Écrit sur de l’eau exprime tous les dons de ce conteur de qui l’âme est celle d’un enfant ignorant le mal et la douleur, tous ces dons qu’il a développés ou dispersés dans la suite. […] Une vérité, selon Breton, gagnera toujours à prendre, pour s’exprimer, un tour outrageant. […] Dans quelle mesure l’œuvre exprime-t-elle le temps, le pays ; à quoi sert-elle ? […] En conclusion, l’auteur exprimait le vœu que les hommes d’État cherchassent beaucoup plus qu’ils n’avaient fait jusque-là, « une harmonisation de l’intérêt particulier et de l’intérêt général ». […] Mais la volonté de Drieu, pour ne s’être pas encore exprimée d’une manière publique et brutale, s’enrichit lentement d’expériences dont Lefèvre ne voulait pas tenir compte.
Les deux premiers vers expriment le mépris des rois (Roi ! […] ») Les deux vers suivants expriment le dédain des arts. […] C’est à coup sûr une idée extraordinaire que d’avoir voulu exprimer par des mouvements de jambes la victoire du Progrès sur l’Obscurantisme et de M. […] Ce ballet exprime tout aussi bien, si l’on veut, Apollon vainqueur de Typhon, ou Ormuz d’Arimann. […] Je crois plutôt qu’à force d’exprimer des sentiments violents, de mimer les drames sanguinaires de M.
Le don supérieur de l’expression conduisit aussitôt Victor Hugo à un besoin irrésistible d’exprimer ce qui flottait dans l’air de son temps. […] Encore ici, le poète exprime ce qui tressaille, inexprimable, dans des milliers de créatures tourmentées de confus désirs. […] Je ne crois pas qu’il y ait, dans les quatre volumes dont j’ai cité les titres, une seule phrase qui enferme une généralisation ou qui exprime un raisonnement. […] Ils veulent exprimer leur époque et devenir, comme Latouche le disait de Mme Sand, un écho qui « double la voix » de la foule. […] Ce n’est pas dans la vérité des idées exprimées.
Ce volume donne : d’abord de sévères poèmes antiques, puis des rêves intimes, des notations philosophiques ; — puis une seconde série où se retrouveront les mêmes inspirations, mais exprimées avec moins de rigidité et d’heureux manquements aux règles surannées (et même ridicules) de la poésie classico-romantique, — règles faites pour une langue dont la prononciation a varié.
Ce qui est peut-être exprimé parfois dans ce recueil, ce qui a été la principale préoccupation de l’auteur en jetant çà et là les vers qu’on va lire, c’est cet étrange état crépusculaire de l’âme et de la société dans le siècle où nous vivons ; c’est cette brume au-dehors, cette incertitude au-dedans ; c’est ce je ne sais quoi d’à demi éclairé qui nous environne.
Il aimait la réflexion, l’étude, le vrai pour le vrai, le bien pour le bien ; il avait un sentiment de justice, de droiture, de cordialité que rien n’altéra, et qu’il exprime en des termes d’une sensibilité incomparable : Je suis tout accoutumé, disait-il, à cette espèce d’ingratitude ordinaire, qui est l’oubli des bienfaits, qui ne consiste qu’à ne pas rendre le bien pour le bien. […] Le marquis d’Argenson, du reste, a exprimé cette séparation de vues et d’inspiration dans des pages fort belles, mais qui auraient besoin d’être légèrement dégagées. […] On suit bien chez d’Argenson la maladie qui précéda cette venue de Rousseau, le persiflage par bel air ou l’affectation fausse de sensibilité de la part de ceux qui en manquaient le plus : « On ne voit, dit-il énergiquement, que de ces gens aujourd’hui dont le cœur est bête comme un cochon, car ce siècle est tourné à cette paralysie du cœur ; cependant ils entendent dire qu’il est beau d’être sensible à l’amitié, à la vertu, au malheur ; ils jouent la sensibilité presque comme s’ils la sentaient. » Le grand mérite de Rousseau fut de sentir avec vérité ce qu’il exprima avec force et quelquefois avec emphase : car par lui on passa brusquement de la presque paralysie du cœur à une sorte d’anévrisme soudain et de gonflement impétueux.
elle lui donne la préférence : « Il pensait, dit-elle de La Rochefoucauld, il exprimait assez fortement ses pensées, mais il est sec et amer. […] Quand il arrive, dans cette revue qu’il fait en idée de sa bibliothèque, aux auteurs dramatiques et aux tragédies, le président exprime des idées littéraires très libres, très dégagées, et qui, bien que justes au fond, ne sont pas vérifiées encoreao. […] Sur Montesquieu il est d’un avis assez tranché et a l’air paradoxal, et peut-être n’a-t-il que raison : Montesquieu perdra moins qu’un autre dans cette révolution d’idées et de sentiments, parce que les objets dont il a parlé seront éternellement intéressants, et que sa manière de s’exprimer est simple et piquante ; mais, tout en admirant plusieurs parties de L’Esprit des lois, je crois que cet ouvrage lui donnera moins de droits que les Lettres persanes pour se maintenir au premier rang des hommes de génie.
Le jour où elle avait quarante ans, la duchesse de B…31, belle et vertueuse, dans un bal auquel elle assistait, exprimait à une amie sa joie d’être délivrée enfin de cette jeunesse qui oblige à tant de mesures voisines des écueils, et d’avoir hautement acquis les droits de l’âge de raison. […] Et Sénèque lui-même n’a-t-il pas dit à son jeune ami Lucilius, dans un admirable langage : « Viget animus, et gaudet non multum sibi esse cum corpore ; magnam partem oneris sui posuit ; exsultat, et mihi facit controversiam de senectute : hunc ait esse florem suum… » — « Mon esprit est plein de vigueur, et il se réjouit de n’avoir plus beaucoup à faire avec le corps ; il a déposé le plus lourd de son fardeau ; il bondit de joie, et me tient toutes sortes de discours sur la vieillesse : il dit que c’est à présent sa fleur. » Je trouve dans un livre d’hier, et sur ce même sujet de l’âge, cette autre pensée juste et ferme, et si poétiquement exprimée : Me promenant, par une belle journée d’octobre, dans les jardins de la villa Pamphili, je fus frappé de la beauté merveilleuse d’un grand nombre d’arbres verts que je n’avais point aperçus durant l’été, cachés qu’ils étaient par l’épais feuillage des massifs, alors dans tout l’éclat de la végétation, maintenant dépouillés. […] Elle nous a exprimé en quelques traits heureux la physionomie même du savant et de l’homme : M. de Tracy était humilié de croire, il voulait savoir33.
Ils ont recours, pour suppléer aux livres qui font souvent défaut ou qui ne s’expriment qu’en termes trop vagues et trop abstraits, à ces auxiliaires que les littérateurs proprement dits, que les illustres Villemain et leurs disciples ont trop négligés, aux arts du dessin, aux tableaux ou estampes du temps ; eux, ils y sont maîtres-amateurs et connaisseurs. […] » A défaut de portraits gravés ou peints, on a un portrait d’elle à cette date de jeunesse encore, — de seconde jeunesse, — par Mme du Deffand : « Mme la duchesse de Boufflers est belle sans avoir l’air de s’en douter ; sa physionomie est vive et piquante, son regard exprime tous les mouvements de son âme ; il n’est pas besoin qu’elle dise ce qu’elle pense, on le devine aisément, pour peu qu’on l’observe. […] J’ai connu la personne7 qui, dans un milieu, dans un cadre plus persistant et plus fixe, eût été par le goût, par l’autorité, par la concision ornée et une sorte de grâce imposante, comme une autre maréchale de Luxembourg ; qui aurait réprimé, parmi la jeunesse de l’un et l’autre sexe, le système commode du sans gêne ou du què que ça fait, s’il eût jamais pu être réprimé de nos jours ; celle dont l’approbation, exprimée d’un mot, était un honneur.
Il y a bien un Gautier universellement accepté, qui est celui des voyages ; celui-là, on le vérifie à chaque pas, dès qu’on met le pied dans les pays qu’il nous a rendus et exprimés en traits si saillants et si fidèles. […] Le poète a fait ce qu’il a voulu ; il a réalisé son rêve d’art ; il ne se borne nullement à décrire, comme on l’a trop dit, pas plus que, lorsqu’il a une idée ou un sentiment, il ne se contente de l’exprimer sous forme directe. […] On ne saurait présenter et symboliser un amour douloureux sous un plus juste et plus ingénieux emblème. — Veut-il exprimer la quantité de fantaisies qui viennent chaque soir, à l’heure où le rêve commence, se former et s’assembler dans son imagination oisive, et qui ne demandent qu’à prendre forme et couleur chaque matin, il dira : LES COLOMBES.
Elle essaye de décrire « le charme d’une prison » où l’on est délivré de tout soin importun, de toute distraction fâcheuse, « où l’on ne doit compte qu’à son propre cœur de l’emploi de tous les moments. » Elle trouve, pour exprimer ce sentiment particulier de quiétude, des paroles qui eussent fait honneur aux anciens sages : « Rendu à soi-même, à la vérité, sans avoir d’obstacles à vaincre, de combats à soutenir, on peut, sans blesser les droits ou les affections de qui que ce soit, abandonner son âme à sa propre rectitude, retrouver son indépendance morale au sein d’une apparente captivité, et l’exercer avec une plénitude que les rapports sociaux altèrent presque toujours. » Elle se plaît à revenir sur cette idée, si chère à sa passion, qu’elle est présentement dispensée de toute lutte, à l’endroit qui lui est le plus sensible, et qu’elle peut s’abandonner sans scrupule et sans danger à une effusion innocente. […] En rendant à Mme Champagneux le dépôt qu’elle lui avait confié, il lui exprima le vœu que ce monument authentique d’esprit, de talent et de courage, fût conservé un jour dans un établissement public, et on lui doit ainsi d’avoir suggéré l’idée première de ce legs assez récent qui a été fait à la Bibliothèque Impériale. […] Je connais et j’ai présentes en ce moment à la pensée un certain nombre de femmes instruites, méritantes, éprouvées, natures vaillantes et probes, qui, sorties du peuple ou presque du peuple, ont conquis l’éducation, les lettres, les sciences, les arts même, — quelques-unes la poésie ; — qui pensent et s’expriment avec fermeté, avec nombre et non sans grâce ; qui comptent dans leur intérieur à tous les titres ; qui doublent et affermissent l’intelligence du frère ou de l’époux, le secondent dans sa carrière, l’aident modestement dans ses travaux, et, à défaut d’une certaine fleur peut-être, font goûter les fruits les plus sûrs et ce qu’il y a de meilleur dans le trésor domestique.
On a souvent exprimé le regret que ce manuscrit n’ait pas été livré à l’impression. […] Mais il reste toujours cette contradiction piquante qui exprime bien la confusion du temps et qui montre un maître de la précédente école un peu étonné et tout lier de son disciple émancipé. […] Voilà une gloire et des services dont la postérité se passerait bien. » Quoi qu’il en soit de ces vues si nettement exprimées et de ce qui peut y entrer de conjectural, l’importance excessive du Roman de la Rose et de toutes les ramifications qu’il engendra est un fait qui domine notre poésie durant ces âges médiocrement poétiques.
La statue une fois debout, le type une fois découvert et exprimé, il n’aura plus qu’à le reproduire avec de légères modifications dans les développements successifs de la vie du poëte, comme en une série de bas-reliefs. […] Il a pourtant réussi à exprimer dans Chimène et dans Pauline cette vertueuse puissance de sacrifice, que lui-même avait pratiquée en sa jeunesse. […] Je le comparerais volontiers à un statuaire qui, travaillant sur l’argile pour y exprimer d’héroïques portraits, n’emploie d’autre instrument que le pouce, et qui, pétrissant ainsi son œuvre, lui donne un suprême caractère de vie avec mille accidents heurtés qui l’accompagnent et l’achèvent ; mais cela est incorrect, cela n’est pas lisse ni propre, comme on dit.
Je défierais le critique le plus exercé, s’il ne sait pas l’endroit de mémoire, de reconnaître à qui appartient une pensée exprimée en perfection. […] Le génie fécond ne se fatigue pas en arrangements ; il va droit à ces choses éternelles qui n’ont pas besoin d’être ornées, et par le même effort d’esprit il les découvre et les exprime. […] L’art de l’écrivain supérieur est de les aller chercher au fond de nous-mêmes, où elles sont comme étouffées et assoupies par nos besoins et nos passions, et de les exprimer dans le caractère et la sévère beauté de la langue de son pays.
* * * Ce n’aura pas été le moindre prestige de cette physionomie complexe et si riche, que de s’être comme à demi idéalisée dans d’inappréciables persévérances méditatives, grâce auxquelles ce qu’elle a longtemps exprimé d’une vie intérieure aussi aride que résignée, a pu tout à coup nous apparaître susceptible d’une indéfinie perfectibilité. […] Tenir à cette formule quand, loin de ramener à soi la vie même de l’individu, elle exprime, presque traîtreusement, la somme de nos expériences, et s’impose si désolément à nous comme le principe et la fin de notre raison de durer, et y tenir par égard pour son identité avec nos modalités intérieures, ne serait-ce donc que donner crédit à la menace de prédestination dont s’oppresse le sentiment de notre personnalité ? […] Aussi, croyons-nous sage, en terminant, de nous borner à exprimer le regret que l’auteur de Thaïs, dont le robuste talent promettait de nous intéresser très hautement, n’ait, en définitive, témoigné d’avoir aspiré qu’à la vague gloire de faire œuvre de subtil amuseur.
Quantité de vérités générales sont exprimées avec bonheur ; le style prend volontiers un air sentencieux, et, à mesure qu’on avance dans le siècle, il se débarrasse des plis de la grande période oratoire, s’applique à condenser plus de choses en moins de mots, vise aux formules courtes et brillantes où la raison aiguisée reluit comme un diamant taillé à facettes. […] L’action semble se passer n’importe où, n’importe quand, entre des âmes qui n’ont des corps que par une vieille habitude ; le décor est réduit au minimum ; la mise en scène est simplifiée à l’extrême ; l’extérieur des personnages n’est pas ce qui doit intéresser, leur vie interne a seule droit à l’attention ; et encore dans la peinture de leurs pensées et de leurs sentiments ne veut-on exprimer par des formules définitives que l’essence de la nature humaine. […] Ils dureront jusqu’au moment où le xviiie siècle (dans sa seconde moitié principalement) viendra rendre à la sensibilité, au Moi, au monde extérieur la part d’attention qu’ils méritent… Certes, je ne prétends pas que les quatre caractères, dont je viens de montrer la coexistence, suffisent à exprimer dans sa complexité la littérature de l’époque choisie comme champ d’études.
La petite Bettina n’aurait pas pris ce mot pour une injure : « Ce que d’autres appellent extravagance est compréhensible pour moi, disait-elle, et fait partie d’un savoir intérieur que je ne puis exprimer. » Elle avait en elle le démon, le lutin, la fée, ce qu’il y a au monde de plus opposé à l’esprit bourgeois et formaliste, avec qui elle était en guerre déclarée. […] À la seconde rencontre qui eut lieu à Wartbourg, à quelques mois d’intervalle, comme la voix manquait à Bettina pour s’exprimer, Goethe lui posa la main sur la bouche et lui dit : « Parle des yeux, je comprends tout. » Et quand il s’aperçut que les yeux de la charmante enfant, de l’enfant brune et téméraire, étaient remplis de larmes, il les lui ferma, en ajoutant avec grande raison : « Du calme ! […] Elle sent si bien en lui la dignité qui vient de la grandeur de l’esprit : « Quand je te vis pour la première fois, ce qui me parut remarquable en toi et m’inspira tout à la fois une vénération profonde et un amour décidé, c’est que toute ta personne exprime ce que le roi David dit de l’homme : Chacun doit être le roi de soi-même.
Ses premiers discours, ses opinions exprimées à la Chambre des pairs, appartiennent sans réserve à la nuance de gauche. […] Je ne me permettrai d’exprimer qu’une seule critique pour la manière dont ces articles sont conçus et composés. […] Sa conversation, qui se marque d’abord d’un léger embarras, est bientôt agréable, nourrie, pleine de choses heureusement exprimées.
Le vaisseau de l’État est battu par la plus violente tempête, et il n’y a personne à la barre. » Ce mot : il n’y a personne à la barre, exprimait déjà la pensée de Mirabeau. […] Sur quelques mots plus positifs que Mirabeau dit à M. de La Marck, au sortir d’un dîner où il s’était exprimé avec modération : « Faites donc qu’au Château on me sache plus disposé pour eux que contre eux », M. de La Marck se décida à quelques ouvertures précises. […] Le jugement est tenté de se reverser du côté des idées solennelles et vastes qu’on exprime si bien et avec tant d’applaudissement.