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825. (1796) De l’influence des passions sur le bonheur des individus et des nations « Section II. Des sentiments qui sont l’intermédiaire entre les passions, et les ressources qu’on trouve en soi. — Chapitre II. De l’amitié. »

Un jour heureux, un être distingué rattachent à ces illusions, et vingt fois on revient à cette espérance après l’avoir vingt fois perdue ; peut-être à l’instant où je parle, je crois, je veux encore être aimée, je laisse encore ma destinée dépendre toute entière des affections de mon cœur ; mais celui qui n’a pu vaincre sa sensibilité, n’est pas celui qu’il faut moins croire sur les raisons d’y résister ; une sorte de philosophie dans l’esprit, indépendante de la nature même du caractère, permet de se juger comme un étranger, sans que les lumières influent sur les résolutions, de se regarder souffrir, sans que sa douleur soit allégée par le don de l’observer en soi-même, et la justesse des méditations n’est point altérée par la faiblesse de cœur, qui ne permet pas de se dérober à la peine : d’ailleurs, les idées générales cesseraient d’avoir une application universelle, si l’on y mêlait l’impression détaillée des situations particulières. […] Il faudrait donc ou une absence totale de sentiments vifs qui, en détruisant la rivalité, amortirait aussi toute espèce d’intérêt, ou une vraie supériorité, pour effacer la trace des obstacles généraux qui séparent les femmes entre elles ; il faut trouver autant d’agréments qu’on peut s’en croire, et plus de qualités positives, pour qu’il y ait du repos dans elle, et du dévouement en soi ; alors le premier bien, sans doute, est l’amitié d’une femme.

826. (1881) La psychologie anglaise contemporaine « M. Samuel Bailey »

Les discours d’un orateur, les traités d’un auteur, les prescriptions du législateur, les manœuvres du général, les décrets du monarque l’impliquent également. Un général qui commande une armée et dirige une bataille, compte sur l’obéissance de ses officiers et de ses soldats : est-il moins confiant dans le résultat de ses ordres que quand il accomplit quelque acte matériel, comme tirer une épée ou sceller une dépêche ?

827. (1765) Essais sur la peinture pour faire suite au salon de 1765 « Mes petites idées sur la couleur » pp. 19-25

Le ton général de la couleur peut être faible sans être faux. Le ton général de la couleur peut être faible, sans que l’harmonie soit détruite.

828. (1782) Plan d’une université pour le gouvernement de Russie ou d’une éducation publique dans toutes les sciences « Plan d’une université, pour, le gouvernement de Russie, ou, d’une éducation publique dans toutes les sciences — Seconde faculté d’une Université. Faculté de médecine. » pp. 497-505

Il y a sans doute quelque différence entre la conservation d’un grand ministre et d’un petit mercier, d’un célibataire et d’un père de famille, d’un bon général d’armée et d’un mauvais poëte ; mais ni le souverain qui nous regarde comme ses enfants, ni le sentiment de l’humanité qui nous rapproche de nos semblables ne s’arrêtent à ce calcul. […] Chacun de ces deux professeurs fera, dans l’espace de deux ans, un cours complet des institutions de médecine, c’est-à-dire que la première année il enseignera la physiologie et l’hygiène ; la seconde année la pathologie, la phylactique93 et la thérapeutique générale.

829. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Casanove » pp. 192-197

Un homme de lettres qui n’est pas sans mérite prétendait que les épithètes générales et communes, telles que grand, magnifique, beau, terrible, intéressant, hideux, captivant moins la pensée de chaque lecteur, à qui cela laisse, pour ainsi dire, carte blanche, étaient celles qu’il fallait toujours préférer. […] Tu aurais dit d’un de tes combattans qu’il avait reçu à la tête ou au cou une énorme blessure ; mais le poëte dit : la flèche l’atteignit au-dessus de l’oreille, entra, traversa les os du palais, brisa les dents de la mâchoire inférieure, sortit par la bouche, et le sang qui coulait le long de son fer tombait à terre en distillant par la pointe… ces épithètes générales sont d’autant plus misérables dans le style français, que l’exagération nationale les appliquant usuellement à de petites choses les a presque toutes décriées.

830. (1905) Les œuvres et les hommes. De l’histoire. XX. « Napoléon »

C’est une œuvre nulle d’idées générales et vulgaire de style. […] D’ailleurs, lorsqu’on n’a pas plus d’idées générales que de style, peut-on être pris par la postérité — et même par personne — pour le véritable historien de l’Empereur ?

831. (1899) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (troisième série). XVII « Taine »

Ce n’est plus l’Histoire de la Littérature anglaise, qui, nul dans l’idée générale sur laquelle il repose, n’en est pas moins un livre très intéressant dans sa partie littéraire, et d’un écrivain qui martèle son style, mais qui, à force de le marteler, le rend brillant et solide. […] Et il ajoute, après avoir cité Sainte-Beuve, Stendhal et Renan, qui sont les saints par lesquels il jure : « J’ai contribué pendant quinze ans à ces psychologies particulières ; j’aborde aujourd’hui la psychologie générale. » Et de fait, il l’aborde et s’y rue si bien que s’il ne s’y perd pas lui-même, il y a perdu ses lecteurs.

832. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XVIII. Siècle de Constantin. Panégyrique de ce prince. »

Enfin, en plaçant le christianisme avec lui sur le trône, il fit la plus grande révolution qu’il y ait jamais eu dans les idées, les lois, les mœurs, l’esprit général des nations, changeant tout ce qui avait gouverné les hommes jusqu’alors, et devant influer, sans le savoir, sur presque tous les événements politiques et sacrés de l’histoire moderne ; tel fut le sort attaché au règne de Constantin. Si nous examinons maintenant son caractère et ses qualités personnelles, nous lui trouverons cette ambition sans laquelle un homme n’a jamais donné un grand mouvement à ce qui l’entourait ; cette activité nécessaire à tous les genres de succès, à la guerre surtout, et dans un empire qui embrassait cent provinces ; cette férocité qui était le vice général du temps, et qui lui fit commettre des crimes, tantôt d’une barbarie calme, comme le meurtre de son beau-frère, celui de son neveu, et celui des rois prisonniers qu’il fit donner en spectacle et déchirer par les bêtes, tantôt des crimes d’emportement et de passion, comme les meurtres de sa femme et de son fils ; cet amour du despotisme presque inséparable d’une grande puissance militaire et de l’esprit de conquête, et surtout de l’esprit qui porte à fonder un nouvel empire ; un amour du faste, que les peuples prennent aisément pour de la grandeur, surtout lorsqu’il est soutenu par quelques grandes actions et de grands succès ; des vues politiques, sages, et souvent bienfaisantes, sur la réforme des lois et des abus, mais en même temps une bonté cruelle qui ne savait pas punir, quand les peuples étaient malheureux et opprimés.

833. (1928) Les droits de l’écrivain dans la société contemporaine

Un des plus grands plaisirs intellectuels, n’est-il pas, « partant » des faits, de remonter jusqu’à leurs causes, jusqu’au « général » ? […] L’attitude des jeunes écrivains, d’ailleurs, est conforme à ce mouvement général : ils veulent maintenant considérer leur activité artistique comme une activité ordinaire. […] Sans être graphologue, on peut reconnaître une certaine analogie entre la pensée d’un auteur et l’aspect général de ses manuscrits. […] Avec deux ou trois idées générales qu’il est pour ainsi dire inévitable de rencontrer dans sa cervelle pour peu qu’on réfléchisse cinq minutes, on peut mettre debout un système admirable. […] Vandérem, d’autant plus frappants qu’il se place d’un point de vue général et non pas purement professionnel.

834. (1889) Histoire de la littérature française. Tome III (16e éd.) «  Chapitre treizième.  »

Bossuet, à son tour, révèle, sous la forme de vérités générales, tout ce que le tribunal de la pénitence lui en a appris. […] La nommer, c’eût été avouer l’apologie : il espérait la sauver à la faveur de quelque proposition générale, qui eût excusé implicitement des excès de parole ou de plume bien pardonnables à une femme. […] « Il n’y a rien à en attendre, écrivait-il à son neveu, que des choses générales dans l’occasion. » Les jésuites étaient à la cour les garants de l’orthodoxie de Fénelon. […] Se borne-t-il du moins à protester en termes généraux, comme il sied à un homme aussi au-dessus du mensonge que le ciel est au-dessus de la terre ? […] Extrait d’une épître satirique en réponse à une lettre apologétique de l’abbé de Chanterac, vicaire général et ami de l’archevêque de Cambrai.

835. (1907) L’évolution créatrice « Chapitre I. De l’évolution de la vie. Mécanisme et finalité »

Le biologiste qui procède en géomètre triomphe trop facilement ici de notre impuissance à donner de l’individualité une définition précise et générale. […] On alléguera que la similitude de structure est due à l’identité des conditions générales où la vie a évolué. […] Il serait d’abord intéressant d’instituer ici une comparaison générale entre les plantes et les animaux. […] Vignon, Recherches de cytologie générale sur les épithéliums, Paris, 1902, p. 655. […] Charrin, L’hérédité pathologique (Revue générale des sciences, 15 Janvier 1896).

836. (1920) Essais de psychologie contemporaine. Tome II

La contrefaçon et le bon marché s’emparent de cette passion générale, pour l’exploiter. […] Elle procède par vastes actions générales qui annulent à peu près la part de l’action individuelle. […] Que révèle l’histoire générale de leur patrie ? […] Napoléon, qui fut le premier des généraux, ne se montra-t-il pas un législateur de premier ordre ? […] Cela tient-il à une loi générale de l’évolution ?

837. (1890) Journal des Goncourt. Tome IV (1870-1871) « Année 1870 » pp. 3-176

le galop rapide du général et de son escorte. […] Le rappel bat, la générale bat, un vieux garde national apoplectique passe son képi à la main, criant : « Les canailles !  […] Savez-vous comment le général l’a reçu : « Monsieur, je n’aime pas le zèle intempestif !  […] Celui qui aurait fait le mieux, aurait été nommé colonel ; et s’il s’était distingué plusieurs fois, général. […] Cette éloquence du général, qui débuterait un peu à la façon de l’éloquence de M. 

838. (1894) Critique de combat

— Oui, général. […] — Oui, général. […] Travers généraux, non particuliers ! […] Je trouve son traité à la fois trop particulier et trop général. […] Point de raison générale à cela : c’est la faute des personnes.

839. (1932) Le clavecin de Diderot

Ce qu’on offre, en fait d’idées générales, n’est donc le plus souvent que la dictature d’un détail, au gré de tel bon vouloir, à tel moment donné. […] Là-bas, dans le continent originel, avec ses négrillons frères, des administrateurs, des généraux, et qui sait ? […] Le général a joué contre le particulier, le particulier contre le général, et finalement, le brouillard, l’Humain les a trahis l’un et l’autre, a trahi l’Homme majuscule, le type, l’espèce, et le trahissant, a trahi l’autre, l’homme quotidien, n’importe qui, toi, lui, moi, il. […] Ce qui est particulier est général. […] Le juge, le général d’une part, le particulier, la partie, d’autre part, se regardent en chiens de faïence.

840. (1864) Cours familier de littérature. XVIII « CIVe entretien. Aristote. Traduction complète par M. Barthélemy Saint-Hilaire (2e partie) » pp. 97-191

Elle n’est pas tenue sans doute d’étudier la poétique comme elle étudie la psychologie, la morale ou la métaphysique ; mais, quand elle traite des beaux-arts, comme le fait Aristote, en posant les principes généraux et essentiels, c’est un service de plus qu’elle rend à l’esprit humain, et qu’elle seule est capable de lui rendre. […] Dans le mouvement général de l’esprit humain, ces monuments tiendront toujours une place nécessaire, parce qu’ils marquent et assurent les lentes conquêtes de la réflexion à côté et à la suite des élans de l’inspiration et de la spontanéité des peuples. […] Si l’âme de l’homme ne circonscrit pas nos études, si l’on sort de la nature humaine pour interroger l’univers, ce n’est plus de la psychologie qu’on fait, c’est de la physiologie générale. […] L’âme est alors en rapport avec les Idées, c’est-à-dire, avec les notions générales et universelles, dont elle ne voit dans le monde des sens que des cas particuliers et des ombres. […] On a souvent représenté la dialectique platonicienne comme la méthode qui, des idées particulières, s’élève de degré en degré à des notions de plus en plus générales, pour aboutir par toutes les voies à cette idée suprême et universelle du bien, « qui illumine le monde intelligible, comme le soleil éclaire le monde des sens ».

841. (1886) Revue wagnérienne. Tome I « Paris, 8 avril 1885. »

Ils parlent le langage wagnérien comme les lauréats du concours général parlent le langage latin, qui ont abouté, en leurs discours, les phrases copiées de leurs cahiers d’expressions. […] Huysmans Avant de commencer la série des analyses et traductions, la Revue wagnérienne publie, aujourd’hui, une étude générale sur les œuvres théoriques, si considérables, de Richard Wagner. […] Jusque là, quelques hardiesses qu’il eût osées, en ses opéras, il avait conservé la forme générale traditionnelle, content d’améliorations particulières, ne pensant point, sans doute, à une rénovation radicale. […] D’abord un principe général, que l’on peut dire le caractéristique du wagnérisme : c’est une erreur, prendre pour fin, dans l’art, la musique, qui n’est qu’un moyen de l’expression artistique, tandis que, seule, l’action est la fin véritable. […] Ce principe général peut servir d’introduction à la troisième partie, toute théorique.

842. (1898) L’esprit nouveau dans la vie artistique, sociale et religieuse « III — Bossuet et la France moderne »

» Monsieur,‌ « Je vous envoye le brevet de don des temples de Nanteuil et Mortcerf pour l’hospital général et l’Hôtel-Dieu de Meaux, ainsi que vous les avez demandés ».‌ […] L’admiration est générale. […] Telle fut l’abomination générale enfantée par la flatterie et par la cruauté. […] « Ou vous serez les défenseurs obstinés de la félonie, et vous serez des suspects. »   A cet exposé nous ajouterons une brève conclusion générale. Le fait que nous venons de relater n’est qu’un épisode saillant de l’histoire générale des rapports de l’Église et des États.

843. (1875) Les origines de la France contemporaine. L’Ancien Régime. Tomes I et II « Livre quatrième. La propagation de la doctrine. — Chapitre I. Succès de cette philosophie en France. — Insuccès de la même philosophie en Angleterre. »

Car, dans toute question générale, il y a quelque notion capitale et simple de laquelle le reste dépend, celles d’unité, de mesure, de masse, de mouvement en mathématiques, celles d’organe, de fonction, de vie en physiologie, celles de sensation, de peine, de plaisir, de désir en psychologie, celles d’utilité, de contrat, de loi en politique et en morale, celles d’avances, de produit, de valeur, d’échange en économie politique, et de même dans les autres sciences, toutes notions tirées de l’expérience courante, d’où il suit qu’en faisant appel à l’expérience ordinaire, au moyen de quelques exemples familiers, avec des historiettes, des anecdotes, de petits récits qui peuvent être agréables, on peut reformer ces notions et les préciser. […] C’est elle qui a construit les Éloges de Fontenelle, le Philosophe ignorant et le Principe d’action de Voltaire, la Lettre à M. de Beaumont et le Vicaire savoyard de Rousseau, le Traité de l’homme et les Epoques de la nature de Buffon, les Dialogues sur les blés de Galiani, les Considérations de d’Alembert sur les mathématiques, la Langue des calculs et la Logique de Condillac, un peu plus tard l’Exposition du système du Monde de Laplace et les Discours généraux de Bichat et de Cuvier459. […] Non seulement les vues sur le monde et sur l’homme, les idées générales de toute espèce y abondent, mais encore les renseignements positifs et même techniques y fourmillent, petits faits semés par milliers, détails multipliés et précis sur l’astronomie, la physique, la géographie, la physiologie, la statistique, l’histoire de tous les peuples, expériences innombrables et personnelles d’un homme qui par lui-même a lu les textes, manié les instruments, visité les pays, touché les industries, pratiqué les hommes, et qui, par la netteté de sa merveilleuse mémoire, par la vivacité de son imagination toujours flambante, revoit ou voit, comme avec les yeux de la tête, tout ce qu’il dit à mesure qu’il le dit. Talent unique, le plus rare en un siècle classique, le plus précieux de tous, puisqu’il consiste à se représenter les êtres, non pas à travers le voile grisâtre des phrases générales, mais en eux-mêmes, tels qu’ils sont dans la nature et dans l’histoire, avec leur couleur et leur forme sensibles, avec leur saillie et leur relief individuels, avec leurs accessoires et leurs alentours dans le temps et dans l’espace, un paysan à sa charrue, un quaker dans sa congrégation, un baron allemand dans son château, des Hollandais, des Anglais, des Espagnols, des Italiens, des Français chez eux469, une grande dame, une intrigante, des provinciaux, des soldats, des filles470, et le reste du pêle-mêle humain, à tous les degrés de l’escalier social, chacun en raccourci et dans la lumière fuyante d’un éclair. […] Partout des lieux communs, des thèmes généraux, des enfilades de sentences et de raisonnements abstraits, c’est-à-dire des vérités plus ou moins vides et des paradoxes plus ou moins creux.

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