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614. (1883) Essais sur la littérature anglaise pp. 1-364

Partout ailleurs, les barbares ont plutôt châtié le monde qu’ils ne l’ont refait à leur image, mais là ils ont mis leur empreinte. […] Taine, il y a dans son livre des métaphores, des images et des comparaisons qui équivalent à des traits de génie. […] Ce qui augmente encore la sensation d’accablement du lecteur, c’est que ces images ne sont rien moins que faites pour glisser légèrement sur l’attention ; ce sont des images du plus fort calibre qui font trou là où elles portent et qui blessent l’esprit en s’y enfonçant. […] Les systèmes ne sont d’ordinaire que l’image même de celui qui les construit. […] La verve de Mercutio est pleine de hasards malencontreux et de fâcheuses rencontres de mots et d’images.

615. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — T — Toisoul, Arthur »

. — Images de Dieu (1898).

616. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 284

La singularité de ce titre n’a nul rapport avec ce qu’on trouve dans le Livre ; on ne peut tout au plus parvenir, en le lisant, qu’à se gâter l’esprit par des images dégoûtantes, & à se familiariser avec le langage du vice le plus effronté.

617. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » p. 319

Il faut, pour être assuré de toujours plaire, sur-tout dans le genre de l’apologue, s’attacher à des ressorts plus puissans, c’est-à-dire à cette chaleur vivifiante qui naît de la force du sentiment & que l’esprit ne sauroit jamais suppléer, à cette variété de tours & d’images qui réveille l’attention & écarte l’ennui, & sur-tout à ce choix d’expressions nobles & figurées qui distingue le vrai Poëte du froid Versificateur.

618. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — C — article » p. 446

Le caractere original de tous ses Ouvrages est l’image de celui qu’il portoit dans la société.

619. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLIVe entretien. Madame de Staël. Suite »

Le cygne y est mis en opposition avec l’aigle, l’un comme l’emblème de l’existence contemplative, l’autre comme l’image de l’existence active : le rhythme du vers change quand le cygne parle et quand l’aigle lui répond, et les chants de tous les deux sont pourtant renfermés dans la même stance que la rime réunit : les véritables beautés de l’harmonie se trouvent aussi dans cette pièce, non l’harmonie mais la musique intérieure de l’âme. […] « Le cygne : Ma vie tranquille se passe dans les ondes, elle n’y trace que de légers sillons qui se perdent au loin, et les flots à peine agités répètent comme un miroir pur mon image sans l’altérer. » « L’aigle : Les rochers escarpés sont ma demeure, je plane dans les airs au milieu de l’orage ; à la chasse, dans les combats, dans les dangers, je me fie à mon vol audacieux. » « Le cygne : L’azur du ciel serein me réjouit, le parfum des plantes m’attire doucement vers le rivage, quand, au coucher du soleil, je balance mes ailes blanches sur les vagues pourprées. » « L’aigle : Je triomphe dans la tempête quand elle déracine les chênes des forêts, et je demande au tonnerre si c’est avec plaisir qu’il anéantit. » « Le cygne : Invité par le regard d’Apollon, j’ose me baigner dans les flots de l’harmonie ; et reposant à ses pieds, j’écoute les chants qui retentissent dans la vallée de Tempé. » « L’aigle : Je réside sur le trône même de Jupiter : il me fait signe et je vais lui chercher la foudre ; et pendant mon sommeil, mes ailes appesanties couvrent le sceptre du souverain de l’univers. » « Le cygne : Mes regards prophétiques contemplent souvent les étoiles et la voûte azurée qui se réfléchit dans les flots, et le regret le plus intime m’appelle vers ma patrie, dans le pays des cieux. » « L’aigle : Dès mes jeunes années, c’est avec délices que dans mon vol j’ai fixé le soleil immortel ; je ne puis m’abaisser à la poussière terrestre, je me sens l’allié des dieux. » « Le cygne : Une douce vie cède volontiers à la mort : quand elle viendra me dégager de mes liens et rendre à ma voix sa mélodie, mes chants jusqu’à mon dernier souffle célébreront l’instant solennel. » « L’aigle : L’âme, comme un phénix brillant, s’élève du bûcher, libre et dévoilée ; elle salue sa destinée future, le flambeau de la mort la rajeunit en la consumant. » XLVIII Mais rien ne surpasse son analyse et sa traduction du drame de Faust, par Gœthe, et cette scène à laquelle ni l’antiquité ni Shakespeare n’ont de scène tragique à opposer. […] Dans le monde on se sent oppressé par ses facultés, et l’on souffre souvent d’être seul de sa nature au milieu de tant d’êtres qui vivent à si peu de frais ; mais le talent-créateur suffit, pour quelques instants du moins, à tous nos vœux ; il a ses richesses et ses couronnes, il offre à nos regards les images lumineuses et pures d’un monde idéal, et son pouvoir s’étend quelquefois jusqu’à nous faire entendre dans notre cœur la voix d’un objet chéri. […] C’est dans ces beaux lieux, époque troublée mais culminante de sa vie, que nous entrevîmes une seule fois la figure de la femme historique, dont nous retraçons aujourd’hui l’image. […] Un de ses fils avait été tué en duel en Suède, mais il lui restait l’aîné, parfaite image de M. 

620. (1868) Cours familier de littérature. XXVI « CLVIe Entretien. Marie Stuart (reine d’Écosse) »

V Les poëtes de la cour commençaient de célébrer dans leurs vers les merveilles de sa figure et les trésors de son esprit : En votre esprit le ciel s’est surmonté ; Nature et art ont en votre beauté Mis tout le beau dont la beauté s’assemble, écrit du Bellay, le Pétrarque du temps ; Ronsard, qui en était le Virgile, trouve, toutes les fois qu’il en parle, des images, des suavités et des finesses d’accent qui prouvent que la louange venait de l’amour et que son cœur séduisait son génie. […] Le même poëte, la contemplant quelques jours avant son départ en habits de deuil dans le parc de Fontainebleau, retrace ainsi amoureusement son image et la confond pour jamais avec les belles ombres des Diane de Poitiers, des la Vallière et des Montespan qui peuplent, pour l’imagination, les eaux et les arbres de ce beau lieu : .......... […] Vive image de sa mission parmi les hommes auxquels il devait distribuer la parole, ce pain de vie ! […] Il continua à professer à la cour son culte d’adoration pour Marie Stuart, à remplir le palais de ses vers amoureux et à réciter aux courtisans ceux que Ronsard, toujours possédé de la même image, adressait de Paris à la reine de sa lyre. […] Quand cet yvoire blanc qui enfle votre sein, Quand vostre longue, gresle et délicate main, Quand vostre belle taille et vostre beau corsage Qui ressemble au pourtraict d’une céleste image ; Quand vos sages propos, quand vostre douce voix Qui pourroit esmouvoir les rochers et les bois, Las !

621. (1883) Souvenirs d’enfance et de jeunesse « Chapitre III. Le Petit Séminaire Saint-Nicolas du Chardonnet (1880) »

Il avait dans sa loge beaucoup d’images populaires : « Regarde Bonaparte, me dit-il un jour en me montrant une de ces images ; ah ! […] Vieux et chers maîtres, maintenant presque tous morts, dont l’image m’apparaît souvent dans mes rêves, non comme un reproche, mais comme un doux souvenir, je ne vous ai pas été aussi infidèle que vous croyez. […] Les sonneries pieuses de l’Angélus du soir, se répondant de paroisse en paroisse, versaient dans l’air quelque chose de calme, de doux et de mélancolique, image de la vie que j’allais quitter pour toujours. […] Ayant toujours vécu seul auprès d’elle je ne pouvais me détacher des images de la vie si douce que j’avais goûtée pendant des années.

622. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre II, grandeur et décadence de Bacchus. »

Des vases antiques, figurant ces images agrestes, le montrent engagé dans une gaine d’écorce, étendant, en guise de bras, deux branches verdoyantes. […] Son armée s’est faite à l’image de ce monstrueux adversaire. […] Ses Bacchanales et ses Triomphes vont décorer les sarcophages : les Noces d’Ariane déroulent le long des parois leur fastueux cortège, les Satyres soufflent dans leurs doubles flûtes, l’Amour, planant aux volutes du marbre, secoue son flambeau sur le chœur des danses, comme pour distraire les morts en les entourant des plus riantes images de la vie. […] Il les refait à son image, il y répand un souffle de vertige, un feu de luxure. […] L’Orphisme condamnait les impies à puiser aux Enfers de l’eau dans un crible ; c’est l’image de ses mystagogues s’acharnant à remplir de leurs spéculations et de leurs systèmes un dieu sans fond, à force d’avoir été élargi. — Un roman carlovingien raconte qu’un chevalier héritait de la force de tous les guerriers qu’abattait sa lance : Bacchus hérite des attributs des dieux qu’il supplante, mais non de leur force qui n’existait plus.

623. (1878) La poésie scientifique au XIXe siècle. Revue des deux mondes pp. 511-537

La terre ouvrant son sein, ses ressorts, ses miracles… Aux lois de Cassini les comètes fidèles ; L’aimant, de nos vaisseaux seul dirigeant les ailes, Une Cybèle neuve et cent mondes divers Aux yeux de nos Jasons sortis du sein des mers ; Quel amas de tableaux, de sublimes images, Naît de ces grands objets réservés à nos âges ! […] Les images, les mots que le génie inspire, Où l’univers entier vit, se meut et respire, Source vaste et sublime et qu’on ne peut tarir, En foule en son cerveau se hâtent de courir. […] La langue qu’il avait à sa disposition était presque entièrement formée à l’image de celle d’Athènes ou de Rome, saturée d’images antiques, encombrée de mythologie. […] Il s’accomplit tout seul, artiste, œuvre et modèle ; Ni petit, ni mauvais, il n’est ni grand ni bon ; Car sa taille n’a pas de mesure hors d’elle, Et sa nécessité ne comporte aucun don. » Zénon, Spinosa, Hegel, reconnaîtraient dans ces vers la fière et triste image de leur pensée.

624. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — A — article » p. 185

On ne trouve également qu’une image imparfaite de l’éloquence d’Eschine, dans la traduction qu’il a donnée des trois Harangues qui nous restent de cet Auteur.

625. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — P. — article » p. 562

Le sujet en est intéressant, le plan régulier, les épisodes sont bien amenés, les moralités naissent du sujet, les comparaisons sont justes, les images souvent heureuses ; malgré cela, le défaut de chaleur, d’élégance, de correction, un grand nombre de Vers foibles, durs, prosaïques, la monotonie qui regne dans les couleurs, la sécheresse du pinceau, les fautes contre la Langue & contre le goût, font que ce Poëme n’est pas plus lu que le Childebrand de Sainte-Garde, la Pucelle de Chapelain, le Saint Louis du P.

626. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Elzéar, Pierre (1849-1916) »

L’action, assez peu dépourvue de banalité, languit, se traîne, se détire, bâille pour ainsi dire, et le spectateur va peut-être en faire autant, quand tout à coup il est réveillé par une image gracieuse ou un aimable vers.

627. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre II. La Renaissance. — Chapitre I. La Renaissance païenne. » pp. 239-403

Comptez qu’encore à ce moment les têtes sont remplies d’images tragiques. […] Dès lors les comparaisons étranges, les idées alambiquées, les images excessives deviennent naturelles. […] Il ne soumet pas l’image à l’idée ; c’est un voyant, ce n’est pas un philosophe. […] Ils prennent pour de l’esprit des charades entortillées, des images grotesques. […] Mais ce qui distingue celui-ci des autres, c’est que chez lui l’image ne fait que concentrer la méditation.

628. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — E — Esquiros, Alphonse (1812-1876) »

Évidemment résolu à ne jamais tomber dans le poncif de la diction courante, il trouve parfois des effets de mots et d’images très pittoresques.

629. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — C — article » p. 6

Colardeau auroit continué sans doute de joindre au mérite d’une versification heureuse, la chaleur du sentiment, l’énergie des pensées, & la beauté des images.

630. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — R. — article » pp. 87-88

Le style en est simple, naturel, correct ; les images en sont piquantes & variées ; mais l'invention n'en est point heureuse, la narration en est souvent froide, la morale peu intéressante & mal amenée.

631. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Guerin » p. 221

Guerin Plusieurs petits tableaux peints à l’huile, en miniature, dont plusieurs d’après l’école d’Italie . peu de chose, jolies images, bien précieuses, jolis dessus de tabatières, trop bien pour l’hôtel de jabac, pas assez bien pour l’académie.

632. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « Diderot »

pour appliquer ici un mot éloquent de Diderot lui-même, « la statue de l’architecte restera debout au milieu des ruines, et la pierre qui se détachera de la montagne ne la brisera point, parce que les pieds n’en sont pas d’argile. » L’athéisme de Diderot, bien qu’il l’affichât par moments avec une déplorable jactance, et que ses adversaires l’aient trop cruellement pris au mot, se réduit le plus souvent à la négation d’un Dieu méchant et vengeur, d’un Dieu fait à l’image des bourreaux de Calas et de La Barre. […] Plus efficacement que nos paroles, elle ravivera, elle achèvera dans leur mémoire une image déjà vieillie, mais toujours présente. […] Il y en a seulement un très-petit nombre de sages qui cherchent avec soin ce sentier, et qui, l’ayant découvert, y marchent avec grande circonspection, et, trouvant ainsi le moyen de passer le torrent, arrivent enfin à un lieu de sûreté et de repos. » L’image de Nicole n’est pas consolante ; au chapitre V du traité de la Crainte de Dieu, on peut chercher une autre scène de carnage spirituel, dans laquelle n’éclate pas moins ce qu’on a droit d’appeler le terrorisme de la Grâce : on conçoit que Diderot ait trouvé ces doctrines funestes à l’humanité, et qu’il ait voulu faire à son tour, sous image d’île et d’océan, une contre-partie au tableau de Nicole. — Il y a aussi dans Pascal une comparaison du monde avec une île déserte, et les hommes y sont également de misérables égarés.

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