Mais quand la chambre des communes anglaises serait si ignominieusement morte à la conscience du poids dont elle doit peser dans la constitution, quand elle aurait si entièrement oublié ses anciennes luttes et ses anciens triomphes dans la grande cause de la liberté et de l’humanité, quand elle serait si indifférente à l’objet et à l’intérêt premier de son institution originelle, j’ai la confiance que le courage caractéristique de cette nation serait encore au niveau de cette épreuve ; j’ai la confiance que le peuple anglais serait aussi jaloux des influences secrètes qu’il est supérieur aux violences ouvertes ; j’ai la confiance qu’il n’est pas plus disposé à défendre son intérêt contre la déprédation et l’insulte étrangère qu’à rencontrer face à face et jeter par terre cette conspiration nocturne contre la constitution867. […] Il reste à demi barbare, empâté dans l’exagération et la violence ; mais sa fougue est si soutenue, sa conviction si forte, son émotion si chaleureuse et si surabondante, qu’on se laisse aller, qu’on oublie toute répugnance, qu’on ne voit plus dans ses irrégularités et ses débordements que les effusions d’un grand cœur et d’un profond esprit trop ouverts et trop pleins, et qu’on admire avec une sorte de vénération inconnue cet épanchement extraordinaire, impétueux comme un torrent, large comme une mer, où ondoie l’inépuisable variété des couleurs et des formes sous le soleil d’une imagination magnifique qui communique à cette houle limoneuse toute la splendeur de ses rayons.
Mais Aurélien Scholl12 a écrit d’elle : « Rédigée avec talent et conscience », et Francis Enne : « ils ont compris qu’il était un poète oublié : Paul Verlaine… » … Il en était ainsi, sur les deux Rives, en l’année 1884. […] Je le vis là, tout naturellement, pendant le repas, tirer de sa poche l’un des petits papiers et écrire rapidement, tandis qu’indulgemment Mme et Mlle Mallarmé se récriaient doucement : — Tu t’oublies ! […] Léon d’Orfer me fait remarquer que le clan Kahn et Cie, vous « oubliera » probablement dans le « Salon de la Revue Moderne ! […] Chronique, écho auxquels René Ghil ne manquait pas de répondre d’une encre abondante… Et n’oublions pas ce qu’écrivait Paul Masson dans la « Plume » du 15 février 1893 : M.
Mais on oublie le phénomène physiologique qui se place entre deux, et qui est l’antécédent immédiat du fait psychique. […] Un homme qui n’a que de la mémoire sans imagination oubliera tout ce qui est individuel. […] L’idéalisme est l’art qui cherche à nous faire oublier la réalité, à atteindre autant que possible l’idéal. […] Nous avons oublié que l’homme faisait partie d’un monde dont on ne peut l’extraire.
Le génie se traduit par un sentiment délicat qui pressent d’une manière juste les lois des phénomènes de la nature ; mais, ce qu’il ne faut jamais oublier, c’est que la justesse du sentiment et la fécondité de l’idée ne peuvent être établies et prouvées que par l’expérience. […] Le physiologiste et le médecin ne doivent donc jamais oublier que l’être vivant forme un organisme et une individualité. […] Toutes nos connaissances à ce sujet nous arrivent nécessairement de l’expérience ou de l’observation sur le vivant ; et quand alors l’anatomiste croit faire des déductions physiologiques par l’anatomie seule et sans expérience, il oublie qu’il prend son point de départ dans cette même physiologie expérimentale qu’il a l’air de dédaigner. […] Il ne faut jamais oublier que toutes les qualifications de forces minérales ou vitales données aux phénomènes de la nature ne sont qu’un langage figuré dont il importe que nous ne soyons pas les dupes.
« Je n’ai pas su, dit-il dans le premier chapitre de sa Vie, comment mon père supporta cette perte de ma mère ; mais je sais qu’il ne s’en consola jamais : il croyait la revoir en moi sans pouvoir oublier que ma naissance lui avait coûté la vie.
La reine régente a des colères où elle oublie sa dignité ; témoin le jour où elle déclare au coadjuteur qu’elle aimerait mieux étrangler Broussel de ses propres mains que de le rendre aux Parisiens… Et ce disant, elle lui portait ses ongles au visage comme si elle eût voulu l’égratigner.
Il oublie qu’il m’a entendu, bien des fois, proclamer mon admiration pour des épithètes, comme la nudité intrépide des pêcheuses de Boulogne, de Michelet, comme gambades rêveuses de Hugo, dans La Fête à Thérèse, — et c’est curieux, ce reproche de sa plume s’adressant à moi, qui ai écrit dans Idées et sensations — un livre qui lui est dédié par parenthèse, — qui ai écrit, que c’était avant tout à l’épithète, et à l’épithète du caractère de celle qu’il cite, que se reconnaît le grand écrivain.
Dans Nicolas Nickleby, le vieux commis Newman Noggs est assurément ridicule, sans qu’on oublie jamais qu’en cet être bizarre on a affaire à quelqu’un de bon et d’honnête.
Et l’émoi mystique de la prêtresse phénicienne s’efforçant sous les symboles des dieux et les mythes des théogonies de saisir l’essence de l’être et la signification de ses sourdes ardeurs, puis Hamilcar dans le silence diurne de la maison du Suffète-de-la-Mer, se prosternant sur le sol gazé de sable, et adorant silencieusement les Abaddirs, sous la lumière « effrayante et pacifique » du soleil, qui passe étrange par les feuilles de laitier noir des baies d’autres scènes ou lunaires ou souterraines, sont décrites en phrases obscures, distantes, qui parlent à certains esprits une langue comme oubliée mais comprise, et suscitant dans les limbes de l’âme des émotions muettes.
Et puisque tôt ou tard l’amour humain s’oublie, Il est d’une grande âme et d’un heureux destin D’expirer comme toi pour un amour divin !
. — Les deux auteurs du Roman, Guillaume de Lorris et Jean de Meung ; — et de ne pas oublier qu’il y a quarante ans de différence entre eux ; — soit à peu près la distance qui sépare Le Couronnement Renart ou Renart le Nouvel des branches principales du Roman de Renart.
La colombe légère, lorsqu’elle traverse d’un libre vol l’air dont elle sent la résistance, pourrait croire qu’elle volerait encore bien mieux dans le vide ; ainsi Platon oublie le monde sensible, parce que ce monde impose à la raison des bornes étroites, et se hasarde par-delà, sur les ailes des idées, dans l’espace vide de l’entendement pur.
Les lois de la corrélation de croissance, dont il ne faut jamais oublier l’importance, causeront toujours quelques différences ; mais, en règle générale, je ne saurais douter que la sélection constante de variations légères, spécialement dans les feuilles, les fleurs ou le fruit, ne produise des races qui diffèrent les unes des autres plus particulièrement en l’un de ces organes qu’en tous les autres.
Cette jolie composition, malgré ou peut-être à cause de son afféterie naïve d’album romantique, ne nous déplaît pas ; — mais cela a une qualité trop oubliée aujourd’hui.
En outre, vous ne devez pas oublier une autre cause d’erreurs assez fréquente, c’est que dans le liquide cupro-potassique préparé depuis un certain temps, la potasse a pu passer à l’état de carbonate de potasse, probablement par une modification à l’air de l’acide tartrique, et que dans ce cas le liquide peut précipiter de lui-même sous l’influence de la chaleur sans pour cela qu’il y ait du sucre dans les liquides essayés. […] Nous pourrions en rester là ; de telles déclarations nous suffisent pour juger dans quel esprit seront faits des travaux entrepris sous la pression de telles doctrines, mais nous voulons poursuivre l’analyse, pour vous montrer combien une idée arrêtée, dans l’étude d’une question, apporte de trouble dans la logique et dissimule, aux yeux de l’observateur prévenu, les contradictions flagrantes pour tout autre, entre ses raisonnements et les faits qu’il constate, et avec quelle facilité il oubliera les conditions d’une expérimentation sérieuse et vraiment scientifique. […] Il ne faut jamais oublier, en effet, Messieurs, que dans la science de la vie les faits bruts ne sont pas des preuves. […] De plus, on a oublié de dire à quels caractères on reconnaissait que ce sucre, qui se trouve isolé dans le foie, était bien celui qui avait circulé dans la veine porte avec la peptone, au lieu d’être un sucre de nouvelle formation ; évidemment c’est là une assertion pure et simple.
Mais elles nous ont, après cela, rendu de grands services, et des services qu’on ne saurait oublier, méconnaître ou négliger, sans fausser vingt ou trente ans de l’histoire des mœurs et de la littérature. […] Nos précieuses n’ont jamais oublié quels adversaires elles avaient d’abord dû combattre, et qu’ils étaient les ennemis de toute discipline et de toute régularité. […] Si d’ailleurs à la corruption des mœurs, au relâchement croissant de l’ancienne discipline, on reconnaissait la nécessité d’opposer une morale, non pas certes nouvelle, mais plutôt oubliée de quelques-uns même de ceux qui avaient pour mission de l’enseigner, les Provinciales la contenaient. […] Théodore de Banville, La Fontaine]. — Étrange opinion de Lamartine à ce sujet ; — et qu’en reprochant à La Fontaine ses vers « inégaux », il avait sans doute oublié combien il en a fait lui-même. — Le poète se reconnaît encore chez La Fontaine à la discrète mais constante intervention de sa personne dans son œuvre ; — c’est lui-même qui nous renseigne sur ses goûts, sur sa vie, — au besoin sur son mobilier ; — et ceci, dans la mesure où le réduit le goût du temps, c’est encore du lyrisme. — Joignez le don de peindre, d’évoquer la vision des choses ; — le nombre et l’harmonie, la musique du vers ; — et le don supérieur d’enlever à la réalité, même dans ses Contes, « qu’elle a de trop matériel, et de la spiritualiser. — Il a des vers qui sont tout un paysage : Mais vous naissez le plus souvent Sur les humides bords des royaumes du vent… Il en a qui sont pour ainsi dire toute une saison de l’année : Quand les tièdes zéphirs ont l’herbe rajeunie… et il en a qui sont, en même temps qu’une caresse pour les yeux et une volupté pour l’oreille, des vers de rêve et d’illusion : Par de calmes vapeurs mollement soutenue La tête sur son bras, et son bras sur la nue, Laissant tomber des fleurs et ne les semant pas… Si ces qualités en font un homme « unique en son espèce », l’exceptent-elles de la littérature de son temps ?
(Sans doute qu’on oublie à Cagliari une telle aventure.)
Les traités de Vienne, qui rétablissaient tout, oublièrent de la rétablir.
« Quand tu liras tout cela, mon ami, souviens-toi que c’est écrit le 1er décembre, jour de pluie, d’obscurité, d’ennui, où le soleil ne s’est pas montré, où je n’ai vu que des corbeaux. » Le 3 décembre, un seul mot… « Il est sept heures, j’entends le ruisseau et j’aperçois une belle étoile qui se lève sur Mérin : tu n’as pas oublié ce hameau ?