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720. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Marie-Antoinette »

En quittant la terre natale et au moment de franchir la frontière de l’empire, probablement à Augsbourg, la jeune princesse écrit à son auguste mère une lettre remplie des meilleurs et des plus naturels sentiments : « Madame ma chère mère, « Je ne quitte pas sans une vive émotion et un serrement de cœur la dernière ville frontière de votre empire ; avant de traverser les derniers États qui me séparent de ma nouvelle patrie, je demande à couvrir vos mains de mes baisers et vous remercier comme je le sens pour toutes les bontés maternelles dont vous m’avez entourée. […] Quand on fut à Saint-Denis, le duc de Choiseul souffla tout bas à l’oreille de la Dauphine un petit conseil fort à propos : c’était de demander à voir la fille du roi, une nouvelle tante à elle, Madame Louise, qui y était retirée dans son couvent de Carmélites et tout près de prendre le voile. […] La comtesse d’Artois, qui fait contraste, est assez joliment croquée : « Ma nouvelle belle-sœur est toute petite de taille, avenante de figure et fraîche comme une rose, avec un nez qui n’en finit pas ; mais tout cela compose un ensemble agréable, souriant, qui plaît.

721. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Catinat (suite.). Guerre des Barbets. — Horreurs. — Iniquités. — Impuissance. »

Catinat, il faut le dire, ne vit dans cette guerre si mauvaise qu’il allait faire à de pauvres montagnards pour leur religion, et dans la part principale qu’il y devait prendre, qu’une marque nouvelle de la confiance du roi et une occasion d’avancement : il était militaire avant tout, et chargé en chef, pour la première fois, d’une expédition difficile, il eut un mouvement de joie ; il ne raisonna point sur la légitimité de l’entreprise, il ne s’occupa que de prendre ses mesures pour la conduire le mieux possible et le plus vivement. […] À la nouvelle du fatal édit rendu le 31 janvier contre le libre exercice du culte dans les vallées, la Suisse protestante s’était émue ; les Vaudois ayant sollicité l’assistance de leurs conseils, une assemblée des Cantons protestants avait eu lieu le 26 février à Baden ; en conséquence, deux députés extraordinaires, MM.  […] — Louis XIV, à la nouvelle de la victoire, écrivait de sa main à Catinat, le 22 août : « L’action que vous venez de faire me donne tant de joie, que je suis bien aise de vous le dire moi-même et de vous assurer que je vous sais le gré qu’elle mérite.

722. (1870) Nouveaux lundis. Tome XII « Madame Desbordes-Valmore. »

Cinq ans après, en 1827-1828, lorsqu’une nouvelle troupe anglaise revint à la charge pour représenter Shakspeare, un grand progrès s’était accompli dans l’intervalle chez les esprits cultivés ; les idées du journal le Globe avaient fait leur chemin dans la jeunesse. […] La réputation de Mme Valmore, sous sa première forme de touchante élégiaque et d’aimable conteur en vers, était faite dès ces années 1824-1827 ; pendant ses absences de Paris et ses séjours à Lyon ou à Bordeaux, sa nouvelle étoile avait pris place dans notre ciel poétique et y brillait d’un doux éclat, sans lutte et sans orage. […] Il y a là-dessous une longue histoire que je te dirai une autre fois… Tu sauras, si c’est une nouvelle pour toi, que Joanny est devenu la bête noire du public ; c’est à qui veut crier haro sur le baudet.

723. (1872) Nouveaux lundis. Tome XIII « Le général Jomini. [III] »

Le 17 juin, à la première nouvelle des mouvements de l’armée, interrompant le traitement commencé, il s’était rendu en poste au quartier général de l’Empereur. […] Ses prévisions de 1806 sur le péril d’une grande guerre dans le Nord allaient se réaliser : les succès si chèrement achetés du début présageaient assez le caractère de cette terrible et gigantesque aventure ; il l’a parfaitement définie en quelques traits expressifs, que les plus éloquents historiens avoueraient : « Toutes les passions religieuses et patriotiques avaient été allumées ; il fut aisé de prévoir qu’aux privations de la Lituanie allaient se réunir toutes les fureurs et les embarras d’une guerre nationale : nous allions retrouver une nouvelle Espagne, mais une Espagne sans fond, sans vin, sans ressources, sans villes. […] À chaque combinaison nouvelle imaginée par Napoléon, les adversaires ne répondaient qu’en se dérobant, en se plaçant hors du cercle de plus en plus élargi de son compas.

724. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « QUELQUES VÉRITÉS SUR LA SITUATION EN LITTÉRATURE. » pp. 415-441

Et voilà que, dès 1837, le calme presque universel s’établissait ; et, pour réduire la question aux limites de notre sujet, voilà que littérairement, ce calme social d’apparence propice n’enfantait rien et ne faisait que mettre à nu le peu de courant ; que de guerre lasse, et à force de tourner sur soi-même, on se reportait d’un zèle oiseux vers le passé, non pas seulement le haut et grand passé, mais celui de toute espèce et de toute qualité, et l’on déjeunait des restes épicés de Crébillon fils comme pour mieux goûter le Racine ; voilà que les générations survenantes, d’ordinaire enthousiastes de quelque nouvelle et grande chimère et en quête d’un héroïque fantôme, entraient bonnement dans la file à l’endroit le plus proche sans s’informer ; que sans tradition ni suite, avec la facilité de l’indifférence, elles se prenaient à je ne sais quelles vieilles cocardes reblanchies, et, en morale comme dans l’art, aux premiers lambeaux de rubans ou de doctrines, aux us et coutumes de carnaval ou de carême. […] On a dit d’un philosophe moderne qui ne pouvait s’accommoder de la petite morale à laquelle il manquait, et qui cherchait à en inventer une toute nouvelle, tout emphatique, à l’usage du genre humain, « que chez lui le creux du système était précisément adéquat au creux du gousset. » Mais ce genre de considérations va trop au vif et passerait le ressort de la juridiction critique. […] Ce projet d’une série nouvelle des Poëtes et romanciers (seconde phase) est une veine féconde : nous-même ou d’autres, plus tard, la perceront.

725. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME ROLAND — II. » pp. 195-213

Le crois-tu, Sophie, qu’une situation nouvelle romprait notre liaison ?  […] Et pourquoi enfin, quand plus tard une situation nouvelle s’établit décidément, quand le mariage, non pas de passion, mais de raison, vient clore vos rêves, pourquoi la dernière lettre de la Correspondance que nous lisons est-elle justement celle de faire part ? […] La jeune héroïne, que j’ai comparée plus haut à un personnage de la Nouvelle Héloïse, était devenue très-semblable à quelque amante de Corneille quand elle songeait au vertueux et sensible absent.

726. (1889) Le théâtre contemporain. Émile Augier, Alexandre Dumas fils « Alexandre Dumas fils — Chapitre XII »

Cependant M. de Ryons observe, étudie, commente, analyse son amie nouvelle ; il pratique sur son cœur chastement fermé une première tentative d’effraction non suivie d’effet ; il se fait, de force ou de gré, inviter à dîner chez elle, le soir même. […] Mais comment admettre qu’à peine revenue de cette scabreuse expérience, la jeune femme recherche si vite une nouvelle épreuve. […] Elle a relevé cet homme abattu, en l’initiant à une vie nouvelle.

727. (1857) Causeries du lundi. Tome I (3e éd.) « Adrienne Le Couvreur. » pp. 199-220

Ce rôle de Du Marsais auprès de Mlle Le Couvreur est une moitié de celui que les auteurs de la pièce nouvelle attribuent à Michonnet ; et cela me fait souvenir que l’acteur qui remplit si excellemment ce rôle, M.  […] Elle veut qu’on se propose tout cela à l’avance, qu’on s’y accoutume en idée, et elle est la première à vous y convier avec franchise : « Allons rondement, dit-elle, vers l’amitié. » Un grand préservatif qu’elle a contre toute nouvelle faiblesse, c’est qu’au fond elle aime, c’est que son cœur est rempli, c’est qu’elle tremble pour un absent qui court des dangers, c’est qu’elle attend avec impatience un retour : Une personne attendue depuis très longtemps, écrivait-elle le 23 octobre 1728, arrive enfin ce soir, selon les apparences, en assez bonne santé. […] Il nous peint en termes naturels l’étonnement et la douleur qu’elle témoigna à cette première nouvelle.

728. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Jasmin. (Troisième volume de ses Poésies.) (1851.) » pp. 309-329

Annette, effrayée de l’inquiétude où elle voit son amie, dit à Marthe qui l’interroge et qui croyait déjà lire à son front une nouvelle : « Je n’en sais rien encore ; amie, prends courage ; voici midi, nous le saurons bientôt. […] Et la nouvelle de sa touchante action faisant bruit déjà dans les prairies, tout le pays s’était pris d’amour pour elle : « C’étaient, la nuit, de longues sérénades, des guirlandes de fleurs à sa porte attachées, et le jour, des présents choisis que les filles enfin à sa cause entraînées venaient lui présenter avec des yeux tout amis. » Annette surtout était en tête de cette bonne jeunesse. […] Il avait composé pour cette solennité une pièce nouvelle, intitulée Le Prêtre sans église, et inspirée des mêmes sentiments élevés et droits.

729. (1857) Causeries du lundi. Tome IV (3e éd.) « Monsieur de Bonald, (Article Bonald, dans Les Prophètes du passé, par M. Barbey d’Aurevilly, 1851.) » pp. 427-449

Il sortit de là pour être mousquetaire, assista aux derniers moments de Louis XV, reçut un jour, au passage, un regard charmant de la jeune et nouvelle reine Marie-Antoinette : il paraît que ce furent là les plus vifs souvenirs de ce jeune mousquetaire au cœur simple, à la figure noble et pleine de candeur. […] Dans un chapitre intitulé « Des gens de lettres », il saisit très finement les qualités distinctives de cette nouvelle espèce, née ou développée seulement au xviiie  siècle ; il dénonce les inconvénients d’un pareil corps vaguement introduit dans l’État et y devenant une puissance ; il essaie de la restreindre et d’assigner les termes dans lesquels il conviendrait, selon lui, de renfermer toute discussion littéraire, soit par rapport à la religion, soit par rapport aux mœurs. […] Barbey d’Aurevilly, que M. de Bonald soit à la veille de trouver beaucoup de disciples ; mais les adversaires, ceux qui pousseront le plus par leurs systèmes vers les formes encore mal définies de la société nouvelle, croiront s’honorer eux-mêmes en le respectant, et en saluant en lui un champion du moins qui a eu jusqu’au bout l’intrépidité de sa croyance et qui n’a jamais fléchi.

730. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Montesquieu. — I. » pp. 41-62

« Le grand tort qu’ont les journalistes, c’est qu’ils ne parlent que des livres nouveaux, comme si la vérité était jamais nouvelle. […] Mais cette nouvelle de la destruction des manuscrits se trouva fausse, et M.  […] Les Lettres persanes, ayant épuisé le tableau et la satire des mœurs présentes, tournent au romanesque : Usbek reçoit la nouvelle que son sérail, profitant de son absence, a fait sa révolution ; on s’y révolte, on s’y égorge, on s’y tue.

731. (1865) Causeries du lundi. Tome VII (3e éd.) « Le cardinal de Richelieu. Ses Lettres, instructions et papiers d’État. Publiés dans la Collection des documents historiques, par M. Avenel. — Premier volume, 1853. — I. » pp. 224-245

Le prince de Condé à peine arrêté, et pour se racheter de prison, propose de tout révéler et de découvrir tous les secrets de son parti et de sa cabale : « Ce qui ne témoignait pas tant de générosité et de courage, remarque Richelieu, qu’une personne de sa condition devait avoir. » C’est alors que la reine se voit en mesure de former décidément son Conseil des ministres, qu’elle avait déjà changé en partie : à une nouvelle situation il fallait une politique nouvelle. […] On a les instructions qu’il donne à Schomberg et qui sont un résumé historique aussi fort qu’habile de la situation de la France, une justification des mesures de son gouvernement, et un premier tracé de la politique nouvelle ; elles débutent en ces mots : La première chose que M. le comte de Schomberg doit avoir devant les yeux est que la fin de son voyage d’Allemagne est de dissiper les factions qu’on y pourrait faire au préjudice de la France, d’y porter le nom du roi le plus avant que faire se pourra, et d’y établir puissamment son autorité, etc.

732. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre III : Concurrence vitale »

En pareille occurrence, la raison géométrique de multiplication, dont le résultat ne manque jamais d’être surprenant, rend compte de l’accroissement extraordinaire et de la grande diffusion de ces espèces naturalisées dans leur nouvelle patrie. […] On peut déduire de là que, si une plante ou un animal est placé dans une nouvelle contrée parmi de nouveaux compétiteurs, lors même que le climat serait parfaitement identique, les conditions d’existence de l’espèce n’en sont pas moins généralement changées d’une manière essentielle. Si nous souhaitons accroître, dans sa nouvelle patrie, le nombre moyen de ses représentants, ils devront être modifiés d’une autre manière et dans une autre direction que si nous voulions obtenir un pareil résultat dans leur contrée natale ; car il nous faudrait leur procurer l’avantage sur un ensemble de compétiteurs ou d’ennemis tout différents.

733. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Henri Heine »

Un fragment, tour à tour charmant et superbe, et qu’il intitule les Aveux d’un poète, ferme comme d’un jugement définitif ces deux volumes sur l’Allemagne et date avec éclat une ère nouvelle dans la pensée de Henri Heine. […] Il n’a pas expiré, il n’a pas le moins du monde été frappé à mort par la nouvelle philosophie allemande. […] Ce volume posthume n’est pas une chose nouvelle, un trésor gardé par un délicieux dragon-femme, comme l’ont été pendant de si longues années les manuscrits de Lord Byron.

734. (1868) Les philosophes classiques du XIXe siècle en France « Chapitre XI : M. Jouffroy moraliste »

Il ouvre l’histoire, et la nouvelle immensité qu’il découvre l’accable encore sous le poids de la même question. […] Jouffroy demeura dans cette religion, qui fournissait un aliment à sa foi sans fermer la carrière à sa logique, qui s’appuyait sur la science nouvelle, au lieu d’être ébranlée par la science nouvelle, qui défendait la liberté au lieu de soutenir la tyrannie, et qui, tolérante, accréditée, nationale, convenait à son patriotisme, à son orgueil et à sa raison.

735. (1865) Nouveaux lundis. Tome III « Chateaubriand, jugé par un ami intime en 1803 » pp. 2-15

Or, M. de Chateaubriand ayant été envoyé à Rome, en 1803, à titre de secrétaire d’ambassade attaché au cardinal Fesch, il ne sut point s’y conduire d’abord avec la prudence et la circonspection que commandait sa qualité nouvelle ; il entra dans une sorte de lutte avec son ambassadeur ; il vint de celui-ci des plaintes à Paris, lesquelles, exagérées sans doute encore en passant de bouche en bouche et en se redisant à l’oreille, avaient pris créance parmi les amis mêmes ; M. de Fontanes, M.  […] Je le soutiens, je tâche même de bégayer ; deux de mes lettres avaient précédé votre nouvelle ; je grondais fort, mais elles en lui parviendront pas probablement.

736. (1869) Portraits contemporains. Tome I (4e éd.) « Béranger — Béranger, 1833. Chansons nouvelles et dernières »

Son amour inconstant et un peu sensuel dans sa tendresse en est resté à la bonne vieille mode de nos aïeux, à la mode de ma Mie et du bon roi Henri, avant la nouvelle Héloïse et Werther. […] Les Quatre Âges abordent le même sujet sous forme directe, sur un ton de lyrisme grave et didactique : c’est l’hymne auguste du philosophe, ce sont les vers dorés de la science nouvelle.

737. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « FLÉCHIER (Mémoires sur les Grands-Jours tenus à Clermont en 1665-1666, publiés par M. Gonod, bibliothécaire de la ville de Clermont.) » pp. 104-118

Gonod nous rend l’écrit oublié, et la mémoire de Fléchier s’en rafraîchit pour longtemps, pour toujours ; on le retrouve lui-même en personne, tel qu’il causait chez M. de Caumartin, avec sa diction exquise, sa lenteur étudiée, sa douce raillerie et ses grâces ; et voilà, si l’on n’y prend pas garde, qu’on va tout sacrifier de son passé pour ne plus voir de lui que l’œuvre nouvelle. […] La petite nouvelle qui fait le début de ces Mémoires annonce, par la justesse et la mesure du ton et de l’analyse, toute la réforme que madame de La Fayette est en train d’accomplir et que la Princesse de Clèves couronnera.

738. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Victor Vousin. Cours de l’histoire de la philosophie moderne, 5 vol. ix-18. »

Aussi, malgré les premiers étonnements et les hauts cris que soulève toute idée nouvelle, l’éclectisme, servi par la belle parole et l’infatigable activité de son promoteur, a fait fortune avec les années, et son nom est devenu celui même de l’école philosophique moderne. […] Villemain, nous les avons retrouvés dans une lecture attachante et solide, à la fois semblable et nouvelle.

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