Cousin (son air d’oraison funèbre à part) est un très-beau morceau, très-instructif, une belle page de l’histoire de l’Université en France : en face de l’invective croissante, M. […] Rossi lui a répondu avec une justesse, une vérité, une finesse railleuse qui ont enlevé tous les suffrages ; on retrouvait dans le pair de France, devenu en ce moment l’organe de toute la Chambre, l’homme des États romains qui a vu de près l’Église et qui en a pratiqué l’histoire.
L’Histoire du Manichéisme fait honneur à sa plume & à son érudition ; la complaisance avec laquelle il expose cette hérésie, les réflexions qu’il joint à ses récits, n’en font pas autant à son jugement & à sa foi. L’Histoire des Vaudois & celle des Albigeois offrent les mêmes défauts & les mêmes agrémens.
Ceux qui auroient désiré encore, pour l'honneur de la Philosophie, que l'Histoire de notre Littérature n'offrît point un trait si propre à la dégrader, ignorent également que la Philosophie est terrible, quand on résiste à son zele pour l'instruction & le bonheur du genre humain : Discite justitiam moniti, & non temnere Divos. […] Il est assurément trop savant dans l'Histoire, pour n'avoir pas appris que l'envoi de Philoxene aux Carrieres ne rendit pas les Vers de Denis meilleurs.
Quand on a composé seize Pieces de Théatre, un Poëme immense [celui d'Alaric], des Discours politiques en grande quantité, des Histoires, des Romans, des Traductions, sans compter une infinité d'autres Ouvrages, il est bien difficile d'être irréprochable du côté du jugement & du style. […] Scudery osa déclarer que des présens plus riches encore ne le détermineroient jamais à cette lâche complaisance : Quand la chaîne d'or , dit-il, seroit aussi pesante que celle dont il est fait mention dans l'Histoire des Incas, je ne détruirois jamais l'autel où j'ai sacrifié .
Aucun de nos Biographes n’a porté plus loin le talent de traiter ce genre d’Histoire & de répandre de l’intérêt sur les plus petits détails. […] L’Histoire du Gouvernement des anciennes Républiques, & la Vie de Mahomet, annoncent les mêmes talens ; mais il s’en faut bien que ces Ouvrages soient comparables aux deux précédens.
Pag. 85. lig. 29. ajoutez, l’Abrégé de l’Histoire Ecclésiastiaque de M. […] mettez à la fin de cette page, que l’Histoire générale des Provinces-Unies, est aujourd’hui complette en 8.
Pour l’homme, dans le cours de l’histoire et grâce au processus d’intégration sociale, il se forme, à côté et au-dessus du milieu physique, un nouveau milieu dont l’importance dépasse infiniment celle du milieu cosmique. […] L’histoire de toutes les orthodoxies attesterait partout le même fait. […] On trouverait maints exemples de ce fait dans l’histoire de l’Église catholique et dans le socialisme contemporain. […] Voir Fustel de Coulanges, Histoire des institutions politiques. […] Sur ce dédoublement des deux moi dans l’ironie, voir Taine, Derniers essais de critique et d’histoire, p. 208 (à propos de Mérimée).
Mais elle le nie, elle ment à l’histoire, elle fausse toute critique pour prouver que son état actuel est son état primitif, et elle y est obligée pour rester dans les conditions de son existence. […] L’histoire semble élever contre la science, la critique, le rationalisme, la civilisation, termes synonymes, une objection qu’il importe de résoudre. […] Notre XVIIIe siècle est certes une époque de dépression morale, et pourtant il se termine par la plus grande éruption de dévouement, d’abnégation de la vie que présente l’histoire. […] Décadence est un mot qu’il faut définitivement bannir de la philosophie de l’histoire. […] Est-ce le bon sens d’ailleurs qui me fournira ces connaissances de philosophie, d’histoire, de philologie, nécessaires pour la critique des plus importantes vérités ?
L’histoire de ce pauvre fou est navrante. […] Histoire d’une Parisienne. — 1881. […] C’est l’histoire de Gavroche, le gamin inventé par le grand poète. […] Une histoire sans nom. — 1882. […] Il y a là un épisode intéressant de notre histoire littéraire.
Chaque province, chaque cité revient avec un esprit de curiosité et d’émulation sur son passé, sur ses origines, sur ce que son histoire locale a eu de mémorable, et elle s’honore de le consacrer par quelque monument. […] On ne comprend pas, disait quelqu’un, que l’abbé Prévost ait eu l’idée d’une pareille histoire. […] Mais, même dans ces besognes obligatoires que la nécessité lui imposait, une fois la plume à la main, que ce soit la grande compilation de l’Histoire générale des voyages qu’il entreprenne (1746) que ce soit un simple Manuel lexique ou Dictionnaire portatif des mots français obscurs et douteux (1750), un de ces vocabulaires comme Charles Nodier en fera plus tard par les mêmes motifs ; que ce soit le Journal étranger, ce répertoire varié de toutes les littératures modernes, dont il devienne le rédacteur en chef (1755) ; de quelque nature de travail qu’il demeure chargé, remarquez le tour noble et facile, l’air d’aisance et de développement qu’il donne à tout ; il y met je ne sais quoi de sa façon agréable et de cet esprit de liaison qui est en lui. […] Duchange, adopter l’opinion commune et la tradition sur la mort de l’abbé Prévost, attribuée à la promptitude d’un chirurgien ignorant ; d’autre part, dans le discours qu’il a prononcé, M. le docteur Danvin a dit : Il existe, sur la fin de l’abbé Prévost, une histoire lugubre que l’on rencontre reproduite partout : on rapporte que, trouvé sur un grand chemin dans un état de mort apparente, il aurait été, de son vivant, soumis à l’autopsie, et aurait pu rouvrir les yeux pour voir le misérable état où il était. Nous sommes heureux de pouvoir affirmer qu’il n’y a rien de vrai dans cette histoire.
Imprimée pour la première fois au complet vers la fin du xvie siècle (1583), il a fallu, au xviie , toute l’érudition et tout l’appareil de Du Cange pour mettre cette Histoire de Villehardouin en pleine lumière (1657) ; encore n’était-elle censée, depuis, abordable que pour les savants et pour ceux que n’effrayent pas les in-folio. […] Pour le surplus de sa vie, c’est lui-même, dans le cours de son Histoire, qui va nous informer, ne parlant jamais de lui qu’à l’occasion, sans se mettre en avant, sans affecter de se citer ni de s’omettre. Cette Histoire se rapporte aux événements de la croisade prêchée dès 1198 par Foulques de Neuilly84, et qui, détournée de son but direct, aboutit par aventure à la prise de Constantinople. […] Villehardouin, par exemple, pour nous en tenir à lui, possédait à un haut degré le don de la parole et l’art d’insinuer les conseils que d’ordinaire la prudence lui dictait : c’est un témoignage qu’ont rendu de lui ses contemporains, et c’est ce qui ressort et s’entrevoit aussi d’après l’Histoire qu’il a laissée. […] [NdA] Je suis de préférence le texte publié pour la Société de l’histoire de France, par M.
Ce n’est pas l’histoire, mais c’est la matière de l’histoire, j’entends celle des mœurs. […] J’ai souvent pensé qu’un homme de notre âge qui a vu le Premier Empire, la Restauration, le règne de Louis-Philippe, qui a beaucoup causé avec les plus vieux des contemporains de ces diverses époques, qui, de plus, a beaucoup lu de livres d’histoire et de mémoires qui traitent des derniers siècles de la monarchie, peut avoir en soi, aux heures où il rêve et où il se reporte vers le passé, des souvenirs presque continus qui remontent à cent cinquante ans et au-delà. […] Les enfants qu’il y plaçait étant trop jeunes pour les armes et l’équitation, la base des exercices était la lecture, l’écriture, le latin, l’histoire, la géographie et la danse. […] Lui et son frère étaient véritablement des gens de lettres ; j’en parle comme je le dois dans l’histoire de l’Académie.
Ses frères se montraient aussi amateurs d’épées, de chevaux, de chiens et de chasse, que, lui, il était posé, enjoué, amateur de livres et de peintures, de musique, de contes et d’histoires du temps passé. […] Il n’avait donné que son Lucain, une suite de l’histoire romaine de Coeffeteau, tirée d’Aurelius Victor et autres, quelques versions de l’office de la Semaine sainte, des heures canoniales, des épîtres et Évangiles. […] Les désordres qu’il signale et dénonce dans son mémoire, et dont les moins répréhensibles étaient des parties de chasse ou de paume qu’on allait faire « à des quatre ou cinq lieues de là », n’ont rien de nouveau, et l’histoire de l’abbaye de Villeloin était celle de bien des monastères dégénérés à la fin du xvie et au commencement du xviie siècle. […] Heureux ceux qui sont d’un pays, d’une province, qui en ont le cachet, qui en ont gardé l’accent, qui font partie de son caractère et de son histoire ! […] [NdA] Dans un article sur « L’histoire du règne de Henri IV », par M.
Mémoires pour servir à l’histoire de mon temps Par M. […] Guizot croit avec raison à l’importance des hommes en histoire ; il n’accorde pas tout à la force des choses et à la pente des situations ; un puissant individu de plus ou de moins suffit pour donner aux mêmes éléments une ordonnance et un aspect tout contraires, pour les retourner, pour imprimer aux événements, surtout s’ils ne font que de naître, un tout autre cours. […] Guizot un morceau d’histoire, récemment publié en dehors des Mémoires, qui a pour titre : Le roi Louis-Philippe et l’empereur Nicolas. […] Et, ici encore, je n’ai point de parti pris, je ne suis qu’un observateur et un littérateur jugeant d’un livre d’histoire moderne, d’histoire contemporaine, et complétant mon idée des personnages par les traits mêmes qu’on me fournit.
Je le lis depuis des années déjà, je remarque de lui, surtout dans le Journal des Débats, des articles de littérature, de philosophie, d’histoire, de politique toujours, mais enfin des articles très variés et sur toutes sortes de sujets, et je ne les trouve réunis nulle part. […] Un livre d’histoire, qu’il publia quelque temps après (Revue de l’Histoire universelle), et qui semblait ne répondre qu’à une demande de librairie, lui servit à se remémorer les faits principaux du passé, dont il faut être muni dans le présent, et à rassembler sous une vue sommaire les résultats d’idées qui sont des conquêtes ; c’étaient des armes qu’il préparait. […] Les analyses du Journal de l’ambassadeur deviennent fréquemment, sous la plume du jeune écrivain, de piquants tableaux de mœurs, mais sans excéder jamais et sans sortir de la juste mesure de l’histoire. […] Ainsi, après avoir enregistré quelque interdiction légale, dont l’application s’était faite le jour même, il passait brusquement, sans transition, à des nouvelles de l’autre monde et des pays transatlantiques : « Le Pérou vient de déclarer la guerre à l’Équateur… » ou bien : « On n’apprendra pas sans intérêt que la route qui vient d’être ouverte entre San-Francisco et la Nouvelle-Orléans abrégera d’une semaine le temps exigé naguère, etc. » Puis venait l’histoire des oiseaux du Palais de Cristal à Londres, les perroquets et les perruches qu’on avait représentés dans le catalogue comme d’excellents parleurs, et qui, « intimidés apparemment par la présence du public, ont gardé le silence » ; de jolies malices enfin, un peu renouvelées de Swift, mais accommodées à la française.
Essai sur l’Histoire générale des sciences pendant la Révolution française11. […] Ce n’est point d’ordinaire la chaleur ni aucune inspiration émue ou éloquente qui distingue les écrits littéraires sortis de cette plume de savant ; soignés, élégants, d’une justesse ornée, parfois d’une simplicité un peu coquette, ils sont en général destitués de mouvement et de vie : un seul de ses écrits fait exception, c’est le précis intitulé : Essai sur l’Histoire générale des Sciences pendant la Révolution française, qui avait été composé pour servir de préface à une nouvelle édition du Journal des Écoles normales, et qui fut publié séparément (1803). […] Biot, de belles pages et dignes d’être recueillies textuellement par l’histoire ; celle-ci, par exemple : « La France touchait à sa perte ; Landrecies, le Quesnoy, Condé, Valenciennes, étaient au pouvoir de l’ennemi ; Toulon s’était livré aux Anglais : des flottes nombreuses tenaient la mer et effectuaient des débarquements. […] Biot trouve de nobles paroles pour caractériser ce nouvel effort héroïque d’où sortirent l’École polytechnique dans sa première forme plus ouverte et plus libre que depuis, et surtout l’École normale d’alors qui dura peu, mais qui donna, dans cette résurrection des esprits, une impulsion puissante et décisive, — assez pour que sa destinée fût remplie : « On voulut qu’une vaste colonne de lumière sortit tout à coup du milieu de ce pays désolé, et s’élevât si haut, que son éclat immense pût couvrir la France entière et éclairer l’avenir… Ce peuple, qui avait vu et ressenti en peu d’années toutes les secousses de l’histoire, était devenu insensible aux impressions lentes et modérées ; il ne pouvait être reporté aux travaux des sciences que par une main de géant. » Ces géants civilisateurs et pacifiques qui remirent alors en peu de mois l’édifice entier sur ses bases, se nommaient Lagrange, Laplace, Monge, Berthollet… moment immortel ! […] Il est assez singulier toutefois que, reproduisant avec autant de soin ses anciens titres littéraires, il ait précisément omis celui qui fut et qui est encore le plus vivant, celui qui mérite d’être cité, comme il l’a été, en effet, dans toute histoire littéraire un peu complète de la Révolution.
Dès que la pièce étudiée prête à quelques réflexions sur l’histoire des mœurs, le voilà parti là-dessus, et je ne connais pas de moraliste mieux informé, plus acéré ni plus clairvoyant. […] Il sait la vie, il sait l’histoire ; il connaît les hommes, ceux d’autrefois et ceux d’aujourd’hui. […] C’est là une de ses idées les plus personnelles et les plus chères, une de celles qu’il a le plus souvent développées, et dès janvier 1858, dans le plus long chapitre de ses Essais sur l’histoire de la littérature française. […] S’il adore Scribe et Dumas, c’est assurément à cause de leurs œuvres, mais aussi par la raison qu’il admire tant Gambetta (et en général tous ceux qui ont joué un grand rôle dans l’histoire) : parce qu’ils ont été forts, puissants, féconds. […] Essais sur l’histoire de la littérature française (1 vol.
Entre tous ces feuilletons qu’il écrit depuis tant d’années et qui lui assurent une physionomie originale dans l’histoire des journaux de ce temps-ci, on ferait un choix très agréable, très intéressant à relire et à consulter. […] On va en juger par la courte narration que j’essaierai de faire, et dans laquelle je résumerai ce qu’on sait de précis sur l’histoire de cette congrégation. […] Il existe une Histoire, en deux volumes, de la congrégation de l’Enfance, écrite par un avocat d’Avignon, Reboulet : ces volumes, qui ne manquent pas d’intérêt, ni même de quelque agrément de narration, sont malheureusement très peu sûrs, et on y a relevé tant d’inexactitudes et d’impossibilités, l’auteur dans sa Réponse s’est défendu si faiblement et s’est laissé voir, de son propre aveu, si léger, si peu scrupuleux en matière de critique historique, qu’on ne saurait guère les considérer que comme un roman, mais un roman théologique et dressé au profit des ennemis de l’Enfance. […] C’est l’histoire de cet espionnage, ce sont les ruses et manèges des personnages réels ou supposés qu’on y emploie, qui font les frais de la relation de Reboulet. […] Il a pris ces noms et ce cadre de l’institut de l’Enfance comme un simple prétexte et un canevas à ses vives études et à ses goûts du moment ; il a voulu tracer, comme il dit, « un capricieux tableau d’histoire ».
Un soir, à Cirey, Mme du Châtelet lui ayant demandé par manière d’acquit si elle avait eu des enfants, Mme de Graffigny fut induite à entamer son histoire ; elle la conta si bien, si naturellement, que toute la compagnie fut émue, et chacun le témoignait à sa manière. […] Mais nous n’en savons pas plus du détail de l’histoire, et il nous faut rester sur cette impression des hôtes de Cirey. […] Ces deux esprits puissants, actifs, Mme du Châtelet et Voltaire, sont chacun à son œuvre ; elle aux sciences et à la philosophie, pour lesquelles elle a vocation et qu’elle aime uniquement ; lui aux sciences aussi, qu’il avait la faiblesse alors de vouloir également embrasser, mais en même temps aux vers, aux épîtres, à l’histoire, enfin à tout ; car son activité ne veut renoncer à rien. […] Aimant peu l’histoire, et ne considérant Tacite que « comme une bégueule qui dit des nouvelles de son quartier », elle fait la guerre à l’historien dans Voltaire ; elle lui garde sous clef, par exemple, son histoire du Siècle de Louis XIV, et l’empêche de la terminer.