Accueillons-les toutes ; mais n’oublions pourtant jamais, nous tous qui l’avons vue ou entrevue, la beauté véritable ; gardons-en fidèlement la haute et délicate image au dedans de nous, ne fût-ce que pour n’en pas prodiguer à tout propos et n’en jamais profaner le nom, comme je le vois faire à d’estimables travailleurs qui ont beaucoup paperassé sur le moyen âge et qui ne connaissent que cela. […] Je ne demande pas mieux d’oublier la Grèce quand on me parle du moyen âge. […] Qu’on ne se plaigne pas de la longueur ; ces choses, autrefois nôtres et depuis si oubliées, n’ont pas encore été dites et exposées de cette façon, je le crois, à la généralité du public lettré.
A côté de la dignité, n’oublions jamais cet autre sentiment inspirateur, au moins égal en prix, l’humanité, c’est-à-dire le souci de la misère, de la souffrance, de la vie insuffisante et chétive du grand nombre ; revenons en idée au point de départ et aux mille entraves qui arrêtent si souvent à l’entrée du chemin, pour en affranchir peu à peu les autres ; inquiétons-nous de tout ce qu’il y a de précaire dans toutes ces existences qui ne se doutent pas qu’elles s’appellent des destinées. […] La question sociale et l’humanitarisme ne lui font pas oublier la patrie ; il a parmi ses proches amis et rédacteurs un reste vivant de ces patriotes de 1815, animés d’un vieux souffle ardent, et qui, tout républicains qu’ils étaient de cœur, se sont ralliés au Napoléon des Cent-Jours, défendant le sol français21. C’est de son journal, ne l’oublions pas, qu’est sorti ce premier appel si prompt, si vite entendu, ce cri précurseur qui a préparé l’opinion publique à la revendication de la Savoie22.
Il fit comme cet homme qui, assis à table entre Mme de Staël et Mme Récamier, s’échappa à dire : « Me voilà entre l’esprit et la beauté. » Ce qui fit dire à Mme de Staël, relevant la sottise : « C’est la première fois qu’on médit que je suis belle. » Le duc d’Antin, faisant allusion au projet qu’on avait un moment suggéré à M. le Duc de marier le roi avec la plus jeune de ses sœurs, s’oublia à dire (ou à peu près) qu’ayant à choisir entre les grâces mêmes et la vertu, le prince n’avait cherché que cette dernière. […] Après le souper, il y eut un feu d’artifice avec beaucoup de fusées et très peu d’invention et de variété ; après quoi le roi alla se préparer à faire un dauphin, Voltaire, en voyant tout et en peignant tout si gaiement, ne s’oublie pas. […] presque toute la salle tourna les yeux sur la reine pour l’observer avec une curiosité plus indiscrète que maligne », La reine, par reconnaissance pour M. le Duc, avait commis une faute : elle avait oublié que dès les premiers jours de son mariage, demandant au roi pour sa propre direction s’il aimait M. de Fréjus, il avait répondu : « Beaucoup » ; et que pour la même question au sujet de M. le Duc ; il avait dit sèchement : « Assez.
Se figurer et nous représenter si au net les choses comme elles sont, comme elles ont pu être, c’est faire oublier qu’on les crée ou qu’on les combine. […] Il doit au préalable les faire oublier. […] Elle se compare dans sa plainte au rossignol qui a perdu ses petits ; elle s’écrie à qui la veut consoler : « Insensé qui peut oublier ses parents morts de la male mort !
Et, si telle est la vie, qu’est-ce que l’humanité qui en est un si mince fragment Tel est l’homme dans la nature, un atome, un éphémère ; n’oublions pas cela dans les systèmes que nous faisons sur son origine, sur son importance, sur sa destinée. […] Il n’est pas seul sur la tige : au-dessous de lui, autour de lui, presque à son niveau, sont d’autres bourgeons nés de la même sève ; qu’il n’oublie jamais, s’il veut comprendre son être, de considérer, en même temps que lui-même, les autres vivants ses voisins, échelonnés jusqu’à lui et issus du même tronc. […] N’allons pas, comme Bossuet, « oublier l’univers dans une histoire universelle », et subordonner le genre humain à un petit peuple confiné dans un canton pierreux auprès de la mer Morte342.
Il découvre, chemin faisant, que les Aryas sont des pleutres, qu’il n’y a que les Touraniens, et qu’il est, lui, Touranien Soudain, après une aventure qu’on n’a pas oubliée, il disparaît. […] Il reprend beaucoup de leurs vocables oubliés. […] J’oubliais que les Blasphèmes ne sont qu’un jeu de rimeur.
Mais on ne sera sûr de n’avoir oublié aucune de ces conditions, que quand on aura décrit l’état de l’univers tout entier à l’instant t ; toutes les parties de cet univers peuvent en effet exercer une influence plus ou moins grande sur le phénomène qui doit se produire à l’instant t + dt. […] Alors comme on ne sera jamais certain de n’avoir pas oublié quelque condition essentielle, on ne pourra pas dire : si telles et telles conditions sont réalisées, tel phénomène se produira ; on pourra dire seulement : si telles et telles conditions sont réalisées, il est probable que tel phénomène se produira à peu près. […] Un jour elles naissent, le lendemain elles sont à la mode, le surlendemain elles sont classiques, le troisième jour elles sont surannées et le quatrième elles sont oubliées.
Marc Monnier, je n’oublierai jamais la reconnaissance que je dois au Conseil d’État du canton de Genève pour le périlleux honneur qu’il m’a fait et la haute confiance qu’il m’a témoignée en m’appelant à cette chaire ; je n’oublierai jamais non plus — qu’il me soit permis de le dire en entrant dans une carrière pour moi toute nouvelle, — la reconnaissance qui me lie aux amis que j’ai dû quitter, dont beaucoup m’ont donné de publics témoignages de sympathie que des circonstances que je tiens à passer sous silence m’ont rendus particulièrement précieux. […] C’est Rousseau qui célèbre à nouveau l’amour passionné et détrône la galanterie ; ce sont les ardentes leçons de Herder qui arrachent la jeunesse allemande à l’imitation inféconde de notre littérature ; c’est Goethe auquel cet admirable chef-d’œuvre, la cathédrale de Strasbourg, révèle l’art gothique ; c’est Chateaubriand qui découvre dans le christianisme autre chose qu’un ensemble de dogmes : une source vive de poésie ; c’est la mélancolie de Lamartine qui chasse le libertinage de Parny ; ce sont les romans de Walter Scott qu’on imite partout et qui ressuscitent tout un monde oublié.
Et le fantôme, branlant la tête, déclara : — Non, Léthé, toutes tes eaux ne suffiraient point à me faire oublier cette nuit désastreuse, cette nuit effroyable où, pendant que dormaient paisibles mes camarades d’École… Mais le démiurge ordonna sévèrement : — Tais-toi. […] Et le bon marchand d’aphrodisiaque catholique n’oublie pas « l’extase partagée, si divine à goûter » — Une autre fois, notre rhétoricien reprend le thème du Lac. […] » Et chez le fils de l’immortel mort depuis peu et oublié depuis longtemps, il salue le « digne héritier d’une grande dynastie littéraire ».
Il établit les maximes hospitalières consacrées chez tout ce qui n’est point barbare ; il y joint ses aphorismes habituels de justice et de civilisation : « Il faut faire, en temps de paix, le plus de bien, et, en temps de guerre, le moins de mal qu’il est possible. » Il cite à l’appui la belle réponse de ce gouverneur espagnol de La Havane au capitaine de vaisseau anglais, qui, au moment du naufrage, jeté dans le port par la tempête, vient se livrer à lui pendant la guerre de 1746 : « Si nous vous eussions pris dans le combat, en pleine mer ou sur nos côtes, votre vaisseau serait à nous, vous seriez nos prisonniers ; mais, battus par la tempête et poussés dans ce port par la crainte du naufrage, j’oublie et je dois oublier que ma nation est en guerre avec la vôtre. […] Mais tout est oublié, mon cher Portalis » (Portalis tousse plusieurs fois). — C’est Stanislas Girardin qui note ainsi l’embarras de Portalis, en reproduisant toute cette curieuse conversation dans le tome Ier de ses Souvenirs, p. 310.
N’oubliez pas l’art de s’accommoder et de se mettre, les inventions nouvelles en ce genre qui ne venaient que d’elle ; elle était reine de la mode et de la façon (fashion). […] Marguerite (elle nous le rappellerait si on l’oubliait) est par son éducation et par ses goûts de l’école de Ronsard et un peu de Du Bartas. […] Tous les détails de magnificence galante et de cérémonial, si chers aux dames, ne sont pas oubliés : J’allais, dit Marguerite, en une litière faite à piliers doublés de velours incarnadin d’Espagne, en broderie d’or et de soie nuée, à devise ; celle litière toute vitrée, et les vitres toutes faites à devises, y ayant, ou à la doublure ou aux vitres, quarante devises toutes différentes, avec les mots en espagnol et italien, sur le soleil et ses effets.
On n’a pas oublié que M. […] C’est à lui que l’un de ces auteurs de brochures disait en 1812, en parlant du silence imposé aux journaux sur la dispute de Conaxa : Rendez-nous, monsieur, la malignité des journaux… rendez-nous leur fiel… Laissez-nous rire d’un sot écrivain ou d’un insolent plagiaire… Je n’exige pas, monsieur, que vous trahissiez vos devoirs, mais n’exigez pas non plus qu’ils oublient les leurs… Rendez aux journaux, je vous le demande en grâce, leur indépendance ; brisez le charme que vous avez étendu sur eux60. […] Je n’entrerai pas dans l’examen détaillé de son mérite comme publiciste et écrivain politique : ses lettres écrites dans La Minerve nous le montrent à son avantage, élégant, d’une élégance assez commune et monotone, fin, facile, adroit à trouver les prétextes d’opposition et les thèmes chers au public français ; il n’oubliait de caresser aucun lieu commun national, toutes les fois que cela servait à ses fins ; il savait le joint de chaque préjugé pour y entrer à la rencontre.
Bref, sans entrer dans les détails du récit qui, d’ailleurs, ne manque pas de grâce et de délicatesse, Regnard et la belle Elvire sont délivrés ; le mari qu’on croit mort est plus qu’oublié. […] Il y a longtemps que La Harpe avait parlé du Légataire comme « d’une pièce charmante, où tous les inconvénients possibles du célibat sont peints vivement, et où l’auteur n’a rien oublié, si ce n’est peut-être de résumer d’une manière précise et directe, en dix ou douze vers, la morale de son ouvrage ». Mais il m’a semblé que cette leçon se perd dans le rire ; on oublie de la tirer, et la folie de la forme emporte le fond.
Que Boris se hâte de descendre d’un trône usurpé ; qu’il cherche dans la solitude d’un cloître à se réconcilier avec le ciel, j’oublierai ses crimes et je l’assure même de ma toute-puissante protection. » Boris lisait cette lettre avec un transport de rage. […] Pas une larme ne coula sur sa tombe ; les services qu’il avait rendus à son pays étaient depuis longtemps oubliés. […] N’oublions pas non plus ce qu’a dit Montesquieu : « Cicéron, selon moi, est un des plus grands esprits qui aient jamais été : l’âme toujours belle, lorsqu’elle n’était pas faible. » C’est cette faiblesse trop souvent visible de l’âme, jointe à la pompe parfois surabondante du discours, qui a donné à M.
Malheureusement, Vigny oublia cela et se contenta de polir des phrases. […] J’y tresse de la paille pour l’oublier quelquefois : là se réduisent tous les travaux humains. Je suis résigné à tous les maux et je vous bénis à la fin de chaque jour lorsqu’il s’est passé sans malheur. — Je n’espère rien de ce monde et je vous rends grâce de m’avoir donné la puissance du travail, qui fait que je puis oublier entièrement en lui mon ignorance éternelle. » IX Le cri est-il assez aigu d’abord, et finit-il par s’étouffer assez sous la pression d’étau de l’implacable cavalier de marbre ?
On n’oubliera point que, dans le temps de la peste de Marseille, il n’abandonna jamais son troupeau.
On ne doit pas s’attendre à vivre long-temps, quand on se borne à des Pamphlets : quelque agréables qu’ils soient, ce ne sont que les enfans du moment ; un autre moment les méconnoît, les tue, & les fait oublier.
Le Conte du Kaimac, la plus saillante de ses Pieces, est précisément celle qu'on a oubliée dans le Recueil de ses Poésies.
Les Places qu'il a remplies semblent avoir trop fait oublier son mérite littéraire.