Jusqu’à ce que le public ait placé les ouvrages d’un auteur moderne dans le rang dont j’ai parlé, sa réputation peut toujours augmenter. […] C’est ce que signifie au pied de la lettre l’épigramme de Martial, où cet auteur a parlé poëtiquement, et que les poëtes qui ne réussissent pas citent si volontiers. […] C’est ainsi que les contemporains de Ronsard et de la pleyade françoise se sont trompez, quand ils ont dit que les poetes françois ne seroient jamais mieux que ces nouveaux Promethées, qui pour parler poetiquement, n’avoient d’autre feu divin à leur disposition que celui qu’ils déroboient dans les écrits des anciens. […] Parlons des préjugez sur lesquels on peut, non pas attribuer, mais promettre à des ouvrages publiez de nos jours et de ceux de nos peres, la destinée d’être égalez aux anciens par la posterité.
Le secours que donne la perfection où l’un des arts dont nous parlons est arrivé, ne sçauroit mener les esprits ordinaires aussi loin que la supériorité de lumieres et de vûës naturelles, peut porter un homme de génie. […] Le mérite des ouvriers illustres et des grands hommes dans toutes les professions dont je viens de parler, dépend principalement de la portion de génie qu’ils ont apportée en naissant, au lieu que le mérite du botaniste, du physicien, de l’astronome et du chymiste, dépend principalement de l’état de perfection où les découvertes fortuites et le travail des autres ont porté la science qu’ils entreprennent du cultiver. […] On connoît encore aujourd’hui une infinité de remedes dont Hippocrate n’entendit jamais parler, et dont le nombre surpasse de beaucoup celui des remedes qu’il connoissoit et que nous avons perdus. […] Quintilien dit que Seneque ne cessoit point de parler mal des grands hommes qui l’avoient précedé, parce qu’il voïoit bien que leurs ouvrages et les siens étoient d’un goût si different, qu’il falloit que les uns ou les autres déplussent à ses contemporains.
Parlez-nous de nous, leur crie-t-on. […] quand je vous parle de moi, je vous parle de vous.
« Ainsi parla Chalciope : les joues de Médée se couvrirent de rougeur : longtemps la pudeur virginale l’empêcha de répondre, malgré son désir. […] Bien des fois sa bouche aimable s’ouvrit pour parler, mais la voix ne passa point plus avant. […] … » La délicatesse moderne n’ose plus parler de la sorte, et c’est tout ce qu’elle peut faire que de supporter la traduction sans fard de ce langage. […] Il demeura quelque temps sans pouvoir parler. […] « Ainsi parla-t-il en la glorifiant, et elle, jetant les yeux de côté, elle souriait d’un sourire délicieux ; le cœur lui nageait au dedans, tout enlevée qu’elle était par la louange, et elle finit par le regarder en face.
L’Université enseignait à parler, fort peu à écrire. […] On y parle de démocratie et de citoyens. […] Mais « comment exagérer, quand on parle de Rome ? […] On ne nous avait parlé que de cela. […] Qu’on ne parle plus des mystères !
Il ne parla plus de Racine qu’avec peine, en louant toujours son génie, mais en se taisant sur son cœur. […] Son ami chercha promptement un autre sujet de conversation, et lui dit, quand il fut seul avec lui : “Pourquoi parlez-vous devant elle de Scarron ? […] On y parlait de la mort du comédien Poisson : — “C’est une perte, dit le roi, il était bon comédien... — Oui, reprit Boileau, pour faire un D. […] C’est la piété qui parle par la bouche de Mme de Caylus. […] Dieu parle, et d’un mortel vous craignez le courroux !
Ils ont des façons de s’exprimer à la fois plus délicates et plus gaillardes (lætiores) pour parler avec Montaigne. […] Quand on lui parla plus tard de revenir, il n’y était plus disposé. […] On voit, parla, quelles étaient les habitudes de la société de ce temps. […] Sa religion, il en faut peu parler. […] , Te parlerait d’une autre sorte.
Il est arrivé qu’il y a eu, pour les ouvrages de l’esprit, une critique alerte, quotidienne, publique, toujours présente, une clinique chaque matin au lit du malade, si l’on ose ainsi parler ; tout ce qu’on peut dire pour ou contre l’utilité de la médecine se peut dire, à plus forte raison, pour ou contre l’utilité de cette critique pratique à laquelle les bien portants même, en littérature, n’échappent pas. […] Chacun apporte ainsi dans sa jeunesse sa dose de foi, d’amour, de passion, d’enthousiasme ; chez quelques-uns, cette dose se renouvelle sans cesse ; je ne parle que de la portion de foi, d’amour, d’enthousiasme, qui ne réside pas essentiellement dans l’âme, dans la pensée, et qui a son auxiliaire dans l’humeur et dans le sang ; chez quelques-uns donc cette dose de chaleur de sang résiste au premier échec, au premier coup de tête, et se perpétue jusqu’à un âge plus ou moins avancé. […] Il avertit en un endroit son frère cadet qu’il lui parle des livres sans aucun égard à la bonté ou à l’utilité qu’on en peut tirer : « Et ce qui me détermine à vous en faire mention est uniquement qu’ils sont nouveaux, ou que je les ai lus, ou que j’en ai ouï parler. » Bayle ne peut s’empêcher de faire ainsi ; il s’en plaint, il s’en blâme, et retombe toujours : « Le dernier livre que je vois, écrit-il de Genève à son frère, est celui que je préfère à tous les autres. » Langues, philosophie, histoire, antiquité, géographie, livres galants, il se jette à tout, selon que ces diverses matières lui sont offertes : « D’où que cela procède, il est certain que jamais amant volage n’a plus souvent changé de maîtresse, que moi de livres. » Il attribue ces échappées de son esprit à quelque manque de discipline dans son éducation : « Je ne songe jamais à la manière dont j’ai été conduit dans mes études, que les larmes ne m’en viennent aux yeux. […] Quoiqu’il avertisse quelque part128 de ne pas trop se fier aux lettres d’un auteur comme à de bons témoins de ses pensées, plusieurs de celles où il parle de la perte de sa place respirent un ton de modération qui ne semble pas tenir seulement à une humeur calme, à une philosophie modeste, mais bien à une soumission mieux fondée et à un véritable esprit de christianisme. […] Vous avez ouï parler sans doute de deux décrets du pape, etc. » Plus ou moins de religion qu’il n’en avait aurait altéré la candeur et l’expansion critique de Bayle.
vous en parlez è votre aise ! […] Après le bienheureux ahurissement dont je vous ai parlé, je me recueille et je cherche à me reprendre. […] (Il y en a dans Toute la Lyre ; voyez Ce que dit celle qui n’a pas parlé.) […] Mais ce n’est point de Ruy Blas que j’ai dessein de vous parler.) […] Et, pour ne parler que des poètes, quel plus grand cœur que Lamartine ?
Quand il parle de lui, il est déjà de ceux qui se confessent, et qui se confessent non pas en toute humilité, mais en toute fierté. […] Il parlait bien ; il écrivait juste et agréablement. […] À l’ouïr parler dans un conseil, il paraissait l’homme du monde le plus irrésolu ; cependant, quand il était pressé de prendre son parti, personne ne le pouvait ni mieux ni plus vite. […] Sans parler des hommes qui, en fait de procédés, s’y montrent capables de tout, les femmes qu’il met en scène sont emportées, violentes, surtout intéressées et cupides. […] « Si j’étais à la tête de la cavalerie et que je fusse obligé de lui parler pour la mener au combat, etc., etc. », disait-il au début, et il continuait sur ce ton, faisant semblant d’être plus étonné d’avoir à parler devant l’Académie que devant un front de bataille.
Je laisse parler Duclos, le meilleur témoin de ce temps ; La Motte, dit-il, Saurin, Maupertuis, étaient les plus distingués de chez Gradot. […] J’y trouvai (c’est Duclos qui parle) Maupertuis, Saurin, Nicole, tous trois de l’Académie des sciences, Melon, auteur du premier traité sur le commerce, et beaucoup d’autres qui cultivaient ou aimaient les lettres. […] Et prenez garde que ce n’est plus l’abbé Prévost, un peu suspect de laisser-aller et de facilité sur le chapitre des mœurs et manières, qui parle en ce moment ; il ne fait qu’emprunter les raisons du sage et poli Addison. […] Le marquis d’Argenson, lisant plus tard le volume des Œuvres de l’abbé de Pons, se souvenait d’avoir connu autrefois l’auteur, et en parlait en ces termes, n’écrivant que pour lui seul23 : Je crois que c’est chez Mme la marquise de Lambert que je l’ai vu. […] Ce qui étonnait davantage, c’est qu’il parlait comme il écrivait, et avec la plus grande rapidité.
Un malade dit129 que, « lorsqu’il parlait, sa propre voix lui semblait étrange ; il ne la reconnaissait pas, il ne la croyait pas sienne. Lorsqu’on lui parlait, il se sentait étourdi comme si plusieurs personnes lui parlaient à la fois… Il ne reconnaissait ni le goût ni l’odeur des mets, et ne distinguait pas les objets au toucher, les yeux fermés. […] Je dus faire des efforts surhumains pour me rappeler que j’étais bien dans ma rue, que c’était bien moi qui marchais, qui parlais au cocher ; j’étais extrêmement étonné d’être compris par lui, car je remarquais en même temps que ma voix était extrêmement éloignée de moi, que du reste elle ne ressemblait pas à ma propre voix. […] Il faut distinguer cette première et profonde impression de toutes les autres qui vont suivre. » — En effet, dans ce premier stade, les sensations nouvelles étaient trop nouvelles ; elles n’avaient pas été répétées un assez grand nombre de fois pour faire dans la mémoire un groupe distinct, une série cohérente, un second moi ; telle est la chenille dont nous avons parlé, dans le premier quart d’heure qui suit sa métamorphose en papillon ; son nouveau moi n’est pas encore formé, il est en train de se former ; l’ancien, qui n’éprouve que des sensations inconnues, est conduit à dire : Je ne suis plus, je ne suis pas. — « Plus tard et dans une seconde période, dit notre observateur, lorsque par un long usage j’eus appris à me servir de mes sensations nouvelles, j’avais moins d’effroi d’être seul et dans un pays que je ne connaissais pas ; je pouvais, quoique avec difficulté, me conduire ; j’avais reformé un moi ; je me sentais exister, quoique autre. » Il faut du temps pour que la chenille s’habitue à être papillon ; et, si la chenille garde, comme c’était le cas, tous ses souvenirs de chenille, il y a désormais un conflit perpétuel et horriblement pénible entre les deux groupes de notions ou impressions contradictoires, entre l’ancien moi qui est celui de la chenille, et le nouveau moi qui est celui du papillon. — Dans le second stade, au lieu de dire : Je ne suis plus, le malade dit : Je suis un autre.
Pour être rempli d’une manière satisfaisante, il ne falloit rien moins qu’un homme qui eût toujours vécu dans les meilleures compagnies, qui possédât parfaitement sa langue, qui la parlât sans laisser entrevoir le moindre défaut d’organe, de pays, d’ignorance & de mauvaise éducation. […] Il est parlé dans l’abbé Goujet d’un certain docteur, qui se disciplinoit pour les fautes contre l’ABC . […] Ils fondoient leurs exclamations sur la nécessité de conserver l’étymologie des mots ; de faire porter à notre langue, dérivée de celle des anciens Romains, les glorieuses marques de son origine ; sur la difficulté qu’il y auroit à distinguer le singulier & le pluriel, soit des noms, soit des verbes, puisque il aime & ils aiment, s’écriroient il aime, ils aime ; sur la multitude de dialectes qui s’introduiroient dans notre langue, le Normand, le Picard, le Bourguignon, le Provençal, étant autorisés à écrire comme ils parlent ; enfin, sur l’inutilité dont deviendroient nos bibliothèques, & sur l’obligation où l’on seroit d’apprendre à lire de nouveau tous les livres François imprimés auparavant la réforme. […] On voit assez de François, de femmes même, qui le lisent & l’entendent ; mais très-peu qui le parlent, & qui soient en état de suivre une conversation angloise. […] Est-il vrai que les gens qui parlent bien prononcent les mots terminés par une consonne articulée, tels que rival, desir, mer, comme s’il y avoit rivale, desire, mere ; en sorte qu’on put ranger ces mots parmi les rives féminines ?
Que parlez-vous de principes : il n’y a pas de principes. […] Ne leur parlez de rien, ils n’entendent rien et vous arrêtent au premier mot. […] Je ne puis assurer que je « leur dois beaucoup » ; je leur dois tout ; si bien que, chaque fois que je serai contraint de parler de moi, il est bien entendu que c’est d’eux et d’eux seuls qu’il s’agira. […] Je ne puis assurer que je « leur dois beaucoup » ; je leur dois tout ; si bien que, chaque fois que je serai contraint de parler de moi, il est bien entendu que c’est d’eux et d’eux seuls qu’il s’agira. […] Albalat, désapprouver M. de G… et je passe aussitôt pour un pédantissime docteur, l’animal indecrotabile dont parle le Francion de Sorel, pour un rétrograde pédagogue.
Enfantin parlait au nom de quelque chose de constitué, de collectif et d’officiel, avec quoi non seulement l’avenir, mais le présent, fût obligé à compter. […] Oui, à en croire cette déclaration, onctueusement superbe, où le Père suprême, qui n’est plus vêtu de bleu, mais de noir, parle doux, comme l’huissier de Molière : Il est vêtu de noir et parle d’un ton doux, à en croire cette déclaration, l’Église saint-simonienne existerait. […] Puisqu’il apporte ici une parole dont il ne se servait plus depuis longtemps, nous lui demanderons où se tient cette Église dont il parle comme d’une force organisée et agissante ? […] Depuis que cette héroïque, qui a fait besogne d’homme, quand les hommes se sont abstenus, sur la question du saint-simonisme ressuscité ; depuis, disons-nous, que cette héroïque a parlé, M.
Pour le trahir, en effet, il aurait fallu que Roger de Beauvoir eût essayé, sans réussir, de maintenir sa voix dans le ton de la dernière strophe de sa préface, et que le masque de Scarron dont il parle eût dévoré les pleurs sincères qui auraient coulé derrière son rire ou à travers ; et c’est là justement ce qui n’est pas dans ce volume, où si peu de chose d’aujourd’hui se mêle à tant de choses d’autrefois ! […] On peut en parler. […] D’ailleurs il en parle lui-même. […] Ils ont le droit de parler de leurs misères et de leurs douleurs. […] Quand je rendis compte du livre intitulé Colombes et Couleuvres, je lui conseillai de renoncer à toutes les inspirations de la jeunesse, qui ne sont jamais, du reste, de la poésie perdue, — car, si on ne fait plus de cette musique, on garde l’instrument ; je lui conseillai délaisser là toute cette poésie de castagnettes jouant les Folies d’Espagne, de ces castagnettes dont il parle encore si bien aujourd’hui, l’incorrigible !
Certainement le poète, dans cette transformation, n’est pas spirituel comme on pourrait le désirer, mais il est plus diaphane, et sa poésie, je ne parle pas seulement de ses vers, l’intimité de sa poésie y gagne un degré supérieur de transparence et de lumière. […] Il n’est pas, lui, un panthéiste d’entre la chèvre et le chou, d’entre les chênes qu’on fait parler comme un idolâtre, et les crucifix devant lesquels on s’agenouille comme un chrétien3… Non pas ! […] Nous l’ignorons, seulement elle s’est développée dans ce livre où le poète n’avait pour but, croyait-il, que de se resserrer, que de se tasser dans un petit espace, et où l’idée panthéistique lui a imposé un horizon qui n’est pas l’Infini encore, — cette sphère où toute grande poésie doit franchement monter, — mais qui pourtant parle déjà d’Infini à la pensée, comme la jonction lointaine de la terre et du ciel, qui est une limite aussi, nous en parle silencieusement, le soir. […] Vous y rencontrez dans une mesure qui ne peut plus s’étendre les qualités dont la Critique superficielle a fait des lieux communs, quand elle parle de M.
N’en parlons plus ! […] On m’a dit que le Constitutionnel même avait parlé assez favorablement. […] Vous parlez trop de gloire. […] Mais pourquoi parler de ces choses-là ? […] Je crois qu’on parlera de vous en 1890.
C’est ainsi qu’il nous parle des voiles repliées du bateau endormi sur le courant et « semblables aux pensées repliées du rêve ». […] Quand Chateaubriand nous parle du « courage et de la foi, ces deux sœurs qui, etc. », il amplifie. […] Bossuet parle naturellement le langage de la Bible. […] on ne parle que de passer le temps ! […] La transformation dont nous parlons a ses raisons sociales.