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2256. (1891) Journal des Goncourt. Tome V (1872-1877) « Année 1875 » pp. 172-248

« Il n’y a que les choses qu’on enlève comme cela dit-il, qui sont bonnes. » Maintenant dans la robe, la créature qu’il y avait mise, était, selon son expression, une statuette de Saxe très ébréchée, cassée en beaucoup d’endroits, une statuette à placer tout en haut sur une planche, de peur qu’un coup de plumeau ne la réduise en morceaux, une femme dont la cocasse morale, les fêlures psychiques, le ressoudage incomplet, avaient fait dans la pourpre le caractère de ce tableau.

2257. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1893 » pp. 97-181

Il signalait la dépression morale, qu’à la longue amenait l’état du condamné, disant qu’il était arrivé à ne plus parler, et qu’à sa rentrée en France, il était resté, pendant des années, silencieux, muet.

2258. (1898) XIII Idylles diaboliques pp. 1-243

— Chèques, lois, morale et commandites. — Protocoles, dévouements, applaudissements et mascarons pour cérémonies officielles. — Parades électorales. — Convictions à vendre et à revendre. — Assiettes au beurre. — Poêles sans queue. — Queues sans poêles. — Notables chefs de partis. — Manteaux troués de la Dictature. — Astringents, budgétaires contre le déficit… Il y en a trop : j’y renonce. […] Les chroniqueurs vertueux qui vendent de la morale « aux classes dirigeantes » font, dans leurs articles, de fréquentes allusions à mes penchants dépravés.

2259. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

Ernest Legouvé, — qui parlera, dimanche, de l’Alimentation morale. […] Je le voyais tel qu’il était dans les derniers mois de sa vie, tel qu’il était il y a un an, et j’ai eu à nouveau, tout le temps qu’a duré la tromperie du sommeil, la cruelle souffrance morale que j’ai éprouvée, tout le long de sa maladie.

2260. (1853) Histoire de la littérature dramatique. Tome II « Chapitre premier. Ce que devient l’esprit mal dépensé » pp. 1-92

Tout ce qu’on demandait à cet homme, on était sûr de l’obtenir sur-le-champ ; rire ou larmes, comédie ou drame ; poésie, satire, morale, bouffonnerie. […] Savez-vous que l’éloquence n’a jamais parlé un plus fier langage, que la morale n’a jamais flétri le vice avec plus d’indignation !

2261. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 7172-17709

La forme impérative ajoute à la signification principale du verbe, l’idée accessoire de la volonté de celui qui parle ; & de quelque cause que puisse dépendre l’effet qui en est l’objet, il peut le desirer & exprimer ce desir : il n’est pas nécessaire à l’exactitude grammaticale, que les pensées que l’on se propose d’exprimer aient l’exactitude morale ; on en a trop de preuves dans une foule de livres très-bien écrits, & en même tems très-éloignés de cette exactitude morale que des écrivains sages ne perdent jamais de vûe.

2262. (1910) Victor-Marie, comte Hugo pp. 4-265

Des hommes qui n’ont jamais fait de sciences, qui n’en savent pas un mot, qui n’en soupçonnent rien, qui n’ont jamais fait ni mathématiques, ni physique, ni chimie, ni biologie, (il faut dire aussi, à leur décharge, qu’ils n’ont fait non plus, qu’ils n’ont fait aussi ni lettres, ni art(s), ni philosophie, ni morale, ni religion, qu’ils n’y entendent rien, qu’ils n’en savent pas un mot, qu’ils n’en soupçonnent rien, puisqu’ils n’ont jamais fait, mis sur pied ni un roman, ni un conte, ni un poème, ni une nouvelle, ni un essai, ni une chronique, ni un pamphlet, ni un propos, ni une comédie, ni une féerie, ni une tragédie, ni un mystère, ni un sonnet, ni une farce, ni une sotie, ni une moralité, ni un cahier, ni des confessions, ni des mémoires, ni même une revue, et que d’autre part leur sécurité de fonctionnaires les met précisément à l’abri des terribles inquiétudes et problèmes moraux), (ni une épître), veulent nous faire prendre, à ce prix, les vessies pour des lanternes, et les lettres pour des sciences. […] Ils perdent l’art, la philosophie, la morale, la religion, et n’acquièrent point une science, nulle science, aucune science. […]     Je compte, Halévy, que vous ne réglerez point ces débats par les méthodes kantiennes, par la philosophie kantienne, par la morale kantienne.

2263. (1867) Cours familier de littérature. XXIV « CXLIIIe entretien. Littérature cosmopolite. Les voyageurs »

Les vers et les sentences qu’on remarque de çà et de là, dans des cartouches d’or et d’azur, sont aussi sur différents sujets, les uns parlant d’amour, les autres traitant de morale.

2264. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Enfin ce lit sur lequel il est mort, ce lit qui a la grandeur d’un lit de garçonnet, ce lit en fer, monté sur des roulettes, avec son petit dais en forme de tente militaire, sa soie verte passée, son mince matelas, son traversin, son gros oreiller : — ce lit, entre les rideaux duquel, il y a eu peut-être, dans l’insomnie, la plus grande souffrance morale de notre siècle.

2265. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Troisième partie. Dictionnaire » pp. 243-306

. — L’Humanité nouvelle, La Revue de métaphysique et de morale, Revue Bleue, Grande Revue, Nouvelle Revue, Mercure de France, L’Européen, L’Aurore, etc.

2266. (1881) La parole intérieure. Essai de psychologie descriptive « Chapitre II. La parole intérieure comparée à la parole interieure »

. […] Comme la passion n’est qu’une idée douloureuse sans cesse traversée par d’autres, les mots associés aux idées doivent surgir aussi à l’improviste et jeter la maladie morale dans des accès inattendus » (Nous soulignons).

2267. (1856) Réalisme, numéros 1-2 pp. 1-32

Aussi on reproche dédaigneusement à Titien de manquer d’élévation morale, dans tous les dithyrambes à l’art. […] « La réalité humaine est double, elle a sa manifestation extérieure et matérielle, elle a aussi son expression morale dont la perception échappe à l’entendement du vulgaire. » M. 

2268. (1875) Revue des deux mondes : articles pp. 326-349

C’est là un avantage des plus importants que présente seule la pathologie expérimentale, car ce que la morale interdit de faire sur nos semblables, la science nous autorise à le faire sur les animaux. […] La puissance nerveuse capable d’arrêter les actions réflexes est en général moindre chez la femme que chez l’homme : c’est ce qui lui donne la suprématie dans le domaine de la sensibilité physique et morale, c’est ce qui a fait dire qu’elle a le cœur plus tendre que l’homme.

2269. (1874) Portraits contemporains : littérateurs, peintres, sculpteurs, artistes dramatiques

De grosses larmes tombèrent des yeux de Lambert, arrachées autant par la conscience de sa supériorité morale offensée que par l’insulte gratuite et la trahison qui nous accablaient  Le Père Haugoult vendit probablement à un épicier de Vendôme le Traité de la volonté, sans connaître l’importance des trésors scientifiques dont les germes avortés se dissipèrent en d’ignorantes mains. » Après ce récit il ajoute : « Ce fut en mémoire de la catastrophe arrivée au livre de Louis que dans l’ouvrage par lequel commencent ces études je me suis servi pour une œuvre fictive du titre réellement inventé par Lambert, et que j’ai donné le nom (Pauline) d’une femme qui lui fut chère à une jeune fille pleine de dévouement. » En effet, si nous ouvrons la Peau de chagrin, nous y trouvons dans la confession de Raphaël les phrases suivantes : « Toi seul admiras ma Théorie de la volonté, ce long ouvrage pour lequel j’avais appris les langues orientales, l’anatomie, la physiologie, auquel j’avais consacré la plus grande partie de mon temps, œuvre qui, si je ne me trompe, complétera les travaux de Mesmer, de Lavater, de Gall, de Bichat, en ouvrant une nouvelle route à la science humaine ; là s’arrête ma belle vie, ce sacrifice de tous les jours, ce travail de ver à soie, inconnu au monde, et dont la seule récompense est peut-être dans le travail même ; depuis l’âge de raison jusqu’au jour où j’eus terminé ma Théorie, j’ai observé, appris, écrit, lu sans relâche, et ma vie fut comme un long pensum ; amant efféminé de la paresse orientale, amoureux de mes rêves, sensuel, j’ai toujours travaillé, me refusant à goûter les jouissances de la vie parisienne ; gourmand, j’ai été sobre ; aimant la marche, et les voyages maritimes, désirant visiter des pays, trouvant encore du plaisir à faire comme un enfant des ricochets sur l’eau, je suis resté constamment assis une plume à la main ; bavard, j’allais écouter en silence les professeurs aux cours publics de la Bibliothèque et du Muséum ; j’ai dormi sur mon grabat solitaire comme un religieux de l’ordre de Saint-Benoît, et la femme était cependant ma seule chimère, une chimère que je caressais et qui me fuyait toujours !  […] Si dans Canalis nous avons le faux poëte, économisant sa maigre veine et lui mettant des barrages pour quelle puisse couler, écumer et bruire pendant quelques minutes, de manière à simuler la cascade, l’homme habile se servant de ses succès littéraires laborieusement préparés pour ses ambitions politiques, l’être positif, aimant l’argent, les croix, les pensions et les honneurs, malgré ses attitudes élégiaques et ses poses d’ange regrettant le ciel, Lucien de Rubempré nous montre le poëte paresseux, frivole, insouciant, fantasque et nerveux comme une femme, incapable d’effort suivi, sans force morale, vivant aux crocs des comédiennes et des courtisanes, marionnette dont le terrible Vautrin, sous le pseudonyme de Carlos Herrera, tire les ficelles à son gré. […] Balzac a fait tout ce qu’il a pu pour mener à bien le mariage de Clotilde de Grandlieu avec l’auteur des Marguerites ; par malheur les exigences de la morale étaient là, et qu’eût dit le faubourg Saint-Germain de la Comédie humaine, si l’élève du forçat Jacques Collin avait épousé la fille d’un duc ? […] La conformité morale était si forte, qu’elle faisait oublier les dissemblances physiques. […] En tomber amoureux est l’affaire d’un instant ; il se monte, il s’échauffe, il se passionne ; le voilà devenu sérieux, éloquent, convaincu ; il défend avec une lyrique indignation d’honnêteté le beau, le bien, le vrai  cette trinité morale qui n’a guère moins d’incrédules aujourd’hui que la trinité théologique  C’est un sage, un philosophe, presque un prédicateur.

2270. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre deuxième. La connaissance des corps — Chapitre II. La perception extérieure et l’éducation des sens » pp. 123-196

Lorsque je contemple les divers plans d’un grand paysage, il n’y a qu’elles dans mon esprit, comme, lorsque je lis un chapitre d’économie politique ou de morale, il n’y a que des mots dans mon esprit ; et cependant, dans le premier cas, je crois apercevoir directement des grandeurs et des distances, comme, dans le second cas, je crois apercevoir directement des qualités pures et des rapports généraux. — Pour employer les expressions de M. 

2271. (1920) Action, n° 2, mars 1920

Il a fallu l’apport d’une peu commune discipline morale, d’une loi qui permet à l’homme de renoncer absolument à tout ce qui le fait lui-même.

2272. (1911) Psychologie de l’invention (2e éd.) pp. 1-184

C’est souvent une peine morale, ou la joie d’un sentiment satisfait, qui mettent l’imagination en éveil et déterminent la création intellectuelle. […] On entrevoit ainsi tout ce qu’il y a de précaire, de hasardeux et même de mauvais dans l’invention (intellectuelle et morale).

2273. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

De morale politique, point.

2274. (1884) La légende du Parnasse contemporain

À propos d’une comédie en un acte et en vers, intitulée le Roman d’une nuit, qui était de moi, et qui fut jugée, j’en rougis, peu morale, la Revue fut poursuivie et condamnée dans ma personne à 500 francs d’amende et à un mois de prison. […] Car elle a beau poudrer sa joue ardente et fraîche, Où, dans la rose, pointe une rougeur de pêche, Toujours ce vilain rose et ce rouge insolent Triomphent… Ô morale, aïeule au chef branlant I Ô duègne, qu’en secret la mode farde et grime, Ne t’indigne pas trop (bien que ce soit un crime D’opprimer sous l’hiver le printemps rose et nu, Ne t’indigne pas trop de ce crime ingénu.

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