Il est faux qu’il ait jamais eu ce dessein.
Je ne saurais m’empêcher d’insister sur un autre défaut qui n’est pas celui de l’artiste, c’est que la barbarie et le mauvais goût des vêtemens donnent à ces compositions un aspect bas, ignoble, un faux air de bambochades.
La duchesse avait été remarquablement belle ; en dépit d’une maigreur qui donnait à sa personne un faux air d’apparition, elle conservait des traces d’une régularité fine et noble, des yeux magnifiques et pleins de feu. […] Charles X, au fond, était moralement attaqué par la coalition de ses ennemis ; mais, en tirant l’épée avant l’heure où cette coalition morale allait éclater avec des armes dans les rues au lieu de boules dans les urnes, il paraissait être l’agresseur ; cette fausse apparence fut sa perte. […] Je suis allé hier dîner à Saint-Cloud avec madame de Chateaubriand et Hyacinthe (son secrétaire) ; je me suis un peu promené dans ces grands bois où j’ai perdu il y a longtemps bien des années : je ne les y ai pas retrouvées… ; sans vous je m’en voudrais d’avoir traînassé si longtemps sous le soleil. » Il retrouvait cependant un peu de déclamation et de faux enthousiasme en parlant dans quelques billets de ce Napoléon qu’il avait jadis écrasé vivant d’invectives dans ses brochures et qu’il déifiait aujourd’hui d’apothéoses : c’était le ton du jour ; il fallait, pour être de mode, affecter de confondre l’idolâtrie du despotisme militaire avec le fanatisme de la liberté : mêlée menteuse d’opinions et de principes, de morts et de vivants, où Dieu reconnaîtra les siens, comme dit le proverbe. […] » XXVI Cette fausse foi du vieillard qui voulait être à la mode en prenant le ton du jour, cette foi poétique du jeune homme qui s’éblouissait de la Colonne, et qui ne pensait pas assez que le peuple prend au sérieux ces métaphores d’opposition, créaient en France un paradoxe national de discipline militaire présenté comme un élément de liberté. […] » Cette éloquente image rappelait l’amitié du père et la fausse situation du fils.
Les Pradon et les Chapelain obstruaient la voie aux Corneille, aux Racine, aux Molière, aux Bossuet, aux Fénelon, véritables grandeurs de la nature, éclipsées ou ajournées par ces fausses grandeurs d’engouement. […] C’est contre ces faux grands hommes que Boileau osa ouvrir une campagne de critique âpre, mais courageuse, qui n’était ni sans danger ni sans gloire dans un jeune homme qui n’avait d’autre appui que sa passion pour le vrai. […] Dans les temps bien heureux du monde en son enfance, Chacun mettait sa gloire en sa seule innocence, Chacun vivait content et sous d’égales lois ; Le mérite y faisait la noblesse et les rois, Et, sans chercher l’appui d’une naissance illustre, Un héros de soi-même empruntait tout son lustre ; Mais enfin par le temps le mérite avili Vit l’honneur en roture et le vice ennobli, Et l’orgueil, d’un faux titre appuyant sa faiblesse, Maîtrisa les humains sous le nom de noblesse. […] Ces beautés sont des crimes d’esprit qu’on ne peut admirer qu’en les déplorant, crimes brillants, mais inutiles, même au bon goût qu’ils prétendent venger ; car le temps suffit seul à éteindre toutes ces fausses gloires. […] Boileau lui-même, en autorisant par son Lutrin ce faux genre, devait servir d’excuse à La Fontaine dans ses Contes, puis servir d’exemple au poème burlesque et licencieux de Voltaire, la Pucelle d’Orléans ; et Voltaire, à son tour, devait servir d’exemple à lord Byron dans son poème moqueur et satanique de Don Juan.
Jean Vignaud (Les Amis du Peuple), Jean Viollis (La Récompense), Louis Lumet (La Fièvre, le Chaos), avec un style ardent et clair, des dons de composition et d’évocation très particuliers, Henry de Bruchard (La Fausse Gloire), etc., avec des préoccupations différentes allaient au peuple et nous contaient ses misères, et la vie de ceux qui le dirigent ou espèrent le diriger. […] Ils sont pour la plupart, plus agréablement faux, plus ingénieusement compliqués, plus féconds en maximes banales, en mots historiques controuvés et en détails pathétiques que la traduction du polonais Sienkiewicz39. […] -Henry Hirsch, le premier qui fait revivre Salomé dans le décor breton est plein de contraste saisissant de la légende et du réalisme, le second qui procède ouvertement par symboles : la petite Antge représente la campagne hollandaise, simple, pure, Loyé Gladys, la cité d’Amsterdam, la volupté fausse et perverse ; le héros, partagé entre ces héroïnes revient à la simplicité. […] Ce sont des visions parfois géantes, avec des raccourcis de perspective, et une farouche précision d’ironie ; certains ont comme un faux air d’apocalypse ; M. […] J’approuve presque toutes vos idées ; et, si je vous adresse ce mot, ce n’est point pour m’inscrire en faux contre vos conclusions, mais pour vous signaler une omission que, j’en suis sûr, vous aurez à cœur de réparer.
Une larme vraie ou fausse lui tombe de l’œil. […] Je lui trouve l’air hypocrite et faux. […] La larme qui coule sur sa joue est fausse. […] Il n’en est pas ainsi d’un art où le moindre intervalle mal ménagé fait un trou, où une figure trop éloignée ou trop raprochée de deux autres allourdit ou rompt une masse ; où un bout de linge chifoné papillote ; ou un faux pli casse un bras ou une jambe ; où un bout de draperie mal colorié désaccorde ; où il ne s’agit pas de dire, sa bouche étoit ouverte, ses cheveux se dressoient sur son front, les yeux lui sortoient de la tête, ses muscles se gonfloient sur ses joues ; c’était la fureur ; mais où il faut rendre toutes ces choses ; où il ne s’agit pas de dire, mais où il faut faire ce que le poëte dit ; où tout doit être pressenti, préparé, sauvé, montré, annoncé, et cela dans la composition la plus nombreuse et la plus compliquée, la scène la plus variée et la plus tumultueuse, au milieu du plus grand désordre, dans une tempête, dans le tumulte d’un incendie, dans les horreurs d’une bataille. […] Ne voyez-vous pas que la douleur de cette femme est fausse, hypocrite, qu’elle fait tout ce qu’elle peut pour pleurer et qu’elle ne fait que grimacer ; que ce bout de draperie bleue qui tombe à ses piés est tout à fait discordant ; et que cette sphère sur son pié au milieu de ces portefeuilles et de ces livres, occupe trop le milieu, et déplaît ?
Sarcey nous rappelle alors que Molière a attaqué le faux sous toutes ses formes : le faux en littérature, le faux en religion, le faux dans le mariage, etc. […] Vraies ou fausses ? […] Faux ! faux ! faux !
Impossible prétention et qui aboutit à de faux semblants. […] Un père Dumas fausse tout. […] Le fait est faux ; faux par là même tous les discours auxquels il eût donné lien, faux les commentaires qu’on en tire ! […] Ces anges « accumulent les obscurités, les mensonges pour que nul ne puisse remonter à leurs familles : faux noms, faux lieux de naissance, faux certificats… » Le ministre s’étonne. […] Il n’y a rien de plus faux que l’interprétation d’un Leconte de Lisle.
On ne saurait rien dire que de vague ou de faux, si l’on ne part de là. […] Rien n’est plus faux. […] Les vues originales, fécondes, larges y abondent, à travers les témérités bizarres d’une fausse physiologie. […] Le mal, le vice, se réduisent au faux, à l’absurde. […] Tout concourt à rendre la peinture des mœurs insuffisante et fausse.
Quelle fausse note ! […] En outre, ce livre n’est pas trop faux ; et puis le faux, dans le roman, doit-il nous trouver bien inexorables ? […] Qu’Atala ne soit pas très fausse ? […] Qu’est-ce donc que ces Faux Démétrius, ou plutôt ce Faux Démétrius ? […] et le plus triste, c’est que le second de ces faux Démétrius épousa aussi Marine.
Ce trait de faux bonhomme irrita Piron, surtout quand d’obligeants amis lui en eurent fait sentir le venin. […] comme les autres l’ont altéré de crainte et d’espoir, et surtout comme tous ces airs-là, pour la plupart, sont faux à des eux clairvoyants ! […] Après cela, on croira, si l’on veut, qu’un ami étant venu un jour lui annoncer brusquement la fausse nouvelle de la mort de Voltaire, Piron se trouva presque mal de saisissement et qu’il s’écria ; « Quelle perte ! […] Il lui légua par testament, sous ce nom de femme Capron qu’elle croyait ignoré de lui, le peu qu’il avait, se donnant ainsi le plaisir de la surprendre, et faisant faux bond, du même coup, à son neveu qui comptait sur l’héritage et qui se vengea à la Piron, en rimant l’épitaphe satirique de son oncle. […] J’ai tâché, impartialement, sans complaisance comme sans faux scrupule, et en ne sortant pas de la sphère du goût, de le voir et de le remettre à son vrai point.
Un peu plus loin, vous apercevez la religion passionnée d’un protestant révolutionnaire, lorsqu’il vous parle des sons funèbres que jette le vent attardé autour de l’autel, des accents sauvages avec lesquels il semble chanter les attentats que l’homme commet et les faux dieux que l’homme adore. […] Si dans cette foule pressée et salie vous découvrez un frais visage de jeune fille, cette lumière artificielle le charge de tons excessifs et faux ; elle le détache sur l’ombre pluvieuse et froide avec une auréole étrange. […] Il va chercher de pauvres ouvriers, des bateleurs, un enfant trouvé, et accable sous leur bon sens, sous leur générosité, sous leur délicatesse, sous leur courage et sous leur douceur, la fausse science, le faux bonheur et la fausse vertu des riches et des puissants qui les méprisent. […] C’est une monnaie qu’il faut avoir ; ceux qui n’ont pas la bonne en fabriquent de la fausse, et plus l’opinion publique la déclare précieuse, plus on la contrefait.
Les particularités de cette scène pleine d’observations et de couleurs locales ne peuvent être appréciées qu’entre les buttes de Montmartre et les hauteurs de Montrouge, dans cette illustre vallée de plâtras incessamment près de tomber, et de ruisseaux noirs de boue ; vallée remplie de souffrances réelles, de joies souvent fausses, et si terriblement agitée, qu’il faut je ne sais quoi d’exorbitant pour y produire une sensation de quelque durée. […] Bientôt la veuve se montre, attifée de son bonnet de tulle, sous lequel pend un tour de faux cheveux mal mis ; elle marche en traînassant ses pantoufles grimacées. […] Cette sagesse avait été l’origine de sa fortune qui commença dans la disette, fausse ou vraie, par suite de laquelle les grains acquirent un prix énorme à Paris. […] Il fut malade pendant plusieurs jours par suite de la réaction des sentiments contraires auxquels le livra cette fausse alarme. […] Évidemment cela me ressemble, quand, voulant associer l’hypocrisie du monde au délire de la passion, j’écrivis ce livre, à moitié vrai, à moitié faux, intitulé Raphaël.
Quel désespoir, s’il devient évident, par un arrêt unanime, que l’on a fait route vers le chimérique et le faux ! […] Victor Hugo un faux air de bout rimé grandiose. […] Elle nous crée, si je puis dire, des sens nouveaux et une fausse raison qui n’estiment plus la réalité d’après la réalité même, mais d’après sa douteuse image. […] Faux bonhomme et faux libéral, il est jugé en deux mots. — Sérieusement, et sans qu’il soit opportun d’insister sur l’évidence, à qui persuadera-t-on que Béranger soit moins libéral que ses détracteurs ? […] Rien n’est plus faux, disait-on, que l’application d’un mot célèbre que se fait à lui-même le jeune homme pauvre, à la fin de son journal intime : Heureux ceux qui n’ont pas d’histoire !
C’est dans ce mode, sans une fausse note, à ce qu’il me semble, sans broncher une fois sur le fond, ni sur le ton, qu’il nous déduit les aventures des bonnes et des méchantes fées, du diable au moulin, des bons saints et des bonnes bêtes qui les aiment et qui les suivent jusqu’en paradis.
On est souvent tenté de rire, en le voyant s’échauffer pour donner de l’existence & du poids à de vieilles erreurs, à de faux systêmes décrédité depuis plusieurs siecles.
L’orgueil, l’indépendance, l’entêtement, sont tour-à-tour des prestiges qui les aveuglent ; & égarés eux-mêmes par leurs propres illusions, ils deviennent une occasion d’ égarement & de folie pour les esprits foibles & inquiets qui n’attendent que de fausses idées pour s’y laisser entraîner.
Rien de plus déplacé que de consacrer tant de pages à dénaturer les justes idées que nous avions de l’Apologue, à en présenter de fausses, & à proscrire les regles respectées jusqu’à nous.
Mais, comme les nations infidèles ont toujours mêlé leur fausse religion (et par conséquent leur mauvais goût) à leurs ouvrages, ce n’est que sous le christianisme qu’on a su peindre la nature dans sa vérité.