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349. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Dans un pays où le bien-être social consiste en des choses de délicatesse et de goût, où l’existence intime repose sur l’honneur, où les discours légers ont tant de gravité, où les interprétations d’une conduite exempte de tout reproche peuvent être si fatales, ou les femmes sont tellement mêlées à la société, et y mêlent tellement toutes les sortes de susceptibilités, et j’oserais dire toutes les sortes de pudeur, où tous les amours-propres sont toujours éveillés et si facilement irritables ; dans un tel pays, avouons-le, la médisance devient de la calomnie, les écrits indiscrets feront des blessures profondes que nulle puissance au inonde ne pourra guérir, la censure deviendra un tribunal public dont les arrêts justes ou injustes seront trop souvent des outrages. […] La noblesse n’avait pas besoin de s’en mêler.

350. (1870) Portraits de femmes (6e éd.) « MADAME DE STAEL » pp. 81-164

Son imagination, sa sensibilité, sa pénétration d’analyse et de jugement, se mêlèrent, s’unirent et concoururent aussitôt sous sa plume en de mémorables écrits. […] A partir du 18 brumaire, un intérêt plus vif s’y mêla ; l’opposition de Benjamin Constant au Tribunat devint un dernier nœud de rapprochement. […] Le style en est monotone, sans mouvement, et trop mêlé d’expressions métaphysiques. […] Un poëte anglais moraliste, et qui, tour à tour aimable ou austère, s’est parfois montré sévère pour la France jusqu’à l’injustice, William Cowper n’a pourtant pas tout à fait tort quand il définit quelque part les Français (à l’occasion de la guerre d’Amérique), ce peuple à l’humeur inquiète et ingérante (meddling), qui se mêle de tout, — qui se mêle du moins de bien des choses. […] Ayez aussi l’œil sur Benjamin Constant, et, à la moindre chose dont il se mêlera, je l’enverrai à Brunswick, chez sa femme ( ?).

351. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — G — Galloix, Jacques Imbert (1...-18..) »

Édouard Fournier Quelques pages de Victor Hugo, publiées dans l’Europe littéraire de décembre 1833, puis, avec moins de développement, dans un de ses deux volumes : Littérature et philosophie mêlées, ont rendu Imbert Galloix célèbre.

352. (1910) Rousseau contre Molière

Il n’y a que la différence d’un peu plus de bon sens mêlé à la vanité de l’un et d’un peu plus de sottise mêlée à la vanité de l’autre. […] Cela suffît pour que l’on craigne que le public ne remporte une impression mauvaise, mêlée au moins. […] De quoi se mêle-t-il d’être vertueux et de vouloir ramener la vertu sur la terre ? […] Depuis quand sont-ce les hommes qui se mêlent de l’éducation des filles ? […] Les jeunes filles paraissaient souvent en public, non pas mêlées aux garçons, mais rassemblées entre elles.

353. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — H — article » p. 481

Son Epître au Comte de Grammont, mêlée de prose & de vers, est une des plus jolies Pieces de ce genre.

354. (1889) Histoire de la littérature française. Tome II (16e éd.) « Chapitre troisième »

Il mêla les chœurs, les nourrices, les messagers du théâtre antique, avec les Pantalons italiens et les Matamores espagnols ; et comme on n’imite que les défauts, il n’eut que les défauts de tous les théâtres auxquels il fit des emprunts. […] Ne s’y mêle-t-il pas quelque chose du dehors, l’influence des mœurs locales, et ce que le roi lui-même appelle un point d’honneur32? […] Il se mêle de l’étonnement au plaisir que nous prenons aux pièces de Corneille. […] D’autres auraient leur excuse dans le tour d’esprit de son temps, dans ce changement de mœurs qui fit succéder aux intrigues politiques, mêlées de galanteries, la galanterie sans intrigues politiques. […] Là au contraire où l’amour est une partie essentielle de la pièce, il rend la tragédie plus semblable à la vie, où l’amour est mêlé à tous les événements, comme cause ou comme nœud.

355. (1908) Dix années de roman français. Revue des deux mondes pp. 159-190

I Le mouvement qui, déjà vers 1895, se manifestait dans le roman, la tendance à mêler tous les genres et à s’affranchir des écoles, n’a cessé d’aller en s’accentuant. […] Ils en sont venus à mêler à la psychologie des héros, ou des groupes destinés à personnifier telle ou telle conception de l’existence, un ressort moral qui n’était plus seulement la passion ou les émois personnels de ces hommes, ni les réactions produites sur leur âme par ces mouvements. […] Il a mis une passion et une vibration d’autant plus frémissantes dans ses tableaux, qu’il a été lui-même mêlé de fort près aux événements dont il parle, qu’il a été témoin et acteur dans ces batailles politiques et qu’il a pu les observer en annaliste journalier. […] Ainsi, agrandissant notre vie personnelle, nous sentirons des milliers de vies mêlées à la nôtre. […] Aux développements un peu abscons, se mêlent des anecdotes spirituelles, — sinon édifiantes ! 

356. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre II. La poésie lyrique » pp. 81-134

Il mêle à ses expansions lyriques des didactismes agréables, des leçons de morale antique : Tire un plaisir secret de l’amour et des larmes,                     De ses molles beautés Découvre sous chacun quelques-uns de ces charmes                     Qui font la volupté… ……………………………………………………… Sache-le, tu bâtis, sainte et spirituelle,                     Ta maison dans le vent, Toute blanche, elle est faite avec un bloc puissant Non de plâtre et de chaux, mais de chair et de sang                     Et de vie éternelle ! […] Ouvrons le livre : chaque mot — plus exactement, chaque épithète — vise à la détermination d’un détail réaliste : Dans un angle, le bloc d’argent de la cascade Avec le jour blafard qui tombe du ciel bleu Se mêlent aux changeants et chauds reflets du feu, Comme un couchant fondu dans l’éclat des nuits noires. […] Mêle le suc du lierre à celui de la vigne. […] Lui qui avait paru un instant à l’avant-garde des poètes individualistes qui mêlent anarchie et socialisme, esprit dionysien et solidarité sociale dans le plus réjouissant amalgame, s’excepta bien vite de cette erreur pour revenir au large chemin rectiligne de la tradition. […] — Je vivrai désormais près de vous, contre vous, Laissant l’herbe couvrir mes mains et mes genoux, Et me vêtir ainsi qu’une fontaine en marbre ; Mon âme s’emplira de guêpes comme un arbre, D’échos comme une grotte et d’azur comme l’eau ; Je sentirai sur moi l’ombre de vos bouleaux ; Et quand le jour viendra d’aller dans votre terre, Se mêler au fécond et végétal mystère, Faites que mon cœur soit une baie d’alisier, Un grain de genièvre, une rose au rosier, Une grappe à la vigne, une épine à la ronce, Une corolle ouverte où l’abeille s’enfonce… » Elle vaincra l’inquiétude du néant : Ô Mort de t’avoir crainte un jour, je me repens… Lance-moi ton lacet, des flèches et ton sable Et que je jette en toi la douleur et l’ardeur De ma raison malade et de mon mauvais cœur… car, malgré tout son désir, la joie demeure insaisissable et le plaisir amer.

357. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 502

Ses Œuvres mêlées forment deux volumes, & renferment plusieurs Lettres assez agréables, parsemées de petites Pieces de vers, quelquefois ingénieuses, plus souvent foibles, toujours exemptes d’enflure & de prétention.

358. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  L’Enfant  » p. 145

Le temps des mêlées, des avantages de l’adresse et de la force de corps, et des grands tableaux de bataille est passé ; à moins qu’on ne fasse d’imagination, ou qu’on ne remonte aux siècles d’Alexandre et de Caesar.

359. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Martel, Tancrède (1856-1928) »

Tancrède Martel, le plus jeune de la bande des « vivants » qui a « Banville pour capitaine », mais qui porte fièrement, lyriquement aussi, sa bannière au fort de la mêlée.

360. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Martin, Nicolas (1814-1878) »

Arsène Houssaye, mêle à son inspiration française une veine de poésie allemande ; il a un sentiment domestique et naturel qui lui est familier, et l’on dirait qu’il a eu autrefois une des sylphides des bords du Rhin pour marraine.

361. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des romans — Préface des « Travailleurs de la mer » (1866) »

À ces trois fatalités qui enveloppent l’homme se mêle la fatalité intérieure, l’anankè suprême, le cœur humain.

362. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

Au type vague, abstrait, général, qu’une première vue avait embrassé, se mêle et s’incorpore par degrés une réalité individuelle, précise, de plus en plus accentuée et vivement scintillante ; on sent naître, on voit venir la ressemblance ; et le jour, le moment où l’on a saisi le tic familier, le sourire révélateur, la gerçure indéfinissable, la ride intime et douloureuse qui se cache en vain sous les cheveux déjà clair-semés, — à ce moment l’analyse disparaît dans la création, le portrait parle et vit, on a trouvé l’homme. […] La tête haute et un peu chauve, le front vaste, les tempes découvertes, l’œil en feu ou humide d’une grosse larme, le cou nu et, comme il l’a dit, débraillé, le dos bon et rond, les bras tendus vers l’avenir ; mélange de grandeur et de trivialité, d’emphase et de naturel, d’emportement fougueux et d’humaine sympathie ; tel qu’il était, et non tel que l’avaient gâté Falconet et Vanloo, je me le figure dans le mouvement théorique du siècle, précédant dignement ces hommes d’action qui ont avec lui un air de famille, ces chefs d’un ascendant sans morgue, d’un héroïsme souillé d’impur, glorieux malgré leurs vices, gigantesques dans la mêlée, au fond meilleurs que leur vie : Mirabeau, Danton, Kléber. […] Diderot savait mieux que personne les défauts de son œuvre ; il se les exagérait même, eut égard au temps, et se croyant né pour les arts, pour la géométrie, pour le théâtre, il déplorait mainte fois sa vie engagée et perdue dans une affaire d’un profit si mince et d’une gloire si mêlée. […] Ses meilleurs morceaux, les plus délicieux d’entre ses petits papiers, sont certainement ceux où il les met en scène, où il raconte les abandons, les perfidies, les ruses dont elles sont complices ou victimes, leur puissance d’amour, de vengeance, de sacrifice ; où il peint quelque coin du monde, quelque intérieur auquel elles ont été mêlées.

363. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — M — Mendès, Catulle (1841-1909) »

C’est ton chant qui emporte Borée, Ton chant où mon cri se mêla, Éternelle désespérée, Philoméla ! […] Mais quelque lassitude se mêle à cette ivresse quasi physique ; et après toute cette débauche de gentillesses fondantes, de strophes musquées, d’odelettes glacées à la framboise, on aspire violemment après le verre d’eau pure d’une simple émotion. […] Mendès ne craint pas de se mêler à la multitude qu’il a créée, insultant les uns, louant les autres, consolant, bravant et cravachant. […] Son geste enthousiaste rejette en arrière sa chevelure d’archange dont les boucles se mêlent, dans l’élan, aux bouts battants de sa cravate lâche en soie blanche.

364. (1854) Histoire de la littérature française. Tome I « Livre II — Chapitre cinquième »

La grâce y est plus rare ; j’entends par là l’expression naïve de sentiments personnels à l’homme, alors que, pour féconder un sujet imaginaire, il mêle aux formules de la poésie amoureuse de son temps le souvenir d’émotions qu’il a connues. […] Il avait été mêlé aux guerres de religion. […] Ils avaient transporté l’Olympe tout entier dans la même langue poétique qui s’essayait à traduire les Psaumes, et ils mêlaient dans des fictions bizarres la France et Jupiter, des personnifications modernes et des divinités païennes. […] Son sens supérieur discernait, entre tous ces souvenirs, ceux qui étaient, en quelque sorte, communs au monde ancien et au monde moderne, et qui devaient se mêler à toujours aux idées nouvelles.

365. (1772) Bibliothèque d’un homme de goût, ou Avis sur le choix des meilleurs livres écrits en notre langue sur tous les genres de sciences et de littérature. Tome II « Bibliotheque d’un homme de goût — Chapitre III. Des Livres nécessaires pour l’étude de l’Histoire sacrée & ecclésiastique. » pp. 32-86

Voilà pourquoi l’histoire profane est si fort mêlée avec l’Ecclésiastique dans cette compilation. […] Il résulte de la lecture de ces trois histoires qui forment six volumes in-4°. que du sein des passions & des intrigues qui se mêlent souvent aux choses les plus saintes, il peut sortir des loix équitables & des dogmes consolans. […] C’est un des meilleurs ouvrages de cet auteur, qui mêle à des anecdotes vraies des choses hazardées. […] Son ouvrage est fort superficiel ; il y mêle trop d’histoire profane, & cherche trop souvent ces traits vifs & agréables qui sont déplacés dans un ouvrage sérieux.

366. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre XXII » pp. 222-236

Je lui fis comprendre qu’il manquait de conduite par ses harangues dans lesquelles il mêlait le roi avec des citations de la Sainte-Écriture et des Pères. […] Elle me répondit : Il est ici qui fait des relations épouvantables dans lesquelles il mêle madame de Montausier.

367. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Le comte de Fersen et la cour de France »

Pour entreprendre cette publication, le baron de Klinckowstrœm n’a peut-être vu que le côté sentimental et pathétique de cette histoire, écrite au jour le jour par l’homme qui s’y est mêlé, mais qui aurait voulu s’y mêler bien davantage.

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