/ 1788
1732. (1896) Les contemporains. Études et portraits littéraires. Sixième série « Louis Veuillot »

À ce moment où le petit journaliste défendait à Périgueux le gouvernement des satisfaits, tout en songeant à part lui qu’il faisait peut-être une besogne honteuse  s’il avait rencontré sur son chemin quelque théoricien du socialisme, imposant par sa foi, ardent de langage, austère de mœurs et sacerdotal d’allures, comme il s’en est trouvé, il n’est pas déraisonnable de supposer qu’il eût suivi cet apôtre en lui disant : « C’est vous la vérité et la vie ».

1733. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

Il est vrai que les naturalistes n’emploient un tel langage qu’en un sens figuré.

1734. (1880) Goethe et Diderot « Gœthe »

Toujours est-il qu’il a écrit cette phrase inouïe : « Écrire est un abus du langage », et qu’il est mort préférant le dessin, cette langue des yeux, à la langue des mots, à la langue rationnelle du sentiment et des idées.

1735. (1864) Le roman contemporain

Introduction Je ne cacherai pas au lecteur que c’est la publication des Misérables, de M. Victor Hugo, qui m’a déterminé à écrire ce livre, dont le plan, en s’élargissant, a fini par comprendre le roman contemporain dans ses nombreuses variétés. Quand MM. Sue, Balzac, Alexandre Dumas, Soulié, madame Sand introduisirent au bas des journaux, avec un talent qu’il est impossible de méconnaître, des romans où la morale et les principes sociaux étaient si vivement attaqués, je protestai par un livre, les Études critiques sur le feuilleton-roman. Dans ce livre, publié en 1846, je dénonçai les conséquences morales et sociales qui devaient bientôt suivre, et, éclairé par l’étude comparée de la situation politique et de la littérature, je prévins la société, qui se laissait enivrer de ces dangereuses fictions, qu’elle tournait le dos à la liberté politique, et qu’elle allait à l’anarchie et à la dictature.

1736. (1881) Le roman expérimental

Au fond, j’estime que la méthode atteint la forme elle-même, qu’un langage n’est qu’une logique, une construction naturelle et scientifique. […] Ainsi, Claude Bernard a eu raison de dire : « Les productions littéraires et artistiques ne vieillissent jamais, en ce sens qu’elles sont des expressions de sentiments immuables comme la nature humaine. » En effet, la forme suffit pour immortaliser une œuvre ; le spectacle d’une individualité puissante interprétant la nature en un langage superbe, restera intéressant pour tous les âges ; seulement, on lira toujours aussi un grand savant à ce même point de vue, parce que le spectacle d’un grand savant qui a su écrire est tout aussi intéressant que celui d’un grand poète. […] Mais si l’on sort de cette question de langage, on voit que les romantiques ne se séparaient pas des classiques ; comme eux, ils restaient déistes, idéalistes, symboliques ; comme eux, ils costumaient les êtres et les choses, ils les mettaient dans un ciel de convention, ils avaient, des dogmes, de communes mesures, des règles. […] Il fallait jeter l’ancien dictionnaire dans le creuset, refondre le langage, inventer des mots et des images, créer toute une nouvelle rhétorique pour exprimer la société nouvelle et seuls peut-être des poètes lyriques prouvaient mener à bien un pareil travail. […] L’argent dans la littérature Souvent, j’entends pousser autour de moi cette plainte : « L’esprit littéraire s’en va, les lettres sont débordées par le mercantilisme, l’argent tue l’esprit. » Et ce sont d’autres accusations éplorées contre notre démocratie qui envahit les salons et les académies, qui détraque le beau langage, qui fait de l’écrivain un marchand comme un autre, plaçant ou ne plaçant pas sa marchandise selon la marque de fabrique, amassant une fortune ou mourant dans la misère.

1737. (1892) Impressions de théâtre. Sixième série

Cette douleur d’Admète s’emporte à d’étranges excès de langage. […] C’est pour ça qu’on a inventé un langage spécial, où l’expression est agréable et le sens désobligeant, et que j’appellerai le langage des équivalents. […] Sarcey nous montre alors, dans une série de très vivantes analyses, Alceste bousculant les convenances numéro 1 avec Philinte, et, par son mépris des « équivalents » du langage mondain, bousculant les convenances numéro 2 avec Oronte, Eliante et Arsinoé.

1738. (1892) Les idées morales du temps présent (3e éd.)

Il n’est plus, s’il m’est permis d’emprunter un instant le langage de Spinoza, une substance : il est un attribut. […] Je voudrais me tromper ; mais il me semble que la plume, à l’avenir, va servir surtout à deux classes d’hommes, le faiseur et l’amuseur ; d’un côté, le langage des affaires ; de l’autre, les effets violents et les puériles surprises. » — Avec moins de méfiance de l’avenir et sans vouloir à son propos rien préjuger de la littérature de demain, on pourrait presque dire la même chose d’Edmond Scherer lui-même : à présent qu’il n’est plus là, on sent mieux ce qu’il valait, on sent aussi que, s’il n’était pas l’un des derniers représentants d’une époque — il avait toujours été trop personnel et trop isolé pour cela — il était bien le dernier représentant d’une certaine catégorie d’esprits qu’il a souvent définie et que nous aurons à définir après lui. […] Le « cœur », avec ses facultés spéciales, la tendresse qui l’affadit, la pitié qui se laisse duper, la bienveillance qui peu à peu glisse à la complicité, ne fonctionnait qu’avec réserve, forcé de retenir ses battements trop vifs, n’ayant pas même un langage pour s’exprimer librement, puisque : Je ne te hais point signifiait : Je t’aime, retenu par la main robuste d’un cavalier expérimenté, trop méfiant de sa monture pour jamais lui lâcher la bride.

1739. (1890) Causeries littéraires (1872-1888)

peu importe. » Ce moi est trop préoccupé de l’effet : voilà pourquoi il cherche les étrangetés de langage, l’inattendu de l’expression, le contraste violent et brutal. […] À chaque instant, une dissertation, soit paradoxe, soit lieu commun, en un langage tantôt trivial, tantôt enflé. […] Avec lui, les faits parlent leur vrai langage.

1740. (1802) Études sur Molière pp. -355

Apprenons d’abord à nos lecteurs d’où Molière a tiré le fond de son sujet ; il paraît imité d’un fabliau intitulé Le Médecin de Brai ; mais je le crois plutôt pris dans un conte, Le Vilain Mire, titre que l’on donnait, en vieux langage, aux médecins de campagne. […] Les caractères. — L’amant latin est un grivois à qui Alcmène est sans cesse obligée de répéter, finissez donc : le galant français a des manières plus circonspectes ; Alcmène le trouve même trop doucereux, puisqu’elle lui dit : Amphitryon, en vérité, Vous vous moquez de tenir ce langage, Et j’aurais peur qu’on ne vous crût pas sage, Si de quelqu’un vous étiez écouté.

1741. (1867) Cours familier de littérature. XXIII « cxxxvie entretien. L’ami Fritz »

voilà de la poésie ; cela dit des choses profondes, dans un langage naïf.

1742. (1899) Préfaces. — Les poètes contemporains. — Discours sur Victor Hugo pp. 215-309

Qui vous a conféré le caractère et le langage de l’autorité ?

1743. (1856) Cours familier de littérature. II « Xe entretien » pp. 217-327

Ce phénomène fut l’émigration : cent mille familles françaises, l’élite littéraire de la nation par le rang, le nom, l’élégance, les mœurs, le langage, s’étaient dispersées dans toutes les cours et dans toutes les villes de la Suisse, de l’Allemagne, de la Russie, de l’Angleterre, traînant avec elles la haine qu’elles portaient à la révolution et la pitié qui s’attache aux proscrits.

1744. (1857) Cours familier de littérature. IV « XXIIe entretien. Sur le caractère et les œuvres de Béranger » pp. 253-364

Ce n’était pas un intérêt personnel qui me faisait répugner à ce trône de 1830 ; au contraire, j’aurais pu m’y faire de fête, comme on dit en langage vulgaire.

1745. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Ceux qui admettent des créations distinctes et innombrables diront qu’en ces divers cas il a plu au Créateur de faire prendre à un être appartenant à un type la place d’un être d’un autre type ; mais il me semble qu’au fond c’est répéter exactement la même chose, seulement en un langage plus métaphorique.

1746. (1845) Simples lettres sur l’art dramatique pp. 3-132

Buloz, avec le grognement qui lui est habituel, et que les gens qui ont affaire à lui sont forcés d’accepter pour un langage.

1747. (1878) Leçons sur les phénomènes de la vie communs aux animaux et aux végétaux. Tome I (2e éd.)

Ces idées d’antagonisme entre les forces extérieures générales et les forces intérieures ou vitales avaient déjà été exprimées par Stahl dans un langage obscur et presque barbare : exposées par Bichat avec une lumineuse netteté, elles séduisirent et entraînèrent tous les esprits. […] Croire autre chose, c’est commettre une erreur de fait et de doctrine ; c’est être dupe de métaphores et prendre au réel un langage figuré.

1748. (1870) De l’intelligence. Deuxième partie : Les diverses sortes de connaissances « Livre quatrième. La connaissance des choses générales — Chapitre III. Le lien des caractères généraux ou la raison explicative des choses » pp. 387-464

« On aurait tort, dit un mathématicien philosophe, de ne voir dans cette seconde manière qu’une abréviation convenue, une forme de langage, apparemment plus commode parce qu’elle est plus usitée.

1749. (1895) Journal des Goncourt. Tome VIII (1889-1891) « Année 1891 » pp. 197-291

il fait bon être Scandinave… Si la pièce était d’un Parisien… Oui, oui, c’est entendu, du dramatique bourgeois qui n’est pas mal… mais de l’esprit à l’instar de l’esprit français, fabriqué sous le pôle arctique… et un langage parlé, quand il s’élève un peu, toujours fait avec des mots livresques.

1750. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Des objections aussi superficielles sont sans valeur pour tout esprit déjà un peu familiarisé avec le langage de la science63.

/ 1788