En quittant Pococurante, Candide dit à Martin : « Voilà le plus heureux de tous les hommes ; car il est au-dessus de tout ce qu’il possède. — Ne voyez-vous pas, dit Martin, qu’il est dégoûté de tout ce qu’il possède ? […] Maint homme est heureux de voir autour de lui des visages renfrognés et qui le sont parce qu’il a voulu qu’ils le soient.
Fervaques n’écrit pas les mémoires de son temps comme les ont écrits tant de faiseurs de mémoires et de conteurs d’anecdotes, que nous sommes bien heureux d’avoir pour nous faire comprendre la grande histoire, qui n’est pas toujours ce qu’elle paraît être dans les historiens solennels. […] L’élégant Fervaques, avec ses instincts et ses· goûts, serait, j’en suis sûr, bien heureux, parbleu !
Après s’être échauffés pour l’humanité, les uns voulurent l’affranchir, d’autres l’organiser, d’autres la rendre heureuse, d’autres la rendre honnête, et ces entreprises se faisaient encore hier. […] Nulle manœuvre ne fut plus heureuse et plus habile que la variation perpétuelle de sa doctrine et l’allure ondoyante de son esprit.
L’un avait Boileau ; l’autre, Sanlecque, son rival parfois heureux. […] Heureux arrêt de circulation qui nous a permis de réfléchir, de comparer, de juger ! […] Nul opium n’est comparable au vœu d’obéissance ; nul esclavage d’amour heureux ne donne une pareille béatitude. […] Ô la bonne voie pour être heureux en ce monde et en l’autre ! […] Il faut être heureux, et c’est l’obéissance qui conduit par la main les hommes vers le bonheur.
Et cela est fort heureux. […] Mais, sauf quelques moments d’angoisse, ils sont heureux. […] » De même je vous dis : « Armand Goulu est heureux. […] d’être heureux ; qu’importe d’avoir de l’esprit ou d’être sot ! […] … » Heureux enfants !
Mais cela prouverait que vous n’avez pas tous deux exactement les mêmes goûts littéraires, ce qui est heureux pour la variété de nos plaisirs. […] Il vit dans le bleu ; il est bon, il est heureux, et il n’est, après tout, ni sot ni ridicule. […] Je suis bien heureux qu’on n’ait pas donné à une duègne le rôle de l’aigre Xantippe. […] Heureux supplicié, qui n’a souffert qu’une heure ! […] Golaud demande à Mélisande pourquoi elle est triste ; elle dit : « Je ne sais pas… je ne suis pas heureuse. » Il remarque qu’elle n’a plus son anneau.
Il est donc vraisemblable que l’homme doit chercher tout le vrai susceptible de le rendre heureux. […] Dès lors, l’homme, de même que pour se plaire à lui-même, il fait souffrir ses semblables, de même pour plaire aux Dieux, il se fait souffrir, surtout quand il se sent heureux, trop heureux, heureux de manière à inquiéter les Divinités et à leur déplaire. […] Prêtre ou savant, je suppose, Vincent de Paul ou Pasteur, allons-nous imaginer que ces gens-là ne sont pas heureux ? S’ils sont heureux, ils n’ont pas lâché leur part de bonheur, ils n’ont pas sacrifié, ils n’ont pas renoncé. […] » Rien, ou si quelque chose nous le dit, c’est précisément la morale ou je ne sais quoi, qui emprunte sa voix : Tu dois savoir pour éclairer les hommes sur les vérités et les rendre plus heureux ; tu dois être artiste pour les rassembler dans des jouissances désintéressées et les rendre, par cette concorde, plus heureux ; tu dois te dévouer à l’État pour assurer le bonheur de tes concitoyens.
Mais que Mgr le public est donc heureux, pensais-je, et que c’est un grand personnage !
Le caractère du style aussi bien que de la vie du marquis d’Argenson est le bon sens, comme on le croira sans peine ; ennemi du clinquant et de ce qu’il appelle les épigrammes politiques, il ne l’est pas moins des pointes et des épigrammes du langage ; avide avant tout de vérités proverbiales, de dictons populaires, et heureux d’en confirmer sa pensée, la trivialité même ne l’effraye pas, il ne l’évite jamais ; mais par malheur la raison n’est pas toujours triviale ; il arrive donc souvent aux saillies à force de sens, et beaucoup de ses comparaisons sont piquantes parce, qu’elles sont justes, Qu’Albéroni, par exemple, vivant à Rome après sa disgrâce, entreprenne, au nom du pape, souverain temporel, la conquête de la petite république de Saint-Marin ; M. d’Argenson, qui vient de nous exposer avec précision et peut-être sécheresse les travaux et les talents du cardinal, saura bien ici nommer cette entreprise une parodie des comédies héroïques qu’Albéroni a données à l’Espagne vingt ans auparavant, et, lui-même, le montrer joueur ruiné quoique habile qui se conduit en jouant aux douze sous la fiche, comme il faisait autrefois en jouant au louis le point.
» Cela est fort douteux, car j’imagine que ces provinces-là sont heureuses : mais, en tout cas, qu’aurions-nous à y perdre ?
Cet heureux Athénien, après nous avoir restauré plus d’un genre lyrique, l’ode, la chanson, l’épigramme, l’épître, même la satire et surtout l’élégie qu’il a rendue si belle, nous promet une tragédie : la première représentation d’une nouvelle Iphigénie, imitée d’Euripide, dont quelques scènes achevées courent déjà de main en main, verra tous ces instincts classiques, refoulés depuis soixante ans aux veines de la France, prendre enfin leur revanche du désastre de Hernani.
« Près de lui les Dieux ont placé ce Taureau également fameux, qui mérita d’être transporté parmi les astres, pour avoir porté sur les eaux une Vierge plus chérie de Jupiter, & favorisée d’un sort plus heureux.
Peut-être, aussi bien, n’avait-il que cela à dire dans sa vie, car si c’est le même Fabre d’Églantine qui imagina les primidi, duodi, tridi, il faut avouer que là il ne fut pas très heureux.
Voilà un bon exemple et un mot agréable formé par l’heureuse ignorance d’un jardinier.
Il n’est pas de ces poètes privilégiés qui peuvent mourir ou s’interrompre avant d’avoir fini, sans péril pour leur mémoire ; il n’est pas de ceux qui restent grands, même sans avoir complété leur ouvrage, heureux hommes dont on peut dire ce que Virgile disait de Carthage ébauchée : Pendent opera interupta, minæque Murorum ingentes !
Un tel commentaire demandoit de vastes compilations, une lecture universelle, une mémoire heureuse, la connoissance des hommes & des livres, un bon goût d’érudition, un esprit philosophique, une imagination vive & brillante.
Sur le devant sont des pâtres prosternés, les mains tournées de son côté et lui souhaitant un heureux voyage.
Les passions que ces imitations font naître en nous ne sont que superficielles Quand les passions réelles et veritables qui procurent à l’ame ses sensations les plus vives ont des retours si facheux, parce que les momens heureux dont elles font joüir sont suivis de journées si tristes, l’art ne pourroit-il pas trouver le moïen de separer les mauvaises suites de la plûpart des passions d’avec ce qu’elles ont d’agréable ?
Si son génie le détermine à la poësie, et par consequent à l’amour des lettres, son heureux naturel méritera qu’un honnête homme le trouve digne de son attention.