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914. (1932) Le clavecin de Diderot

Les hommes ne tolèrent pas que les femmes s’y promènent. […] Là, au moins, était-il sûr de se sentir supérieur à la femme, sa femme et de pouvoir jouer son rôle de mâle. […] Fils d’une femme d’amour, il est à cent coudées, certes, au-dessus de ses contemporains et cadets nés de parents unis en justes noces. […] Pour la mère, il n’y aurait certes nulle exagération à dire qu’elle était l’économie faite femme. […] Femmes de lettres françaises.

915. (1866) Histoire de la littérature anglaise (2e éd. revue et augmentée) « Livre IV. L’âge moderne. — Chapitre II. Lord Byron. » pp. 334-423

. —  Idée de la femme. —  Dona Julia. […] Son père, viveur et brutal, avait enlevé la femme de lord Carmarthen, ruiné et maltraité miss Gordon, sa seconde femme, et, après avoir vécu comme un fou et comme un malhonnête homme, était allé, emportant le dernier argent de sa famille, mourir sur le continent. […] Joignez-y, en façon de contraste, des femmes angéliques, tendres et soumises, surtout belles comme des anges. […] L’idée unique, le besoin présent, absorbe le reste : c’est en cela qu’une femme est femme. […] Vous ne saviez pas, ni elle non plus, quelle comédienne tout d’un coup, à l’improviste, peut sortir d’une honnête femme.

916. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre VII » pp. 56-69

Dans tout ce que j’ai lu de histoire littéraire et morale du xviie  siècle, je n’ai rencontré d’autres paroles attribuées à madame de Rambouillet que celles-ci : « Les esprits doux, et amateurs des belles lettres, ne trouvent jamais leur compte à la campagne26. » Aucune biographie, même la plus riche eu noms inconnus et dignes de l’être, n’a trouvé de quoi faire un article de qu’être lignes sur cette femme dont la maison fut si célèbre : preuve incontestable qu’elle n’a jamais fait parler d’elle. […] Elle regarde la vie campagnarde, la chasse, la pèche, et même, il faut l’avouer, l’agriculture, dont il est fort pardonnable à une femme du grand monde de n’être pas charmée. […] Je crois cet éloge bien mérité : et il est difficile de le croire une plate louange, quand on considère l’homme qui la donne, le fonds de l’ouvrage où il l’a placé, le sentiment qui l’anime en l’écrivant, celui qu’il suppose à la personne pour qui il l’écrit ; et enfin cet éloge vient si naturellement à la place où il se trouve, qu’on ne peut y méconnaître une sorte d’à-propos qui ne serait pas venu à l’auteur pour une femme vulgaire. […] Ils seraient ridicules dans les entretiens d’une femme sans esprit, sans jugement, qui aurait la vanité de faire la savante.

917. (1880) Les deux masques. Première série. I, Les antiques. Eschyle : tragédie-comédie. « Chapitre V, la Perse et la Grèce »

Les plus belles femmes de l’Empire, recrutées dans toutes les provinces, peuplaient et renouvelaient son sérail. […] Atossa, la femme de Darius, avait un désir fantasque et obsédant comme un rêve, celui d’être servie par des jeunes filles athéniennes. […] Les femmes actives et vives de l’Europe, comparées aux belles femelles oisives de l’Asie, frappaient d’ailleurs vivement l’imagination des hommes de l’Iran. Darius, passant par la Pœonie, avait été saisi, comme d’une apparition, par la rencontre d’une jeune femme qui, portant gracieusement un vase sur son front, conduisait un cheval à l’abreuvoir, et filait en même temps sa quenouille.

918. (1861) Les œuvres et les hommes. Les historiens politiques et littéraires. II. « XVI. M. E. Forgues. Correspondance de Nelson, chez Charpentier » pp. 341-353

C’est sous le coup de ces découragements qu’on le vit retiré au prieuré de Burnham Thorpe, entre son père qu’il aima toujours et sa femme qu’il aimait encore, y passer des années entières de jeunesse, lui, l’éblouissant officier, fou de la gloire comme Charles XII, qui devait être le vainqueur d’Aboukir, de Copenhague et de Trafalgar, et qui, — détail piquant dans son contraste même !  […] Après avoir traversé le bonheur incomparable d’un mariage d’amour, après avoir aimé sa femme comme on aime sa femme en Angleterre, le pays conjugal, le pays de l’amour at home, il devint adultère, et, une fois qu’il le fut, il le fut toujours, car le mal et le bien se partageaient son âme, et l’homme autrefois si fidèle et si tendre, qu’il avait été, transporta dans l’adultère la fidélité et la tendresse. […] … Spontané de génie sur mer, comme le grand Condé le fut sur terre, pour être Nelson comme l’autre fut Condé, s’étant tout simplement donné la peine de naître ; inspiré, illuminé, rapide, Nelson fut d’âme ce qu’il était de génie, tout aussi naïf, tout aussi involontaire, et tout aussi résolu à aller devant lui à travers tout obstacle, et ses fautes mêmes vinrent de cette spontanéité téméraire de cœur qui le fît se donner sans se reprendre, — candide jusqu’à l’aveuglement — à une femme qui l’a déshonoré un jour, car derrière lady Hamilton il y a Caracciolo ; derrière le vice il y a un crime ; derrière le serment profané de l’époux à l’épouse, il y a le serment militaire, le serment de l’homme aux hommes, honteusement violé !

919. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Nelson »

C’est sous le coup de ces découragements qu’on le vit, retiré au prieuré de Burnham-Thorpe, entre son père, qu’il aima toujours, et sa femme, qu’il aimait encore, y passer des années entières de jeunesse, lui, l’éblouissant officier, fou de la gloire comme Charles XII, qui devait être le vainqueur d’Aboukir, de Copenhague et de Trafalgar, et qui — détail piquant dans son contraste même !  […] Après avoir traversé le bonheur incomparable d’un mariage d’amour, après avoir aimé sa femme comme on aime sa femme en Angleterre, le pays conjugal, le pays de l’amour at home, il devint adultère, et, une fois qu’il le fut, il le fut toujours ; car le mal et le bien se partageaient son âme, et l’homme autrefois si fidèle et si tendre qu’il avait été, transporta dans l’adultère la fidélité et la tendresse. […] … Spontané de génie sur mer comme le grand Condé le fut sur terre, pour être Nelson, comme l’autre fut Condé, s’étant tout simplement donné la peine de naître, inspiré, illuminé, rapide, Nelson fut d’âme ce qu’il était de génie, tout aussi naïf, tout aussi involontaire et tout aussi résolu à aller devant lui à travers tout obstacle, et ses fautes mêmes vinrent de cette spontanéité téméraire de cœur qui le fit se donner sans se reprendre — candide jusqu’à l’aveuglement — à une femme qui l’a déshonoré un jour ; car derrière Lady Hamilton il y a Carracciolo, derrière le vice il y a un crime, derrière le serment profané de l’époux à l’épouse il y a le serment militaire, le serment de l’homme aux hommes, honteusement violé !

920. (1876) Chroniques parisiennes (1843-1845) « LXIV » pp. 247-253

Autre exemple : lorsque Créon revient désespéré, apportant le cadavre de son fils dans ses bras, on accourt lui annoncer, comme dernier surcroît de malheur, que sa femme vient de se tuer : et on apporte celle-ci sur le théâtre. […] Ma pauvre femme ! […] » Il y aurait dans le texte ma pauvre femme !

921. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre XXVI. Jésus au tombeau. »

Les femmes galiléennes étaient présentes 1208, et sans doute accompagnaient la scène de cris aigus et de pleurs. […] Les femmes se retirèrent après avoir soigneusement remarqué comment le corps était posé. […] Le dimanche matin, les femmes, Marie de Magdala la première, vinrent de très bonne heure au tombeau 1214.

922. (1827) Génie du christianisme. Seconde et troisième parties « Seconde partie. Poétique du Christianisme. — Livre second. Poésie dans ses rapports avec les hommes. Caractères. — Chapitre X. Suite du Prêtre. — La Sibylle. — Joad. — Parallèle de Virgile et de Racine. »

… Pleure, Jérusalem, pleure, cité perfide, Des prophètes divins malheureuse homicide ; De son amour pour toi ton Dieu s’est dépouillé ; Ton encens à ses yeux est un encens souillé… ……… Où menez-vous ces enfants et ces femmes ? […] Dans les caractères de femmes, Racine reprend la supériorité : Agrippine est plus ambitieuse qu’Amate, Phèdre plus passionnée que Didon. […] Les tableaux de Virgile, sans être moins nobles, ne sont pas bornés à de certaines perspectives de la vie ; ils représentent toute la nature : ce sont les profondeurs des forêts, l’aspect des montagnes, les rivages de la mer, où des femmes exilées regardent, en pleurant, l’immensité des flots  :                              Cunctaeque profundum Pontum adspectabant flentes.

923. (1862) Portraits littéraires. Tome I (nouv. éd.) « M. Ampère »

Son père était juge de paix à Lyon avant le siége, et pendant le siége il avait continué de l’être, tandis que la femme et les enfants étaient restés à la campagne. […] J’ai sous les yeux la lettre touchante, et vraiment sublime de simplicité, dans laquelle il fait ses derniers adieux à sa femme. […] Il continuait ses leçons de mathématiques à Lyon, et y demeurait avec sa femme, qui d’ailleurs était souvent à Saint-Germain. […] Ampère fut nommé, en décembre 1801, professeur de physique et de chimie à l’École centrale de l’Ain, il dut aller s’établir seul à Bourg, laissant à Lyon sa femme souffrante avec son enfant. […] » Le Lycée vint, mais sa femme, au terme de sa maladie, se mourait.

924. (1853) Portraits littéraires. Tome I (3e éd.) pp. 1-363

Cette manière de comprendre les femmes appartient précisément à l’élégie latine. […] C’est une figure peinte, ce n’est pas une femme. […] Bien des femmes y liront le secret de leur destinée. […] D’ailleurs une tentative de suicide réussit difficilement à émouvoir une femme. […] Le mari est bientôt sur les traces de sa femme.

925. (1763) Salon de 1763 « Sculptures et gravures — Vassé »

Vassé Cette Femme couchée sur un socle, et la tête penchée sur une urne qu’elle couvre de sa draperie, et qu’elle arrose de ses pleurs est une belle chose. […] Pour bien juger de l’ajustement d’un homme ou d’une femme, c’est aussi une règle assez sûre que de les transporter sur la toile.

926. (1767) Salon de 1767 « Peintures — Le Bel » p. 171

Le Bel Plusieurs paysages, sous le même numéro. je les ai tous vus, mais je n’en ai regardé aucun, ou, si je les ai regardés, c’est comme l’homme du bal à qui une femme disait : m’a-t-il de ses gros yeux assez considérée ? […] Dans l’un de ces paysages, ce sont des femmes qui lavent à la rivière ; sur le fond les arbres sont assez bien touchés, assez bien du moins par rapport au reste, car la misère générale d’une composition en relève quelquefois un coin, et lui donne un faux air d’excellence, cela est bon là, ailleurs ce serait mauvais.

927. (1854) Nouveaux portraits littéraires. Tome I pp. 1-402

La beauté de sa femme est une gloire, un triomphe de tous les instants. […] Hugo commence par diviser son auditoire en trois classes : les femmes, les penseurs, la foule. Les femmes veulent des passions, les penseurs des caractères, la foule de l’action. […] Ni les femmes, ni les penseurs, ni la foule n’appelleront de l’arrêt qu’il vient de prononcer. […] Lorsqu’elle chantait des couplets mal rimés, elle n’était qu’une femme ; inspirée de M. 

928. (1882) Essais de critique et d’histoire (4e éd.)

Une femme entra dans la chapelle de White-Hall complètement nue, le lord protecteur présent. […] Ma femme aura-t-elle un tabouret ? […] Il était roi de sa famille comme de son gouvernement, et de sa femme comme de ses domestiques. […] Il s’agit de la conduite du duc de Bourgogne après la mort de sa femme. […] Ici les émotions sont aussi délicates que la manière de les dire ; on reconnaît le tact exquis d’une femme et d’une femme de haut rang.

929. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Daudet, Julia (1844-1940) »

. — Journées de femme ; Alinéas (1898). […] José-Maria de Heredia Fille et femme de poètes, elle est poète aussi.

930. (1835) Mémoire pour servir à l’histoire de la société polie en France « Chapitre V » pp. 48-49

le voici : L’hôtel de Rambouillet nous offre d’abord le spectacle d’une société qui, sous les auspices d’une femme jeune, belle, spirituelle, de naissance illustre, épouse et mère d’une vertu exemplaire, se distingue par la pureté, la décence, la délicatesse de ses mœurs, et se sépare de la cour et des gens du monde de la capitale, tous plus ou moins entraînés dans des habitudes de dissolution et effrontée. […] Nous voyons en troisième lieu dans cette société d’élite un mélange heureux de personnes des deux sexes ; nous y remarquons la parité, je dirais volontiers la domination ou au moins la supériorité s’établir du côté des femmes dans les nouvelles relations dont l’hôtel de Rambouillet est le centre.

931. (1870) Portraits contemporains. Tome II (4e éd.) « MME DESBORDES-VALMORE. » pp. 124-157

C’est l’André Chénier femme, a-t-on dit. […] J’aime beaucoup Dieu, ce qui fait que j’aime encore davantage tous les liens qu’il a lui-même attachés à mon cœur de femme. […] Au milieu de sa fatale maladie, elle était encore agitée du désir de placer mon cher Valmore à Paris. — Mon bon Félix, je t’en prie, dis une prière pour cette femme presque divine. […] Je suis donc une femme bien désolée, mon pauvre ami ! […] Des yeux bleus, des cheveux blonds… ma femme assure que c’est tout le portrait d’Ondine (fille aînée de Mme Valmore), et que vous, vous avez de beaux cheveux châtains, avec de grands yeux noirs… Le croirez-vous ?

932. (1862) Cours familier de littérature. XIII « LXXIIIe entretien. Critique de l’Histoire des Girondins (4e partie) » pp. 1-63

Elle n’est plus ni femme, ni mère, ni Française. […] Ce stoïcisme ostentatoire de l’implacabilité tue, à mes yeux, la femme dans ce tribun des femmes. […] Le cœur manque à ce buste de femme politique, comme il manque à presque toutes les femmes qui affectent une passion métaphysique et populaire faute d’une passion individuelle et tendre qui nourrisse leur âme au lieu de nourrir leur vanité. […] Jamais femme ne confondit si bien en elle l’intrigue et la vertu, et n’associa une situation plus suspecte à des préceptes plus austères. […] Cette tête auguste entraîna en tombant jusqu’à celles de la reine, de la sœur du roi, des femmes, des enfants, des vieillards.

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