Heureux, dans sa médiocrité, de n’avoir point à hésiter entre deux devoirs également impératifs : — la liberté de son travail et le remboursement d’immenses dettes dont la responsabilité pèserait sur sa plume, — il est libre, donc il est heureux. […] « Je regarde, dit-il, comme juste la haine qu’Alexandre avait pour Callisthène, à cause de sa liberté inconsidérée et de son orgueil insensé. […] Si la plupart des gouvernements prennent le nom de république, c’est qu’ils cherchent presque tous uniquement à combiner les droits des riches et des pauvres, de la fortune et de la liberté ; et la richesse semble presque partout tenir lieu de mérite et de vertu. « Trois éléments dans l’État se disputent l’égalité : ce sont la liberté, la richesse et le mérite. […] La révolution n’a souvent pas d’autre motif que cette faculté laissée à chacun de vivre comme il lui convient, faculté dont Socrate attribue l’origine à un excès de liberté.
Or, dans les matières de goût et de belles-lettres, elle ne consiste que dans une espèce d’estime, toujours un peu arbitraire, sinon dans la totalité, du moins dans une certaine portion que la négligence, les passions, ou le caprice se donnent la liberté de resserrer ou d’étendre. […] Les Romains disaient : du pain et des spectacles ; qu’il serait à désirer que tous les gens de lettres eussent le courage de dire : du pain et la liberté ! Je parle de liberté non seulement dans leurs personnes, mais aussi dans leurs écrits ; je ne la confonds pas avec cette licence condamnable qui attaque ce qu’elle devrait respecter : le vrai courage est celui qui combat les ridicules et les vices, ménage les personnes, et obéit aux lois. Liberté, vérité et pauvreté, (car quand on craint cette dernière, on est bien loin des deux autres) voilà trois mots que les gens de lettres devraient toujours avoir devant les yeux, comme les souverains celui de postérité. […] La lumière et la vérité, si nécessaires et si cachées à la plupart des princes, mais qu’il aime et qu’il connaît parce qu’il en est digne, sont le fruit de la liberté noble et sage qu’il accorde aux lettres.
Laissons-les venir, et cependant jouissons de notre liberté. » Et à quelques jours de là, 22 juin 1705 : En parlant de ces meubles (de la maison de Germigny) et de toute la sacristie, j’ai demandé à l’abbé Bossuet un petit calice de vermeil dont je me servais à Paris, disant la messe pour M. de Meaux, et que je le priais de m’en faire présent, afin que je m’en servisse encore le reste de mes jours à prier pour mon bienfaiteur : « Je ne vous demande que ce petit calice, lui dis-je, et non celui que je vous ai rendu ici à Meaux avec la crosse et le reste de l’argenterie qui fait partie de la petite chapelle de M. de Meaux, au lieu que ce petit calice est hors d’œuvre », — « Nous verrons cela à Paris, dit-il, puisque vous y venez. » Je suivrai donc cette demande, puisque la voilà une fois faite, et j’arracherai ce que je pourrai de ces messieurs, puisqu’ils ne me font aucune avance d’honnêteté pour ne me rien offrir ni donner. […] qui allons faire une visite à Fénelon : J’étais donc dans la grande salle du billard, près de la cheminée : dès que je l’y vis entrer, j’approchai en grand respect ; il me parut au premier abord froid et mortifié, mais doux et civil, m’invitant à entrer avec bonté et sans empressement. « Je profite, lui dis-je, monseigneur, de la permission qu’il a plu à Votre Grandeur de me donner de venir ici lui rendre mes respects, quand j’en aurais la liberté. » C’est ce que je dis d’un ton modeste, mais intelligible ; j’ajoutai plus bas, et comme à l’oreille, que je lui apportais des nouvelles et des lettres de Mme de La Maisonfort. « Vous me faites plaisir, dit-il ; venez, entrez. » Alors parut M. l’abbé de Beaumont, qui me salua avec embrassades, d’une manière fort aisée et fort cordiale. […] Je lui remis le paquet de lettres en entrant dans sa chambre, et, sans l’avoir ouvert, il me fit asseoir au-dessus de lui en un fauteuil égal au sien, ne me laissant pas la liberté de prendre un moindre siège et me faisant couvrir. […] L’entretien fut aussi très aisé, doux et même gai : le prélat parlait à son tour, et laissait à chacun une honnête liberté ; je remarquai que ses aumôniers, secrétaires et son écuyer parlèrent comme les autres, fort librement, sans que personne osât ni railler ni épiloguer.
Le seul bien dont jouit l’Angleterre, et qui est inappréciable, c’est la liberté politique… Son gouvernement étant un mélange d’aristocratie, de démocratie et do monarchie, ce dernier élément, quoique très-limité, est assez puissant pour faire aller la machine sans le secours des deux autres, et pas assez pour nuire au pays ; car, quoique le ministre ait la majorité dans la Chambre, s’il veut faire quelque entreprise nuisible à la nation, ses amis l’abandonnent, comme il arriva dans la guerre de Russie. […] Le peuple sent sa liberté, mais rend ce qui est dû à chacun. Ce peuple est né pour la liberté ; il y est habitué, et, en respectant son supérieur, il sait qu’il est son égal devant la loi. […] C’est pendant cette dernière partie de sa vie et dans les années de l’arrière-saison, que la comtesse d’Albany, qu’Alfieri en ses humeurs retirait souvent du monde pour le tête-à-tête et la solitude à deux, eut tout loisir d’avoir, sans plus d’interruption, le salon fréquenté et célèbre qui acheva de lui faire une si douce renommée, un de ces salons dont on pouvait dire comme Saint-Évremond disait de celui de la duchesse de Mazarin : « On y trouve la plus grande liberté du monde ; on y vit avec une égale discrétion.
Vous êtes, je le sais, un des amis sages de la liberté, et moi aussi ; vous êtes effrayé des orages qui s’amoncellent : je ne le suis pas moins. […] La plus bruyante fut à elle seule la voix de l’abbé Raynal, qui, de même que votre ami, a choisi ce lieu comme asile de liberté et de travail historique. […] Personne ne croira que je lui ai vendu la liberté de mon pays, que je lui prépare des fers. […] Le Musée britannique possède la lettre autographe qu’il écrivit à cette occasion à l’abbé Raynal, et qui est datée d’Ajaccio, l’an 1er de la liberté (1790) : « Monsieur, il vous sera difficile de vous ressouvenir, parmi le grand nombre d’étrangers qui vous importunent de leur admiration, d’une personne à laquelle vous avez bien voulu faire des honnêtetés.
Il vit juste ; car il vit la solution suprême des problèmes de la politique contemporaine dans la liberté, non dans cette collision puérile où chacun invoque à son profit un principe dont il est bien décidé à ne pas faire profiter les autres, mais dans la vraie liberté, égale pour tous, fondée sur la notion de la neutralité de l’État en fait de choses spéculatives. […] Il ne se faisait à cet égard aucune illusion ; un an avant sa mort, il appelle encore le catholicisme « l’adversaire naturel de toutes les libertés » ; mais, tolérant pour les intolérants, il réclamait l’application abstraite des principes. Il était persuadé que les tolérants posséderont la terre et que le libéralisme qui n’a pas peur de la liberté des autres est le signe de la vérité.
Il avait dans la liberté du tête-à-tête un grain de cette vieille gaieté gauloise, relevée ici d’une pointe d’ail à la provençale. […] Un esprit sérieux et solide comme le sien, aidé d’un cœur chaud et ardent, ne pouvait rester indifférent au mouvement de 89 : il en embrassa les espérances, n’en répudia que les excès, et en conserva toujours les principes essentiels qu’il se plaisait depuis à confondre, dans son érudition un peu particulière, avec l’héritage des vieilles libertés municipales léguées par les Romains. […] On y distingue dans la première scène du premier acte un morceau assez beau et sensé dans la bouche de Brutus, qui montre les Romains déchus de la liberté par leurs mœurs et méritant désormais la servitude. […] Lainé, Gallois, Flaugergues et Maine de Biran, faire entendre hautement, en face de l’Empereur, une parole de liberté et de plainte.
Le chœur général chante en finissant : Ô Liberté ! […] Fiévée, en causant avec Bonaparte, fasse preuve de tout son esprit, et en use en toute liberté et franchise, rien de plus simple et de mieux entendu. […] Enfin, au lieu de sa liberté des premières années, l’auteur se classe dans la hiérarchie ; il devient maître des requêtes, préfet. […] Sous prétexte de vouloir toujours les mêmes choses fondamentales, telles que l’institution des libertés communales qu’il oppose à la monarchie administrative, il entra dans toutes les ardeurs et les agressions violentes des partis.
La Commission exprime donc le vœu que, dans l’avenir, il soit apporté en ce sens à la rédaction de l’arrêté ministériel une modification qui laissera plus de liberté et permettra plus de justesse au travail des Commissions futures. […] La littérature dramatique a été prise au dépourvu ; on lui demande presque le contraire de ce qu’on était accoutumé à désirer d’elle depuis longtemps ; on lui demande des émotions vives, profondes et passionnées, mais pures s’il est possible, et, dans tous les cas, salutaires et fortifiantes ; on lui demande, au milieu de toutes les libertés d’inspiration auxquelles le talent a droit et qui lui sont reconnues, de songer à sa propre influence sur les mœurs publiques et sur les âmes, de se souvenir un peu, en un mot, et sans devenir pour cela trop sévère, de tout ce qui est à guérir parmi nous et à réparer.
Ceci est triste, si l’on veut, mais ceci est véritable ; dans les grandes convulsions sociales, l’homme est jeté hors de lui par sa passion dominante ; par elle, tout équilibre entre ses motifs est rompu, et sa liberté morale presque annulée. […] Que le républicanisme ait engendré le sans-culottisme, celui-ci le régime des comités, puis le décemvirat, puis même le triumvirat, ce ne sont là que des phases successives que l’idée de liberté, idée fixe de la Révolution, et qui n’en fut pas moins mobile, tendait incessamment à parcourir.
M. de Lamartine appartient par ses convictions à ce centre droit, honnête et modéré, qui veut la liberté avec prudence et sous la sauvegarde de la dynastie : M. […] L’ordre s’organisant avec l’Empire, la liberté revenant avec la Restauration, un jugement philosophique et moral sur la poésie d’Horace, un touchant et cordial éloge du feu duc Matthieu de Montmorency, ont tour à tour fourni aux développements de l’orateur et aux applaudissements de l’auditoire.
En politique, bien que passionné pour la liberté et pour la France, il était tombé dans une sorte d’apathie ; on avait tant répété autour de lui et dans les deux ou trois journaux qu’il lisait sous les arcades de l’Odéon tous les matins, que l’abîme des révolutions était fermé, qu’à la fin il l’avait cru et en avait pris son parti, bien qu’un peu à contre-cœur. […] Nous prenons la liberté de reproduire cette page en entier.
Il ne faut pas chercher ici la rigueur d’un développement systématique : je cause en liberté, je n’enseigne pas. […] Son style, au reste, la liberté de ses tours, sa nouveauté et son éclat d’expression, l’acception excellente et parfaitement française des mots qu’il emploie et qu’il découvre presque, au sein de la langue du xviie siècle, ces qualités si rares, et que M.
Quand le gouvernement est fondé sur la force, il peut ne pas craindre le penchant de la nation à la plaisanterie : mais lorsque l’autorité dépend de la confiance générale, lorsque l’esprit public en est le principal ressort, le talent et la gaieté qui font découvrir le ridicule et se plaire dans la moquerie, sont excessivement dangereux pour la liberté et l’égalité politique. […] L’Angleterre est gouvernée par un roi ; mais toutes ses institutions sont éminemment conservatrices de la liberté civile et de la garantie politique.
Gustave Kahn a ouvert une voie et tracé un sillon vers des horizons de liberté ; plusieurs bons poètes le suivirent dans cette louable tentative. […] Et, chez lui, les rythmes impairs alternent avec les rythmes pairs : il en a bien la liberté.
La muraille semblait par le vent remuée ; C’étaient des croisements de flamme et de nuée, Des jeux mystérieux de clartés, des renvois D’ombre d’un siècle à l’autre et du sceptre aux pavois, Où l’Inde finissait par être l’Allemagne, Où Salomon avait pour reflet Charlemagne ; Tout le prodige humain, noir, vague, illimité ; La liberté brisant l’immuabilité ; L’Horeb aux flancs brûlés, le Pinde aux pentes vertes ; Hicétas précédant Newton, les découvertes Secouant leurs flambeaux jusqu’au fond de la mer, Jason sur le dromon, Fulton sur le steamer ; La Marseillaise, Eschyle, et l’ange après le spectre ; Capanée est debout sur la porte d’Électre, Bonaparte est debout sur le pont de Lodi ; Christ expire non loin de Néron applaudi. […] C’est la tradition tombée à la secousse Des révolutions que Dieu déchaîne et pousse ; Ce qui demeure après que la terre a tremblé ; Décombre où l’avenir, vague aurore, est mêlé ; C’est la construction des hommes, la masure Des siècles, qu’emplit l’ombre et que l’idée azure, L’affreux charnier-palais en ruine, habité Par la mort et bâti par la fatalité, Où se posent pourtant parfois, quand elles l’osent, De la façon dont l’aile et le rayon se posent, La liberté, lumière, et l’espérance, oiseau ; C’est l’incommensurable et tragique monceau, Où glissent, dans la brèche horrible, les vipères Et les dragons, avant de rentrer aux repaires, Et la nuée avant de remonter au ciel ; Ce livre, c’est le reste effrayant de Babel ; C’est la lugubre Tour des Choses, l’édifice Du bien, du mal, des pleurs, du deuil, du sacrifice, Fier jadis, dominant les lointains horizons, Aujourd’hui n’ayant plus que de hideux tronçons, Épars, couchés, perdus dans l’obscure vallée ; C’est l’épopée humaine, âpre, immense, — écroulée.
Ces chants conservèrent dans le nord de l’Écosse un sentiment de liberté et une indépendance qui a subsisté jusqu’aujourd’hui. […] Ainsi, peut-être, les éloges d’Arminius et de ces fameux Germains sont ensevelis aujourd’hui dans quelque abbaye bâtie dans les mêmes forêts où les Germains combattirent autrefois pour leur liberté.
« Le dernier siècle, dit-il, a vu ce qu’il y avait d’extrême dans la liberté, le nôtre a vu ce qu’il y a d’extrême dans l’esclavage. Les recherches des délateurs nous ont ôté jusqu’à la liberté de parler et d’entendre, et nous eussions perdu le souvenir même avec la voix, s’il était aussi facile à l’homme d’oublier que de se taire44. » Il se représente ensuite, au sortir du règne de Domitien, comme échappé aux chaînes et à la mort, survivant aux autres, et, pour ainsi dire, à lui-même, privé de quinze ans de sa vie, qui se sont écoulés dans l’inaction et le silence, mais voulant du moins employer les restes d’un talent faible et d’une voix presque éteinte, à transmettre à la postérité et l’esclavage passé, et la félicité présente de Rome.
Depuis la loi de Publilius Philo qui assura au peuple romain la liberté et la souveraineté, le sénat n’eut plus qu’une autorité de tutelle, analogue à ce droit des tuteurs, d’autoriser en affaires légales le pupille maître de ses biens. […] Telle aussi doit être l’autorité d’un sénat sous un monarque, lequel a pleine liberté de suivre ou de rejeter ce qui a été conseillé par le sénat.