Essais de Philosophie morale.
Vie et œuvres de Pétrarque (2e partie) I L’amour de Laure était si réellement la vie intellectuelle et morale de Pétrarque qu’après la disparition de cette étoile de son âme à l’horizon de la terre le grand poète cessa, pour ainsi dire, de vivre ici-bas pour suivre cette étoile au ciel ; son âme, jusque-là légère, mobile, inquiète, quelquefois errante, sembla se revêtir du deuil éternel de Dante après la mort de Béatrice et s’ensevelir vivante dans le sépulcre et dans l’unique pensée de Laure.
C’est peut-être dans cette paternité morale qu’il faut chercher le secret du consentement que madame Bernard, pressentant sa fin prochaine, accorda à une union si disproportionnée par les années.
L’aventure qui le ramène sur la scène n’est plus héroïque et n’est pas même comique : car on ne rit pas d’une infirmité physique et morale, telle que la folie, surtout quand c’est une passion tendre qui enlève la raison à un héros.
La littérature ainsi comprise, au lieu d’être un jeu de l’esprit, devenait une sublime morale révélée par le talent ; c’était le culte du beau inséparable du bien et confondant la vérité et la gloire ; en un mot, la littérature de la conscience au lieu de la littérature de l’imagination.
* * * — De tout tableau, qui procure une impression morale, on peut dire, en thèse générale, que c’est un mauvais tableau.
. — Petit de Julleville, La Comédie et les mœurs au Moyen Âge, Paris, 1887 ; — Littré, Histoire de la langue française, Paris ; — Lenient, La Satire en France au Moyen Âge ; — Ernest Renan, « La Farce de Pathelin », dans ses Essais de critique et de morale.
Cet homme est sans morale, ou il est tourmenté par une espèce d’inquiétude naturelle qui le promène malgré lui.
Ici, révolution complète dans le cerveau de Maxime et développement de cette thèse, que la tache morale est autrement flétrissante que la tache physique. […] Je sais bien qu’il se trouvera quelqu’un pour affirmer qu’il y a là-dessous une grande leçon de morale et que les pères qui déposent de la progéniture à droite et à gauche exposent leurs enfants à bien des erreurs ; je demande alors à ce quelqu’un d’exiger que, quand la sœur s’apercevra qu’elle est dans les bras de son frère, elle se sauve bien vite et n’y retourne pas avec autant de suite et de joie que l’héroïne en question. […] Dans ces heures-là, pensez-vous qu’on ne sente pas le malaise affreux d’une existence sans base morale, sans principes, sans but au-delà de la terre ? […] Ses tristesses et ses révoltes s’exaltaient encore quand elle se disait qu’en France et au dehors on jugeait du ton et des mœurs de la société française sur l’échantillon de cette élite artificielle, mélangée et tapageuse, dont les fêtes, les aventures, les scandales, les toilettes faisaient chaque matin la joie des reporters et la jubilation railleuse du public. — À l’heure du siècle où nous sommes, et dans l’état des esprits en France, au moment où une sorte de jacquerie morale, en attendant mieux, déchaîne dans les foules populaires des appétits et des convoitises désormais sans frein, Mme de Vaudricourt, sans s’occuper autrement de politique, était atterrée de voir chez la partie la plus apparente des classes supérieures une si belle insouciance et une préoccupation si exclusive de se divertir. […] En effet, on regrette, en lisant morale, que l’auteur n’en ait pas assez senti la gravité pour les voiler quelque peu.
Telle est la liaison que les idées ont les unes avec les autres : le moindre raport réveille une idée de moralité dans un home dont le gout est tourné du côté de la morale ; et au contraire celui dont l’imagination aime le burlesque, trouve du burlesque partout. Thomas Walleis, Jacobin Anglois, fit imprimer vers la fin du XV siècle, à l’usage des prédicateurs une explication morale des métamorphoses d’Ovide. […] Ovide n’avoit point pensé à la morale que Walleis lui prête ; et Virgile n’a jamais eu les idées burlesques que Scaron a trouvées dans son Enéïde.
Les extraits que Constantin Porphyrogenete fit faire des excellens Historiens Grecs & Latins sur l’histoire, la Politique, la Morale, quoique d’ailleurs très-loüables, ont occasionné la perte de l’Histoire Universelle de Nicolas de Damas, d’une bonne partie des Livres de Polybe, de Diodore de Sicile, de Denys d’Halicarnasse, &c.
. — La douleur physique et la douleur morale. — La passion chez les Grecs. — INVASION du réalisme dans l’art moderne. — Théorie du suicide. — Le stoïcisme antique. — Les douleurs de convention. — Le monologue d’Hamlet. — La saine et vraie poésie. — Werther et les héros du scepticisme. […] Non, vous aurez beau exalter la douleur physique, elle ne remplacera jamais la douleur morale. […] Villemain ajoute — et, dans ces sortes de reprises, il est d’un goût inimitable : « Cette assistance de M. de Talleyrand étonne et choque beaucoup ; on ne reconnaît point là, même à part la morale, le coup d’œil de cet homme d’État. […] Et en bonne morale, cela ne vaut-il pas mieux d’avouer franchement les tourments de son cœur, que de chercher à les lire dans le marc de café ou dans un jeu de tarots ?
Il le traite en des livres à la fois lyriques et précis, qui sont en même temps des évangiles et des méthodes, qui contiennent des conseils de vie morale et des recettes de santé. […] Il ne fut, à proprement parler, ni un philosophe, ni un moraliste, ni un sociologue, mais il avait des vues personnelles sur la philosophie, la morale et la société, sans pour cela créer des systèmes, écrire des traités ou préconiser des formules. […] Un vaste pot-pourri de morale, de philosophie, d’histoire grouille en sa fièvre et sa beauté. […] Hugo est d’ailleurs la seule incursion en terre littéraire pour ce philosophe, qui fut directeur de la revue La Critique philosophique, traducteur de Berkeley et Hume, et auteur de nombreux traités de logique, de morale ou de métaphysique.
Le début se détache surtout par le sérieux du ton et par la connaissance morale.
X Nous ne sommes pas assez musicien nous-même, et nous ne pouvons pas chanter assez aux yeux nos paroles pour suivre la partition de Don Juan, et pour vous montrer à chaque scène l’esprit satanique du poète transformé, converti et divinisé par l’âme idéale, morale et sainte du musicien.
Ce que Pétrarque et ce que le temps de Pétrarque entendaient ici par amour, n’était en réalité que la passion du beau, l’admiration, l’enthousiasme, le dévouement de l’âme à un être d’idéale perfection physique et morale ; culte en un mot, mais culte divin à travers une beauté mortelle.
Quand on mesure par la pensée tout ce qu’il y a de sensibilité dans ses deux œuvres capitales : les Moissonneurs et les Pêcheurs de l’Adriatique ; quand on le voit passer, comme par une gamme prodigieuse, des impressions humaines de l’excès de vie, de jeunesse, d’amour, de bonheur, dans le char des Moissonneurs, à l’excès de mélancolie et d’abattement dans la barque des Pêcheurs ; quand on parcourt la distance morale qu’il y a de la figure de la fiancée couronnée d’épis et de pavots, dansant devant les bœufs du tableau de la Madonna dell’Arco, à la figure de la jeune épouse transie des frissons du départ, pressant son nourrisson dans ses bras, ou à la figure de la femme âgée et mourante, voyant partir pour la première fois ses deux petits-fils et voyant partir, pour la dernière fois aussi, le mari vieilli de ses beaux jours, qu’elle ne verra plus revenir, on comprend tout ce qu’a dû sentir, dans la moelle de ses nerfs, le peintre capable d’avoir exprimé ainsi les deux pôles extrêmes de la sensibilité humaine : l’excès de la félicité, l’excès de la douleur.
Charles X, au fond, était moralement attaqué par la coalition de ses ennemis ; mais, en tirant l’épée avant l’heure où cette coalition morale allait éclater avec des armes dans les rues au lieu de boules dans les urnes, il paraissait être l’agresseur ; cette fausse apparence fut sa perte.
Un homme, digne par son caractère du nom de Washington vénitien, Manin, la gouverna pendant cette tempête par la seule autorité morale d’une âme plus grande que sa destinée.