Des sentiments platoniciens et même chrétiens avaient fortifié les secrètes dispositions que l’abstraction psychologique et la retraite en soi avaient formées. […] Partout ailleurs nous ne faisons que deviner la force : ici nous apercevons la force ; partout ailleurs, quand deux faits s’accompagnent, nous n’observons que les deux faits et leur concours ; ici, par une exception merveilleuse, nous découvrons encore « ce je ne sais quoi qui s’applique aux corps, pour les mouvoir, les pousser, « les attirer20 », élément ou ingrédient particulier, vraiment « inexplicable ou ineffable, lorsqu’on veut chercher des exemples et des moyens d’explications hors du fait même de la conscience. » Il n’y a point d’autre vue semblable ; et quand vous concevez d’autres forces, c’est d’après la vôtre et sur ce modèle que vous en formez la notion. […] Il n’a formé le sien que par induction ; donc vous n’avez formé le vôtre que par expérience.
Monsieur, comte d’Artois, qui avait précédé son frère, était à peine installé aux Tuileries, qu’il avait (indépendamment du ministère officiel, dès lors constitué) ses conseillers à part, son comité intime, sa police secrète : Il y avait donc, nous dit M. de Viel-Castel, deux gouvernements, l’un officiel, connu de tous, conduisant les affaires, composé en général d’hommes sages et expérimentés, mais pour qui le prince n’éprouvait ni confiance ni sympathie, bien qu’il les ménageât beaucoup ; l’autre, occulte, formé pour la plus grande partie de courtisans sans lumières et d’intrigants sans conscience, n’agissant qu’indirectement sur l’administration, mais surveillant et contrariant par des voies souterraines ceux qui en étaient chargés, se préoccupant beaucoup plus des personnes que des choses, et régnant d’une manière absolue sur l’esprit du lieutenant général. […] Il voulait bien, d’ailleurs, ne point parler trop injurieusement de ceux-ci, des 25 millions d’hommes qui formaient la masse de la nation : « Il est bien reconnu, disait-il, que les régnicoles, comme les émigrés, appelaient de tous leurs vœux un heureux changement, lors même qu’ils n’osaient pas encore l’espérer. » Ainsi, Français de 1792 qui couriez à la frontière, vous qui sauviez la patrie menacée, vous qui, à la suite des armées refoulées de la coalition, passiez le Rhin et l’Escaut et les Alpes, qui combattiez à Rivoli, à Zurich, aux pyramides et autres lieux, vous étiez des régnicoles ; il est bon de savoir le nom qu’on a. […] non pas la région où sa forment les orages ; mais quelque chose d’élevé et de grand. » 73.
Le parfait normalien de ce temps-là fut formé à son image et selon cette doctrine philosophique, rationnelle, noble, élevée, modérée, admettant sa part de croyance. […] que d’esprits émancipés qui allaient au-delà du maître, qui le compromettaient aux yeux du Clergé et des puissances, qui formaient ce que j’appelle l’aile gauche de sa doctrine et qui la débordaient de toutes parts : Jules Simon, Vacherot, vous en savez quelque chose ! […] Au commencement de la Restauration, elle accompagna son père, ambassadeur à Turin et à Londres ; elle présidait avec goût au cercle diplomatique et politique qui se formait naturellement chez l’ambassadeur de France ; elle ne permettait même pas qu’on s’aperçût, vers la fin, de la fatigue de l’âge chez le marquis d’Osmond, tant elle s’entendait avec discrétion aux grandes affaires.
Il leur donna le sentiment de la beauté littéraire et de la vertu morale qu’elle recèle souvent. « Il nous formait à la précision et à la simplicité ; il nous donnait le goût du style net et franc, la haine de l’emphatique et du tortillé. » M. […] Mais il y avait aussi à Aix un homme animé de l’esprit nouveau, un travailleur, un savant opiniâtre, méticuleux et méthodique, le philologue Eugène Benoist : il forma Larroumet en Provence, il le forma à Paris, où il le fit venir en 1874 ; pour achever ses études supérieures, Larroumet, de professeur qu’il était devenu dans l’enseignement spécial, se refit « pion » à Charlemagne.
C’est au milieu de cette cour de Henri IV dont nous venons de parler, que se forma la société de l’hôtel de Rambouillet. […] Dans ce que nous avons vu de la cour, se présentent les premières causes qui durent déterminer madame de Rambouillet à se tenir éloignée de ce foyer de discorde et de scandale, à se confiner chez elle et à s’y former une société habituelle. […] Peu de gens ignorent le mérite des écrivains qui formèrent la société de Rambouillet dans la première période de son existence.
Les temps modernes, qui forment la cinquième et dernière période, à partir de Bacon et Descartes, et qui constituent pour un grand nombre d’enseignements le principal de l’histoire de la philosophie, n’obtiennent pas ici tout le développement qui conviendrait peut-être ; mais c’est la partie la plus abordable, celle à laquelle les discussions habituelles du dehors initieront assez tôt les jeunes esprits, et il était plus utile de leur faire apprécier tous ces immenses travaux précédents qu’on a trop de hâte d’oublier dans la plupart des débats modernes. […] Quant à Eucher, ses lettres ou traités sur la Louange du Désert et sur le Mépris du Monde forment d’aimables et pieux conseils, qui caractérisent à merveille la situation des âmes à cette époque, et ce mélange d’élégance littéraire, un peu païenne, avec une morale austère.
Nous venons de, la lire à tête reposée, et de tâcher de nous former un avis sur cette œuvre controversée, qui résume l’observation de plusieurs années que l’auteur a données au mouvement du monde. […] Il en a été choqué alors, malgré toutes les politesses que j’y ai mises, jusqu’à ne pas vouloir de mon nom dans une Commission de Propriété littéraire qui se formait à son ministère.
Paix aux morts, respectons leur cendre, laissons intacte leur gloire et l’image épurée que nous nous formons d’eux ! […] Mais, au fait, de quoi pourrions-nous former la substance de nos livres, sinon de notre vie même, et parfois de la plus secrète ?
Mais un empire, douze fois grand comme la France actuelle, ne saurait former un État dans l’acception moderne. […] Le roi de France, qui est, si j’ose le dire, le type idéal d’un cristallisateur séculaire ; le roi de France, qui a fait la plus parfaite unité nationale qu’il y ait ; le roi de France, vu de trop près, a perdu son prestige ; la nation qu’il avait formée l’a maudit, et, aujourd’hui, il n’y a que les esprits cultivés qui sachent ce qu’il valait et ce qu’il a fait.
C’est cette envie de s’instruire & de se former le goût, qui le fit lier, dès son entrée dans le monde, avec les Sulli, les Châteauneuf, les Chaulieu, & tout ce qu’il y avoit en France de gens aimables & de mérite. […] A peine sa liaison avec Rousseau fut-elle formée, que celui-ci fut banni de France.
Pour demêler ce qui peut former un caractere, il faut être capable de discerner entre vingt ou trente choses que dit, ou que fait un homme, trois ou quatre traits qui sont propres specialement à son caractere particulier. […] Ce sont ces traits qui separez des choses indifferentes que tous les hommes disent et font à peu près les uns comme les autres, qui, rapprochez, et réunis ensemble, forment un caractere, et lui donnent, pour ainsi dire, sa rondeur théatrale.
En effet, à juger de la déclamation des romains, et par conséquent de celle des grecs sur la scéne, desquels la scéne romaine s’étoit formée, par ce qu’en dit Quintilien, la récitation des anciens devoit être quelque chose d’approchant de notre déclamation tragique. […] Si les comédiens d’un païs plaisent plus aux étrangers que les comédiens des autres païs, c’est que ces premiers comediens seront formez d’après une nation, qui naturellement aura plus de gentillesse dans les manieres, et plus d’agrément dans l’élocution, que les autres nations.
Les premiers forment le contingent des lecteurs de mauvais écrivains, des lecteurs de romans niais, des lecteurs de poètes excentriques, etc. […] Certaine table d’hôte a formé mon goût peut-être plus que Sainte-Beuve.
Après avoir formé ainsi les définitions des premiers nombres, on ajoute : etc. […] Ce quelque chose variera, selon que ce système sera conçu comme formé de forces mécaniques, ou physiques, ou chimiques. […] Ainsi s’est formée, par l’emploi de la méthode analytique, la doctrine dite des facultés. […] Le postulat des idéologues était que les idées forment un monde à part, qui a ses lois comme le monde des corps. […] Ces êtres forment une hiérarchie, et l’action circule entre eux de haut en bas et de bas en haut.
Les familles d’idées politiques n’apparaissent à peu près formées qu’après 1815, lorsque quelques données fondamentales, à savoir l’opposition d’une ancienne France et d’une nouvelle, de grands partis contrastés en politique, en religion, en littérature, émergent dans la conscience générale, forment un dialogue animé, suivi, et presque, à l’intérieur de la France, un diminutif d’Europe divisée. […] Il remonte aux années qui suivent 1830, quand se forment les deux partis nommés partis de la résistance et parti du mouvement. […] L’un et l’autre ont formé et forment encore tout l’élément moteur de l’idéologie républicaine. […] Le patriotisme, le nationalisme qui se formeront autour d’eux répondront à ce qu’étaient le loyalisme et le royalisme pour l’ancienne France. […] Mais les enfants qu’élève l’école forment eux aussi, par position, une société de pensée.
On avait formé contre lui une sorte de conspiration du silence. […] Ses romans forment, dans leur ensemble, une sorte de traité de physiologie, qui est pourtant une œuvre d’art. […] L’auteur a fait ses observations sur les ouvriers mécaniciens, qui forment la septième partie de la population laborieuse de Paris. […] On craignit qu’il ne se formât une cabale pour siffler le drame. […] Ces feuilletons pourraient former des volumes ; nous résumerons en quelques mots, ce qui a été dit.
Ne serait-ce pas une étrange anomalie qu’en descendant un degré plus bas dans la série, jusqu’aux individus de la même espèce, une règle tout opposée prévalût, c’est-à-dire que les espèces, au lieu d’être locales, fussent formées à la fois en deux ou trois régions complétement séparées ? […] Le plus souvent la question est insoluble au point de vue pratique, à moins qu’il ne s’agisse d’espèces, de variétés et de races domestiques formées sous l’influence de l’homme, et dont la formation et les progrès sont attestés par des documents authentiques. […] La nature volcanique de ces îlots n’empêche point qu’ils puissent avoir autrefois formé les sommets de continents aujourd’hui complétement et profondément submergés ; il ne faut qu’admettre un affaissement plus considérable de l’aire qu’ils occupent. Il se pourrait que, par l’effet même de cet affaissement, des bouches volcaniques se soient ouvertes subséquemment, de manière à former d’abord des volcans sous-marins le long des crêtes principales, ou lignes de brisement des couches terrestres. […] D’ailleurs il est probable que, dans une pareille rencontre, la course des deux systèmes serait profondément troublée, et que le plus grand entraînerait le plus petit, de sorte qu’ils se confondraient sans doute en un seul pour former peut-être l’un de ces systèmes connus sous le nom d’étoiles doubles.
Tu as inventé les lois, formé les mœurs, établi une police. […] C’est elle qui nous a imposé des lois, qui a formé les liens de la société civile, qui a fait quitter aux hommes leur vie sauvage et farouche. […] « Dans mes quatre livres Académiques, je leur ai montré quelle sorte de philosophie me semblait la moins arrogante, la plus positive et la plus propre à former le goût. […] quelle autre fonction pourrions-nous exercer, et plus élevée, et plus utile à la république, que celle qui consiste à instruire et à former la jeunesse, à une époque surtout où les mœurs de cette jeunesse se sont tellement relâchées qu’il est de notre devoir à tous de la contenir et de la guider ? […] Tu vois quels imperceptibles espaces ils occupent sur le globe terrestre, et quelles vastes solitudes séparent ces quelques taches que forment les points habités.
À l’égard des Moutons et des Chèvres, je ne puis me former aucune opinion arrêtée. […] Le Jacobin ou Pigeon Nonain (C. cucullata) a les plumes tellement retroussées sur le revers du cou, qu’elles lui forment comme un capuchon, et, proportionnellement à sa taille, les plumes des ailes et de la queue très longues. […] C’est d’après ce principe que Marshall a remarqué que dans le comté d’York, où les Moutons appartiennent à de pauvres gens et ne forment généralement que de petits troupeaux, ils ne sont pas susceptibles d’améliorations. D’autre part, les pépiniéristes, qui élèvent un grand nombre d’individus de la même plante, réussissent beaucoup plus souvent que les amateurs à former des variétés nouvelles et précieuses. […] À l’égard des animaux pourvus de sexes séparés, il importe de pouvoir prévenir les croisements, si l’on veut réussir à former de nouvelles races, au moins dans une contrée déjà peuplée d’autres races analogues.