·… Mais, avec le Paradis perdu, voilà que tout change d’aspect, en un instant, dans les passions de l’esprit humain.
Ils conviennent enfin que peut-être dans de vastes empires, tels que la Chine et la Russie, où, entre la capitale et les provinces, il y a quelquefois douze cents lieues de distance, la réaction du centre aux extrémités doit être souvent arrêtée dans sa course ; qu’ainsi il pourrait être utile d’y rassembler dans une cour tous les grands comme des otages de l’obéissance publique et de la leur : mais ils demandent s’il en est de même dans les petits États de l’Europe, où le maître est toujours sous l’œil de la nation, et la nation sous l’œil du maître, et où l’autorité inévitable et prompte peut à chaque instant tomber sur le coupable.
La politique intéressée craignit de rendre hommage à la vertu, et l’orateur, même au pied des autels, n’osa oublier un instant que l’auteur de Télémaque était exilé.
. — Au même instant, passait un garçon portant une soupière où fumait une bisque appétissante. […] Mais, au même instant où l’heure du berger sonnait à un cadran voisin, — Ergaste— Clitandre— Valère— quitte les genoux de sa belle, et suspend un entretien si doux. — Pourquoi faire ? […] Au même instant un grand mouvement se fait entendre sur le pont. […] Nous arrivons dans Leceister-square, où nous devons habiter, et, après quelques instants accordés à notre toilette, — nous nous lançons à pied dans les rues de Londres. […] En conséquence, — un nombreux groupe d’amis— attendait l’instant où le dernier artiste aurait achevé sa dernière révérence, pour procurer à M.
Guizot ait songé un seul instant à se former une idée précise de ces travaux ? […] Si nous pouvions douter un seul instant du sens que nous attribuons aux paroles de M. […] Quoiqu’il demeure sur le théâtre, il oublie pourtant la place qu’il occupe pour présenter sur l’action, un instant suspendue, les réflexions des spectateurs. […] S’il était possible de croire un instant que la simplicité de la fable s’oppose à l’expression pathétique. […] Ne craindra-t-il pas à chaque instant que ce confident dont il voulait faire un disciple ne livre le mot d’ordre, et ne révèle les secrets de la royauté qu’il a refusé de servir ?
Elle se transporte en un même instant dans toutes les régions terrestres, et passe à son gré de l’Olympe au Tartare : elle décore les hommes des attributs divins ; elle agite les divinités de tous les sentiments des hommes, et cependant l’ordre idéal, qui règne en toutes ses parties, en exclut la bizarrerie et la confusion. […] « Tendres adieux d’Hector qui retourne aux combats, « D’Andromaque un instant rassurez les alarmes, « Et mêlez dans ses yeux un sourire à ses larmes ! […] Puisée dans la plus antique des traditions, elle répand son intérêt sur l’universalité des hommes : la curiosité qui les pousse à sonder le passé le plus reculé n’est pas moins pressante en eux que le besoin inquiet de pénétrer un avenir infini : depuis que la race humaine respire, elle chercha toujours à marquer son époque originelle dans l’éternité ; et la mesure des temps limités que nous parcourons nous incite à remonter sans cesse vers un instant précis de notre formation. […] « Le monstre au même instant donne à tous le signal. […] Les prévisions fatidiques de la sibylle de Cumes interrogée par Énée, les feuilles mobiles et voltigeantes, dont l’arrangement offre les destins écrits au fond de son antre, et prêts à se disperser en désordre au souffle de l’air, ne font pas de cette étonnante interprète du sort un chimérique personnage ; car on comprend que le dieu qui la tourmente figure le trouble passionné du génie, et que l’ordre de ses oracles emporté par les vents représente la suite des vérités profondes que nous découvre la méditation recueillie dans la solitude, et que nous dérobent en peu d’instants la dissipation et les bruits extérieurs.
C’est en effet le sujet d’un très beau tableau, parce que dans un tableau on ne peint qu’un instant [Eh ! […] Philaminte a-t-elle douté un instant de l’authenticité des deux lettres qui lui annoncent la perte de toute sa fortune ? Ces lettres l’ont elles un seul instant troublée ? […] Comment supposer de l’ironie à Philaminte, qui vient, il y a un instant, d’affecter la mâle constance du Portique ? […] Je désirerais que l’interprète marquât ces deux sentiments à cet instant de la pièce.
Les vivants et les morts y mêlaient leurs voix auxquelles une voix inspirée prêtait ses accents, mais un instant vint où la voix merveilleuse se fit plus intime et plus intérieure. […] Je le revois encore assis sur ce même divan auprès d’Edmond de Goncourt, avec entre ses jambes à demi paralysées la canne à bout de caoutchouc sur laquelle il appuyait sa marche incertaine et douloureuse, qui l’aidait à se lever quand, au bras de Goncourt, il se retirait un instant à l’écart pour demander à la piqûre bienfaisante un moment d’apaisement soulagé. […] Ce Napoléonide, en effet, fils d’un patricien romain et d’une princesse Bonaparte, était dépourvu de toute morgue et affranchi de beaucoup de préjugés, mais sa souriante bonhomie et sa gracieuse affabilité n’en étaient pas moins sensibles à ce qui ne tenait pas compte de l’imperceptible distance qu’elles entendaient que l’on gardât vis-à-vis d’elles, et il savait fort bien, avec une finesse toute italienne et une politesse toute française, faire sentir, quand il le fallait, la dignité de sa naissance et l’illustration de ses parentés. « Gégé » redevenait le comte Primoli, juste l’instant nécessaire à remettre les choses et les gens au point. […] A la demande de Heredia, le brave André Lemoyne ne se fait pas prier pour répéter comment Anatole, dans le bureau de l’éditeur Lemerre, n’évita la main levée sur lui d’un interlocuteur peu patient qu’en tournant autour d’une table, poursuivi par un geste, duquel il ne lui vint pas un instant à l’idée de demander raison… Qu’Anatole ne fût pas brave n’empêchait pas que France fût un charmant et subtil esprit, admirablement et pleinement lettré, et, comme tel, fort apprécié de José-Maria de Heredia. […] Manet mort, l’atelier fermé, il prit l’habitude presque quotidienne, une fois rempli son devoir professoral, d’aller se délasser quelques instants de la dure contrainte qu’il avait subie dans une atmosphère d’amical accueil et de cordiale détente.
Ricard, malgré le papillotage et le bondissement de son discours, laisse voir à chaque instant qu’il sait beaucoup et qu’il a beaucoup comparé. […] Il est important que vous peigniez l’air de satisfaction dont je jouis à cet instant de la journée, en contemplant à la fois ma famille et ma richesse augmentée du labeur d’une journée ! […] Je vous demande pardon de m’être diverti quelques instants à la manière des petits journaux. […] Car, lorsque j’entends porter jusqu’aux étoiles des hommes comme Raphaël et Véronèse, avec une intention visible de diminuer le mérite qui s’est produit après eux, tout en accordant mon enthousiasme à ces grandes ombres qui n’en ont pas besoin, je me demande si un mérite, qui est au moins l’égal du leur (admettons un instant, par pure complaisance, qu’il lui soit inférieur), n’est pas infiniment plus méritant, puisqu’il s’est victorieusement développé dans une atmosphère et un terroir hostiles ? […] Je sais bien que l’imagination humaine peut, par un effort singulier, concevoir un instant la nature sans l’homme, et toute la masse suggestive éparpillée dans l’espace sans un contemplateur pour en extraire la comparaison, la métaphore et l’allégorie.
La Place-Royale était alors le quartier neuf, le beau quartier, et allait enlever aux galeries du Palais-de-Justice le privilège dont nous parlions il y a un instant, ou du moins partager avec elles le courant du public. […] Tout cela, sans doute, est un peu gros et un peu froid ; mais si, pour un instant, le genre est admis, la charge peut sembler assez drôle. […] Ils font tout ce que commande le cruel devoir ; pas un instant, ils ne songent à l’éluder, ni à déserter l’honneur ; mais ils ne désertent pas non plus leur amour ; ils restent fidèles à l’un comme à l’autre. […] Par conséquent, on en revient toujours à se demander comment elle a pu quitter dans un tel instant le rempart et la vue du combat. […] Il faut vous représenter tout cela à la fois. — Mais, pour l’instant, achevons en quelques mots l’analyse de Don Sanche, qui est, avec Nicomède sur la limite des deux saisons de Corneille.
Les faits les mieux connus s’oublient ou se dénaturent ; et les témoignages de l’histoire, comme l’autorité des anciennes poétiques, réfutent à chaque instant les opinions de madame de Staël. […] Il peut amuser un instant l’imagination, mais il ne la nourrit point ; il ne lui offre aucun point de vue consolant : il n’est susceptible d’aucune variété ; il est sombre comme les nuits de l’hiver, et resserré comme les horizons chargés de brouillards que peint le chantre de Trenmor et de Fingal. […] « De pareilles scènes, renouvelées à chaque instant, étonnaient les hordes barbares. […] En un instant elle est répandue dans les maisons, dans les places publiques ; il est mort ; à ce mot, qui de nous n’a été attendri ? […] ne les plaignez point dans cet instant, vous qui ne jugez du bonheur que par les joies du monde : leurs traits sont abattus, leur corps chancelle, et la mort observe leurs pas.
Quelle que fût sa langue, latine, ou franque, ou romane, le peuple n’a pas cessé de chanter ; il est impossible, de par les lois psychologiques et de par l’expérience, d’admettre un seul instant un silence séculaire ; au contraire, la nouvelle religion, le nouvel état politique et social devaient provoquer une nouvelle poésie. […] On retrouve l’esprit bourgeois, la satire contre la féodalité, contre l’Église et la femme dans les Cent nouvelles nouvelles, et chez Antoine de la Salle ; l’esprit dramatique y perce à chaque instant sous la forme épique. […] J’ai eu cette bonne fortune d’assister à une représentation de l’Abraham, devant la société protestante de Paris : à la scène le défaut essentiel apparaît beaucoup mieux qu’à la lecture ; il y a là une douleur poignante, mais pas de conflit dramatique ; la volonté de Dieu est indiscutable et insondable ; sans rapport, pour nous, avec les caractères ; Abraham s’y soumet aussitôt « avec obéissance » ; Isaac de même ; il n’y a qu’un court instant de lutte morale, et cette lutte est extériorisée, donc affaiblie, par le personnage de Satan. […] A supposer un seul instant qu’au cours d’une nouvelle invasion de barbares un autre peuple vienne un jour remplacer en France ceux qui sont aujourd’hui les Français, le vainqueur subirait l’influence de cette terre privilégiée et faillirait à l’honneur s’il ne reprenait à son tour la tradition intellectuelle, en perpétuant ce nom sacré : la France.
On oublie à chaque instant qu’injurier une foule, c’est s’encanailler soi-même. […] Une ballade, un refrain populaire, suffisent pour vous représenter en un instant ce caractère sous les traits les plus arrêtés et les plus frappants. […] Ils ont résisté à la déroute ; ils sont restés, sans broncher un instant, fidèles au compositeur. […] Il faut revenir aux vraies doctrines, obscurcies un instant par l’infâme Galiléen. […] Quelques instants auparavant, l’auteur venait de se livrer aux élans solitaires de sa haine voltairienne contre les calotins.
terre féconde en miracles, jusque dans les instants de tourmente et d’égarements partiels !
Le sublime, tombant à genoux145, s’écrie épouvanté : Je ne vois que des infinités de toutes parts qui m’enferment comme un atome, et comme une ombre qui ne dure qu’un instant sans retour 146.
Tout cela n’empêche point Stendhal de se croire extraordinairement sensible. « Si je vis, ma conduite démontrera qu’il n’y a pas eu d’homme aussi accessible à la pitié que moi… La moindre chose m’émeut, me fait venir les larmes aux yeux… » Ces déclarations reviennent à chaque instant.
Les malheurs de notre famille lui firent prendre une autre direction, et il traversa de dures épreuves, où son courage ne se démentit pas un seul instant.
Mais son premier essai, les Maritimes, mérite de nous arrêter un instant par sa valeur documentaire et révélatrice.
Nous ne l’avons prise un instant au sérieux que parce qu’elle nous a fourni l’occasion de dégager quelques leçons complémentaires sur l’art d’écrire.