Ils ne signifient pas l’occupation, mais la défense d’occuper. […] Elle en occupe ou en brigue toutes les places ; par ses financiers et ses gens d’affaires, elle en tire tout l’argent. […] Un régiment de cavalerie l’occupait. […] Malheureusement cette sorte d’hommes est plus occupée de rechercher l’applaudissement de ces espérances, que du devoir de gouverner sa parole. […] Thiers qui s’occupait de questions scientifiques, qui lisait Newton et croyait entendre Laplace, désira s’éclaircir de quelques doutes sur des points de physique générale.
La critique du passé elle-même sera forcée de s’en occuper. […] Sa critique est commandée par les livres mêmes dont il s’occupe, et dont les neuf dixièmes ne seront relus par personne dans quelques années, parfois même dans quelques mois. […] La place centrale est occupée par ce que l’on pourrait appeler, en jargon de critique, la théorie des treize génies. […] Toutes trois ont occupé, ont inquiété Hugo, Mallarmé, Valéry, leur ont paru le jeu transcendant de la pensée littéraire. […] Un tel critique est d’abord un juge, il occupe un siège élevé d’où il discourt, proclame, conclut, édicté, récompenseet jouit.
L’amour avait occupé jusqu’à cette époque les rêves de Flaubert plutôt que sa vie. […] Louise la blonde, en chair et en os, occupe la place symétrique à la brune Elisa qu’il a rêvée tant de fois. […] Ce point de maturité et de perfection, cet optimum occupe une crête étroite entre deux versants. […] Sa Bovary, derrière lui, ne l’occupe plus. […] Et aujourd’hui encore, quand la légende s’occupe de 1848, ce qu’elle y voit en première ligne, c’est le décor de ces barbes.
Il ne s’occupe, pour les louer ou pour en divulguer la vaine faiblesse, que d’ouvrages minutieusement choisis. […] Plus heureux qu’ils ne le seront alors, M. de Montesquiou peut être assuré de ne se point voir dépossédé de la place qu’il occupe dans la galerie des Originaux et des Beaux-Esprits de ce temps. […] On devine qu’il a su se ménager dans la société qu’il se proposait de peindre une place privilégiée d’où tout voir et tout observer — à moins qu’il ne l’ait occupée naturellement et comme par héritage. […] Solidement en possession de la vie, il la répand sur tout ce dont il s’occupe. […] Un petit nombre de personnages suffit pour occuper la scène de ses romans.
L’Allemand théologien et féodal se cantonne docilement, fidèlement sous ses petits princes, par patience naturelle et par loyauté héréditaire, occupé de sa femme et de son ménage, content d’avoir conquis la liberté religieuse, attardé par la lourdeur de son tempérament dans la grosse vie corporelle, et dans le respect inerte de l’ordre établi. […] Il s’enrichit par le travail, et, sous le premier Stuart, il occupe déjà la plus grande place dans la nation. […] À mesure que le wagon avance, vous apercevez, parmi les fermes et les cultures, le long mur d’un parc, la façade d’un château, plus souvent quelque vaste maison ornée, sorte d’hôtel campagnard, de médiocre architecture, avec des prétentions gothiques ou italiennes, mais entouré de belles pelouses, de grands arbres soigneusement conservés ; là vivent les bourgeois riches ; je me trompe, le mot est faux, c’est gentlemen qu’il faut dire ; bourgeois est un mot français et désigne ces enrichis oisifs qui s’occupent à se reposer et ne prennent point part à la vie publique ; ici, c’est tout le contraire ; les cent ou cent vingt mille familles qui dépensent par an mille livres sterling et davantage gouvernent effectivement le pays. […] Ce ne sont point des mécontents arriérés comme les nôtres, occupés à jouer au whist et à regretter le moyen âge.
Tardo non furon mai grazie divine ; « Les grâces du ciel ne se font jamais attendre. » « Je parle ainsi parce qu’il me semblait avoir non pas perdu, mais égaré vos bonnes grâces, car vous avez tant tardé à m’écrire que je ne pouvais interpréter la cause de ce silence… J’ai craint qu’on ne vous eût prévenu contre moi en vous disant que j’étais un mauvais économe… J’ai été tout réconforté par votre dernière lettre du 23 du mois passé ; j’y ai vu avec bien du plaisir que vous ne vous occupiez plus qu’à votre aise des affaires d’État. […] Il en occupa les loisirs en écrivant son Histoire de Florence. […] XXI Machiavel commence par jeter un coup d’œil magistral sur la décomposition du cadavre de l’Italie romaine sous les flux et les reflux des populations hétérogènes qui descendent des Alpes d’un côté, et qui descendent de l’Afrique de l’autre, pour dépecer, comme les vautours de la guerre, les restes de l’empire des Césars et pour en occuper les territoires. […] Tandis que ceci se passe au nord de l’Italie, les Sarrasins occupent en maîtres tout le midi et le littoral de l’Italie depuis Gênes jusqu’aux Calabres ; Rome, incapable de défendre ces plus belles contrées de l’Italie méridionale, se console en parodiant l’ancienne république, maîtresse du monde entre les murs croulants de la ville de Romulus et des Césars.
Mme Lard s’occupait trop de moi pour que je ne m’occupasse point d’elle. […] Je n’étais pas un personnage à occuper Mme de Menthon, qui ne voulait que des gens brillants autour d’elle : cependant elle fit quelque attention à moi, non pour ma figure dont assurément elle ne se souciait point du tout, mais pour l’esprit qu’on me supposait, et qui m’eût pu rendre utile à ses goûts. […] Pendant la belle saison, la culture de mon jardin et de mon parterre m’occupe suffisamment ; pendant l’hiver, je fais des corbeilles et des nattes ; je travaille à me faire des habits ; je prépare chaque jour moi-même ma nourriture avec les provisions qu’on m’apporte de l’hôpital, et la prière remplit les heures que le travail me laisse. […] Sans paraître s’occuper de moi, elle veillait sans cesse à ce qui pouvait me faire plaisir.
Une de mes moitiés devait être occupée à démolir l’autre, comme cet animal fabuleux de Ctésias qui se mangeait les pattes sans s’en douter. […] Nous n’irons plus au bois, ou Il Pleut, il pleut, bergère, sans être pris d’un léger tressaillement de cœur… Certainement, sans l’étau fatal qui m’enserrait, j’eusse aimé Noémi deux ou trois ans après, mais j’étais voué au raisonnement ; la dialectique religieuse m’occupait déjà tout entier. […] Il se trouva que les plus beaux rêves, transportés dans le domaine des faits, avaient été funestes et que les choses humaines ne commencèrent à mieux aller que quand les idéologues cessèrent de s’en occuper. […] De ceux-là seuls je m’occupe ; ils sont, si j’ose le dire, ma spécialité.
« Je n’étais occupé, dit René Chateaubriand dans son Essai historique, qu’à rapetisser ma vie pour la mettre au niveau de la société. » Cette existence dangereuse ne pouvait lui convenir ; il émigre, assiste au siège de Thionville, c’est du moins sa narration, mais je soupçonne, d’après certains passages de l’Essai historique, qu’il fut réquisitionné, embrigadé dans l’armée du Rhin et qu’à la première occasion, il déserta. […] Les lecteurs retrouvaient, dans Atala et René, ces animaux sauvages qui les occupaient. […] René, par exemple, parle de la Grèce, de l’Italie, de l’Écosse, comme de pays qu’il a visités, non seulement pour prouver que, bien que pauvre, il avait couru le monde ainsi qu’un lord, mais aussi parce qu’on s’occupait de ces contrées. […] Tant que la Bourgeoisie eut à redouter un retour agressif de l’aristocratie, les romantiques, emboîtant le pas aux historiens libéraux, ont fouillé le Moyen-Âge pour rapporter de sombres repoussoirs aux délices du temps présent ; mais dès que le Prolétariat, constitué en classe, devint l’ennemi, ils délaissèrent les romans historiques et les horreurs de l’époque féodale pour s’occuper des événements du jour : Zola, le lendemain des épouvantables massacres de la Semaine sanglante, afin d’épargner à la conscience bourgeoise le moindre remords, dépeignit, dans l’Assommoir, la classe ouvrière sous les traits les plus repoussants tandis que les George Ohnet décrivaient avec une servile complaisance l’âme généreuse et noble des maîtres de forges. — Les rapins de 1830 poursuivaient le bourgeois de leurs impitoyables railleries ; mais ayant compris, avec l’âge, que l’argent est un porte-respect, ils se sont domestiqués et ne travaillent que pour mériter l’approbation du bourgeois, qui achète leurs tableaux20.
mille choses admirables, mille féeries incompréhensibles qui permettent à l’homme de vivre vingt fois plus et vingt fois mieux qu’autrefois ; quoi, nous avons pris de la terre glaise pour en faire un métal plus beau que l’argent, nous touchons à la navigation aérienne, et il faut s’occuper de la guerre de Troie et des panathénées ! […] Si jamais un gouvernement sage et ami des lettres forçait ces bonnes gens à s’occuper des choses modernes et de notre temps « fertile en miracles », ils demanderaient une indemnité et prétendraient qu’on leur arrache le pain de la bouche. […] À quoi bon, en effet, s’occuper de choses immortelles, lorsqu’on peut si bien bavarder inutilement sur ses petites affaires particulières ? […] Il leur serait interdit de s’occuper de politique, et ils devraient, comme l’Académie des inscriptions et belles-lettres et l’Académie des sciences, publier le rendu compte de leurs travaux.
Il y a cinq lieues de Marseille à Auriole et quatre seulement d’Aix : pour peu que la garnison des moulins et du bourg se défendît, l’armée des impériaux devait être avertie à Aix qu’elle occupait, et, eût-on même réussi dans l’attaque du moulin, on n’aurait pas eu le temps de rentrer ensuite sain et sauf à Marseille. […] Corne, ancien avoué, qui s’est occupé de recherches historiques concernant la famille et la généalogie des Montluc, m’écrit de Condom que Blaise de Monluc (ainsi lui-même signait-il, et non pas Montluc), est né, selon toute vraisemblance, non à Condom, mais dans l’arrondissement de cette ville, à Sainte-Gemme, lieu situé dans la commune du Saint-Puy, canton de Valence.
Ici se rencontre une question forcément matérielle, et que les esprits mêmes qui aimeraient le moins à s’occuper de ce côté de la vie ne peuvent éviter. […] Plusieurs de ceux qui n’ont pu y atteindre et qui sont restés en deçà, s’étant hâtés d’en appeler au public et de faire imprimer leurs vers, je n’ai point à m’en occuper ici.
Dans les nobles desseins dont l’âme est occupée, Les vers sont le clairon, mais la prose est l’épée. […] Il est en diligence avec deux de ces Messieurs catholiques ou néo-catholiques, qui sont bien décidés à se moquer des progrès du siècle en sa personne ; il s'aperçoit qu’ils ne sont pas du même bord que lui : « Vous êtes comme cela, dit-il, je suis autrement ; chacun ses goûts, chacun ses opinions. » Mais ce bourgeois est plus tolérant que vous, qui n’êtes occupés qu’à le draper, à le mépriser.
En même temps il inventait des machines singulières, et en exécutait de ses mains les modèles ; il s’occupât de l’histoire naturelle des animaux, et entrait l’un des premiers dans la voie de l’anatomie comparée. […] Occupé, avons-nous dit, de l’éducation de ses enfants, il les voulut amuser, et, pendant quelque hiver, il s’avisa de conter et de faire raconter devant eux les vieux récits qui couraient le monde et que, de temps immémorial ; les nourrices s’étaient transmis.
Pour ceux qui, distraits des pures Lettres ou occupés ailleurs (comme il est permis), auraient besoin qu’on les remît sur la voie, je rappellerai qu’Eugénie de Guérin, sœur de Maurice de Guérin, de l’admirable auteur du Centaure, était son égale en dons naturels, en génie, sa supérieure en vertu, en force d’âme, son aînée vigilante et tendre, et qu’elle fut pendant neuf années sa survivante douloureuse, son Antigone ou son Électre, toute consacrée à sa mémoire et comme desservante d’un tombeau. […] Savez-vous que nous sommes bien aveugles, bien insensés, bien bêles de ne nous occuper que do ce monde, de nous amuser à des bagatelles, de prendre racine ici-bas, comme si l’éternité nous y était promise, et d’oublier cet autre monde, ce beau royaume ?
Ce mémoire daté du 25 novembre 4792 prouve qu’il s’occupait à consolider la République lorsque, sans motif et sans rapport préalable, on l’a décrété d’accusation… » De son côté, Talleyrand lui-même, dans des Éclaircissements publiés en l’an VII, avant sa sortie du ministère, voulant se laver de l’accusation d’avoir émigré, s’autorisait de la mission qui lui avait été confiée au début de la République : « Je fus envoyé à Londres, disait-il, pour la deuxième fois le 7 septembre 4792 par le Conseil exécutif provisoire. […] Il a été mis sous les yeux de la Convention au moment où elle daigna s’occuper de moi, et je le montrerai à quiconque désirera le voir.
Érudits comme nous le sommes devenus et occupés de la couleur historique, il y a pour nous, dans la représentation actuelle de Bérénice, un intérêt d’étude et de souvenir. […] Quel moment en effet dans une société que celui où des sentiments si nobles, si délicats, disons même si subtils, et qui courraient presque risque de nous échapper aujourd’hui, étaient saisis unanimement par un cercle avide qu’ils occupaient aussitôt et passionnaient !
Jusqu’alors les Allemands s’étaient occupés des sciences et de la métaphysique avec beaucoup de succès ; mais ils avaient plus écrit en latin que dans leur langue naturelle ; et l’on n’apercevait encore aucun caractère original dans les productions de leur esprit. […] Comme ils sont naturellement penseurs et méditatifs, ils placent leurs idées abstraites, et les développements et les définitions dont leurs têtes sont occupées, dans les scènes les plus passionnées ; et les héros, et les femmes, et les anciens, et les modernes tiennent tous quelquefois le langage, d’un philosophe allemand.
Une sorte de ridicule s’est attaché à ce qu’on appelle des sentiments romanesques, et ces pauvres esprits, qui mettent tant d’importance à tous les détails de leur amour propre, ou de leurs intérêts, se sont établis comme d’une raison supérieure à ceux dont le caractère a transporté dans un autre l’égoïsme, que la société considère assez dans l’homme qui s’occupe exclusivement de lui-même. […] L’amour est la seule passion des femmes ; l’ambition, l’amour de la gloire même leur vont si mal, qu’avec raison, un très petit nombre s’en occupent.