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403. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 193-194

Sa Vie de Descartes n’annonce pas non plus le discernement & le goût qu’il exigeoit de la part des Auteurs ses contemporains. […] Ce défaut est assez ordinaire aux Biographes ; ils ont plus de zele pour leur Héros, que de jugement & de goût.

404. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 385-387

Les excellentes notes qui accompagnent cette édition, ne seront jamais confondues avec le verbiage des Commentateurs ; elles seront regardées, au contraire, comme des modeles de sagacité, de discernement, de goût & de bonne latinité. […] Malgré le goût du siecle pour les frivolités, il a rendu justice au mérite de ce savant Littérateur qui jouit de toute sa réputation.

405. (1866) Nouveaux lundis. Tome VI « Alfred de Vigny. »

Le goût s’y refuse. […] 1° Il était, par goût et par instinct primitif, le poète catholique des mystères, le chantre d’Éloa, de Moïse, du Déluge, des grandes scènes sacrées, et au fond il ne croyait pas. […] Et dans ce qui suit, ou je me trompe fort, on peut trouver une leçon d’art et de goût oratoire, un petit supplément anecdotique à ajouter à toutes les rhétoriques connues. […] Molé, de l’homme d’une rare distinction, qui eut de son côté ce jour-là, comme cela lui arriva souvent, le véritable esprit français, le tact et le goût. […] Leurs goûts, leurs talents s’accordaient si bien !

406. (1924) Intérieurs : Baudelaire, Fromentin, Amiel

On comprend d’où venaient des paradoxes apparents comme celui-ci : « L’amour peut dériver d’un sentiment généreux : le goût de la prostitution ; mais il est bientôt corrompu par le goût de la propriété. » Ce que Brunetière commente ainsi : « Ne vous récriez pas ! […] Les gens de goût qui voient en Baudelaire un mauvais écrivain n’ont pas tout à fait tort. […] Position qui n’est pas sans attirer réserve et raillerie d’un goût plus pointilleux. […] C’est un mondain intelligent, décidé et souple, chez qui le goût du plaisir est excusé de tous comme un droit au plaisir. […] Son autre moitié c’est le goût.

407. (1905) Propos littéraires. Troisième série

Elles sont pleines d’idées, comme pleines de goût. […] Elle plaît à notre goût de simplicité, d’unité, de netteté, à notre goût de l’abstraction, à notre idéologie. […] Mais on voit aussi son goût. […] Ils avaient du goût, quoi qu’on en ait dit ; un certain goût, mais du goût. […] Cependant le goût de montrer la vérité, le goût démontrer les choses telles qu’on les voit est encore une passion, puisque c’est un besoin.

408. (1890) La vie littéraire. Deuxième série pp. -366

Il eut de tout temps le goût et le sens de la femme. […] Charles Morice ne m’en promet pas assez pour mon goût. […] C’est dans les jardins anglais qu’il vit la nature ; son goût de l’antique ne fut en réalité que le goût Louis XVI. […] Le premier était un sentiment, le second un goût. Et quel goût !

409. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — V — Valéry, Paul (1871-1945) »

La poésie doit nous exprimer tout entiers : passions, douleurs et joies mêlées, aspirations, désirs, actions, confondus, dans les limites que lui marque le goût, faculté qui préside au choix, l’acte esthétique par excellence… M. Valéry fut doué d’un goût trop étroit qui, naturellement, l’éloigna de la poésie même.

410. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — F. — article » pp. 259-261

La Chercheuse d’esprit sera toujours la plus agréable & la plus ingénieuse de ces sortes de bagatelles, qui exercent tant de Chercheurs d’esprit qui n’ont encore trouvé que le verbiage, la fadeur, & jamais le goût & la raison. […] Il est vrai qu’on avoit mal choisi l’Ecrivain, si on vouloit inspirer à ce Prince du goût pour les Livres ; mais il faut conclure qu’il avoit naturellement peu de penchant à s’instruire.

411. (1892) Boileau « Chapitre I. L’homme » pp. 5-43

Il ne fallait qu’être chrétien pour y prendre goût. […] Mme de Thianges et Mme de Montespan partageaient le goût de leur frère pour ce solide esprit. […] Ce jouet ingénieux était l’expression du goût fin de la jeune cour. […] ou parce que ses comédies étaient trop bourgeoises pour le goût des courtisans ? […] Selon qu’il est plus froid ou plus complimenteur, Brossette n’entend rien à la poésie, ou bien a le goût exquis.

412. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome I « Les trois siecles de la litterature françoise. — B — article » pp. 298-300

Ce n’est pas qu’on ne rencontre dans ce dernier Ouvrage quelques morceaux pleins d’élégance, de naturel & de pathétique ; mais ils sont en trop petit nombre pour faire pardonner les longueurs, les inutilités & les défauts de correction & de goût qu’on y remarque. […] L’Auteur l’accompagna d’un Discours préliminaire, où il traitoit sans façon son Original de Radoteur, Madame Dacier de femme sans esprit & sans goût.

413. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome II « Les trois siècles de la littérature françoise. — G — article » pp. 371-373

Celle qui regarde les Agrémens du Langage, fait sur-tout honneur à sa sagacité & à son goût. […] On préférera toujours une raison sage & circonspecte, à cette folle raison qui s’égare en courant après la nouveauté, laquelle ne sauroit être qu’un travers, depuis que les notions du goût & de la langue sont fixées.

414. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « Une petite guerre sur la tombe de Voitture, (pour faire suite à l’article précédent) » pp. 210-230

Que si quelque savant tel que Ménage, venant à passer au Mans, lui faisait visite, Costar l’invitait à un de ces dîners recherchés qu’un de ses commençaux nous a décrits, où le buffet était brillant, le linge riche et propre, l’argenterie somptueuse, le vin exquis, la chère succulente, et les raretés de tout genre en abondance, à titre le plus souvent de cadeaux lointains et faits pour flatter la vanité de l’Amphitryon autant que le goût des convives : mais rien n’était si bien apprêté que le maître, qui, doué d’une excellente mémoire, s’était dès le matin préparé à un extraordinaire de grec, d’italien et de latin. […] Ce second ouvrage eut peu de succès, et ce n’était déjà plus le goût du temps ni des mondains, qui ne s’étaient jamais représenté Voiture comme un homme d’étude et de science. […] Il indique ainsi avec goût les lettres qu’il distingue et qu’il préfère ; il les approuve à peu près sans réserve, et il ajoute : « Et haec omnia sane, facete, lepide, laute, nihil supra 33. » Que pouvait-on demander davantage ? […] Il supposa d’abord inexactement que M. de Girac avait blâmé Voiture de ce qu’il n’écrivait point du tout dans le goût de Balzac, nihil Balzacianum, ce que M. de Girac n’avait pas exprimé de la sorte ni dans ces termes absolus : Il dit (c’est Costar qui parle) que M. de Voiture n’écrit pas de votre manière ; qu’il ne parle pas Balzac ; qu’il ne tient rien de ce noble caractère qui relève si fort vos pensées et vos paroles. […] Il paraît en effet qu’un jour un capitaine bel esprit et du dernier goût, qui passait près du manoir de M. de Girac, lui avait dit que, pour cette fois et par considération pour M. de Montausier, il ne lui mettrait pas sa compagnie de gendarmes à loger dans son village, mais qu’à l’avenir il eût à être plus sage et à ne plus écrire contre M. de Voiture.

415. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — II — Vauvenargues et le marquis de Mirabeau » pp. 17-37

Je commence à m’apercevoir que la plupart ne savent que ce que les autres ont pensé ; qu’ils ne sentent point, qu’ils n’ont point d’âme ; qu’ils ne jugent qu’en reflétant le goût du siècle, ou les autorités, car ils ne percent point la profondeur des choses ; ils n’ont point de principes à eux, ou s’ils en ont, c’est encore pis ; ils opposent à des préjugés commodes des connaissances fausses, des connaissances ennuyeuses ou des connaissances inutiles, et un esprit éteint par le travail ; et, sur cela, je me figure que ce n’est pas leur génie qui les a tournés vers les sciences, mais leur incapacité pour les affaires, les dégoûts qu’ils ont eus dans le monde, la jalousie, l’ambition, l’éducation, le hasard. […] Un Mirabeau n’y va pas de main morte ; les demi-aveux, les faux-fuyants de Vauvenargues, ses airs de paresse, ne satisfont pas le marquis ; il continue son obsession obligeante ; il y emploie le reproche, il y emploie la louange ; il se sert de toutes les clefs pour ouvrir ce cœur qu’un respect humain enchaîne, et il le tire tant qu’il peut du côté de ses propres penchants : Quand vous auriez plus de santé et de goût pour la gloire, vous ne sauriez faire naître la guerre, et ne seriez pas capable des bassesses qu’il faut pour s’avancer à la Cour. […] Je ne sème point ici de louanges, c’est la vérité qui parle ; des gens du meilleur goût, ayant vu vos premières lettres, m’obligent à leur envoyer toutes celles que je reçois de vous, et je les ai entendus s’écrier, quand je leur ai dit que vous n’aviez pas vingt-cinq ans : Ah ! […] Mes goûts, mon caractère, ma conduite, mes volontés, mes passions, tout était décidé avant moi ; mon cœur, mon esprit et mon tempérament ont été faits ensemble, sans que j’y aie rien pu, et, dans leur assortiment, on aurait pu voir ma pauvre santé, mes faiblesses, mes erreurs, avant qu’elles fussent formées, si l’on avait eu de bons yeux. […] Mirabeau lui adresse de là, de ce lieu qu’il déteste, dit-il, par excellence, et où il est pour une affaire qui doit lui procurer de l’avancement ou amener sa démission du service, une lettre toute de conseils et d’excitations, et sur le même thème toujours ; « Vous êtes le premier raisonneur de France, mais le plus mauvais acteur » (acteur pour homme d’action) ; et en même temps il se représente, lui, comme un sage, un homme à principes fixes, et aussi un désabusé de l’ambition : Pour moi, dans les idées qui s’offrent à mon imagination, plusieurs se présentent avec empire, mais nulle avec agrément, que celle d’une solitude aimable et commode, quatre ou cinq personnes assorties de goût et de sentiment, de l’étude, de la musique, de la lecture, beau climat, agriculture, quelque commerce de lettres, voilà mon gîte !

416. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Vie de Maupertuis, par La Beaumelle. Ouvrage posthume » pp. 86-106

Il a lu Crébillon fils au moins autant que Tacite qu’il prétend traduire ; je veux dire qu’il a le goût petit-maître. […] Qu’on lui ait demandé des suppressions, des modifications même en quelques endroits du texte, cela est possible et très probable ; mais il en fit qui sont sans excuse, et qui n’ont d’explication que dans son faux goût littéraire et son peu de scrupule pour l’entière vérité. […] C’est ce faux goût et cette absence de tout scrupule que nous avons de nouveau à constater et qui se vérifie trop bien dans l’ouvrage posthume de lui qu’on vient de publier. […] Il y a des fautes d’inadvertance, quelques bévues dans ces additions ; il y a des fautes de goût. […] ) — « Maupertuis me marque que Voltaire doit rester en Prusse, et que c’est une grande acquisition pour un roi qui a autant de talent et de goût.

417. (1865) Nouveaux lundis. Tome IV « La comtesse de Boufflers (suite et fin.) »

On ne comprenait point, dans cette classe, les ambassadrices ni la duchesse de Mazarin, qui y étaient venues par nécessité. » Ainsi Mme de Boufflers fut la première grande dame de la société qui alla inaugurer en personne ce goût de l’Angleterre et de sa Constitution, et de ses usages, de ses modes, qui devint bientôt une manie chez plusieurs, mais qui chez elle n’était encore qu’une curiosité éclairée. […] Celle-ci, durant son séjour en Angleterre, ne vit pas seulement les gens du monde et de la haute société, elle voulut connaître les savants, et l’on a le récit de sa visite au grand critique d’alors, à la fois homme de goût et roi des cuistres, à cet original de Samuel Johnson ; je donne l’historiette telle qu’on la lit dans la Vie du célèbre docteur par son fidèle Boswell ; il la tenait lui-même de la bouche de M.  […] Distinguée par le rang et la naissance, elle l’est infiniment plus par l’élévation et la délicatesse des sentiments, la beauté du génie, l’étendue des lumières, la pénétration de l’esprit, la précision et la vigueur du raisonnement, la pureté et l’élégance du langage, la justesse et la finesse du goût. […] Elle avait donc, à côté des dons et du goût de l’esprit, la bonté, et, mieux que l’indulgence, une bienfaisance efficace et pratique ; elle usait de son crédit auprès du prince, et de sa faute même, pour se dédommager et se recommander par de bonnes actions : elle se piquait d’être une providence pour tous ceux qu’elle était à même de secourir : je ne sais si c’est là une prétention aussi, mais ce serait assurément celle d’une belle âme. […] On y voit le goût, la raison et la simplicité, comme à son a jardin d’Auteuil. » La relation fort particulière qu’elle avait liée avec le roi de Suède, Gustave III, et qui remontait à l’année 1771 lorsqu’il arriva à Paris n’étant que Prince Royal, amena une Correspondance entre eux.

418. (1871) Portraits contemporains. Tome V (4e éd.) « GRESSET (Essai biographique sur sa Vie et ses Ouvrages, par M. de Cayrol.) » pp. 79-103

M. de Cayrol, en mêlant ces sorties sans motif à la célébration de son innocent et gracieux poëte, pourrait compromettre la cause de celui-ci et lui attirer par contrecoup des désagréments, si on ne faisait la part d’une grosseur de termes qui tient à une plume rarement taillée, et si on ne rabattait d’un emportement qui n’est guère qu’une faute de goût. Ceux qui ont tant parlé de goût au nom des classiques, dont ils se croyaient les seuls défenseurs, ont eu souvent ce tort et commis cette petite inconséquence. […] Un écrivain a fleuri et brillé en son temps ; il est mort ; le goût public a changé ; sa renommée a vieilli et a pâli ; on le cite encore à la rencontre, on a de lui une ou deux pièces qui seules survivent au reste des œuvres oubliées ; il semble que tout soit dit sur son compte : et voilà subitement qu’un homme arrive, littérateur ou non de métier, mais ayant au cœur je ne sais quelle étincelle littéraire, et cet homme un matin se consacre à cette mémoire défunte, la réchauffe, la restaure, s’applique de tout point à la rehausser. […] Malgré tout, on revient toujours à se poser à son sujet cette question délicate, embarrassante : Comment se fait-il que, lorsqu’on a eu du goût, on cesse tout d’un coup d’en avoir ? et est-il bien vrai alors qu’on en ait eu réellement auparavant, j’entends du vrai goût, du franc, du meilleur, de celui qui tient à la première nature ?

419. (1800) De la littérature considérée dans ses rapports avec les institutions sociales (2e éd.) « Seconde partie. De l’état actuel des lumières en France, et de leurs progrès futurs — Chapitre V. Des ouvrages d’imagination » pp. 480-512

Ce qui est vraiment beau, c’est ce qui rend l’homme meilleur ; et sans étudier les régies du goût, si l’on sent qu’une pièce de théâtre agit sur notre propre caractère en le perfectionnant, on est assuré qu’elle contient de véritables traits de génie. […] Le théâtre est la vie noble ; mais il doit être la vie ; et si la circonstance la plus vulgaire sert de contraste à de grands effets, il faut employer assez de talent à la faire admettre, pour reculer les bornes de l’art sans choquer le goût. […] Enfin, pour ouvrir une nouvelle source d’émotions théâtrales, il faudrait trouver un genre intermédiaire entre la nature de convention des poètes français et les défauts de goût des écrivains du Nord. […] Je ne crois pas impossible cependant de réussir dans une route nouvelle, en sachant ménager avec talent quelques effets non encore risqués sur la scène ; mais pour que cette entreprise ait du succès, il faut qu’elle soit dirigée par le goût le plus sévère. […] Mais lorsqu’on veut triompher de la répugnance naturelle aux spectateurs français, pour ce qu’ils appellent le genre anglais ou le genre allemand, l’on doit veiller avec un scrupule extrême sur toutes les nuances que la délicatesse du goût peut réprouver.

420. (1900) La méthode scientifique de l’histoire littéraire « Troisième partie. Étude de la littérature dans une époque donnée causes et lois de l’évolution littéraire — Chapitre XVII. Rapports d’une littérature avec les littératures étrangères et avec son propre passé » pp. 444-461

Cependant, pour peu que la transformation des habitudes et des goûts qui nous a frappés ait une certaine profondeur et qu’elle apparaisse en plusieurs milieux éloignés et différents de langue et d’organisation sociale, il est bien difficile de croire à une transmission d’une pareille promptitude et l’on est obligé de se demander s’il n’y a pas eu sur ces points divers naissance multiple de phénomènes semblables. […] Rien n’est plus révélateur du changement des goûts que la série des métamorphoses subies par un chef-d’œuvre dans son passage de sa langue originelle en un idiome étranger. […] Les causes de ces répulsions sont variées ; elles sont individuelles ou générales ; l’homme ou l’ouvrage en question peut aussi bien être en désaccord avec notre tempérament, notre éducation, nos goûts particuliers que mal vu et condamné, parce qu’il appartient à une nation en querelle avec la nôtre. […] Après 1870, la France a considéré l’Allemagne tantôt comme une rivale à laquelle on pouvait utilement emprunter des armes ou des méthodes, tantôt comme une ennemie dont il était nécessaire de se garder et agréable de contrecarrer les goûts. […] « Dis-moi qui tu aimes et je te dirai qui tu es. » La préférence qui reporte une société vers tel ou tel moment de son existence antérieure est révélatrice de son goût dominant.

421. (1857) Causeries du lundi. Tome II (3e éd.) « Madame Geoffrin. » pp. 309-329

Je remarque toujours le goût noble et simple dont cette femme s’habille : c’était, ce jour-là, une étoffe simple, d’une couleur austère, des manches larges, le linge le plus uni et le plus fin, et puis la netteté la plus recherchée de tout côté. » Mme Geoffrin avait alors soixante et un ans. […] Elle a peu de goût et encore moins de savoir, mais elle protège les artistes et les auteurs, et elle fait la cour à un petit nombre de gens pour avoir le crédit d’être utile à ses protégés. […] Elle ne soupçonne pas le mal. » Ici, au contraire, cette bienfaisance mondaine et sociale cherche son plaisir, son goût particulier et sa satisfaction propre, et il s’y mêle de plus un peu de malice et d’ironie. […] Je n’avais jamais aimé à être redressé auparavant ; maintenant vous ne pouvez vous imaginer combien j’y ai pris goût. […] On peut croire que cette modestie, chez elle, n’était qu’une manière plus douce, et pleine de goût, de porter son amour-propre et sa gloire.

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