Le contraste de ces figures antiques et modernes ferait croire que le tableau est un composé de deux pièces rapportées, l’une d’aujourd’hui et l’autre qui fut peinte il y a quelque mille ans ; et l’abbé Galliani vous séparerait cela avec des ciseaux qui [laisseraient] d’un côté tout le plat et tout le ridicule, et de l’autre tout l’antique qui serait supportable et que chacun interpréterait à sa fantaisie.
Deux idées avaient soulevé le moyen âge hors de l’informe barbarie : l’une religieuse, qui avait dressé les gigantesques cathédrales et arraché du sol les populations pour les pousser sur la Terre sainte ; l’autre séculière, qui avait bâti les forteresses féodales et planté l’homme de cœur debout et armé sur son domaine ; l’une qui avait produit le héros aventureux, l’autre qui avait produit le moine mystique ; l’une qui est la croyance en Dieu, l’autre qui est la croyance en soi. Toutes deux, excessives, avaient dégénéré par l’emportement de leur propre force : l’une avait exalté l’indépendance jusqu’à la révolte, l’autre avait égaré la piété jusqu’à l’enthousiasme ; la première rendait l’homme impropre à la vie civile, la seconde retirait l’homme de la vie naturelle ; l’une, instituant le désordre, dissolvait la société ; l’autre, intronisant la déraison, pervertissait l’intelligence. […] Quiconque plante l’une, plante l’autre ; quiconque sape l’une, sape l’autre.
Bien que l’une de ces inspirations domine, elles se rencontrent, à plusieurs reprises, sans se confondre, dans l’émotion du poète : chacune a son contrecoup distinct dans l’âme du lecteur.
Édouard Fournier Poète complexe, et pour ainsi dire en partie double, qui sut se tenir entre les deux écoles, pour profiter de l’une et de l’autre.
L’une est élégante, sans être infidéle ; & l’autre est fidéle, sans affectation d’élégance.
Il s’imagine le partager en deux factions aussi animées l’une contre lui et l’autre pour lui, que les guelfes et les gibelins l’étoient contre les empereurs et pour les empereurs, lorsque réellement il n’y a pas cinquante personnes qui aïent pris parti pour ou contre lui, et qui s’interessent avec affection à la fortune de ses vers.
Enfin, la plupart de ces néologismes consistent simplement à doter de formes actives ou passives les épithètes dépourvues de l’une ou de l’autre ; ils créent aussi le verbe qui nantira d’un pouvoir actif l’état marqué par un substantif ou par un adjectif.
» Une fois la mère ainsi alarmée dans Chalciope, celle-ci ne se contient plus ; elle fait jurer à Médée le secret sur ce qu’elle va lui proposer, et la supplie de trouver un expédient de salut pour ses enfants ; dans son délire, elle s’emporte même un moment jusqu’à la menace ; puis elle embrasse les genoux de la jeune fille, puis elle abandonne sa tête sur ce sein désolé, et les deux sœurs sont là dans les bras l’une de l’autre, à pleurer de pitié l’une sur l’autre, et l’on entend à travers le palais leurs gémissements confondus. […] Si l’une glorifie trop l’amour et le vaporise, l’autre le vulgarise un peu trop fréquemment, deux manières contraires, et presque également certaines, d’en sortir : dans l’un des cas, il s’élève jusqu’à être une religion ; dans l’autre, il n’est plus qu’un plaisir. Tel qu’il s’observe en luis même à l’état de maladie, et soit qu’il éclate en la Religieuse portugaise ou en Médée, il n’est ni l’une ni l’autre de ces choses. […] L’une d’elles, pendant qu’ils passaient, se mit à battre des ailes, et, du plus haut de l’arbre, proféra les intentions de Junon : « O le sot devin, qui ne sait pas même comprendre avec son esprit ce que savent les petits enfants, qu’une jeune fille ne dira ni douceurs ni propos d’amour à un jeune garçon, s’il y a des étrangers pour témoins !
. — Des deux constructions, l’une en se compliquant, l’autre en se simplifiant, s’ajuste à l’autre. — Utilité des cadres préalables. […] Voilà pour les différentes espèces de lignes. — À présent, si deux droites parties du même point vont chacune vers un point différent, elles s’écartent l’une de l’autre, et cet écartement plus ou moins grand s’appelle un angle. […] Maintenant, soit une force qui imprime une certaine vitesse au bloc formé par la moitié de ces particules ; comme, par définition, les deux moitiés sont absolument semblables et peuvent être substituées sans inconvénient l’une à l’autre, il faudra une force absolument semblable et capable d’être substituée sans inconvénient à l’autre, c’est-à-dire enfin une force égale pour imprimer la même vitesse au bloc formé par l’autre moitié, par conséquent deux forces égales, chacune à la première, c’est-à-dire une force double pour imprimer la même vitesse au bloc formé par les deux moitiés. […] Cette pierre que je lance en l’air, ce boulet chassé du canon par l’explosion de la poudre, continueraient leur chemin, l’une vers les étoiles, l’autre selon une tangente à la terre, indéfiniment, en ligne droite, avec la vitesse initiale, si la pesanteur et la résistance de l’air ne venaient infléchir cette droite, diminuer cette vitesse et à la fin arrêter ce mouvement. […] En effet, nous supposons des solides parfaits, c’est-à-dire absolument durs et tels que, toutes leurs parties étant unies indissolublement, l’une ne puisse être déplacée sans déplacer toutes les autres, en sorte que jamais leur situation réciproque ne soit altérée.
Qu’il unisse intimement la poésie et la musique, non pour les faire briller l’une par l’autre, mais en vue du drame seul ; qu’il repousse sans faiblesse, poète, tous les agréments littéraires, musicien, toutes les beautés vocales et symphoniques qui seraient de nature à interrompre l’émotion tragique ; qu’il renonce au récitatif, aux ariettes, aux strettes, aux ensembles même, à moins que le drame, à qui tout doit être sacrifié, n’exige l’union des voix diverses ; qu’il rompe le cadre de l’antique mélodie carrée ; que sa mélodie, sans se germaniser, se prolonge infiniment selon le rythme poétique ; que sa musique, en un mot, devienne la parole, mais une parole qui soit la musique pourtant ; et surtout, que l’orchestre mêlant, développant, par toutes les ressources de l’inspiration et de la science, les thèmes représentatifs des passions et des caractères, soit comme une grande cuve où l’on entendra bouillir tous les éléments du drame en fusion, pendant qu’enveloppée de l’atmosphère tragique qui en émane, l’action héroïque et hautaine, complexe, mais logiquement issue d’une seule idée, se hâtera parmi les passions violentes et les incidents inattendus, et les sourires, et les pleurs, vers quelque noble émotion finale ! […] La salle est un vaste amphithéâtre, oblong ; trente rangs de stalles (1345 places) se succèdent, et aboutissent à une galerie de cent places, la galerie des Princes ; au dessus de cette galerie, une autre, très petite, la galerie Haute, a deux cents cinq places : ni l’une ni l’autre ne sont publiques. […] Si nous voulions nous représenter une journée dans la vie de notre Mage, nous en trouverions la meilleure peinture en l’une de ces merveilleuses œuvres musicales du Maître… Ainsi, je choisirai, pour éclairer, dans la succession de ses émotions intérieures, une de ces journées de Beethoven, le grand Quatuor en Ut mineur. […] C’est que cette symphonie en Ut mineur nous retient comme l’une des rares conceptions du maître où une émotion, vive et cruelle, de souffrance, est le point de départ, et se développe, graduellement, à travers la consolation, l’élévation de l’âme, jusque le plein éclat de la joie dans la conscience du triomphe. […] Deux peintures sont ; l’une, immédiate, la peinture dite réaliste, donnant l’image exacte des choses, vues par la vision spéciale du peintre ; l’autre, médiate, comme une Poésie de la peinture, insoucieuse des formes réelles, combinant les contours et les nuances en pure fantaisie, produisant aux âmes, non la vision directe des choses, mais — conséquence de séculaires associations entre les images et les sentiments, — un monde d’émotion vivante et bienheureuse : deux peintures sont, toutes deux également légitimes et sacrées, formes diverses d’un Réalisme supérieur, et que le Wagnériste trouve, toutes deux, sur la voie tracée à l’Art par le Maître vénéré.
Les sensations venues des organes internes et du corps entier ont une extensivité que l’école anglaise a excellemment décrite sous le nom de sensation volumineuse : qu’on vous jette un peu d’eau froide sur les mains, puis qu’on vous plonge tout entier dans l’eau froide, il y aura entre les deux sensations une différence d’intensité, mais l’une n’est-elle pas aussi plus volumineuse, plus massive que l’autre ? […] S’il en était ainsi, toutes les sensations devraient, dans la doctrine de Kant, être soumises à cette forme, et conséquemment elles devraient être ordonnées dans l’espace l’une en dehors de l’autre. […] L’idée de l’espace implique deux conditions principales : 1° idée d’une coexistence de parties continues, qui, comme telles, ne peuvent être distinguées que par des différences qualitatives ; 2° idée d’une relation caractéristique entre partie et partie, qui n’est plus simplement une différence entre elles, mais une distance, c’est-à-dire une séparation de parties extérieures l’une à l’autre115. […] Deux étincelles électriques apparaissent en succession rapide, l’une à côté de l’autre, et l’observateur doit noter si c’est l’étincelle du côté droit ou celle du côté gauche qui est apparue la première. […] Les deux sensations de bleu et de rouge 1° coexistent, et vous n’avez besoin d’aucun raisonnement ni d’aucun renversement de successions pour percevoir cette coexistence ; 2° elles s’excluent nettement, tout en étant en juxtaposition immédiate : elles sont extérieures l’une à l’autre.
Et l’accusé étoit absous ou condamné, selon que le nombre de l’une de ces lettres l’emportoit sur le nombre de l’autre. […] La seule différence qu’il y a entre l’une & l’autre, c’est que à est un mot simple, & que au est un mot composé. […] On dit en ce sens, prendre l’alternative de deux propositions, en approuver l’une, en rejetter l’autre. […] Leur différence ne vient que de ce que les levres sont moins serrées l’une contre l’autre dans la prononciation du B ; & qu’on les serre davantage lorsqu’on veut prononcer P. […] L’un se met devant, & l’autre après le verbe : dans l’une & dans l’autre occasion le nom n’est qu’une simple dénomination.
Liberté et Egalité sont donc contradictoires et exclusives l’une de l’autre ; mais la Fraternité les concilierait. […] Et c’est donc, bien en dernière analyse, la Liberté et l’Egalité qui devraient se produire l’une l’autre, pour qu’elles fussent viables ; mais ce serait à la condition que la Fraternité les animât l’une et l’autre, les pénétrât et les rendit fécondes. […] Il y en a certainement un peu plus ; il y en a qui ne rentrent point dans l’une de ces quatre divisions. […] Il prête à l’une et à l’autre de ces deux hostilités. […] Proudhon a eu presque pleinement l’une de ces deux parties et a manqué presque pleinement de l’autre.
L’une et l’autre ne vivent que de sentiments libres, vrais, énergiques ; l’une et l’autre ne respirent que le sublime, et jamais celui-ci ne se démontre dans l’asservissement des pensées. […] L’épopée sérieuse et l’épopée comique contrastent l’une avec l’autre par le ton uniforme qui les distingue. […] La seule qui pourrait lutter avec elle serait quelque bonne fable sur les fous : et nous serions tous pris à l’une ou à l’autre. […] Le poète a deux manières de raconter : l’une est de dire lui-même ce que les personnages font ; l’autre est de leur faire dire ce qu’ils ont fait. […] On voit que le mouvement en est inverse de l’autre, comme cela devait être, puisque l’une des fables représente la perdition, et que l’autre figure le salut.
Depuis que l’histoire littéraire est devenue l’une des provinces de l’histoire naturelle, toutes les productions littéraires, ou soi-disant telles, y ont leur place, et s’imposent par les mêmes titres à l’attention de la critique. […] N’ayant pu d’ailleurs autrement m’y prendre pour « exalter » l’une et pour « dénigrer » l’autre, je me serai à moi-même, si l’on me souffre cette impertinence, un supplément de preuves de cette réelle impossibilité. […] Quant à la question même du texte imprimé des Pensées de Pascal, on sait qu’il en existe au moins trois éditions « originales » et légèrement différentes l’une, datée de 1669, dont on ne connaît, dit-on, qu’un exemplaire, celui de la Bibliothèque nationale et deux sous la date de 1670, l’une en 365 pages et l’autre en 334 seulement. […] L’une des raisons qui, certainement, en France, ont contribué le plus à discréditer l’éloquence du barreau, ç’a été sa prétention d’être de l’éloquence ! […] Emile Montrégnt, dans ses Souvenirs de Bourgogne, l’en a même loué comme de l’une de ses inventions les plus heureuses.
Et la nuit s’écoulait dans ces chastes délires, Et l’amour sous la table entrelaçait vos doigts, Et les passants surpris entendaient ces deux lyres, Dont l’une chante encore, et dont l’autre est sans voix… Et quand du dernier vin la coupe fut vidée, J’effeuillai dans mon verre un bouton de jasmin ; Puis je sentis mon cœur mordu par une idée, Et je sortis d’hier en redoutant demain !
Ni l’une ni l’autre ne parle, comme la Phèdre de Racine : Moi jalouse !
Un sauvage prendrait cela pour les têtes d’une douzaine d’ennemis appliquées l’une sur l’autre.
Il avait été invité par l’impératrice à l’une des résidences d’été, Czarskozélo ou toute autre, et divers indices, jusqu’au choix de l’appartement qu’on lui avait assigné, semblaient annoncer ce qu’avec les reines il est toujours un peu plus difficile de comprendre. […] Chaque après-midi, à une certaine heure, dans les jardins, l’impératrice faisait sa promenade régulière : deux allées parallèles étaient séparées par une charmille ; elle arrivait d’ordinaire par l’une et revenait par l’autre. […] C’était un spectacle touchant et inexprimable pour qui l’a pu surprendre, que cet entretien prudent, fin et doux, que ces vieillesses amies dont l’une allait être bien jeune encore, et dont aucune n’était lassée.