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466. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Alexandre de Humboldt »

[Le Pays, 17 juillet 1860.] […] à son ami de Bonpland), Alexandre de Humboldt, fils de chambellan et grand seigneur dans un de ces pays qui ont une noblesse politique encore, ayant enfin toutes les fortunes en attendant celle de la gloire, qui lui fut facile, abondante, prodiguée comme éternellement lui furent toutes choses, depuis la faveur très lucide, comme on sait, des princes, jusqu’à l’admiration aveugle des femmes, Humboldt, qui n’avait pas le goût du cabinet de Buffon, — le grand Sédentaire, — se dit de bonne heure que son cabinet à lui serait l’univers, et il se fit voyageur et il se lança dans l’espace ! […] Cela n’était permis qu’à l’Allemagne : car, si c’est une superstition, c’est une superstition touchante pour un pays que d’exagérer ses grands hommes, mais cela n’était, certes !

467. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « E. Caro »

[Le Pays, 10 avril 1864.] […] Depuis seulement l’Encyclopédie, comptez combien nous en avons vu paraître et disparaître en France, dans ce pays qui n’est pourtant pas le pays où il s’en abat le plus.

468. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Prosper Mérimée. » pp. 323-336

Mérimée, avec des reflets de littérature étrangère transportés avec art et surtout avec ménagement, obtint dans la littérature de son pays une originalité relative, et ce succès de nouveauté qui est au succès du talent ce qu’est à un cerf-volant brillant et bien construit le fort coup de vent qui l’emporte. […] Une autre raison encore de ce succès chez le peuple de vaudevillistes, que nous avons le bonheur d’être, c’est la simplicité de la donnée de ces petits romans, tout en action extérieure, d’un sentiment brutal ou sinistre, et racontés avec cette impassibilité de roué qui aura toujours, en France, pays de vanité, un immense empire. […] Mérimée, ni la science des faits et du pays, ni la connaissance de la langue russe, ni l’occasion de l’imitation qui lui est si chère, ni le talent qui se roidit pour être plus ferme, et qui croit se muscler en se faisant maigrir.

469. (1858) Cours familier de littérature. VI « XXXIVe entretien. Littérature, philosophie, et politique de la Chine » pp. 221-315

Mais de tous les pays où l’homme a agité pour les résoudre ces grandes théories des sociétés, la Chine antique est évidemment celui où la raison humaine a le mieux approfondi, le mieux résolu et le mieux appliqué les principes innés de l’organisation sociale. […] Or, bien que la Chine soit le pays le plus historique de tous les pays du globe, puisqu’il écrit depuis qu’il existe, et qu’il écrit jour par jour par ses mains les plus officielles et les plus authentiques, ce peuple n’en commence pas moins, comme toutes les races humaines, par le mystère. […] -C. ; nous disons de race noble, car l’égalité démocratique des institutions chinoises n’exclut pas le respect et l’authenticité des filiations dans un pays où tout est fondé sur l’autorité du père et sur le culte de la famille pour les ancêtres. […] Selon l’usage du pays à cette époque, il se démit de toutes ses dignités pour revêtir un deuil extérieur moins lugubre encore que celui de son âme. […] Son administration sévère et impartiale intimida les méchants et rassura les bons ; sa politique ne fut que la raison appliquée au gouvernement de son pays.

470. (1889) Histoire de la littérature française. Tome IV (16e éd.) « Chapitre troisième »

Attaquant la Russie sur son propre territoire, et passant où avait passé le roi de Suède, il cherchait des notions sur le redoutable pays où il était engagé, et peut-être des raisons de plus de s’approuver de son entreprise. […] On ne lit pas Vincent Espinel, même dans son pays. […] Il a de notre pays, avec ses qualités aimables, certains défauts dont nous ne sommes guère moins fiers que de ces qualités ; entre autres, la vanité, dont les étrangers nous accusent presque d’un ton d’envie, à cause des grâces qui la tempèrent. […] Elle a un autre mérite ; elle représente la maison de campagne que chacun rêve pour soi, notre château en Espagne, puisqu’il s’agit de ce pays-là. […] Faire des chrétiens avec des livres païens est la tâche des sociétés modernes, surtout dans notre pays qui en tient la tête.

471. (1888) Revue wagnérienne. Tome III « IX »

., le reculent dans un pays lointain ce rêve, et font que le « purement humain », débarrassé de toutes contingences, nous reste seul. […] Dans les pays voisins, y compris la Belgique, la tentative a été plus déterminée, et par suite a réussi. […] Si on la faisait, l’art français pourrait encore, j’en suis convaincu, profiter dans une large mesure de l’influence de Wagner ; peut-être même en profiterait-elle plus qu’aucun autre pays. L’histoire nous montre que l’influence d’un grand homme est souvent plus bienfaisante dans un pays voisin, et même ennemi, que dans sa propre patrie. […] Elle se fait en petit, par les quelques excellents Wagnériens de Paris et de certaines villes de province ou de pays limitrophes de langue française.

472. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIIe entretien. I. — Une page de mémoires. Comment je suis devenu poète » pp. 365-444

La route ensuite se poursuit à travers le Bugey montagneux, pays très aride et très pittoresque, qui rappelle les paysages de Calabre peints par Salvator Rosa. […] Le mal du pays ou plutôt le mal du foyer natal me dévorait. […] Il était du pays de Calvin, de cette Picardie, pays âpre, où la terre froide, la culture uniforme, l’horizon bas, triste et sans autre borne que l’éternel sillon succédant à un sillon semblable, semblent refouler l’imagination de l’homme en lui-même et lui faire creuser l’infini, cet horizon intérieur de l’âme. […] Le père Varlet avait l’austérité de foi et de physionomie de l’homme de son pays. […] C’était par obéissance qu’il s’égarait avec moi presque sans rien voir sous les allées des bois, aux bords des torrents et sur les montagnes de ce beau pays pendant ce printemps.

473. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Il était issu d’une ancienne famille du Languedoc dont une branche avait été transférée en Piémont au commencement du dix-septième siècle, tandis que l’autre branche demeurait dans notre pays. […] D’autres nations, ou pour mieux dire leurs chefs, ont voulu profiter, contre toutes les règles de la morale, d’un accès de fièvre chaude qui était venu assaillir les Français pour se jeter sur leur pays et le partager entre eux. […] Le 4 octobre 1787, François-Pierre-Guillaume Guizot était né à Nîmes, d’un avocat distingué dans le barreau de cette ville, issu lui-même d’une famille protestante, considérée dans le pays. […] Les similitudes de gouvernement établies par la charte de 1814 entre les deux pays les approchaient par une espèce de parenté politique. […] On peut dire que, dans ce voyage, il se trempa dans les mœurs de tous les pays qu’il parcourut, et que ses regards s’étendirent avec les perspectives qui s’ouvrirent devant lui.

474. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « La princesse des Ursins. Ses Lettres inédites, recueillies et publiées par M. A Geffrot ; Essai sur sa vie et son caractère politique, par M. François Combes » pp. 260-278

J’ose dire être plus propre que qui que ce soit pour cet emploi par le grand nombre d’amis que j’ai en ce pays-là et par l’avantage que j’ai d’être grande d’Espagne, ce qui lèverait les difficultés qu’une autre rencontrerait pour les traitements. […] Je serais bien aise aussi d’y voir mes amis, et entre autres M. le cardinal Porto-Carrero, avec qui je chercherais les moyens de marier en ce pays-là une douzaine de mesdemoiselles vos filles. […] L’amitié qu’il a pour moi va jusqu’à m’envoyer quelquefois des présents de ce qu’il y a de plus rare dans son pays, et il n’y a que huit jours qu’on m’en a apporté un de sa part assez galant et assez magnifique pour être présenté à une reine. […] Vous verrez, madame que je ne me suis point trop flattée quand j’ai avancé qu’ils seraient très contents, en ce pays-là, que le roi me fît l’honneur de me confier l’emploi que je prends la liberté de lui demander.

475. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Une monarchie en décadence, déboires de la cour d’Espagne sous le règne de Charles II, Par le marquis de Villars »

« La camarera-mayor, naturellement rigide, ajoutait de nouvelles peines à cette contrainte, et semblait vouloir effacer tout d’un coup jusqu’aux moindres choses qui auraient pu lui laisser quelque souvenir de la douceur et des agréments de son pays. » On essaya de lui inspirer d’abord une entière aversion pour la reine mère, dont cette camarera-mayor craignait l’influence qui s’annonçait comme prête à renaître. […]  » L’Espagne était alors un pays fermé, bien plus qu’il ne l’a été depuis. […] La curiosité sur ce pays, à la fois si allié et si ennemi, était donc très-excitée et non satisfaite. […] Jusqu’à ce moment le roi crut y aller, pendant que tout Madrid savait dix jours auparavant qu’il n’irait point, et que les ministres l’avaient dit à leurs amis. » Voilà où ce noble pays était tombé ; et cette dissolution graduelle du gouvernement et de la société ne dura pas moins de vingt ans encore, autant que la vie de ce morne et languissant monarque, jusqu’à ce qu’un sang dynastique nouveau vînt y apporter quelque remède et quelque rajeunissement.

476. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « DIX ANS APRÈS EN LITTÉRATURE. » pp. 472-494

Voilà ce que je me hasarderais à penser de la politique de conservation, en idée du salut du pays, si toutefois je m’étais accoutumé d’assez longue main à concevoir le salut et l’honneur du pays sous ces sortes d’aspects. […] On est plus qu’un groupe, on est près de devenir une cité par le fait même de ces débordements et brigandages qui ont rendu le reste du pays littéraire inhabitable, qui ont refoulé et rapproché les honnêtes esprits. […] Et certes, un sentiment moral et patriotique, ami des lettres, ami du pays qui a été si offensé dans cette chère portion de lui-même, est bien fait aussi pour devenir une inspiration à l’égal de quelque conviction plus jeune et plus absolue.

477. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre V. De la littérature latine, pendant que la république romaine durait encore » pp. 135-163

L’art d’écrire ne s’était développé que longtemps après le talent d’agir ; la littérature eut donc, chez les Romains, un tout autre caractère, un tout autre objet, que dans les pays où l’imagination se réveille la première. […] Cette qualité est le lien de patrie, le caractère distinctif des citoyens d’un même pays. […] Rien, car il ne s’y serait point livré dans un pays où elles ne lui auraient point valu de succès. […] Brutus, dans ses lettres, ne s’occupait point de l’art d’écrire : il n’avait pour but que de servir les intérêts politiques de son pays ; et cependant la lettre qu’il adresse à Cicéron, pour lui reprocher les flatteries qu’il prodiguait au jeune Octave, est peut-être ce qui a été écrit de plus beau dans la prose latine.

478. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre I — Chapitre quatrième »

C’est l’idée même de l’humanité ; c’est l’idée de l’homme, non pas borné à un pays ni à une époque, non d’hier ni d’aujourd’hui, mais occupant tout l’espace et tous les temps. […] Je me méfie des penseurs qui n’ont pas attendu la langue de leur pays, et qui s’expriment dans une langue morte. […] Ce qu’il en reproduit le plus heureusement, c’est le tour par lequel on sent surtout que saint Bernard est un Français qui pense avec le tour d’esprit de son pays ; et qui s’exprime dans une langue étrangère. […] Non ; c’est le présent le plus étroit, c’est la vie au jour le jour dans un pays partagé entre cinq ou six peuples qui luttent dans d’interminables guerres contre la force des choses qui veut en faire un seul peuple.

479. (1886) De la littérature comparée

État de guerre, je le répète, dans tous les pays le même, et partout également fâcheux. […] On la reconnut dépendante de toutes les circonstances qui gouvernent son auteur, du milieu, du pays, du climat, du moment, de la race. […] À ce moment et dans ces pays, les conditions se sont trouvées remplies pour un art et non pour les autres, et une seule branche a bourgeonné dans la stérilité générale. […] Ce retour à l’antiquité qui, du xvie  siècle à la fin du xviiie , marque l’orientation de la pensée moderne, n’a pas eu les mêmes caractères de force et de généralité dans les divers pays.

480. (1904) Prostitués. Études critiques sur les gens de lettres d’aujourd’hui « Chapitre VI. Pour clientèle catholique »

Le démiurge inférieur qui vient d’entrer au pâle pays vole rapide, sans rien voir, jusqu’au ruisseau des psychologues. […] Ses perversités contradictoires ne peuvent se désaltérer qu’au catholicisme, seul pays où le péché soit un fruit savoureux et le remords une boisson capiteuse. […] Le Léon Daudet des Parlementeurs et de tant d’autres banalités hurlantes n’intéresse personne, sauf peut-être Édouard Drumont, qui insulta Alphonse Daudet et que Léon Daudet, pratiquant non sans quelque intérêt immédiat l’oubli des injures, proclame « prophète en son pays ». […] Mais précisément parce qu’au pays des faits, il lui arrive d’être un guide sûr, je relèverai chez lui deux erreurs matérielles.

481. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre IX : M. Jouffroy écrivain »

« Né de parents pieux, dit-il quelque part, et dans un pays où la foi catholique était encore pleine de vie au commencement du siècle, j’avais été accoutumé de bonne heure à considérer l’avenir de l’homme et le soin de son âme comme la grande affaire de ma vie52. » Cette préoccupation dura jusqu’au bout : hors du christianisme, il suivait la pente du christianisme ; devenu philosophe, c’est de l’avenir qu’il s’inquiétait encore ; en ramenant toute la philosophie au problème de la destinée humaine, il cherchait le salut sous un autre nom ; ses recherches étaient intéressées : ce n’est point une curiosité qu’il contentait, mais une inquiétude qu’il calmait. […] Leurs opinions sont des sentiments, leurs croyances sont des passions, leur foi est leur vie ; et quand le raisonnement intérieur leur défend de croire, c’est comme s’il leur commandait d’abjurer leur père et leur pays. […] En vain je m’attachais à ces croyances dernières comme un naufragé aux débris de son navire ; en vain, épouvanté du vide inconnu dans lequel j’allais flotter, je me rejetais pour la dernière fois avec elles vers mon enfance, ma famille, mon pays, tout ce qui m’était cher et sacré ; l’inflexible courant de ma pensée était plus fort : parents, famille, souvenirs, croyances, il m’obligeait à tout laisser ; l’examen se poursuivait, plus obstiné et plus sévère à mesure qu’il approchait du terme, et il ne s’arrêta que quand il l’eut atteint. […] Jouffroy s’acharna à ses recherches ; peu importait le pays, le rang, la santé, à celui que poursuivait et remplissait une idée fixe et unique ; tous les accidents de la scène et de la décoration extérieure glissaient sur lui sans le pénétrer.

482. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface d’« Hernani » (1830) »

N’est-il pas permis à ceux autour desquels s’amassent incessamment calomnies, injures, haines, jalousies, sourdes menées, basses trahisons ; hommes loyaux auxquels on fait une guerre déloyale ; hommes dévoués qui ne voudraient enfin que doter le pays d’une liberté de plus, celle de l’art, celle de l’intelligence ; hommes laborieux qui poursuivent paisiblement leur œuvre de conscience, en proie d’un côté à de viles machinations de censure et de police, en butte de l’autre, trop souvent, à l’ingratitude des esprits mêmes pour lesquels ils travaillent ; ne leur est-il pas permis de retourner quelquefois la tête avec envie vers ceux qui sont tombés derrière eux, et qui dorment dans le tombeau ? […] Les ultras de tout genre, classiques ou monarchiques, auront beau se prêter secours pour refaire l’ancien régime de toutes pièces, société et littérature ; chaque progrès du pays, chaque développement des intelligences, chaque pas de la liberté fera crouler tout ce qu’ils auront échafaudé.

483. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Froissart. — II. (Fin.) » pp. 98-121

Cet écuyer, témoin du bon accueil que lui font le roi et les seigneurs, et le sachant d’ailleurs historien, l’accoste à dessein et offre de lui raconter le voyage et la conquête du roi Richard II en Irlande, et la soumission des quatre rois irlandais, lesquels semblaient alors aux Anglais de purs sauvages : « Messire Jean, dit Henri Crystède, avez-vous point encore trouvé personne en ce pays ni en la Cour du roi notre sire, qui vous ait dit ni parlé du voyage que le roi a fait en cette saison en Irlande, et de la manière dont quatre rois d’Irlande, grands seigneurs, sont venus en obéissance au roi d’Angleterre ? » Et je répondis, pour avoir matière de parler : « Nenni. » — « Et je vous le dirai, dit l’écuyer, afin que vous le mettiez en mémoire perpétuelle quand vous serez retourné dans votre pays et que vous aurez de ce faire plaisance et loisir. » De cette parole je fus tout réjoui et répondis : « Grand merci. » Notez qu’à la première question que lui adresse l’écuyer, s’il a déjà entendu parler de ce voyage, Froissart fait semblant de n’en rien savoir pour mieux tout apprendre. […] On y voit l’histoire de ce qui s’est passé, pendant cette longue période, dans toutes les provinces du royaume de France ; ce qui est arrivé de considérable en Angleterre, en Écosse, en Irlande, en Flandre : une infinité de particularités touchant les affaires des papes de Rome et d’Avignon, touchant celles d’Espagne, de Portugal, d’Allemagne, d’Italie et quelquefois même de pays plus lointains, tels que Hongrie, Turquie, et des pays d’outre-mer. […] Cette idée de transfuge n’entraînait pas toujours déshonneur dans les idées du temps, et le chevalier de Morbecque, de Saint-Omer, racontant son histoire au roi Jean et comme quoi il a dû quitter le royaume de France par suite d’un homicide qu’il a eu le malheur de commettre dans sa jeunesse, ressemble à ces héros d’Homère qui racontent sans embarras comment ils ont été obligés de quitter leur pays pour avoir tué un homme par imprudence.

484. (1867) Nouveaux lundis. Tome VII « Corneille. Le Cid, (suite.) »

En attendant, chef de bande, mercenaire redoutable, à la solde indifféremment des princes chrétiens ou des roitelets arabes qu’il combattait ou servait tour à tour, il faisait métier, disent les historiens arabes, d’enchaîner les prisonniers, et il était le fléau du pays. […] Grâce à l’effroi qu’inspiraient ses armes, le terrible condottiere, à ce moment d’indépendance où il avait toute la liberté de ses mouvements et où il pouvait se porter à volonté sur tel ou tel point du pays pour le ravager, s’était créé un revenu fort considérable ; il touchait — tant, de Bérenger, comte de Barcelone ; — tant, du prince de Valence ; — tant, du seigneur d’Alpuente ; — tant, du seigneur de Murviédro, etc. ; on a les chiffres de ces sommes régulières que lui payaient les princes et seigneurs musulmans ou chrétiens, et qui constituaient ce que M.  […] Mais, comme je m’en vais du pays, je vous donne cinquante marcs. […] De méchants brouillons sont cause que vous êtes exilé du pays. […] En ce pays étranger elles verront comment se font les logis.

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