Il s’amenuise et peint des pastels : Belle, vous deviez naître au temps de la Régence, ce bon temps, — dit-il, — qui ne reviendra pas !
Shakespeare et Molière n’ont pas chicané non plus avec le détail révoltant et l’expression quand ils ont peint l’un, son Iago, l’autre, son Tartufe.
Satan, cet Insurgé du ciel qu’il peignit si bien, ce Révolté et ce Désespéré sublime, ce n’est pas Milton.
L’auteur de La Vie et la mort d’un clown a sur les romanciers du moment, qui ne tiendront qu’un moment, sur cette école de photographes qui se croient si plaisamment le dernier mot de l’art de peindre, l’avantage immense, et qui leur est inconnu, d’avoir de l’âme dans le talent et de la pensée dans le style.
ce changement à vue, si bien exécuté, peint tout M.
Il faut bien croire que Victor Hugo commençait par peindre et finissait par dessiner, ce qui, pour les écrivains du moins, est à la rigueur possible. […] Ces libertins sont souvent admirables pour peindre la candeur et pour être passionnément et délicieusement amoureux de la pureté. […] Jean Jullien s’est proposé de peindre une évolution de caractère. […] Trébuchant et flageolant, Mme de Mégée, qui appartient à une famille de mégères, va s’habiller et se peindre, de quoi la pauvre femme a bon besoin. […] Elle s’éprend d’un jeune violent qu’il fallait peindre très violent, tout d’abord.
. — Sympathie imitative qui peint par des spécimens expressifs. — Opposition de l’art classique et de l’art germanique. — Construction psychologique et domaine propre de ces deux arts. […] La France éloquente et mondaine, dans le siècle qui a porté le plus loin l’art des bienséances et du discours, trouve pour écrire ses tragédies oratoires, et peindre ses passions de salon, le plus habile artisan de paroles, Racine, un courtisan, un homme du monde, le plus capable, par la délicatesse de son tact et par les ménagements de son style, de faire parler des hommes du monde et des courtisans. […] Je sais que, si j’y vais, j’aurai la compagnie de gens meilleurs que moi, et j’y rencontrerai aussi quelques bons drôles à tête chaude, et pourvu que je n’y sois pas cloué seul, je ne m’en soucie pas… Si je ne craignais pas plus les juges du Banc du Roi que je ne crains Dieu, j’irais, avant de me coucher, fourrer ma main dans le sac d’un bourgeois ou d’un autre. » Un peu après, il a des remords, il se marie, peint en vers délicieux la régularité et le calme de la vie honnête, puis revient à Londres, mange son bien et la dot de sa femme avec une drôlesse de bas étage, parmi les ruffians, les entremetteurs, les filous, les filles, buvant, blasphémant, s’excédant de veilles et d’orgies, écrivant pour avoir du pain, quelquefois rencontrant parmi les criailleries et les puanteurs d’un bouge des pensées d’adoration et d’amour dignes de Rolla, le plus souvent dégoûté de lui-même, pris d’un accès de larmes entre deux buvettes, et composant de petits traités pour s’accuser, regretter sa femme, convertir ses camarades, ou prémunir les jeunes gens contre les ruses des prostituées et des escrocs. […] Pour faire des désespérés, des scélérats parfaits, des misanthropes acharnés69, pour noircir et blasphémer la vie humaine, surtout pour peindre la dépravation effrontée et la férocité raffinée des mœurs italiennes, personne ne l’égale70. […] Prouvez-moi coupable, séparez ma tête de mon corps ; nous nous quitterons bons amis, mais je dédaigne de devoir ma vie à votre pitié, monsieur, ou à celle de tout autre… Quant à vos grands mots, libre à vous, monseigneur, d’effrayer les petits enfants avec des diables peints.
Ses yeux sont habituellement fixés sur ces grandes ténèbres, et il peint avec un frémissement de vénération et d’espérance l’effort que les religions ont fait pour les percer. « Au cœur des plus lointaines montagnes1396, dit-il, s’élève la petite église. […] Ces inégalités peignent bien le Germain solitaire, énergique, imaginatif, amateur de contrastes violents, fondé sur la réflexion personnelle et triste, avec des retours imprévus de l’instinct physique, si différent des races latines et classiques, races d’orateurs ou d’artistes, où l’on n’écrit qu’en vue du public, où l’on ne goûte que des idées suivies, où l’on n’est heureux que par le spectacle des formes harmonieuses, où l’imagination est réglée, où la volupté semble naturelle. […] Il y a un mot anglais intraduisible qui peint cet état et montre toute la constitution physique de la race : His blood is up. […] Ils le voient alors tout entier ; ils sentent les puissances qui l’organisent ; ils le reproduisent par divination ; ils le peignent en raccourci par les mots les plus expressifs et les plus étranges ; ils ne sont pas capables de le décomposer en séries régulières, ils aperçoivent toujours en bloc. […] Il le sait, et prétend fort bien que le génie est une intuition, une vue du dedans (insight). « La méthode de Teufelsdrœckh, dit-il en parlant d’un personnage dans lequel il se peint lui-même, n’est jamais celle de la vulgaire logique des écoles, où toutes les vérités sont rangées en file, chacune tenant le pan de l’habit de l’autre, mais celle de la raison pratique, procédant par de larges intuitions qui embrassent des groupes et des royaumes entiers systématiques ; ce qui fait régner une noble complexité, presque pareille à celle de la nature, dans sa philosophie ; elle est une peinture spirituelle de la nature, un fouillis grandiose, mais qui, comme la foi le dit tout bas, n’est pas dépourvu de plan1418. » Sans doute, mais les inconvénients n’y manquent pas non plus, et en premier lieu l’obscurité et la barbarie.
La maison était avenante et gaie avec ses meubles en bois teinté et ses toiles impressionnistes, parmi lesquelles éclataient de fulgurants tournesols peints par Van Gogh. […] Comme il était vivant dans ce portrait, de dimension restreinte, mais de si exacte ressemblance, peint avec une attention méticuleuse et une minutieuse précision ! […] Le vivant petit portrait peint par M. […] Au mur était encadrée une peinture représentant, dans un décor de grande ville moderne, un corps de femme descendant au fil de l’eau le cours d’un fleuve nocturne, épave macabre, débris de débâcle humaine, sorte d’Ophélie désespérée et symbolique et qui était comme une allusion peinte, comme une image de la poésie du poète. […] Henry Bordeaux prit séance dans notre Compagnie, j’eus le plaisir d’y saluer l’entrée du romancier de beau talent qu’un souci légitime de moralité n’empêcha jamais de peindre avec venté les passions et les mœurs de notre temps, même en ce qu’elles ont de moins conforme à ses convictions et à ses idées.
Amaury habitait une petite chambre sur les toits, à la campagne, et passait son temps à étudier et à se peindre, aux heures de tristesse, les visions du pudique amour. […] C’est assurément la une situation, sinon vulgaire, du moins naturelle et simple, et il semble que pour la peindre avec intérêt, avec vérité, il n’y faut pas grand effort. […] Qu’on ouvre sa correspondance, si l’on veut se faire une idée de ses souffrances et de son courage ; mais nous, comment les peindre ? […] Pour soutenir une semblable thèse, il fallait de toute nécessité et de longue date, s’appliquer à noircir les hommes, à les peindre sous des couleurs ridicules ou odieuses. […] Ce livre est une fantasmagorie brillante, la merveilleuse fantaisie d’une imagination fertile en expédients ; mais c’est l’histoire creuse et stérile d’une abstraction ; il n’y a pas la de ces passions vraies, comme l’auteur d’Indiana excellait à les peindre autrefois, point de ces tableaux d’une vérité frappante, point de ces caractères d’un naturel exquis, point de ces figures si naïves et si franches qui ont assuré un succès si durable à ses premiers ouvrages.
Ouvrez le traité de Cicéron intitulé Orator, et dans lequel il s’est proposé de former ou plutôt de peindre un orateur parfait ; vous verrez non seulement que la partie de l’élocution est celle à laquelle il s’attache principalement, mais que de toutes les qualités de l’élocution, l’harmonie qui résulte du choix et de l’arrangement des mots est celle dont il est le plus occupé. […] Si les anciens ont distingué trois styles, le simple, le sublime et le tempéré ou l’orné, ils ne l’ont fait qu’eu égard aux différents objets que peut avoir le discours : le style qu’ils appelaient simple, est celui qui se borne à des idées simples et communes ; le style sublime peint les idées grandes, et le style orné, les idées riantes et agréables. […] Dans un éloge académique on a deux objets à peindre, la personne et l’auteur : l’une et l’autre se peindront par les faits. […] Ces réflexions, séparées des faits ou entremêlées avec eux, auront pour objet le caractère d’esprit de l’auteur, l’espèce et le degré de ses talents, de ses lumières et de ses connaissances, le contraste ou l’accord de ses écrits et de ses mœurs, de son cœur et de son esprit, et surtout le caractère de ses ouvrages, leur degré de mérite, ce qu’ils renferment de neuf ou de singulier, le point de perfection ou l’académicien avait trouvé la matière qu’il a traitée, et le point de perfection où il l’a laissée ; en un mot, l’analyse raisonnée des écrits ; car c’est aux ouvrages qu’il faut principalement s’attacher dans un éloge académique : se borner à peindre la personne, même avec les couleurs les plus avantageuses, ce serait faire une satire indirecte de l’auteur et de sa compagnie ; ce serait supposer que l’académicien était sans talents, et qu’il n’a été reçu qu’à titre d’honnête homme, titre très estimable pour la société, mais insuffisant pour une compagnie littéraire.
Il a l’air de sa propre image modelée et peinte par un maître. […] Alors il vit un squelette à la face verte, aux dents aiguës, occupé à peindre de blanc et de rose, une peau de femme dont il se revêtit. […] Ce devait être un monsieur. » On a peint sous des couleurs trop noires la vie de nos aïeux rustiques. […] Il est le septuagénaire charmant que Prud’hon a peint dans le beau portrait conservé au Louvre. […] C’est là que les temps et les lieux se peignent avec fidélité ; c’est par là qu’on pénètre le cœur des choses humaines.
Lorsque vous peignez des héros… vous n’avez qu’à suivre les traits d’une imagination qui se donne l’essor… ; mais, lorsque vous peignez des hommes, il faut peindre d’après nature. » L’allusion à Corneille était là transparente, et nul alors ne s’y trompait. […] Il en est une, plus générale, plus littéraire surtout : c’est que pour peindre des caractères il est à peine besoin des secours extérieurs, du décor, du costume, des jeux et des coups de théâtre. […] Il voulait peindre l’avarice, il a donc rassemblé tous les traits qui pouvaient convenir à sa peinture, et déterminé toutes les situations qui devaient donner à l’abstraction du type le relief et la vie ; mais il n’a pas eu le temps de mettre à son tableau la dernière main, d’exercer sur ces éléments l’ordinaire sévérité de son choix, de concilier et de fondre les contradictions : de là je ne sais quoi d’incohérent, et l’infériorité relative du caractère d’Harpagon. […] combien j’aime à voir par un beau soir d’été Sur l’onde reproduit ce croissant argenté, Ce lac aux bords riants, ces cimes élancées Qui dans ce grand miroir se peignent renversées.
Il peint avec les moyens propres de son art, qui sont des harmonies verbales, des rencontres de sons et des combinaisons de coupe. […] Si l’on faisait dix leçons sur Rubens, il serait étrange que sa manière de peindre y tînt moins de place que ses ambassades et ses deux femmes. […] Les pères y sont peints en général avec délicatesse et émotion. […] Lorsqu’il peint pour peindre, dans Graindorge, dans le Voyage en Italie, le dessin de sa phrase reste le même, mais rien ne vit, rien ne chante, le livre devient pesant, artificiel, il ennuie. […] Toujours est-il que Jules Huret nous a laissé un recueil incomparable d’écrivains peints par eux-mêmes.
Pourtant, pendaient peignait bien. […] Leurs yeux sont peints de noir et leur visage mi-parti rose et pâle. […] Les maisons d’un quartier arabe que j’ai visité sont toutes peintes d’un bleu céleste. […] Sur l’huis est peinte une belle botte couleur azur. […] Aubagne aux maisons peintes.
Il peint à grands traits les scènes gigantesques du déluge, les souvenirs de ce jour terrible où les flots de la mer se dressèrent du fond de l’abîme, atteignirent les plus hauts sommets, surmontèrent les tours et les montagnes. […] Outre que c’est là la tendance, le secret penchant de l’art contemporain, comment ne pas peindre en détail ce que l’on a si bien vu, ce que l’on sent si bien ! […] Il était digne de l’homme qui nous a peint en traits admirables Condé et Corneille, Descartes et Pascal, l’héroïsme militaire et l’héroïsme intellectuel, de faire justice de ces ridicules fadeurs, et de nous montrer que c’est en échappant à leur influence que les grands hommes de cette époque ont conservé intacts leur génie et leur gloire. […] Existe-t-il aujourd’hui, dans les nombreux rendez-vous du plaisir parisien, rien de comparable à ce bazar de toutes les basses voluptés, qui, sous le nom de Palais-Royal, sollicitait sans cesse les imaginations juvéniles, et que Mercier a peint avec des couleurs d’une crudité si vraie ? […] L’auteur nous peint son héros, tel qu’il était à l’âge de quatre ans, le 4 juin 1789, c’est-à-dire au moment où la mort de son frère ainé fit reporter sur lui le titre de Dauphin, l’avenir de la couronne et les espérances du pays.
Quand le petit abbé de Pons élevait sa voix pointue, et dardait contre les adhérents de Mme Dacier son mot favori, le parti des érudits, il avait l’air de monter au Capitole… Ce qui achève de peindre l’abbé de Pons et le public demi-lettré qu’il représente, c’est qu’il se donnait un air de philosophe et faisait sonner bien haut les grands mots d’indépendance et d’émancipation de l’esprit humain.
son mérite le désigne : point d’excuse, point de refus, le péril n’en accepte pas ; on lui impose au hasard les fardeaux les plus disproportionnés à ses forces, les plus répugnants à ses goûts… L’esprit de cet homme s’élargit, ses talents s’élèvent, ses facultés se multiplient ; chaque fardeau lui crée une force, chaque emploi un mérite, chaque dévouement une vertu. » Et c’est ainsi qu’en croyant peindre M.
Tels on nous peint les grands hommes de l’antiquité, ils ennoblissaient, ils élevaient la nation qui voulait suivre leurs pas, et leurs contemporains croyaient à la vertu ; c’est à ces signes qu’on peut reconnaître un esprit transcendant ; et pour former cet esprit, il faut la plus imposante des réunions, les lumières et la morale.