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1304. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1895 » pp. 297-383

Rigaud Kair, capitaine au long cours, me témoignant son regret de ne pouvoir assister à mon banquet, sous la menace de reprendre la mer, au premier jour, et m’offrant « en remerciement de sa respectueuse gratitude pour les joies intellectuelles, que mes œuvres, compagnes fidèles de tous ses voyages, lui ont procurées », m’offrant un dessin de Pouthier, l’Anatole de Manette Salomon.

1305. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface de « Cromwell » (1827) »

C’est alors que, l’œil fixé sur des événements tout à la fois risibles et formidables, et sous l’influence de cet esprit de mélancolie chrétienne et de critique philosophique que nous observions tout à l’heure, la poésie fera un grand pas, un pas décisif, un pas qui, pareil à la secousse d’un tremblement de terre, changera toute la face du monde intellectuel.

1306. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre VI : Difficultés de la théorie »

Quel droit avons-nous donc d’affirmer que le Créateur travaille à l’aide des mêmes facultés intellectuelles que l’Homme ?

1307. (1896) Matière et mémoire. Essai sur la relation du corps à l’esprit « Chapitre I. De la sélection des images, pour la représentation. Le rôle du corps »

La matière, capable de créer ces faits de conscience élémentaires, engendrerait aussi bien les faits intellectuels les plus élevés.

1308. (1890) Les romanciers d’aujourd’hui pp. -357

V Une commune tenue intellectuelle, cette disposition d’esprit que l’un d’eux a nommé le « renanisme », pourrait distinguer, dans le groupe des philosophes, M.  […] « Ce jeune homme se marie ; il aurait pu très bien se faire, précisément à cause de sa misanthropie et de son schopenhauérisme intellectuel, qu’il se refusât obstinément au mariage.

1309. (1765) Articles de l’Encyclopédie pp. 5482-9849

Il ne suffit pas de sentir, d’être touché d’une maniere confuse, il faut démêler les differentes nuances ; rien ne doit échapper à la promptitude du discernement ; & c’est encore une ressemblance de ce goût intellectuel, de ce goût des Arts, avec le goût sensuel : car si le gourmet sent & reconnoît promptement le mélange de deux liqueurs, l’homme de goût, le connoisseur, verra d’un coup-d’oeil prompt le mélange de deux styles ; il verra un défaut à côté d’un agrement ; il sera saisi d’enthousiasme à ce vers des Horaces : Que vouliez-vous qu’il fît contre trois ? […] On se forme le goût des Arts beaucoup plus que le goût sensuel ; car dans le goût physique, quoiqu’on finisse quelquefois par aimer les choses pour lesquelles on avoit d’abord de la répugnance, cependant la nature n’a pas voulu que les hommes en général apprissent à sentir ce qui leur est nécessaire ; mais le goût intellectuel demande plus de tems pour se former.

1310. (1896) Journal des Goncourt. Tome IX (1892-1895 et index général) « Année 1892 » pp. 3-94

Pendant deux heures qu’il reste au Grenier, il touche à un tas de questions anciennes et modernes, et parle spirituellement de la rapidité, à l’heure présente, avec laquelle les produits matériels passent d’un pays dans l’autre, et de la lenteur avec laquelle se transmettent les produits intellectuels, ce qu’il explique un peu par l’abandon de la langue latine, de cette langue universelle, qui était le volapuck d’autrefois entre les savants et les littérateurs de tous les pays.

1311. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre IV : Sélection naturelle »

Si cette localisation des organes, qui comprend sous sa loi générale les développements successifs du cerveau comme organe intellectuel, est en réalité le critère le plus certain de la supériorité organique, il en résulte que la sélection naturelle tend constamment et nécessairement à élever l’organisation74.

1312. (1910) Variations sur la vie et les livres pp. 5-314

Nous avons Biscioni qui considère la Vita nuova comme un traité d’amour purement intellectuel. […] Cependant, par ce moyen, Euripide se procure surtout une beauté morale et intellectuelle : la scène symbolique entre la déesse Artémis et Hippolyte son hiérophante.

1313. (1894) La bataille littéraire. Cinquième série (1889-1890) pp. 1-349

La vie dégradante du banal tripot n’a heureusement pas flétri son intelligence ; dès qu’il en est sorti, son esprit assoupi se réveille, et une valeur intellectuelle est rendue à la société. […] La pensée éclose et développée par un miracle nerveux des cellules de notre tête, tout impuissante, ignorante et confuse qu’elle est et qu’elle demeurera toujours, fait de nous tous, les intellectuels, d’éternels et misérables exilés sur cette terre.

1314. (1895) Les mercredis d’un critique, 1894 pp. 3-382

L’ennui, l’absence de distractions sociales, artistiques ou intellectuelles, voilà, je crois, la seule explication. […] Quand on a repoussé les dogmes de la théologie morale, comme nous l’avons fait presque tous en cet âge de science et de liberté intellectuelle, il ne reste plus aucun moyen de savoir pourquoi on est sur ce monde et ce qu’on y est venu faire. […] En un sens, son idéalisme se confondait avec l’idée de la suprématie intellectuelle de l’Allemagne, car c’est d’elle surtout qu’il espérait la rénovation par la science, l’accélération du mouvement du monde vers Dieu.

1315. (1902) La formation du style par l’assimilation des auteurs

C’est par la lecture que nous naissons à la vie intellectuelle. […] C’est ainsi que Boileau a méconnu Ronsard et qu’Homère a été méprisé par les partisans de Perrault, qui représentaient alors la culture intellectuelle française.

1316. (1924) Critiques et romanciers

Cette critique austère, Lemaître l’accuse d’« une grande superbe intellectuelle ». […] Paul Bourget confesse qu’il « a toujours répugné aux luttes peu intellectuelles de la vie politique » ; il n’a jamais siégé dans une assemblée. […] Il m’a semblé que cette page devait être citée, pour qu’on ne fût pas tenté de confondre l’« intellectualisme » de Paul Adam, comme le voilà, tout brûlant de patriotisme, et la doctrine de ces prétendus intellectuels » qui, ayant perdu la notion de l’intelligence française, aboutissent aux neutralités les plus honteuses.

1317. (1891) Essais sur l’histoire de la littérature française pp. -384

La décadence intellectuelle, la décadence de l’esprit, de l’imagination et du goût ne sont irréparables chez un peuple que si elles sont le résultat d’une usure prolongée et progressive des facultés géniales de ce peuple, née elle-même de la chute irréparable des mœurs. […] Née dans le silence, élevée sous l’empire de lois tranquilles, la société du xviiie  siècle était arrivée à l’âge mûr sans connaître d’autres disputes que des disputes intellectuelles, ni d’autres agitations que celles de l’esprit. […] Et la contagion diminue d’intensité, dès que s’engagent sous Louis XV les ardentes discussions intellectuelles du xviiie  siècle.

1318. (1870) Portraits contemporains. Tome IV (4e éd.) « M. DAUNOU (Cours d’Études historiques.) » pp. 273-362

Cette vie n’avait jamais eu sa fantaisie, jamais une fleur ; son style s’en ressent. « Lire même ce qui plaît moins, n’écrire que ce qu’on aime, excellente hygiène intellectuelle, » a-t-on dit ; cela est vrai : à ce régime, l’esprit acquiert son sérieux, et le style garde sa légèreté naturelle.

1319. (1862) Portraits littéraires. Tome II (nouv. éd.) « Mémoires du général La Fayette (1838.) »

On doit plaindre l’ambition secondaire qu’il a eue, dans de telles circonstances, de régner arbitrairement sur l’Europe ; mais, pour satisfaire cette manie géographiquement gigantesque et moralement mesquine, il a fallu gaspiller un immense emploi de forces intellectuelles et physiques, il a fallu appliquer tout le génie du machiavélisme à la dégradation des idées libérales et patriotiques, à l’avilissement des partis, des opinions et des personnes ; car celles qui se dévouent à son sort n’en sont que plus exposées à cette double conséquence de son système et de son caractère ; il a fallu joindre habilement l’éclat d’une brillante administration aux sottises, aux taxes et aux vexations nécessaires à un plan de despotisme, de corruption et de conquête, se tenir toujours en garde contre l’indépendance et l’industrie, en hostilité contre les lumières, en opposition à la marche naturelle de son siècle ; il a fallu chercher dans son propre cœur à se justifier le mépris pour les hommes, et dans la bassesse des autres à s’y maintenir ; renoncer ainsi à être aimé, comme par ses variations politiques, philosophiques et religieuses, il a renoncé à être cru ; il a fallu encourir la malveillance presque universelle de tous les gens qui ont droit d’être mécontents de lui, de ceux qu’il a rendus mécontents d’eux-mêmes, de ceux qui, pour le maintien et l’honneur des bons sentiments, voient avec peine le triomphe des principes immoraux ; il a fallu enfin fonder son existence sur la continuité du succès, et, en exploitant à son profit le mouvement révolutionnaire, ôter aux ennemis de la France et se donner à lui-même tout l’odieux de ces guerres auxquelles on ne voit plus de motifs que l’établissement de sa puissance et de sa famille.

1320. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1863 » pp. 77-169

Il cause de l’absence du mouvement intellectuel de la province française, comparativement à toutes les associations lettrées des comtés anglais et des villes allemandes ; il cause de la pléthore de ce Paris, qui absorbe tout, attire tout, fabrique tout, de l’avenir enfin de la France, qui dans ces conditions doit finir par une congestion cérébrale : « Paris, dans ces derniers temps, s’écrie-t-il, me fait l’effet de la vallée d’Alexandrie… Au bas d’Alexandrie pendillait bien la vallée du Nil, mais c’était une vallée morte ! 

1321. (1887) Journal des Goncourt. Tome II (1862-1865) « Année 1865 » pp. 239-332

Au résumé chose étrange, chez nous, la plus absolue différence de tempéraments, de goûts, de caractère, et absolument les mêmes idées, les mêmes sympathies et antipathies pour les gens, la même optique intellectuelle.

1322. (1898) Manuel de l’histoire de la littérature française « Livre II. L’Âge classique (1498-1801) — Chapitre premier. La Formation de l’Idéal classique (1498-1610) » pp. 40-106

La grande nouveauté de l’humanisme fut de donner, à l’étude ou à la connaissance de l’antiquité latine, cette connaissance elle-même ou cette étude pour objet, et ainsi de transformer, rien qu’en les déplaçant, les bases mêmes de l’éducation ou de la culture intellectuelle.

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