Quant au travail de l’esprit, c’est, dit Balzac, un des plus grands de l’homme. […] Il est toujours périlleux de vivre plusieurs vies d’homme à la fois, dans leurs circonstances les plus distinctes, d’une manière trop intense et trop convaincue. […] L’homme ne tend pas moins, et tout naturellement, à persister dans son état moral. Que l’on admette un milieu social guerrier, Sparte par exemple, et qu’il vienne à y naître, par une de ces variations fortuites que la théorie de la sélection est forcée d’admettre, un homme doué de sentiments délicats et pacifiques ; évidemment cet homme essaiera de ne poiut modifier son âme, de ne pas accomplir des actes qui lui répugnent. […] Il dit qu’il y a un « homme intérieur » souvent très différent de « l’homme social » ; or, ajoute-t-il, on ne peut connaître cet homme intérieur que par les actes libres et non intéressés de l’individu, par le choix de ses plaisirs, par le jeu de ses facultés inutiles.
Mais c’est un ancien ministre, c’est un homme qu’on appela politique et qui se crut homme d’État deux jours, c’est M. […] Elle manigançait de petites complications contre le grand homme qui était la tête de la France. […] la fantaisie d’un homme à qui son temps en permet et qui a la fatuité de la faveur publique ! […] Mais quand un homme de l’autorité, usurpée, il est vrai, de M. […] … Les hommes à femmes ne se corrigent jamais, et M.
Mais c’est un homme d’imagination. […] Non, vraiment, il n’est plus un homme. […] que les hommes sont bons ! […] François, filateur à Elbeuf, est un homme terrible, un homme à principes. […] L’ennemi des hommes d’argent accepte le butin suspect d’un homme d’argent.
Gloire aux temps où l’homme vit à cheval, car l’homme « détrôné de son cheval ne paraît plus qu’une moitié d’homme ». […] Nul homme n’est cette machine précise, parce que nul homme ne s’offre ainsi passivement aux impressions ambiantes. […] Parce que l’homme pense. […] Est-ce là ce développement harmonieux de tout l’homme que veut l’idée de l’homme ? […] « La religion est essentiellement lien, lien des hommes avec Dieu, lien des hommes entre eux : elle est société, société des hommes avec Dieu, société des hommes entre eux : elle est amour.
L’homme sera toujours l’esclave passionné de la douleur. […] Louis Veuillot était un homme de la plus rare bravoure physique. […] Il n’est plus même nécessaire d’être un homme. […] Mais il est un homme juste, et son patriotisme ne l’aveugle pas. […] On dit qu’il y a des hommes qui y parviennent.
« Un Souverain, dit-il, n’est pas un homme ordinaire, ni le Trône où il est élevé, la seule distinction qui le sépare de ses Sujets. C’est un homme que la Providence met au dessus des autres, mais qui doit s’y mettre lui-même par son mérite ; qui, chargé du plus grand & du plus difficile de tous les emplois, doit avoir ces qualités éminentes qui sont nécessaires pour régner sur les autres, pour soutenir le poids d’une grande autorité & d’une grande fortune, pour régler l’usage d’un pouvoir indépendant, & pour trouver dans sa propre vertu une loi sévere & impérieuse qui regle ses désirs & ses actions. C’est un homme libéral dans l’abondance, magnanime dans les dangers, modeste dans les honneurs, tempérant au milieu du luxe & des plaisirs, grave sans être trop sévere, prudent sans artifice, humain sans foiblesse, d’une élévation tempérée par la douceur & l’honnêteté, juste, sage, vaillant, laborieux, actif, ennemi de l’impiété, protecteur de la Religion, jaloux du maintien des mœurs ; &, pour tout dire en un mot, un homme qui, étant le premier Ministre de Dieu, doit plus approcher que tous les autres hommes de ses perfections infinies, & exerçant son autorité, l’exercer comme lui ». […] « Il considere ce progrès insensible, mais si rapide de la vie vers sa fin, la mort toujours prochaine, ou plutôt toujours présente, le tombeau, la cendre, le tribunal de son Juge, les peines & la gloire de l’Eternité ; il attache sa vue sur ces dernieres fins de l’homme, si propres à régler sa course, &, prosterné chaque jour devant Dieu, il lui demande la grace de bien vivre, pour avoir celle de bien mourir ; sacré soin, précieuse solitude, sceau de Dieu dans les ames prédestinées, vigilance nécessaire, mais rare dans tous les hommes, plus rare dans les Grands, & plus nécessaire encore aux Grands qu’aux autres hommes ».
L’homme mûr retrouvera son bien dans les essais du jeune homme. […] Mais, en homme de génie, il met dans ces rôles le plus de l’homme qu’il peut, et c’est assez pour les faire vivre. […] Au lieu de rôles, sous lesquels l’homme perçait, voilà l’homme en déshabillé. […] Sganarelle n’est qu’un fort vilain homme. […] un homme de son esprit serait vaincu par une sotte et un étourdi !
Et en particulier, les hommes remarquables, guerriers, prélats, savants, hommes de lettres, qui sont sortis avec éclat de la terre natale, y rentrent à l’état de personnages historiques après des années ou après des siècles, et y obtiennent d’un commun suffrage des bustes, des statues. […] M. le préfet donna le signal par quelques paroles bien senties, où l’administrateur montrait qu’il se ressouvenait de l’homme de lettres. […] Il y a aussi l’homme de tendresse, de roman ou de passiond, qui, après quelques semaines ou quelques mois de retraite, vient déranger l’homme d’étude et le demi-solitaire, et lui représenter un bonheur plus vif dans l’amour ou dans le plaisir. Voilà bien des hommes, et deux surtout, qui, dans l’abbé Prévost, se traversent et se combattent : un Tiberge d’une part, et un Des Grieux de l’autre. […] Même quand il porte des fers et quand il est à la gêne, on sent chez Prévost l’homme de qualité, une plume de vocation libérale et non esclave.
L’Homme rouge de Lyon n’est qu’un insulteur à rimes riches, et ce que j’ai vu de l’Homme rouge de Paris ne m’a point paru meilleur. […] Il avait vingt-huit ans ; le jeune homme était mort en lui : l’homme était fait. […] L’homme qui n’a pas souffert ne sait rien de la vie ; il en ignore les abîmes et les hauteurs, les ombres et la lumière. […] L’Homme rouge avait dirigé en grande partie contre ce roi ses bombes homicides. […] Veyrat n’hésita point : il n’était pas homme à se repentir à demi.
Stryienski et de Nion, que je n’ai jamais parfaitement compris, je l’avoue, cet homme singulier, et que j’ai beaucoup de peine, je ne dis pas à l’admirer ; mais à me le définir à moi-même d’une façon un peu satisfaisante. […] Lui-même est un mâle, un sanguin, un homme d’action. […] Il a voulu être un homme du monde, un homme à bonnes fortunes, un « homme fort », comme disait Balzac ; il s’y est fort appliqué (vous le verrez en parcourant ses notes), et il l’a été dans une très honorable mesure. […] Il voulait le plaisir sous toutes ses formes, mais particulièrement l’action grandiose, la domination sur les femmes et sur les hommes. […] Bonaparte avait sur les hommes des notions nettes, mais sommaires.
comme le petit homme gris de Béranger ; car il ne riait ni ne souriait de rien, pas plus de sympathie que de mépris, — Guizot, qui ajoutait, pour être complet dans l’agrément, le pédantisme du protestant au pédantisme du professeur ! […] Il est un de ses propres Lilliputiens devant notre grand homme de France. […] Il a, de temps en temps, et souvent même, un trait, un coup à percer la toile et l’homme ou la chose qu’il retrace ; puis il glisse et devient confus. […] Elle exprime le mépris de l’action politique que Carlyle avait et que tous les hommes sensés et fiers devraient avoir ; car vous voyez à quel prix on l’a ! […] … Il avait une fois appelé Robespierre « l’homme verdâtre », et cela avait touché si heureusement qu’il était impossible de l’oublier.
Seulement, pour introduire hardiment et heureusement le surnaturel dans une littérature, il faut des hommes sains, des intelligences bien portantes, des poitrines accoutumées à respirer l’éther, et Hoffmann n’était pas dans ces conditions d’organisation supérieure. […] On ne peut qu’applaudir à cette tentative ; mais ce que nous aurions désiré et ce qui nous manque encore, c’eût été la mesure prise d’Hoffmann — exactement et sans faiblesse — par un esprit entendu à ce genre de Critique qui va de l’homme à l’œuvre et de l’œuvre à l’homme. […] Les détails sur l’homme ne le montreront point sous un jour qui doive intellectuellement beaucoup le grandir. […] Nous nous sommes longtemps demandé comment il avait pu se placer dans de pareilles conditions d’enthousiasme ou de parti vis-à-vis d’un homme si radicalement opposé à sa nature d’inventeur, mais un regard plus assuré sur cette anomalie nous en a donné le secret. […] Hoffmann, brumeux et maladif (ce sont ses titres, selon Champfleury, au respect des hommes, moi, j’aurais dit à leur pitié), aura le sort des brumes et des maladies.
Il a intitulé son livre, avec une profondeur peut-être inconsciente, mais qui n’en est pas moins de la profondeur : Les Philosophes et la Philosophie, mettant avec raison les hommes avant la chose, la Philosophie n’étant jamais un Absolu, quoiqu’elle prétende en être un, et n’ayant de valeur, comme tous les empirismes, que par les hommes qui la cultivent ou qui la professent. […] Il a fait des hommes qui nous laissent la liberté du mépris… Le Dr Athanase Renard nous a donné de ces hommes-là une biographie intellectuelle qui les tue. […] C’est un homme de réflexion et d’initiative, mais d’initiative inspirée par la réflexion, par l’expérience et par l’histoire. […] Un jour, elle a passé, cette terrible idée, dans l’esprit d’un homme de génie, et Dieu sait le trouble qu’elle y jeta ! […] L’auteur, qui ne se contente pas de massacrer les systèmes et les hommes du Matérialisme, boucherie méritée !
Ailleurs, quelques hommes épars se cachaient parmi des ruines. […] L’homme, dans cet état, fut condamné à l’ignorance et à la barbarie ; il devint sauvage comme le globe qu’il habitait. […] Pendant huit cents ans, les hommes ne furent occupés qu’à se déchirer et à combattre. […] Il fallait surtout que les hommes cessassent d’être esclaves ; car la nature a défendu aux esclaves de penser. […] Veut-on que des hommes, ensevelis dans les mines, parlent avec éloquence de ce qui se passe sur la terre ?
Il s’est trouvé un homme qui, sentant, lui aussi, au fond du cœur la misère du présent, a eu la force de renoncer d’abord au lyrisme et de tourner la poésie à l’action, faisant à la fois œuvre de poète, de philosophe et d’homme d’État. […] Hommes de mon temps, où sont vos fêtes où le cœur des hommes bat en commun ? […] Une dualité douloureuse s’établit dans un homme ainsi placé entre deux aspirations différentes. […] De quelle confiance sublime déshérite-t-il l’homme dans ce livre ? […] Avec les Titans de Goethe ou de Byron faites des hommes, mais ne leur enlevez pas pour cela leur noble caractère.
Dickens est l’homme de ses livres, Tolstoï l’est devenu peu à peu. […] Comme la rose et comme l’orchidée double, l’homme supérieur, l’artiste, l’homme de lettres, est un monstre, un être factice et délicat, incomplet en certaines parties, anormalement développé en d’autres. […] L’homme de lettres, en prenant cette désignation dans un sens choisi, est par définition un homme supérieur, c’est-à-dire dont l’activité cérébrale dépasse celle d’une unité sociale moyenne : c’est-à-dire encore un homme qui dépense sa plus grande somme d’énergie à penser. […] Évidemment chez cet homme tout l’appareil sensoriel est exacerbé et surtendu. […] Toute la vue du monde et de la société s’est ressentie de ce changement dans la conception de l’homme.
Mais où est-il l’homme sans opinions d’aucune sorte ? […] Philinte est son homme plus qu’Alceste. […] on pourrait être pris pour un homme à convictions. […] Ce n’est qu’un homme du monde teinté d’érudition. […] Bourget est un homme de science.
La vérité, c’est l’ordre, c’est l’harmonie, c’est la paix, c’est l’homme restitué à l’image de Dieu ; c’est Dieu dans l’homme. […] L’homme dans le monde, le monde dans l’homme, en d’autres termes la destinée de l’homme et sa pensée, qui est encore sa destinée, voilà le centre et l’unité de cette étrange composition. […] Sera-ce Dieu ou l’homme ? […] Sera-ce Dieu avec sa lumière ou l’homme avec ses ténèbres ? […] Demander si l’homme a besoin d’être sauvé, si l’homme peut être sauvé, est-ce donc faire une question partielle, isolée ?
Cet homme qui passe pour avoir été si heureux, et dont toute la carrière est comme un démenti donné à l’infortune héréditaire des poëtes, avait son gravier au pied, qui le blessait. […] C’est un homme unique : ses pièces touchent à la tragédie, elles saisissent, et personne en cela n’ose l’imiter. […] À cette époque de l’éclat littéraire de Chateaubriand, l’homme de Weimar ne faisait pas grande attention à la France qui s’imposait à l’Allemagne par d’autres aspects. […] Ce qui s’appelle vraiment le peuple ne sert que fort peu à notre développement, et tous les hommes de talent, toutes les bonnes têtes sont parsemées à travers toute l’Allemagne. […] — L’auteur est mort depuis, enlevé dans la force des ambitions et des espérances ; cet homme aimable et distingué voulait mener trop de choses à la fois.