Nous sommes très redevables à la Provence de nous avoir fourni deux sujets du mérite du père Massillon et du père Maur.
. — Jules Lefèvre est un poëte qui mérite des égards, de la considération : il a quelque chose d’élevé, le culte de la muse et des nobles sentiments ; mais on n’a jamais rien vu de plus fatigué ni de plus manqué en général que ses efforts poétiques.
Son prix ne dépend point de sa matière qui sera cependant regardée par les uns comme son mérite, et par les autres comme son défaut ; il ne dépend pas même de sa forme, objet plus important, et où les bons juges trouveront peut-être à reprendre, mais ne trouveront rien à désirer.
Hartley a eu le mérite de formuler clairement le principe fondamental de la future école : Tout s’explique par les sensations primitives et la loi d’association.
Toutefois il fallait que L’Astrée ne fût pas sans mérite pour opérer cette révolution.
La poësie ne doit pas être un métier ; elle n’est faite que pour nous procurer de l’amusement, & ne mérite aucune récompense.
Le livre de l’abbé Boileau n’a pas le mérite du stile ; il est mal écrit, &, par-là, moins dangereux que celui de Chorier, qui n’a que trop réuni, aux idées les plus libres, l’élégance & la finesse de l’expression.
C’est là le grand mérite de La Fontaine, et c’est son secret qu’il nous donne.
Ils ne s’assurent point en leurs propres mérites, Mais en ton nom, sur eux invoqué tant de fois, En tes serments jurés au plus saint de leurs rois, En ce temple où tu fais ta demeure sacrée, Et qui doit du soleil égaler la durée.
C’est qu’il a trouvé dans la religion une solitude ; c’est que son corps était dans le monde, et son esprit au désert ; c’est qu’il avait mis son cœur à l’abri dans les tabernacles sacrés du Seigneur ; c’est comme il a dit lui-même de Marie-Thérèse d’Autriche, « qu’on le voyait courir aux autels pour y goûter avec David un humble repos, et s’enfoncer dans son oratoire, où, malgré le tumulte de la Cour, il trouvait le Carmel d’Élie, le désert de Jean, et la montagne si souvent témoin des gémissements de Jésus. » Les Oraisons funèbres de Bossuet ne sont pas d’un égal mérite, mais toutes sont sublimes par quelque côté.
Et ce travail, que nous avons vu se poursuivre, ce travail critique de la libre pensée appliqué à l’histoire, a tellement mordu sur nous tous, esprits contemporains, que nous ne lisons plus aujourd’hui nos anciens historiographes déconsidérés et que nous ignorons profondément les mérites de ces hommes, à qui nous serons obligés d’aller redemander quelque jour la vraie trame de l’histoire, disparue sous les festons dont on l’a brodée et les couleurs menteuses dont on l’a peinte.
On conçoit comment il put louer Stilicon, qui n’était pas à la vérité un citoyen, mais qui était à la fois et un ministre et un général ; mais Honorius, qui toute sa vie fut, comme son frère, un enfant sur le trône ; qui, mené par les événements, n’en dirigea jamais aucun ; qui ne sut ni ordonner, ni prévoir, ni exécuter, ni comprendre ; empereur qui n’avait pas même assez d’esprit pour être un bon esclave ; qui, ayant le besoin d’obéir, n’eut pas même le mérite de choisir ses maîtres ; à qui on donnait un favori, à qui on l’ôtait, à qui on le rendait ; incapable d’avoir une fois du courage, même par orgueil ; qui, dans la guerre et au milieu des périls, ne savait que s’agiter, prêter l’oreille, fuir, revenir pour fuir encore, négocier de loin sa honte avec ses ennemis, et leur donner de l’argent ou des dignités au lieu de combattre ; Honorius, qui, vingt-huit ans sur le trône, fut pendant vingt-huit ans près d’en tomber ; qui eut de son vivant six successeurs, et ne fut jamais sauvé que par le hasard, ou la pitié, ou le mépris ; il est assez difficile de concevoir comment un homme qui a du génie, peut se donner la peine de faire deux mille vers en l’honneur d’un pareil prince.
Enfin il accorde des privilèges ou à des ordres entiers (ce qu’on appelle des privilèges de liberté), ou à des individus d’un mérite extraordinaire qu’il tire de la foule pour les élever aux honneurs civils.
— Quant aux veneurs, ce sont simples machines, et s’ils osent prétendre à quelque mérite, une raillerie brutale les remet à leur place. […] Acaste est « un des mérites qui n’ont que la cape et l’épée », et pourra bien, après avoir hanté les palais et s’être assis à la table du maître, jeûner l’hiver dans ses terres ; et le pauvre bestion qui levait la dîme sur les dîners de Jupiter mourra aux premiers froids. […] Il donne au loup un titre honorable, l’appelle « beau sire. » Le principal mérite de Louis XIV et de son siècle fut l’établissement de cette politesse qui répand de l’agrément sur toutes les petites actions de la vie, et lie de prime abord des étrangers, même des ennemis. […] Il réclame contre cet abus en théoricien spiritualiste : la grosseur et l’étalage ne font pas le mérite ; l’animal raisonnable ne vaut point « par la place qu’il occupe », mais par l’esprit qu’il a. […] Le nivellement et la culture, parmi tous leurs mérites, ont leurs désavantages : d’un paysage nous avons fait un potager.
Le plus souvent, il n’est qu’une compilation, une juxtaposition décousue faite de bric et de broc, sans aucun mérite de style, de tout ce qu’on a vu dans le corps du journal. […] Mille exemples se présenteront contre dix qui démontreront que la distribution des biens est souvent en raison inverse du mérite des individus. […] Il n’y a plus ni mérite, ni vertu, ni force d’âme, ni lutte possible. […] Il y a donc délibération préalable, liberté de faire ou de ne pas faire, donc il y a mérite. […] C’est le mérite et le sacrifice à huis clos.
Mais, après avoir lu votre poème, vous n’eûtes plus besoin de sa recommandation auprès de moi ; vous vous y rendîtes assez considérable par vous-même, et, tout inconnu que vous me fussiez, vous vous fîtes tout seul connaître à moi pour un homme de mérite et d’esprit qui n’aviez pas une médiocre habitude avec les muses, et qui étiez avantageusement partagé de leurs faveurs. […] Nous y voyons Fléchier au début et appliquant à la poésie latine quelques-uns des mérites de diction qu’il transportera ensuite dans la prose française. […] Il est une classe de femmes du monde qu’il ne conseille pas de voir, les coquettes, les joueuses, etc. ; mais, celles-là exceptées, il ne pense point que le commerce habituel avec des personnes du sexe qui ont du mérite puisse être blâmé et interdit ; bien au contraire : Il y a, dit-il, une certaine manière de vivre avec les femmes que l’on peut voir, qui en rend le commerce agréable : et quelle est cette manière, sinon celle de l’honnêteté et de la bienséance ?
Le mérite de l’innovation première n’y pouvait plus être manifeste ; on s’est trouvé plutôt sensible à ce qui y reste nécessairement de l’appareil traditionnel. […] Mais pour rester bon juge de la valeur de cette œuvre distinguée, pour ne rien méconnaître des mérites sérieux qu’on y salua si vivement à sa naissance, pour garder tout respect enfin à une pure impression de notre jeunesse, il y a à revenir aux circonstances mêmes où la pièce s’est produite, voilà plus de vingt ans, et au point de départ qui avait précédé. […] Lebrun fut un de ceux qui, dès le début, accusent en eux avec le plus d’intelligence le culte et le sentiment des anciens : c’est le mérite de son Ulysse.
Son long museau effilé et fendu, ses yeux brillants et intelligents, indiquent tout d’abord un fripon, mais un fripon de qualité et de mérite. […] Que cette conception produise un poëme de six mille vers ou un récit de six lignes, le mérite est le même ; la conception primitive est la seule chose qui ait du prix. […] Buffon se fait l’avocat de l’âne et change en mérites, tous les défauts du baudet. « Il est de son naturel aussi humble, aussi patient, aussi tranquille que le cheval est fier, ardent, impétueux.
Il est admirable et irritant dans sa politique de résistance, identifiant obstinément la bourgeoisie avec la France, les intérêts de la bourgeoisie avec la raison, et, cinquante ans après cette révolution qui avait cru faire place au mérite personnel en ruinant le privilège de la naissance, établissant durement, hautainement le privilège de l’argent : jamais il n’était plus bel orateur, jamais son raisonnement n’a été plus serré, sa parole plus animée, que lorsqu’il allait superbement contre la justice et contre la nécessité, lorsqu’il maintenait, au risque d’abîmer tout, l’iniquité d’une société chancelante. […] Il écrivit sur la société du xviie siècle des études, toujours oratoires et passionnées, souvent arbitraires et inexactes, qui eurent le grand mérite de faire connaître bien des documents ignorés et curieux. […] Mais c’est un grand mérite d’avoir osé débrouiller un aussi vaste et redoutable sujet, et d’avoir si lestement parcouru une carrière où dix scrupuleux savants auraient usé leur vie.