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1709. (1864) Nouveaux lundis. Tome II « Bossuet. Œuvres complètes publiées d’après les imprimés et les manuscrits originaux, par M. Lachat »

« On a de lui cinquante et un ouvrages, dit Voltaire ; ce sont ses Oraisons funèbres et son Discours sur l’Histoire universelle qui l’ont conduit à l’immortalité. » D’Alembert, Thomas, La Harpe, lui rendent pleine justice à cet égard, mais à cet égard seulement. […] Sous l’Empire, M. de Bausset, qui avait débuté par une intéressante et agréable Histoire de Fénelon, continue par une Histoire de Bossuet, utile, agréable encore, mais où la critique proprement dite est un peu vague, où la louange est un peu trop généralement répandue, et où toutes les sources contemporaines ne sont pas consultées d’assez près.

1710. (1869) Nouveaux lundis. Tome XI « Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M. Louis Passy. »

Frochot, Préfet de la Seine, histoire administrative, par M.  […] Ayant à étudier, dans cette vie du préfet de Paris, tout un fragment considérable de l’histoire administrative du premier Empire, M.  […] On sait cette triste et ironique histoire.

1711. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « M. Rodolphe Topffer »

Cryptogame, composer et publier son Histoire d’Albert en scènes, à la plume, puis son Essai de Physiognomonie. […] C’est une douce histoire, touchante, simple, savante pourtant de composition et sans en avoir l’air. […] En nous permettant, même en ce moment, cette libre critique, nous avons voulu témoigner l’entière sincérité de notre jugement et nous maintenir le droit de dire bien haut, comme nous nous plaisons à le faire, que l’histoire de Rosa et Gertrude est une des lectures les plus douces, les plus attachantes et les plus saines qui se puissent goûter.

1712. (1902) L’observation médicale chez les écrivains naturalistes « Chapitre III »

C’est bien singulier, écrire son histoire quinze ans d’avance ! Cette histoire, cependant, n’a pas été. […] Histoire de la maladie : Dans ces conditions, le surmenage par la sensation ne tarde pas à agir en exagérant la tendance morbide.

1713. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Première partie. De la littérature chez les anciens et chez les modernes — Chapitre premier. De la première époque de la littérature des Grecs » pp. 71-94

De la première époque de la littérature des Grecs Je comprends dans cet ouvrage, sous la dénomination de littérature, la poésie, l’éloquence, l’histoire et la philosophie, ou l’étude de l’homme moral. […] Les Grecs ont été d’abord, dans les temps reculés de leur histoire connue, illustrés par leurs poètes. […] Homère a recueilli les traditions qui existaient lorsqu’il a vécu, et l’histoire de tous les événements principaux était alors très poétique en elle-même.

1714. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section première. Des passions. — Chapitre III. De la vanité. »

La vanité des hommes supérieurs les fait prétendre aux succès auxquels ils ont le moins de droit ; cette petitesse des grands génies se retrouve sans cesse dans l’histoire ; on voit des écrivains célèbres ne mettre de prix qu’à leurs faibles succès dans les affaires publiques ; des guerriers, des ministres courageux et fermes, être avant tous flattés de la louange accordée à leurs médiocres écrits ; des hommes, qui ont de grandes qualités, ambitionner de petits avantages : enfin, comme il faut que l’imagination allume toutes les passions, la vanité est bien plus active sur les succès dont on doute, sur les facultés dont on ne se croit pas sûr ; l’émulation excite nos qualités véritables ; la vanité se place en avant de tout ce qui nous manque ; la vanité souvent ne détruit pas la fierté ; et comme rien n’est si esclave que la vanité, et si indépendant, au contraire, que la véritable fierté, il n’est pas de supplice plus cruel, que la réunion de ces deux sentiments dans le même caractère. […] La figure d’une femme, quelle que soit la force ou l’étendue de son esprit, quelle que soit l’importance des objets dont elle s’occupe, est toujours un obstacle ou une raison dans l’histoire de sa vie ; les hommes l’ont voulu ainsi. […] La peine se multiplie par la peine, et le but s’éloigne par l’action même du désir ; et dans ce tableau qui semblerait ne devoir rappeler que l’histoire d’un enfant, se trouvent les douleurs d’un homme, les mouvements qui conduisent au désespoir et font haïr la vie ; tant les intérêts s’accroissent par l’intensité de l’attention qu’on y attache ; tant la sensation qu’on éprouve, naît du caractère qui la reçoit bien plus que de l’objet qui la donne.

1715. (1895) Histoire de la littérature française « Cinquième partie. Le dix-huitième siècle — Livre IV. Les tempéraments et les idées (suite) — Chapitre II. Diderot »

Avec la même indifférence, il semait de ses pages dans les livres de ses amis : un traité de clavecin de Bemetzrieder, une histoire de l’abbé Raynal, une gazette de Grimm, tout lui était bon ; l’essentiel, pour lui, c’était d’écrire ; y mettre son nom n’aurait rien ajouté à son plaisir ! […] Il a fait des mathématiques, il a fait de la physique, il a fait de l’histoire naturelle, il connaît les plus récentes hypothèses, les expériences les plus suggestives des sciences qui actuellement se constituent et s’étendent. […] Au milieu de la réaliste histoire de Mme de la Pommeraye, tout d’un coup une déchirure se fait dans l’écorce du récit ; une poussée de sentiment jette ces cinq lignes brûlantes, dont nul personnage, ni l’auteur même n’endosse la responsabilité ; aussitôt tout se calme ; et deux minutes après nous buttons sur une énorme polissonnerie.

1716. (1824) Ébauches d’une poétique dramatique « De la tragédie chez les Anciens. » pp. 2-20

Le hasard et Bacchus donnèrent les premières idées de la tragédie en Grèce : l’histoire en est assez connue. […] Je me figure que Thespis, sur l’idée d’Homère, dont on récitait les livres dans la Grèce, crut que des traits de l’histoire ou de la fable, soit sérieux, soit comiques, pourraient amuser les Grecs : il barbouillait même ces acteurs de lie, dit Horace, pour les rendre plus semblables à des satyres ; et il les promenait dans des chariots, d’où il disait souvent des paroles piquantes aux passants : voilà l’origine des tragédies satiriques. […] L’histoire et la fable en fournissent d’intéressantes, mais en plus petit nombre qu’on ne le peut penser.

1717. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Ce que tout le monde sait sur l’expression, et quelque chose que tout le monde ne sait pas » pp. 39-53

Si notre religion n’était pas une triste et plate métaphysique ; si nos peintres et nos statuaires étaient des hommes à comparer aux peintres et aux statuaires anciens : j’entends les bons, car vraisemblablement ils en ont eu de mauvais et plus que nous, comme l’Italie est le lieu où l’on fait le plus de bonne et de mauvaise musique ; si nos prêtres n’étaient pas de stupides bigots ; si cet abominable christianisme ne s’était pas établi par le meurtre et par le sang ; si les joies de notre paradis ne se réduisaient pas à une impertinente vision béatifique de je ne sais quoi qu’on ne comprend ni n’entend ; si notre enfer offrait autre chose que des gouffres de feux, des démons hideux et gothiques, des hurlements et des grincements de dents ; si nos tableaux pouvaient être autre chose que des scènes d’atrocités, un écorché, un pendu, un rôti, un grillé, une dégoûtante boucherie ; si tous nos saints et nos saintes n’étaient pas voilés jusqu’au bout du nez ; si nos idées de pudeur et de modestie n’avaient proscrit la vue des bras, des cuisses, des tétons, des épaules, toute nudité ; si l’esprit de mortification n’avait flétri ces tétons, amolli ces cuisses, décharné ces bras, déchiré ces épaules ; si nos artistes n’étaient pas enchaînés et nos poètes contenus par les mots effrayants de sacrilège et de profanation ; si la Vierge Marie avait été la mère du plaisir ; ou bien, mère de Dieu, si c’eût été ses beaux yeux, ses beaux tétons, ses belles fesses qui eussent attiré l’Esprit Saint sur elle, et que cela fût écrit dans le livre de son histoire ; si l’ange Gabriel y était vanté par ses belles épaules ; si la Magdelaine avait eu quelque aventure galante avec le Christ ; si aux noces de Cana le Christ entre deux vins, un peu non-conformiste, eût parcouru la gorge d’une des filles de noces et les fesses de saint Jean, incertain s’il resterait fidèle ou non à l’apôtre au menton ombragé d’un duvet léger : vous verriez ce qu’il en serait de nos peintres, de nos poètes et de nos statuaires ; de quel ton nous parlerions de ces charmes qui joueraient un si grand et si merveilleux rôle dans l’histoire de notre religion et de notre Dieu, et de quel œil nous regarderions la beauté à laquelle nous devrions la naissance, l’incarnation du Sauveur, et la grâce de notre rédemption. […] Les peintres d’histoire, les paysagistes, varient, contrastent, diversifient leurs accessoires comme les idées se diversifient, s’unissent, se fortifient, s’opposent et contrastent dans leur entendement.

1718. (1854) Préface à Antoine Furetière, Le Roman bourgeois pp. 5-22

D’un côté un ouvrage considérable, un ouvrage gigantesque, et qu’en raison de l’étendue et de la nouveauté du plan on peut appeler original ; un livre qui, rajeuni de siècle en siècle par les révisions de grammairiens tels que Huet, Basnage et les Pères de Trévoux, est encore resté aujourd’hui, pour l’homme de lettres, l’autorité décisive et l’encyclopédie grammaticale la plus complète ; de l’autre une obscure Batrachomyomachie de tracasseries misérables, de questions personnelles, sans profit pour le public et sans intérêt pour l’histoire. […] Non, quand même nous ne saurions pas que Vollichon est le procureur Rollet, que Charroselles est Charles Sorel, et la plaideuse Collantine Mme de Cressé, le roman de Furetière n’en serait pas pour cela dépourvu de charme et d’intérêt ; il y resterait, indépendamment du mérite aléatoire de sa caricature, l’observation des mœurs intimes d’une époque importante et curieuse comme toute époque de transition ; il resterait la lutte du vieil esprit frondeur, égoïste et sournois des corporations, avec les mœurs d’une société plus polie et plus cordiale ; il resterait la fusion de l’élément bourgeois et de la noblesse, s’effectuant par l’ambition de l’une et par la corruption de l’autre ; il resterait enfin de précieux enseignements pour l’histoire judiciaire et pour l’histoire littéraire, au moment où, en raison de révolutions inattendues, le métier d’hommes de lettres, le métier d’avocat, allaient monter au premier rang des fonctions sociales.

1719. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XX. De Libanius, et de tous les autres orateurs qui ont fait l’éloge de Julien. Jugement sur ce prince. »

On voit par l’histoire qu’il soutint toujours le même caractère. […] Son changement de religion est un des grands problèmes de l’histoire. […] Nous savons par l’histoire quels furent son caractère et ses goûts.

1720. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VI. »

Ailleurs, Alcée innovait encore dans l’histoire d’un autre dieu, de l’Amour, ce premier-né du Chaos, selon la tradition d’Hésiode. […] Par là même, sa vie réelle est peu connue ; et son histoire semble une légende mythologique. […] Ce qui touche à l’histoire de l’art, c’est que, née dans Lesbos, à Mytilène : ou dans le bourg d’Érèse, plus tard la patrie de Théophraste, Sapho fut une Athénienne de la côte d’Asie.

1721. (1859) Essais sur le génie de Pindare et sur la poésie lyrique « Première partie. — Chapitre VIII. »

Il faut aussi louer l’homme qui, en buvant, ne décèle rien que d’honnête, dont la mémoire et la pensée s’entretiennent de vertu, et ne pas redire, d’ailleurs, les combats des Titans ou des Géants, ni l’histoire des Centaures, fictions des vieux temps, et toutes ces rixes où il n’y a rien d’utile, mais avoir toujours présente la providence des dieux. » Ce langage n’est-il pas d’un sage et religieux réformateur, plutôt que d’un panthéiste ou d’un sceptique ? […] Platon nomme d’ailleurs Parménide à côté d’Hésiode, comme tous deux ayant raconté d’anciennes histoires des dieux. […] On ne peut douter qu’Empédocle n’ait visité surtout l’Égypte, d’où Hérodote et Platon devaient tirer des faits certains en histoire, et, ce qui n’est pas moins précieux, des vérités en morale.

1722. (1902) Le problème du style. Questions d’art, de littérature et de grammaire

Leur animosité s’étend en deux larges fleuves, parfois souterrains, tout le long de l’histoire littéraire. […] Cependant on lit dans l’Histoire de la littérature française de M.  […] C’était à peu pris aussi raisonnable que d’entreprendre de versifier les plus beaux traits de l’histoire de France ou les paraboles de l’évangile selon saint Mathieu. […] Mais pourtant les dupes étaient nombreuses, loin de Paris, ou dans les milieux moins éveillés, ou à l’étranger, qui prenaient pour de l’histoire ce qui n’était que ragot. […] Tout est confus alors dans l’histoire, et sur le même plan ; quand on voulait se représenter l’antiquité, c’était à travers la galanterie historique des romans à la mode.

1723. (1868) Curiosités esthétiques « II. Salon de 1846 » pp. 77-198

Delacroix est universel ; il a fait des tableaux de genre pleins d’intimité, des tableaux d’histoire pleins de grandeur. […] Ce paysage circulaire, qui embrasse un espace énorme, est peint avec l’aplomb d’un peintre d’histoire, et la finesse et l’amour d’un paysagiste. […] Otez Delacroix, la grande chaîne de l’histoire est rompue et s’écroule à terre. […] C’est l’éternelle histoire des gens qui vendraient la réputation qu’ils méritent pour celle qu’ils ne peuvent obtenir. […] Histoire de la Peinture en Italie, ch. ci.

1724. (1923) Critique et conférences (Œuvres posthumes II)

Et je vais repartir pour des travaux plus en dehors, roman, théâtre, ou l’histoire et la théologie, sans oublier les vers. […] Celle du prince tourna pour de bon et l’incident est devenu de l’histoire brillante et cruelle. […] Suit alors une histoire à vol d’oiseau de Paris, depuis la campagne « quelconque » qui fut son berceau jusqu’à la ville énorme qu’on sait. […] sont des choses profondes, fortes comme il faut absolument, magnifiques et royales ; mais laissez-moi insister sur l’essentielle jovialité, bien entendu dans le sens étymologique et divin littéralement du mot, des autres histoires. […] Il n’y a, dans toute l’histoire presque demi-centenaire des expositions universelles internationales, dignes de ce redondant titre, que deux réussites complètement satisfaisantes.

1725. (1860) Cours familier de littérature. IX « LIIIe entretien. Littérature politique. Machiavel (2e partie) » pp. 321-414

XIII Florence sonne bien autrement que Turin dans l’histoire de l’esprit humain et de la liberté italienne. […] Florence, vassale de Turin, est un contresens à ses monuments, à son peuple, à son génie comme à son histoire. […] Il n’est pas permis à l’histoire sommaire et rapide d’entrer dans le secret des cœurs et dans la controverse des faits, plus ou moins authentiques, qui accusent ou disculpent le prince de Carignan d’initiative et de complicité avec le carbonarisme de Turin. […] Nous connaissons l’infidélité de votre alliance, l’histoire nous l’atteste ; en un siècle, quatre-vingt-quinze ans d’alliance austro-sarde contre cinq ans d’alliance austro-française : voilà votre histoire. […] Voilà l’histoire exacte de l’Italie depuis Machiavel.

1726. (1888) Journal des Goncourt. Tome III (1866-1870) « Année 1868 » pp. 185-249

Il y a toutefois pour ces gens qui ne connaissent la Révolution que d’après Ponsard, une certaine stupeur devant cette Révolution de vérité et d’histoire sur le vif. […] Nous venons de lire les vingt volumes de l’Histoire de ma vie. […] * * * — L’Histoire, à l’heure qu’il est, devient de plus en plus l’histoire naturelle de la monarchie. […] Il nous parle de la difficulté de sa vie, du désir et du besoin qu’il aurait d’un éditeur l’achetant, pour six ans, 30 000 francs, et qui lui assurerait ainsi, chaque année, 6 000 francs : le pain pour lui et sa mère, — et par là lui donnerait la faculté de faire « l’Histoire d’une famille », un roman en huit volumes. […] Tout le dîner se passe à chercher le moyen de faire raconter par M. de Pongerville, ses deux uniques histoires : son entrevue avec Louis XVIII et son entrevue avec Millevoye, — de manière à lui gagner sa voix pour Gautier.

1727. (1889) Écrivains francisés. Dickens, Heine, Tourguénef, Poe, Dostoïewski, Tolstoï « Conclusions »

Le cas de Dostoïewski est extrêmement instructif pour l’histoire de celle forme de la foi et de la foi en général. […] À mesure que l’histoire s’est faite plus artistique, qu’écrite par des voyants, elle a puisé davantage chez les poètes, les dramaturges, les romanciers, les mémorialistes, les époques passées nous sont apparues. […] Ses Histoires extraordinaires se vendent si lente-ment malgré leur prix modique, qu’en 1882, on pouvait en acheter en librairie des exemplaires, dont l’impression remontait à 1875. […] C’est la même analyse par petites pièces détachées d’une histoire amoureuse générale et vague comme toutes les aventures sentimentales, le même sens de l’âme féminine, les mêmes dialogues avec les choses inanimées et parfois des méchancetés ressemblantes. […] Balzac a échappé par l’énormité de son génie à cette prise de parti mais Michelet et d’autres avaient porté la sensibilité dans l’histoire et dans la chaire ; Sainte-Beuve et M. 

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