Il croyait voir un plan arrêté chez les ennemis de l’ordre, un dessein d’arriver à détruire tout frein moral et religieux. […] Ce n’est pas dans cette assemblée qu’on peut faire l’apologie de celui qui a nié la divinité du Christ, et qui s’est posé comme l’ennemi acharné de la religion de nos pères qui est encore celle de la très-grande majorité des Français. […] Défenseurs de l’ordre social, laissez-moi, laissez quelqu’un qui a vécu longtemps en dehors de voire sphère vous le dire en toute franchise : c’est une étrange erreur, c’est une faute que de partager ainsi le monde politique ou littéraire en bons et en méchants, de ranger et d’aligner ainsi tous ses ennemis, ceux qu’on qualifie tels et qui souvent ne le sont pas ; qui réclament l’un une réforme, l’autre une autre ; qui n’attaquent pas tout indistinctement ; qui demandent souvent des choses justes au fond et légitimes, et qui seront admises dans un temps plus ou moins prochain. […] Sainte-Beuve ne se fit pas attendre, et nous avons déjà en occasion de la faire connaître dans les Lettres à la Princesse, page 86 : Non, je ne suis pas votre ennemi ; pourquoi le serais je ?
Enfin relevons-nous sous le poids de l’existence, ne donnons pas à nos injustes ennemis, et à nos amis ingrats, le triomphe d’avoir abattu nos facultés intellectuelles. […] Sans doute les découvertes des sciences doivent à la longue donner une nouvelle force à cette haute philosophie11 qui juge les peuples et les rois ; mais cet avenir éloigné n’effraie point les tyrans : l’on en a vu plusieurs protéger les sciences et les arts ; tous ont redouté les ennemis naturels de la protection même, les penseurs et les philosophes. […] En gagnant des batailles, on peut soumettre les ennemis de la liberté ; mais pour faire adopter dans l’intérieur les principes de cette liberté même, il faut que l’esprit militaire s’efface ; il faut que la pensée, réunie à des qualités guerrières, au courage, à l’ardeur, à la décision, fasse naître dans l’âme des hommes quelque chose de spontané, de volontaire, qui s’éteint en eux lorsqu’ils ont vu pendant longtemps le triomphe de la force. […] Que deviendrait l’être estimable que tant d’ennemis persécutent, si l’on voulait encore lui ôter l’espérance la plus religieuse qui soit sur la terre, les progrès futurs de l’espèce humaine ?
Ses ennemis même venaient assister à ce spectacle. […] Il amnistia tous ses ennemis, et rappela Soderini à Rome ; il plaça les fils et les filles de Laurent dans toutes les grandes familles royales de l’Italie et de l’Europe ; il donna son nom à son siècle, et il mérita cette gloire. […] On le délivra malgré lui de ses implacables ennemis ; de ce jour il régna sans titres, mais avec quelle prudence et quelle modestie ! […] ennemi, devrais-je dire, et certes, le plus ingrat, lui qui, comblé par vous de tant de bienfaits, fut si peu docile à votre parole et qui offensa tant de fois votre majesté !
De là ce je ne sais quoi de trouble, de là cette impuissance à remplir son mérite, que signale un ennemi pénétrant, le cardinal de Retz. […] En deux mots, il définit un homme, par sa propriété essentielle ; ou bien il développe tous les replis, fait valoir toutes les nuances, explique tous les rouages avec une clairvoyance qui devient à l’égard de ses ennemis la plus exquise perfidie. […] Par eux, et par les Vendôme et la cour du Temple, avant eux, par la Palatine et par Condé en sa jeunesse, par des courtisans tels que Montrésor et Saint-Ybal au temps de la Fronde, ou tels que ce Matha et ce Fontrailles qui chargeaient un crucifix l’épée à la main, en criant : « L’ennemi ! […] On en voit la preuve dans le roman, où Furetière362 reprend la voie — non de Scarron qui, avec son imagination exubérante et tout espagnole, est le bouffon du grand monde — mais de Sorel, un ennemi, celui-là, des emphatiques, des galants et des précieux.
Combattre un contre mille, défier tous les supplices quand ils tombent aux mains de l’ennemi, n’est guère qu’un jeu pour tous ces héros. […] Dans la bataille, ils mutilent l’ennemi vaincu et l’accablent par surcroît de plaisanteries féroces. « Tu es boiteux, s’écrie l’un, et Ernaut est manchot : l’un sera portier, l’autre guetteur. » L’ennemi tué, c’est pour eux un plaisir exquis de plonger leur épée dans sa cervelle. […] Louis XI demandait à la Vierge la permission et le pouvoir de duper ses ennemis.
D’après leurs prédications, l’Univers reconnoît un seul Maître : le monde n’est plus qu’une figure qui passe, ses biens qu’une vapeur qui se dissipe ; la vie qu’un passage à un autre plus durable, & dont l’usage de la premiere fixera le sort : l’Homme, cet être auparavant si foible, triomphe de ce que le monde a de plus flatteur & de plus redoutable : les combats qu’il est contraint de livrer à ses passions, sont la source de son repos & de celui de ses semblables ; le mariage est rappelé à son institution primitive : les Loix qui n’arrêtoient que la main, agissent sur le cœur : la bienséance devient un devoir général, même à l’égard des ennemis : le disciple d’Epicure embrasse cette morale mortifiante & austere : on ne reconnoît plus l’Homme dans l’Homme, comme l’a dit Bossuet ; mais dans cette étonnante révolution, on reconnoît le doigt de Dieu. […] En un mot, elle oblige l'Homme à se regarder comme ennemi de lui-même, au moment qu'il se montre le plus l'ami des autres Hommes, si ses motifs ne sont pas aussi nobles que ses actions. […] La Religion est austere & gênante ; c'est avouer qu'on est incapable de porter le joug des vertus qu'elle commande : elle est nuisible ; c'est fermer les yeux aux avantages les plus sensibles, les plus indispensables qu'elle procure à la société : ses devoirs excluent ceux du Citoyen ; c'est la calomnier manifestement, puisque le premier de ses préceptes est de remplir les obligations de son état : elle favorise le despotisme & l'autorité arbitraire des Princes ; c'est méconnoître son esprit, puisqu'elle déclare, dans les termes les plus énergiques, que les Souverains seront jugés, au Tribunal de Dieu, plus sévérement que les autres Hommes, & qu'ils paieront avec usure l'impunité dont ils ont joui sur la terre : la foi qu'elle exige contredit & humilie la raison ; c'est insulter à l'expérience & à la raison même, que de regarder comme humiliant un joug qui soutient cette raison toujours vacillante, toujours inquiete quand elle est abandonnée à elle seule, ainsi que les ennemis de la Foi en sont eux-mêmes convenus*. […] En supposant que l’Homme soit réduit par sa nature à la triste destinée de choisir entre les erreurs ; pourquoi ces prétendus Apôtres de l’humanité, qui n’en sont que les ennemis ; s’obstinent-ils à se décider pour la plus odieuse & la plus funeste ?
Ses ennemis l’empêchèrent d’être nommé à l’Assemblée législative en dénonçant son âge ; il est certain qu’il en garda une rancune profonde, et quand il reparut, un an plus tard, député à la Convention, son cœur était envenimé. […] Il pense que Louis XVI peut être jugé, et qu’il ne doit être considéré ni comme roi inviolable ni comme simple citoyen, c’est-à-dire qu’on ne lui doit accorder aucune garantie : L’unique but du Comité (de législation) fut de vous persuader que le roi devait être jugé en simple citoyen ; et moi, je dis que le roi doit être jugé en ennemi, et que nous avons moins à le juger qu’à le combattre. […] Et il revient avec un appareil logique à la doctrine qu’il ne faut juger Louis XVI que selon le droit des gens, c’est-à-dire comme on repousse la force par la force, comme on jugeait un étranger, un ennemi, un barbare un vaincu prisonnier de guerre, dans le temps où l’on égorgeait les prisonniers et les vaincus. […] quel est l’esprit de l’armée en face de l’ennemi ?
Les multiples transformations afin de se dérober à la poursuite d’un ennemi 46. […] Les serments de bons desseins réciproques entre ennemis irréconciliables : cf. […] La feinte d’un animal pour déjouer les invites doucereuses d’un ennemi de sa race. — Cf. […] 4° L’offre généreuse, faite à l’ennemi désarmé, de moyens de continuer le combat.
Ayant aperçu l’ennemi, il tira tant qu’il eut des munitions ; au moment où il allait rejoindre ses camarades, une balle lui traversa la tête et blessa son lieutenant qui se trouvait à son côté. […] » Pour ma part, j’ai pris, pendant cette lutte, plus d’une colère dont j’ai gardé le souvenir, mais qu’ont bien désarmée la belle tenue, le courage patriotique pendant la guerre, de ces agités, hier encore ennemis de toute discipline et pacifistes à l’excès. […] » Nous, les modérés — lire, les réactionnaires — dans la Presse de l’Enseignement, par principe, par respect pour l’ordre, la discipline, nous soutenions l’Administration, qui ne nous en savait aucun gré, on devine pourquoi, et logiques, également, nous tapions dur sur les syndicalistes, les révolutionnaires, ennemis de toute autorité. » Cette lutte s’estompe dans un passé qui paraît lointain, et, maintenant que les rancunes sont tombées, avec l’ardeur de la bataille, que les dangers communs ont réuni, côte à côte, les ennemis d’hier, il est plus facile d’apprécier sainement l’intention dans le fait, jugé autrefois répréhensible, lorsqu’une occasion nous reporte à ces anciennes histoires.
a broyé tes ennemis. […] « L’ennemi disait : Je les poursuivrai ; je les prendrai ; je partagerai leurs dépouilles ; j’assouvirai mon âme ; je les percerai de mon glaive ; ma main les tuera. […] Prêtres égyptiens, Mages de la Perse, Hiérophantes des mystères helléniques, Patriciat pontifical de Rome, Collège des Druides de la Gaule, nulle part il n’apparaîtra moins de superstition et plus de grandeur, un dégagement aussi complet de toute fraude, de tout intérêt, de toute faiblesse, que chez les prophètes hébreux, saintes victimes de la patrie judaïque, consacrés au Dieu de vérité, nourris dans l’étude de sa loi, venant, en son nom, avertir les rois coupables, instruire le peuple égaré, se jeter entre lui et ses oppresseurs, et mourir sous les instruments de torture de ses ennemis. […] « On a entendu mes gémissements ; et il n’est personne qui me console ; tous mes ennemis ont entendu mes douleurs ; et ils ont grande joie, ô Dieu, que tu m’affliges ainsi.
Te voilà assiégée de tes ennemis, comme mon maître te l’a prédit quarante ans auparavant : « … Jérusalem, te voilà pressée de tous côtés, ils t’ont mise à l’étroit, ils t’ont environnée de remparts et de forts ! […] Un passage de ce discours en donne la date : à l’occasion des discordes civiles qui éclatent dans Jérusalem assiégée et qui font que ces insensés, en rentrant du combat contre l’ennemi commun, en viennent aux mains les uns avec les autres, Bossuet a un retour sur la patrie : Mais peut-être vous ne remarquez pas que Dieu a laissé tomber les mêmes fléaux sur nos têtes. […] Encore, parmi les Juifs, tous les deux partis conspiraient à repousser l’ennemi commun, bien loin de vouloir se fortifier par son secours ou y entretenir quelque intelligence ; le moindre soupçon en était puni de mort sans rémission.
Quel est l’esprit de l’armée en face de l’ennemi ? […] Biot, de belles pages et dignes d’être recueillies textuellement par l’histoire ; celle-ci, par exemple : « La France touchait à sa perte ; Landrecies, le Quesnoy, Condé, Valenciennes, étaient au pouvoir de l’ennemi ; Toulon s’était livré aux Anglais : des flottes nombreuses tenaient la mer et effectuaient des débarquements. […] Pour cela, les anciennes manufactures n’étaient rien : plusieurs, situées sur les frontières, étaient envahies par l’ennemi.
Mâtho cherche partout une brèche, un passage, pour pénétrer dans cette ville ennemie qui renferme son trésor : « Son impuissance l’exaspérait. […] Tunis, la vieille ennemie de Carthage et plus vieille que la métropole, se tient là en face d’elle et de ses murs, « accroupie dans la fange au bord de l’eau, comme une bête venimeuse qui la regarde », et qui lui veut mal de mort. […] Spendius, à qui le cœur fait défaut le jour de la bataille et devant l’ennemi, est dans l’habitude de réparer cette faiblesse le lendemain par ses expédients.
Alquier était ambassadeur, il avait eu à le remplacer pendant des absences et avait été admis à lire dans l’âme de cette fameuse reine Caroline, fille de Marie-Thérèse, l’amie d’Acton et des Anglais, notre ennemie jurée, une femme violente, capricieuse, passionnée, et qui a laissé dans l’histoire des souvenirs romanesques et sanglants. […] Napoléon, dans une audience publique à Milan (juin 1805), fit une scène à l’envoyé extraordinaire de la reine, chargé de le complimenter, et la dénonça avec une colère calculée comme une furieuse ennemie de la France : « Si après tant d’années de règne elle ne sait pas mettre du calme et de la modération dans sa conduite et dans ses discours, le vaisseau anglais qu’elle tient dans la rade de Naples ne la sauvera pas. » Après de telles injures, l’ulcération, des deux parts, devint incurable. […] restait-il quelques chances, sinon d’avoir la reine pour alliée, du moins de ne pas l’avoir pour ennemie ?
À entendre le concert de louanges qui l’entouraient de son vivant et qui consacrèrent sa mémoire au lendemain de sa mort, quand il fut tué à vingt-six ans en chargeant l’ennemi à Crefeld, on serait tenté de le croire parfait, trop parfait. […] Le maréchal (danger plus grave) a près de lui dans le chef de son état-major, le comte de Maillebois, une âme damnée de Richelieu, un ennemi, un malin esprit et, peu s’en faut, un espion et un traître. […] Il a été pleuré à l’armée des ennemis comme dans la noire. » Dans le premier moment, un sentiment de regret unanime s’associa comme une trop faible consolation et un bien juste hommage à l’immense douleur du maréchal de Belle-Isle ; mais la malignité qui se glisse partout, et qui est si prompte à se venger d’un premier mouvement de sympathie, trouva bientôt mauvais qu’il n’eût point résigné le ministère tout aussitôt après la mort de son fils.
Ce gentilhomme qui abhorre les « philosophicailleries modernes », qui l’ait de la religion la base de la société, qui sollicite du despotisme royal des lettres de cachet contre fils, femmes et filles, cet homme de vieille roche, ce dur, cet intraitable féodal est l’ennemi des prêtres, des commis, des financiers, des courtisans, fait des avances à Jean-Jacques, bénit Quesnay, ne rêve que progrès, améliorations sociales, bonheur du peuple, et se fait mettre à Vincennes pour le libéralisme de sa théorie de l’impôt. […] Nombre de prélats grands seigneurs se désintéressaient de la défense de l’Eglise, coquetaient avec ses ennemis, dont l’esprit amusait leur esprit, tandis que d’autres ne songeaient qu’à jouir de la liberté du siècle. […] Il ne devint pas pourtant ennemi du christianisme.
Gentilhomme, je ne sais pas bien s’il l’est en effet ; mais il faut croire à présent qu’il en a du moins les airs, puisque Dorine, son ennemie, dans le couplet où elle raille Marianne, admet elle-même qu’il tiendrait bon rang dans sa province : Vous irez par le coche en sa petite ville, etc. […] Or, il faut considérer que ce portrait est moitié d’une ennemie, et d’une ennemie qui est servante (Dorine), et moitié d’un imbécile (Orgon) ; que, par conséquent, nous ne le pouvons accueillir que sous bénéfice d’inventaire, que nous en devons contrôler, rectifier ou, mieux, interpréter tous les traits.
A voir tant d’agitations, de 1630 à 1642, tant de jours donnés à l’intrigue, d’abord pour la reine mère contre Richelieu, puis pour la régente contre tous ses ennemis, on ne croirait pas qu’il y ait là une vocation de moraliste contrariée et retardée par les événements. […] Un homme qui avait été son ennemi, mais qui ne le fut jamais assez de personne, Mazarin excepté, pour calomnier les caractères et faire par vengeance des portraits mensongers, le cardinal de Retz lui reproche de l’irrésolution, et déclare n’en pouvoir déterminer les motifs. […] Distribuez en partis toute cette foule d’ennemis de Mazarin, en factions tous ces partis, en rivalités personnelles toutes ces factions : voilà des formes à l’infini, voilà « le pays où il y aura toujours à découvrir des terres inconnues. » La première édition des Maximes commençait par une longue et subtile analyse de l’amour-propre C’était plus qu’un portrait chargé, où beaucoup de traits portent à faux ; c’était une sorte d’accusation où se trahissait une main passionnée.
En 1682 (M. de Ciron étant mort depuis deux ans), une fille de l’Enfance, Mlle de Prohenques, qui s’échappa de la maison par escalade, et qui se plaignit de mauvais traitements, suscita une affaire grave dont les ennemis s’empressèrent de profiter. […] Il existe une Histoire, en deux volumes, de la congrégation de l’Enfance, écrite par un avocat d’Avignon, Reboulet : ces volumes, qui ne manquent pas d’intérêt, ni même de quelque agrément de narration, sont malheureusement très peu sûrs, et on y a relevé tant d’inexactitudes et d’impossibilités, l’auteur dans sa Réponse s’est défendu si faiblement et s’est laissé voir, de son propre aveu, si léger, si peu scrupuleux en matière de critique historique, qu’on ne saurait guère les considérer que comme un roman, mais un roman théologique et dressé au profit des ennemis de l’Enfance. […] Un tel accent, qui ne se feint pas, est la meilleure réponse à bien des accusations des ennemis.