Fontenelle, de bonne heure, marqua tous les défauts d’une nature privée d’idéal et de flamme, et qui n’avait ni ciel à l’horizon ni foyer intérieur ; mais il eut aussi toutes les qualités compatibles avec ces sortes de natures purement intellectuelles.
Il y venge les sciences, dont il avait mis l’utilité en question dans un endroit des Lettres persanes ; il y avance d’une manière spirituelle et originale qu’une connaissance acquise, un résultat d’un ordre intellectuel est souvent la cause indirecte et lointaine du salut de la société.
Si vous voulez, d’ailleurs, ne garder aucun faux respect, aucune considération intellectuelle pour ces prétendus philosophes, tels qu’Helvétius et d’Holbach, lisez Grimm : vous les voyez réduits à leur valeur personnelle par celui qui les a le mieux connus, et qui, en les peignant si au naturel, n’a songé nullement à les dénigrer.
Les uns, très complexes, comme tous ceux que nous venons de citer, sont intellectuels en même temps que moraux : ils résument et systématisent la situation philosophique de toute une époque en face de la vie et de la destinée.
Renan garde le salut sans le rendre, et dans l’ordre intellectuel, n’est, je l’ai dit déjà, qu’un poltron d’idées qui, comme le lièvre chez les grenouilles, ne fera jamais peur qu’à de plus poltrons que lui… Telle est, en deux mots, l’histoire de M.
Pour une seule faculté intellectuelle, en effet, on a pu se croire autorisé par l’expérience à parler de localisation précise dans le cerveau : je fais allusion à la mémoire, et plus spécialement à la mémoire des mots.
J’avoue, du reste, que cette rébellion inutile, cette non-acceptation du monde comme il est, n’en est pas moins un très vif plaisir intellectuel. […] Il y a autour de l’action comme une atmosphère, si je puis dire, de gravité et de mélancolie intellectuelle. […] De plus, il arrive ici que la naïveté d’Arlequin exprime une philosophie qui peut être fausse et qui peut aussi, d’aventure, être sotte, mais non point naïve, puisque, au contraire, elle suppose une extrême culture intellectuelle. […] Ils ont en commun la sincérité de l’esprit et du cœur, la haine du faux, la haine de l’affectation et du pédantisme intellectuel, la haine de l’hypocrisie religieuse. […] Je vous ai connue toute petite ; déjà, vous me consultiez sur tout… Votre tour d’esprit, votre façon un peu « artiste » et généreuse de juger les choses, vos goûts intellectuels n’est-ce pas mon ouvrage ?
Son père, homme de goût et de fine culture intellectuelle, comme pour lui donner le baptême de l’esprit, la fit embrasser à l’âge de deux ans par le vieux Voltaire, momifié dans sa gloire. […] Et pourtant elle ne vivait déjà plus que par la volonté, et de moins malades se seraient crus morts ; mais tant qu’elle pouvait voir, comprendre, échanger des idées, et se mouvoir dans ce charmant milieu intellectuel qu’elle aimait, elle traitait la douleur à la manière stoïque, et n’admettait pas qu’elle existât. […] Quinze mois passés sous ces plombs intellectuels, plus tristes, à coup sûr, que ceux de Venise, avaient fait du frais Tourangeau aux joues satinées et brillantes un squelette parisien, hâve et jaune, presque méconnaissable. […] Notre palais intellectuel a été étonné comme lorsqu’on boit à l’Exposition universelle quelques-unes de ces boissons américaines, mélange pétillant de glace, de soda water, de gingembre et autres ingrédients exotiques. […] Il va retrouver ses frères d’autrefois ; on pourrait même indiquer aisément la patrie intellectuelle de chacun des grands talents d’aujourd’hui.
Mais plutôt, devant cette rare infirmité intellectuelle, je me sens pris de tristesse ; et peu s’en faut que des larmes, et non point celles que versent les grands sauriens dans les roseaux du Nil, ne me montent aux yeux. […] Je tombe sur cette phrase : « La perfection intellectuelle s’allie toujours à l’étude passionnée de l’art. » Il paraît que cela traduit deux petits vers d’Anacréon (ode LV). […] Renan d’une humanité dominée tout entière par une aristocratie intellectuelle se trouvera réalisé, non plus par la terreur ni par la puissance irrésistible des moyens de répression matérielle, mais par l’hypnotisme et la suggestion. […] Elle consiste à prendre aux choses un vif intérêt intellectuel, sans jamais s’en émouvoir outre-mesure. […] Ludovic Halévy, neveu de l’auteur de la Juive, et membre de l’Académie française, se trouve être un des pères intellectuels, de la chanson de café-concert.
Il est, si j’en ose parler d’après ceux qui le connaissent, de ces natures élevées, originales, qui ont besoin d’admirer, d’aimer, et qui, même dans l’ordre intellectuel, n’ont de satisfaction réelle que de se dévouer exclusivement à ce qu’ils aiment, à la mémoire illustre en qui leur sentiment de vénération et d’idéal s’est une fois logé.
Pourtant nous voilà bien avertis de l’idéal qu’il s’est choisi ; La Motte est pour lui le beau intellectuel, simple, majestueux, son Jupiter Olympien en littérature et son Homère : l’autre Homère, avec ses grands traits et ses vives images, n’est bon tout au plus qu’à débaucher les esprits.
Il est bon d’exercer son esprit pour se procurer des plaisirs à tous les âges ; il est bon de se former des plaisirs intellectuels qui servent d’entractes aux plaisirs des sens, qui sont les seuls réels… Il faut croire assez à l’amitié pour avoir de douces illusions, mais jamais ne s’abandonner assez fortement pour être surpris de n’avoir embrassé qu’un nuage.
Lui, le petit abbé en particulier, il avait, nous le verrons, l’instinct du métaphysicien, de l’idéologue ; il tirait tout de la réflexion, de l’analyse ; l’intellectuel et l’abstrait étaient son plaisir et sa préférence.
Gerbier, Port-Royal et Clairaut, ce jeune, homme choisissait bien en tout point ses parrains intellectuels.
un siècle tout entier, mettre autant de rapidité à oublier toutes ses origines intellectuelles, toutes les annales, toutes les gloires de sa littérature et de son art.
Anatole France est une des « résultantes » les plus riches de tout le travail intellectuel de ce siècle, et que les plus récentes curiosités et les sentiments les plus rares d’un âge de science et d’inquiète sympathie sont entrés dans la composition de son talent littéraire.
Octave Feuillet résume comme il suit : Développer à toute leur puissance les dons physiques et intellectuels qu’il tenait du hasard, faire de lui-même le type accompli d’un civilisé de son temps, charmer les femmes et dominer les hommes, se donner toutes les joies de l’esprit, des sens et du pouvoir, dompter tous les sentiments naturels comme des instincts de servage, dédaigner toutes les croyances vulgaires comme des chimères ou des hypocrisies, ne rien aimer, ne rien craindre et ne rien respecter que l’honneur : tels furent, en résumé, les devoirs qu’il se reconnut et les droits qu’il s’arrogea.
Malheur à celui dont les collègues peuvent dire au café, entre deux absinthes, avec un geste de pitié ou de mépris : « Encore un intellectuel !
Victor Hugo, tantôt flagelle le riche juré qui condamne un pauvre hère, coupable d’avoir volé un pain pour nourrir sa famille, et il en appelle au Christ pensif et pâle, Levant les bras au ciel dans le fond de la salle, tantôt il traîne dans la boue la robe rouge des hauts magistrats qu’il assimile à la casaque rouge des forçats, parce que ces punisseurs officiels de la trahison se sont faits complices d’un coup d’État qui a réussi Enfin il n’y aurait pas à chercher bien loin, si l’on voulait signaler une dernière révolte des « intellectuels » contre les superstitieux adorateurs de la chose jugée.