Tu n’étais qu’un nom, le nom donné par les mécontents à leurs espérances ou à leurs convoitises, à leurs passions bonnes ou mauvaises.
Mais, dans Chénier, ce sentiment est toujours profane ; dans l’auteur que je lui compare, la passion terrestre est presque toujours épurée par l’amour divin.
Le Lion amoureux : La passion parle dans cette pièce, l’amour, ce phénomène devenu si rare au théâtre !
Séditieuse au plus haut degré, l’histoire de la Passion, répandue par des milliers d’images populaires, montra les aigles romaines sanctionnant le plus inique des supplices, des soldats l’exécutant, un préfet l’ordonnant.
Les cours qui ont façonné notre race, ne l’ont dotée à l’origine, ni de la roideur de passions des Anglais, ni du mysticisme allemand.
Je ne crois point qu’une action allegorique soit un sujet propre pour les poëmes dramatiques, dont le but est de nous toucher par l’imitation des passions humaines.
Ce qu’on appelle traditionnellement la pénétration de Nicole comme moraliste se réduit à peu de chose en réalité ; car il n’avait pas la passion qui fait éclair sur les profondeurs de la vie.
Il y est tout entier, idée et développement, passion et drame.
Ses romans, qui n’attestent ni profondes études sur la nature humaine ni intuitions nouvelles sur les passions ou les caractères, défient l’analyse et la désespèrent.
Administrateur, il l’est avec passion. […] On pourrait presque affirmer que c’est des œuvres impassibles » que se dégage, pour ceux qui savent lire, le plus de passion. […] Car il est certain qu’il n’y a guère de passion sans jalousie. […] — Ils ignorent « l’âpre désir de la fortune, l’ambition politique et l’amour ». — Pauvres gens, qui ne connaissent pas les passions ! […] La malfaisance des passions éclate, là, moins encore que leur vanité.
C’est également à l’énergie de ses convictions, à la fièvre de ses haines, à son contact direct avec les passions de la rue, que l’Ami du Peuple doit, la vie qui éclate encore dans celles de ses pages dont nous conservons le fil conducteur. […] Dès 1796 sa littérature de manifeste politique, avec le livre De l’Influence des Passions sur le bonheur des Individus et des Nations. […] Ses passions et ses coups de tête, eux-mêmes, eux surtout, s’expliquent par un refus critique de se donner. […] Sa passion et ses problèmes de la liberté intérieure lui communiquaient la passion et lui apportaient les problèmes de la liberté politique. […] Toutes les passions selon Fourier, donnent un rendement social quand on sait les utiliser.
Ceux-ci avaient fait de minutieuses et pittoresques descriptions des aspects extérieurs et des gestes, des passions, des appétits humains. […] Et puis, où peut mener leur défaut de passion et de cœur ? […] Éloigné du bruit de la lutte, s’il a perdu un peu de passion, il a conservé toute sa mémoire et toute sa finesse. […] Du bruit, oui, des fifres qui veulent se faire grosses caisses (je parle des moindres, des plus connus), mais de la passion, un amour, une religion ? […] Il est pour l’expression directe de la passion, et jamais il ne cherche la petite bête !
Mais Vénus (la passion) contraint Hélène à pardonner à son époux et à l’aimer encore pour sa seule beauté. […] XIII Ces scènes, les unes publiques, les autres domestiques, de ce sixième chant ; ces amours voluptueuses dans la chambre d’Hélène ; ces amours chastes dans le palais d’Andromaque ; ces adieux sur la tour de la porte Scées ; ce cœur d’épouse qui fléchit sous ses alarmes ; ce cœur d’époux qui s’affermit tout en s’attendrissant sous le sentiment de son devoir ; cette habileté instinctive de la mère, qui se fait suivre par la nourrice et par l’enfant pour doubler sa puissance d’amante par le prestige de sa maternité ; ce dialogue, dont chaque mot est pris dans les instincts les plus vrais, les plus délicats et les plus saints de la nature ; cette passion légitimée par la chaste union des deux époux ; cette éloquence qui coule sans vaines figures et sans fausse déclamation des deux cœurs ; cet épisode puéril et attendrissant à la fois de l’enfant effrayé du panache et se replongeant dans le sein de la nourrice en se détournant des bras de son père ; ce père qui berce l’enfant de ces mêmes bras forts qui vont tout à l’heure lancer le javelot d’airain contre Achille ; le pressentiment sinistre de cette épouse, qui se rappelle tout à coup et comme involontairement que c’est ce même Achille qui a tué jadis son père et ses sept frères ; enfin jusqu’à ces ormeaux plantés autour de la tombe de ce père d’Andromaque qui s’élancent tout à coup de son souvenir comme des flèches de cyprès dans un ciel serein ; puis les larmes mal contenues qui voilent les yeux ; puis le départ en sanglotant, et ce visage qui se retourne tout en pleurs pour apercevoir une dernière fois celui qui emporte son âme ; puis ce retour dans sa maison vide de son mari, mais pleine de femmes indifférentes, et cette présence d’Andromaque, seule avec l’enfant et la nourrice, excitant, par la compassion qu’elle inspire, sans parler, plus de sanglots que la chute et l’incendie d’Ilion n’en feront bientôt éclater sur la colline des Figuiers, ce sont là autant de coups de pinceau qui égalent le peintre à la nature et qui font du poète plus qu’un homme, un interprète véritablement divin entre la nature humaine et le cœur humain ! […] XVII L’éloquence de passion et l’éloquence de raison remplissent tout le chant suivant. […] Voulez-vous des passions féroces d’orgueil, d’ambition, d’envie, découvertes comme des nids de serpents enroulés dans le nid venimeux du cœur humain : regardez Achille sous sa tente, se réjouissant en secret des revers et des meurtres de ses coalisés ! Voulez-vous des passions nobles et patriotiques : contemplez Hector !
Elle ne survit pas à la circonstance ou à la passion qui la fait naître, à l’orateur qui la profère, au peuple qui l’écoute, ou plutôt elle n’y survit qu’à condition que l’orateur soit en même temps un écrivain accompli, tel que Démosthène, Eschine, Cicéron, Bossuet, Chatham, Sheridan, Mirabeau, Vergniaud, hommes qui, en parlant au jour, gravent pour l’éternité. […] La prose oratoire avait à Rome un peu du rythme de la poésie ; l’orateur était pour le peuple romain un musicien de la pensée ou de la passion. […] Les innombrables citations que nous pourrions en faire vous montreraient dans tous les genres de discours ce feu, ce débordement, cet ordre, cette majesté, cette véhémence, cette haute convenance dominant la passion elle-même, cette habileté instinctive qui dit tout ce qu’il faut dire et qui fait penser ce qui ne peut être dit, enfin cette vigueur de l’honnête homme qui prête le nerf de la conscience aux formes les plus académiques de l’art. […] « — Il y a longtemps aussi, lui dis-je, que j’attends cet ouvrage, et cependant je n’ose pas vous presser, car j’ai appris de notre ami Libon, dont vous connaissez la passion pour les lettres, que vous n’interrompez pas un seul instant ce travail, que vous y employez tous vos soins et que jamais il ne sort de vos mains ; mais il est une demande que je n’avais jamais songé à vous faire et que je vous ferai, maintenant que j’ai entrepris moi-même d’élever quelque monument à ces études qui me furent communes avec vous, et d’introduire dans notre littérature latine cette ancienne philosophie de Socrate. […] Lisez : « Appliquez, dit-il, ces mêmes principes à la modération, à la tempérance, qui est la sage mesure des passions et qui les soumet à la raison.
La passion de Musset, l’isolement hautain de Vigny requièrent mon admiration, mais tous deux sont bien inégaux. […] Il ne chante le plus souvent que les angoisses de son cœur ; mais il le fait avec une telle intensité de pensée et de style que ses cris de douleur deviennent comme impersonnels, et se transforment ainsi en chefs-d’œuvre, où nous reconnaissons nos propres souffrances, nos secrètes convoitises, les passions de tous les siècles et de toute la terre. […] Selon les heures, les paysages, les sursauts de passion, nous choisissons tour à tour divers poètes dont le chant exalte notre joie ou se mêle instinctivement à notre douleur. […] Puisqu’il faut donc qu’interviennent les raisons personnelles, c’est-à-dire sentimentales, disons que notre cœur va vers ceux de qui l’œuvre est comme la cristallisation suprême d’une âme héroïque : Hugo, avocat avec indifférence de toutes les causes sonores, sous quoi, dénué de pensée réelle et de passion authentique, l’artiste se fait voir impur et incomplet, et bénisseur et vindicatif, l’homme se fait voir petit ; à notre admiration pour ses dons féeriques nous ne parviendrons à joindre ni sympathie ni estime. […] Et il me paraît qu’on doit aimer de Vigny, pour cette dignité prudente du cœur, cette passion contenue, cette ombre ardente où il se replia, et cette sincérité hautaine qui lui interdisaient la gloire future des apothéoses.
On peut y désirer aussi une inspiration individuelle plus marquée, plus de passion ; mais les beautés sont nombreuses, incontestables ; la poésie spiritualiste a retrouvé dans Laprade un noble organe.
Huet, d’un ton discret et plus fait à la cour, Sans zèle et passion causait de toute chose, Des enfants de Japhet, ou même d’une rose.
Est-ce un homme à la fois cauteleux et sincère, qui se fait illusion à lui-même jusqu’à un certain point, et qui trouve moyen de satisfaire ses passions, ses cupidités et ses avarices, à la sourdine, et sans se dire tout bas ses propres vérités ?
La peur du diable qui guette, la crainte de Dieu qui punit, la vision hallucinante de l’enfer qui s’ouvre, il ne fallait pas moins que cela pour brider la violence des passions, et mettre un peu de bonté dans les actes, sinon encore dans les cœurs.