sain peut raconter ce qu’il pense, et son récit a un commencement et une fin. […] Il ne peut jamais indiquer exactement à quoi il pense, il ne peut que désigner l’émotion qui domine momentanément sa conscience.
nous le disons sans faveur comme nous le pensons sans partialité, M. […] Ce n’est qu’à cette condition que l’historien est un homme, ce n’est qu’à cette condition qu’il fait penser, sentir, juger son lecteur. […] Nous pensons, nous, comme M. […] Il passait pour penser, et il rêvait. […] Thiers ne s’arrête que pour respirer ; mais, tout en respirant, il pense.
Quand la parole intérieure est faible, monotone, rapide, concise, personnelle et absolument intérieure, c’est que l’âme est repliée sur elle-même et très calme ; c’est que nous pensons pour nous seuls, sans passion comme sans imagination. […] Je serai seul à mourir d’ennui, comme l’an passé… » Je m’éloignai rapidement, et je me mis à penser à autre chose. […] A quoi pensent-ils ? […] Laura Santone (art. cit., p. 252-253) pense que Freud renvoyant par deux fois à des articles de Egger dans l’Interprétation des rêves, il y a tout lieu de penser que sa référence au Nabab de Daudet à propos des rêveries diurnes et rêves à « yeux ouverts » est à mettre en rapport avec le développement de Egger dans la Parole intérieure sur le personnage de M. […] Selon quelques auteurs, la parole intérieure devient vive, puis extérieure, même dans la méditation scientifique, quand nous voulons penser fortement, ou quand le problème qui nous occupe exige un grand effort d’attention et comme le concours de tout notre être (de Cardaillac, p. 320 ; cf. p. 306 ; A.
Dubout continue : « J’ai pensé que la haute personnalité de M. […] Lemaître… ne me permettait pas de garder un silence qui, aux yeux de quelques-uns, pourrait être attribué ou à un sentiment d’extrême dédain ou à un sentiment d’extrême prudence, — ce que je ne veux ni pour lui ni pour moi. » Voilà, monsieur, qui est noblement pensé. […] Je pense d’ailleurs, en toute simplicité, que ni l’Aînée ni la Bonne Hélène n’en valent moins pour cela, de même que, pour avoir été reçue avec acclamation, Frédégonde n’en vaut pas mieux.
Que j’ai toujours haï les pensers du vulgaire ! Pensers ; le penser est un mot poétique, pour la pensée.
Duclos a publié sous le titre de Considérations sur les mœurs de ce siécle ; c’est l’ouvrage d’un honnête homme, qui pense finement & fortement, & qui s’exprime comme il pense. […] Il fait penser son lecteur même dans les endroits où il semble vouloir l’égarer.
Quel est celui qui ne pense que ce chef-d’œuvre ne puisse passer à un autre possesseur moins attentif à le serrer ? […] petit dialogue. mais, mon ami, à quoi pensez-vous ? […] J’ai déjà dit, au sallon précédent, ce que je pensais de ce morceau.
Mais voilà qu’aujourd’hui, à l’instant où l’on y pensait le moins, il va prendre place dans les nôtres ! […] … Oui, on n’y pensait guère, c’est la vérité. […] ne pense ouïr un David, un Isaïe, un Jérémie, ou quelqu’autre du nombre des Prophètes, plutôt qu’un Homère, un Hésiode, ou quelque autre poète ?
Si, dans tout état de cause, la littérature systématique est la pire des littératures, que faut-il penser de celle-là qui pour système a le réalisme ? […] Au milieu du monde où il place sa jeune fille et auquel je reproche, en masse, une insupportable médiocrité, j’ai pensé longtemps que si l’amant d’Henriette était, comme amant, aussi médiocre que les autres, comme persécuteurs, Henriette au moins resterait une fille énergique, — et d’une originale énergie, — dont le type, délicatement et profondément compris par M. […] J’ai pensé enfin qu’Henriette serait tout le roman, mais il a fallu en rabattre quand j’ai vu ce caractère, soutenu jusque-là, s’affaisser tout à coup au dénoûment du livre et finir par la platitude ordinaire de l’inconséquence, de la faiblesse et de la consolation !
À voir ces mots si choisis, ces arrangements exquis de syllabes mélodieuses, cette science des coupes et des rejets, ce style si coulant, si pur, ces gracieuses images que la diction rendait encore plus gracieuses, et toute cette guirlande artificielle et nuancée de fleurs qui se disaient champêtres, on pensait aux premières églogues de Virgile. […] Encore est-il bon de sentir et de penser avant d’écrire ; il faut une source pleine d’idées vives et de passions franches pour faire un vrai poëte, et à le voir de près on trouve qu’en lui, jusqu’à la personne, tout est étriqué ou artificiel ; c’est un nabot, haut de quatre pieds, tortu, bossu, maigre, valétudinaire, et qui arrivé à l’âge mûr ne semble plus capable de vivre. […] Au fond, il n’a point écrit parce qu’il pensait, mais il a pensé afin d’écrire ; le papier noirci et le bruit qu’on fait ainsi dans le monde, voilà son idole ; s’il a fait des vers, c’est tout bonnement pour faire des vers. […] On a trouvé de petits morceaux de papier qui contenaient des vers ou des portions de vers qu’il pensait achever plus tard. » Il fallait que son écritoire fût devant son lit avant son lever. […] Le lecteur n’est guère ému, ni moi non plus ; il pense involontairement ici au livre de Pascal, et mesure l’étonnante différence qu’il y a entre un versificateur et un homme.
Or, l’esprit critique n’est pas la part exclusive de l’artiste : il hante aujourd’hui et tyrannise quiconque pense. […] ai-je pensé, malgré ce grand nom d’hommes, Que j’ai honte de nous, débiles que nous sommes ! […] Car je ne pense pas que personne aujourd’hui risque l’enfantillage de prendre pour de simples diableries les sortilèges du Méphistophélès de Goethe. […] Qu’on le nie ou qu’on l’affirme, qu’on y pense ou qu’on tâche de s’en distraire, ce souci de savoir est au fond de toutes nos pensées et de tous nos sentiments. […] Il importe assez peu, en définitive, que nous vivions quelques années de plus ou de moins, avec un peu plus ou un peu moins de plaisir ou de souffrance ; ce qui importe, c’est d’accomplir notre destinée, c’est d’aimer et de penser, c’est de rendre un grand témoignage de notre humanité.
Il est moins soigneux de bien penser que de bien dire ; & cependant son stile est souvent trop simple, trop dénué d’ornemens, ou du moins il y en a peu qui soient de notre goût. […] Plusieurs pensent qu’on ne devroit traduire les ouvrages en vers qu’en vers ; mais il n’y a qu’un grand Poëte qui soit capable d’un tel travail, & ce grand Poëte n’est pas facile à trouver. […] Bien différent de ce Peintre admirable dont Pline fait mention, qui donnoit toujours plus de choses à penser aux spectateurs qu’il n’en exprimoit, Ovide ne laisse rien à déviner. […] Son discours préliminaire est pensé ; il est très-bien écrit. […] Prosper contre les ingrats, a été loué par tous ceux qui pensent qu’on peut mettre la Théologie en vers.
Ainsi Amour inconstamment me meine ; Et quand je pense avoir plus de douleur, Sans y penser je me trouve hors de peine. […] J’accorde que c’est d’une fantaisie excessive, quoique je ne le pense point. […] Et quant à l’Olive du jeune du Bellay, il ne faut pas en penser tant de mal. […] Il rimait sonnets et chansons comme sans y penser. […] Du moins, je le pense.
La dévastation et les incendies célèbres qu’entraînèrent ces luttes d’ambition lui causèrent des peines inexprimables : « Quand je songe aux incendies, il me vient des frissons… Toutes les fois que je voulais m’endormir, je revoyais tout Heidelberg en feu ; cela me faisait lever en sursaut, de sorte que je faillis en tomber malade. » Elle en parle sans cesse, elle en saigne et en pleure après des années ; elle en garda à Louvois une haine éternelle : « J’éprouve une douleur amère, écrivait-elle trente ans après (3 novembre 1718), quand je pense à tout ce que M. […] Chose rare à la Cour, elle aimait la joie pour elle-même : « La joie est très bonne pour la santé, pensait-elle ; ce qui est sot, c’est d’être triste. » Elle rompait la monotonie des formes cérémonieuses, des menuets en tout genre, des longs repas silencieux. […] Elle supposait que c’était Mme de Maintenon qui, d’accord avec le père La Chaise, avait ourdi et mis en jeu toute la persécution contre les réformés : elle se retrouvait sur ce point non seulement humaine, mais un peu calviniste ou luthérienne, avec un reste de vieux levain ; elle pensait de près comme les réfugiés de Hollande écrivaient de loin. […] Madame, se croyant sûre d’elle-même, protesta de son innocence : Mme de Maintenon, avec un grand sang-froid, la laissa dire jusqu’au bout, puis tira de sa poche une lettre, comme Madame en écrivait journellement, adressée à sa tante l’électrice de Hanovre, et dans laquelle il était parlé en termes outrageants du commerce du roi et de Mme de Maintenon : « On peut penser si, à cet aspect et à cette lecture, Madame pensa mourir sur l’heure. » Ce n’était là que la première partie de la scène si admirablement décrite par Saint-Simon, de cette espèce de duel entre les deux femmes.
Il y a un autre endroit où Cowper, sans le nommer, me paraît avoir évidemment pensé à Rousseau : c’est dans La Tâche, au chant cinquième, lorsqu’il s’agit de combattre les raisonnements de l’épicurien endurci qui s’abandonne ouvertement aux appétits naturels, aux liens de la chair, et qui jouit tout haut de son sommeil de mort : Hâte toi maintenant, philosophe, et délivre-le, si tu le peux, de sa chaîne. […] Il me semble qu’en cet endroit Cowper a pensé à la profession de fei du vicaire savoyard et qu’il en touche l’endroit faible et défectueux, qui est aussi celui de tous les éloquents continuateurs de Rousseau : il y manque la toute petite parole qui change les cœurs. […] Aussi, lorsque j’ai exprimé le regret que la France n’eût point, dès ce temps-là, une poésie pareille et comparable à celle des Anglais, je pensais moins encore à la peinture directe de la nature considérée en elle-même, peinture dont notre prose élevée présente de si belles et si magnifiques images, qu’à l’union de la poésie de la famille et du foyer avec celle de la nature. […] [NdA] Le plus ancien et le plus sacré des poètes, Homère, ne pensait pas autrement que Wordsworth, lorsqu’il a dit : « Il n’est rien de meilleur ni de plus beau que lorsqu’un homme et une femme habitent la maison, ne faisant qu’un par le cœur. » C’est Ulysse qui dit cela en adressant des vœux d’heureux mariage à Nausicaa et en songeant lui-même à sa Pénélope. […] [NdA] En lisant ces vers À Marie, qui tournent sensiblement à la litanie pieuse, on ne peut s’empêcher de penser à cette autre Marie par excellence, la Vierge, celle dont il est dit dans la Divine Cornédie de Dante, par la bouche de Béatrix : « Il est au ciel une noble dame qui se plaint si fort de ces obstacles contre lesquels je t’envoie, qu’elle fléchit là-haut le jugement rigoureux. » C’est la confiance en cette Marie toute clémente et si puissante auprès de son fils qui a manqué à Cowper.
Il y avait donc entre eux un abîme de ce côté-là, du côté du rivage de l’Éternité ; mais de ce côté-ci du monde, et dans l’observation de la société, ils pensaient presque en tout de même ; ils avaient la même expérience définitive, le même désabusement, avec cette différence que Mme de Créqui était revenue de tout intérêt actif dans la vie, et que M. de Meilhan était désabusé, mais non détaché ; elle lui en fait quelquefois la guerre. […] Vous êtes mère, madame, et philosophe, quoique dévote ; vous avez élevé un fils, il n’en fallait pas tant pour vous faire penser. Si vous vouliez jeter sur le papier, à vos moments perdus, quelques réflexions sur cette matière, et me les communiquer, vous seriez bien payée de votre peine si elles m'aidaient à faire un ouvrage utile, et c’est à de tels dons que je serais vraiment sensible (il a les poulardes sur le cœur) : bien entendu pourtant que je ne m’approprierais que ce que vous me feriez penser, et non pas ce que vous auriez pensé vous-même. […] Si l’on croyait à la métempsychose, on penserait que l’esprit de Montaigne est venu animer Arsène.