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397. (1862) Les œuvres et les hommes. Les poètes (première série). III « M. Edgar Quinet. L’Enchanteur Merlin »

La plupart, sinon tous (et je ne vois guère que Shakespeare qu’on puisse excepter), n’ont presque jamais eu dans l’esprit qu’un seul sujet qu’ils reprennent, retournent, renouvellent et transforment ; préoccupation qui n’est qu’un esclavage sublime, thème incommutable, posé par Dieu dans leur pensée, et sur lequel ils sont condamnés, pour toute gloire et pour tout génie, à faire d’éternelles variations ! […] Il n’y a guère, en somme, que Merlin l’Enchanteur, la fée Viviane, le serviteur Jacques Bonhomme et le Diable, père de Merlin, entre qui se concentre le drame.

398. (1889) Les œuvres et les hommes. Les poètes (deuxième série). XI « Agrippa d’Aubigné »

Excepté des curieux de bibliothèque, cherchant partout des détails de mœurs et d’Histoire, on ne lisait plus guères le Baron de Fœneste et la Conversion de Sancy, ni non plus les Tragiques, le principal ouvrage de d’Aubigné pourtant, le seul qui puisse justifier la gloire posthume qu’en ce moment on cherche à lui faire. Ces Tragiques n’avaient même été révélés au public auparavant que par des vers pris çà et là dans ces vigoureuses satires, et l’effet n’en remonte guères plus haut qu’à ce fameux portrait de Henri III, maintenant cité partout, et que M. 

399. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Xavier Aubryet et Albéric Second » pp. 255-270

Ceux qui la parlent le mieux sont plus spirituels entre barrières que hors barrières… Mais, en province, on ne doit guères comprendre que la moitié de ce qu’ils disent. […] En province, on ne connaît guères ces lâches horreurs.

400. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « Honoré de Balzac » pp. 1-15

Poitou a relevées dans quelques fragments épars de La Comédie humaine, ne viennent guères que de sa propre manière de regarder, et à ces contradictions, qui sont le résultat d’une faiblesse d’yeux, impuissants à embrasser un ensemble et une perspective, le critique ajouté ses contradictions et ses titubations à lui-même. […] Poitou ne se hasarde guère que là où les autres ont déjà passé.

401. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Raymond Brucker » pp. 27-41

Il faut savoir à fond l’histoire, très-peu connue, de la littérature française au dix-neuvième siècle, pour apprécier les facultés de ce Diderot obscur qui a fait des livres qu’on lira un jour, en s’étonnant de ne pas les avoir lus plus tôt, et qui a fait des hommes, lesquels ont la discrétion de leur naissance et qui ne se vantent guère d’avoir été allumés par lui, comme des flambeaux. […] Brucker prouve qu’il est fait, comme certains grands esprits, tout d’une pièce et tout d’une coulée, et qu’en lui la spéculation et la pratique s’emmanchent si dru, qu’il n’est guère possible de les séparer.

402. (1865) Les œuvres et les hommes. Les romanciers. IV « M. Edmond About » pp. 91-105

Deux mots, incisifs et froids, peuvent classer ces livres légers et faciles, qui probablement n’ont guère coûté que le temps de les écrire à la plume qui les a écrits. […] On les saute, et d’autant mieux qu’on ne pèse guère ; mais ce qui tombe au fond du fossé et ce qui y reste, c’est le talent, c’est l’honneur littéraire, c’est l’art enfin, qui jamais n’en sortiront plus.

403. (1911) Visages d’hier et d’aujourd’hui

Il ne lui demandait guère et il était content de la moindre aubaine qui lui advenait. […] Pour les criminels-nés, la peine de mort est bonne ; si elle a quelque utilité, elle n’a guère d’inconvénient. […] Et puis, le style, — tandis que la réalité n’en a guère. […] S’ils le savaient, peut-être n’oseraient-ils plus guère politiquer et philosopher. […] … Et, en fait, on n’a guère réussi, chaque fois qu’on l’essaya.

404. (1910) Propos de théâtre. Cinquième série

On ne peut guère voir là une augmentation de la personnalité. […] Cependant on conviendra que ceci n’est guère dans les habitudes des hommes de génie. […] Il avait de grands embarras financiers qu’à vrai dire je ne m’explique guère. […] Remarquez, du reste, que le parodiste ne peut guère faire autrement. […] [Et encore, elle ne l’est guère !]

405. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Châtillon, Auguste de (1808-1881) »

On ne le connaît plus guère, aujourd’hui, le poète qui chantait ainsi, voilà quarante ans, la chanson de la neige.

406. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — C — Croisset, Francis de (1877-1937) »

Fernand Séverin Je regrette cependant, pour ma part, que ce livre (Les Nuits de quinze ans) où la volupté charnelle parle seule, soit dépourvu de tristesse, de mélancolie, ou, du moins, de gravité (car les pièces de la fin, où l’auteur a mis quelque chose qui ressemble à des remords, n’ont guère l’accent de la sincérité).

407. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Renaud, Armand (1836-1895) »

Sans vouloir contrister personne, il est permis de dire que, de cette coupe épuisée, il ne reste plus guère que cinq strophes, sauvées du naufrage par une citation de Sainte-Beuve et inspirées à M. 

408. (1761) Salon de 1761 « Peinture — Pastorales et paysages de Boucher. » pp. 120-121

Les artistes qui voient jusqu’où cet homme a surmonté les difficultés de la peinture et pour qui c’est tout que ce mérite qui n’est guère bien connu que d’eux, fléchissent le genou devant lui.

409. (1903) Propos de théâtre. Première série

Le jour où les hommes, jusqu’à présent toujours partagés entre le sentiment de leur servitude et le sentiment, également fort, de leur liberté, en viendraient à n’avoir plus la conscience, l’illusion, si vous voulez, de leur libre arbitre, je crois bien qu’il n’y aurait plus guère de littérature, je crois bien qu’il n’y aurait plus guère de société, je crois bien qu’il n’y aurait plus guère de vie humaine, je crois bien qu’il n’y aurait plus rien du tout ; mais, sans aller si loin dans les hypothèses, je crois surtout qu’il n’y aurait plus guère de théâtre un peu élevé et un peu intéressant. […] Gide avait pris la plume pour traduire Sophocle, ce n’eût guère été la peine. […] Ils ne profèrent guère autre chose. […] Voltaire aussi a fait des mélodrames et n’a guère fait que cela. […] Racine en sa période d’ardeur juvénile ne savait guère pardonner les mauvais procédés, même ceux dont il était coupable.

410. (1939) Réflexions sur la critique (2e éd.) pp. 7-263

Son roman de Stéphanie — dont je ne veux guère parler ici — doit être retenu comme un de ses meilleurs. […] L’homme ne se modifiera plus, ne s’enrichira guère. […] Mais cette critique verbale n’a guère pour nous qu’une existence théorique. […] Barthou ne mortifiera guère que ceux qu’il a nommés, et ceux-là sont légion. […] Ils écrivent pour le public, et l’antiquité ne trouverait guère de public.

411. (1903) Hommes et idées du XIXe siècle

Sans doute, les leçons de l’histoire n’ont guère coutume d’être entendues. […] C’est la preuve que les auteurs eux-mêmes n’ont eu guère de foi dans la vitalité de leur œuvre au théâtre. […] Voilà de braves gens qui se tiennent à leur place ; il leur est beaucoup pardonné parce qu’ils ne sont guère gênants. […] Que Taine ait beaucoup lu Hegel, on ne songe guère à le contester. […] Lire Verlaine d’ensemble, voilà ce qu’on ne faisait guère, et c’est à quoi l’on nous convie.

412. (1888) Épidémie naturaliste ; suivi de : Émile Zola et la science : discours prononcé au profit d’une société pour l’enseignement en 1880 pp. 4-93

C’est qu’en effet, en littérature comme en art, il ne peut guère se produire quelque chose d’inédit et de nouveau. […] Les noms qui ont fait souvent le plus grand bruit à leur époque, et c’est surtout en ce qui concerne le roman, tombent des mémoires et ne se retrouvent plus guère que dans des traités spéciaux de littérature. […] Bien que les talents soient rares, je ne m’explique guère la faveur dont ils jouissent encore. […] Oui, l’hérédité a ses lois ; mais elles ne sont guère saisissables qu’en élevage. […] L’honnêteté marche un trot régulier qui ne s’arrête guère, mais qui ne donne pas de coups d’éclat.

413. (1897) Le monde où l’on imprime « Chapitre XXIII. Des sympathies anarchistes de quelques littérateurs » pp. 288-290

Il n’importe guère sérieusement à l’écrivain que la liberté de son art, la tranquillité à sa besogne.

414. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Troisième partie. Beaux-arts et littérature. — Livre troisième. Histoire. — Chapitre VI. Voltaire historien. »

On ne peut guère se le dissimuler ; mais voyez quelle méprise !

415. (1761) Salon de 1761 « Peinture —  Challe  » pp. 141-142

Il y règne une simplicité, une tranquillité, surtout dans la figure principale, qui n’est guère de notre temps.

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