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456. (1863) Histoire des origines du christianisme. Livre premier. Vie de Jésus « Chapitre IX. Les disciples de Jésus. »

Le caractère de ce dernier, droit, sincère, plein de premier mouvement, plaisait à Jésus, qui parfois se laissait aller à sourire de ses façons décidées. […] Dans le public, on le regardait comme le chef de la troupe, et c’est à lui que les préposés aux péages s’adressent pour faire acquitter les droits dus par la communauté 455. […] Un moment, même, il semble lui promettre « les clefs du royaume du ciel », et lui accorder le droit de prononcer sur la terre des décisions toujours ratifiées dans l’éternité 460.

457. (1885) Préfaces tirées des Œuvres complètes de Victor Hugo « Préfaces des pièces de théâtre — Préface des « Burgraves » (1843) »

Il se dit d’un autre côté que, s’il était nécessaire qu’on vît la servitude se traîner sous les pieds des burgraves, il était nécessaire aussi qu’on vît la souveraineté éclater au-dessus d’eux ; il se dit qu’il fallait qu’au milieu de ces princes bandits un empereur apparût ; que dans une œuvre de ce genre, si le poète avait le droit, pour peindre l’époque, d’emprunter à l’histoire ce qu’elle enseigne, il avait également le droit d’employer, pour faire mouvoir ses personnages, ce que la légende autorise ; qu’il serait beau peut-être de réveiller pour un moment et de faire sortir des profondeurs mystérieuses où il est enseveli le glorieux messie militaire que l’Allemagne attend encore, le dormeur impérial de Kaiserslautern, et de jeter, terrible et foudroyant, au milieu des géants du Rhin, le Jupiter du douzième siècle, Frédéric Barberousse. […] Faites, si vous le voulez, c’est le droit souverain du poëte, marcher dans vos drames des statues, faites-y ramper des tigres ; mais entre ces statues et ces tigres, mettez des hommes.

458. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre VII. Le langage et le cerveau »

La plupart des hommes parleraient par l’hémisphère gauche, et quelques-uns par l’hémisphère droit. J’admettrais volontiers cette explication, mais il me semble qu’elle détruit l’hypothèse, car il s’ensuivrait tout simplement que la localisation à gauche serait une localisation d’habitude, puisque le cerveau droit n’est pas absolument impropre chez quelques personnes à exercer cette fonction. Le cerveau, dans cette hypothèse, aurait donc en puissance les mêmes fonctions des deux côtés ; mais certaines circonstances détermineraient la partie gauche à certaines habitudes que n’aurait point le côté droit.

459. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le comte du Verger de Saint-Thomas »

Il y a eu des législations positives, émanées des pouvoirs, qui avaient droit et devoir de les promulguer, et il y a eu aussi des législations d’initiative individuelle et de bonne volonté. […] Or, ce n’est pas à présent, quand les pouvoirs publics perdent de leur autorité et en sacrifient chaque jour davantage, ce n’est pas quand le droit criminel, si sévère autrefois, est presque devenu, à force de s’adoucir, le droit au crime, quand des législateurs collectifs ont remplacé par l’irresponsabilité du nombre la responsabilité du législateur unitaire, qu’on peut espérer contre le duel la loi efficace qui, en France, a toujours manqué.

460. (1893) Les œuvres et les hommes. Littérature épistolaire. XIII « Lamennais »

Désormais, il ne restera rien de ce Lamennais factice, inventé par des ressentiments qui avaient, ce semble, le droit d’exister. […] Ils auront beau prendre, en effet, leur aplomb et leurs airs vainqueurs en parlant de cette évolution philosophique, on sera toujours en droit de leur dire, comme à, M.  […] Forgues, ont cité des passages de la plus merveilleuse éloquence, il est vrai, mais qui étaient dans la donnée du talent connu et presque public de l’homme qui a écrit l’Essai en matière d’indifférence, les Paroles d’un croyant, la Révolution et l’Église, etc. ; ces passages, magnifiques comme expression, n’apprenaient rien de nouveau, ne modifiaient rien de ce qu’on sait sur la manière de Lamennais, et n’avaient le droit d’étonner personne.

461. (1860) Les œuvres et les hommes. Les philosophes et les écrivains religieux (première série). I « XVIII. Lacordaire »

Parmi ces titres peu nombreux et encore plus nombreux qu’aperçus, il a glissé ce livre sur Marie-Madeleine, et s’il ne l’a pas publié pour les besoins de son élection, puisqu’il était nommé quand le livre a paru, on peut cependant très bien croire qu’il l’a publié pour la justifier ou pour en témoigner à qui de droit sa reconnaissance. […] Il n’en est pas moins dans la pente sur laquelle tout penche, d’un univers qui fut si droit et si magnifiquement assis ! […] Le prêtre de l’Oraison funèbre d’O’Connell, le moine des clubs et de l’Assemblée nationale, qui passa, en sa robe blanche de dominicain, des examens de civisme devant des étudiants en droit !

462. (1876) Romanciers contemporains

Celui-ci conserve tous ses droits, toute sa prééminence. […] Les lignes droites et nettes sont celles qui se fixent le mieux dans l’attention. […] Le goût redressé reprend ses droits. […] Ce sont assurément des œuvres de tête, mais le cœur y a revendiqué ses droits. […] Jules Claretie n’a eu qu’à la faire connaître pour avoir le droit de l’embrasser.

463. (1880) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Première série pp. 1-336

Je suppose, et j’ai le droit de supposer qu’elle avait ses raisons. […] Et généralement, de quel droit, à quel titre reproduisons-nous ce que Pascal, de sa propre main, a cru devoir barrer ? […] Molinier s’arrogent le droit de la lui restituer. […] Quant à ses études de droit, Molière les termina-t-il ? […] Bonnefoi du Malade imaginaire, parle la langue du droit.

464. (1929) Dialogues critiques

Puisque l’armée, le clergé, la noblesse, le barreau, le professorat, le Parlement sont représentés, le journalisme n’a pas moins de droits à l’être aussi. […] Paul Moi aussi, mais sous réserve de ne pas sacrifier le bon droit. […] C’est un droit qui appartient à tous les citoyens. […] On n’y a même pas grand mérite quand cette législation respecte les droits naturels et essentiels, les droits de l’homme, ainsi que c’est le cas en France et dans toute démocratie civilisée depuis 1789. […] Pierre Quant aux simples amateurs, n’ont-ils pas le droit de suivre bonnement leur plaisir ?

465. (1859) Cours familier de littérature. VII « XLIe entretien. Littérature dramatique de l’Allemagne. Troisième partie de Goethe. — Schiller » pp. 313-392

Goethe, véritable Apollon dans sa maturité forte et sereine, régnait par droit de nature encore plus que par droit d’aînesse et de rang sur son jeune émule ; mais Goethe était sans jalousie comme la toute-puissance ; au lieu d’éloigner ou d’éclipser son rival de célébrité, il songea généreusement à l’élever jusqu’à lui et à l’attacher par des liens de reconnaissance à la cour de Weimar. […] Votre regard observateur, qui repose si calme et si limpide sur toutes choses, ne vous égare jamais dans le vague des pures spéculations imaginaires ; vous suivez droit la marche de la nature. […] Le fatalisme s’accommode très bien de la servitude ; l’homme, aux yeux de Goethe, était roi par droit de nature ; ce roi pouvait aimer ses sujettes, mais il n’était pas tenu de les respecter. […] Nul à Weimar n’aurait osé se scandaliser d’une hardiesse de la vie privée ou publique du roi de l’intelligence en Allemagne ; il était, comme Louis XIV, au-dessus de l’humanité : il avait le droit divin du scandale. […] le droit de rien demander.

466. (1856) Cours familier de littérature. II « VIIe entretien » pp. 5-85

On a le droit de se reposer quand on a produit pour l’esprit humain cent poèmes, dix théâtres, dix philosophies et cinq religions ; quand on a été l’Inde, la Chine, l’Arabie, la Perse, l’Égypte, la Grèce, la Judée, l’école et le sanctuaire de l’univers. […] Et de quel droit ? Du droit d’une opinion, d’un système, d’une fantaisie, d’une vanité, d’une boutade de Danton (et encore Danton lui-même ne proclamait que la guerre défensive et traitait avec la Prusse). […] Les ligues des cours furent désarmées de tout droit d’agression contre la république ; les peuples, respectés et rassurés sur leur territoire, passèrent du côté de nos principes, et la diplomatie française fut l’arbitre du monde en six semaines de temps, sans avoir violenté une nation ni brûlé une amorce. […] Ainsi l’armée des Alpes, par sa seule existence, dominait inoffensivement l’Italie de son front, pacifiait par son flanc droit le midi de la France.

467. (1767) Salon de 1767 « Peintures — La Grenée » pp. 90-121

L’œil droit va lui tomber de son orbite. […] Le bras gauche de Jupiter est passé sur les reins de sa femme, et son bras droit est porté sur des nuées vraiment assez solides pour le soutenir. […] Ces nuages qui partent de l’angle supérieur droit de la scène et du fond, s’étendent en serpentant, et descendent jusqu’à l’angle inférieur gauche, où ils se boursouflent à terre en s’épaississant. […] Mais le bras droit de la poésie dont la main gauche est très belle… eh bien, ce bras droit ? […] Bras droit de Caesar cassé, sa cuisse droite allant je ne scais où, ou plutôt il n’en a point.

468. (1870) Causeries du lundi. Tome X (3e éd.) « Agrippa d’Aubigné. — I. » pp. 312-329

Il comprend la dignité du genre qu’il traite ; il est des particularités honteuses ou incertaines que l’histoire doit laisser dans les satires, pamphlets et pasquins, où les curieux les vont chercher : d’Aubigné, qui aime trop ces sortes de pasquins ou de satires, et qui ne s’en est jamais privé ailleurs, les exclut de son Histoire universelle, et, s’il y en introduit quelque portion indispensable, il s’en excuse aussitôt : ainsi en 1580, à propos des intrigues de la cour du roi de Navarre en Gascogne, quand la reine Marguerite en était : J’eusse bien voulu, dit-il, cacher l’ordure de la maison ; mais, ayant prêté serment à la vérité, je ne puis épargner les choses qui instruisent, principalement sur un point qui, depuis Philippe de Commynes, n’a été guère bien connu par ceux qui ont écrit, pour n’avoir pas fait leur chevet au pied des rois… Quand il s’étend longuement sur certaines particularités purement anecdotiques, il s’en excuse encore ; il tient à ne pas trop excéder les bordures de son tableau ; il voudrait rester dans les proportions de l’histoire : mais il lui est difficile de ne pas dire ce qu’il sait de neuf et d’original ; et d’ailleurs, s’il s’agit de Henri IV, n’est-il pas dans le plein de son sujet, et n’est-il pas en droit de dire comme il le fait : « C’est le cœur de mon Histoire ?  […] D’Aubigné voyait dans ce dévouement et cette vaillance une preuve du bon droit : « Il arrive peu souvent, pensait-il, que l’injustice ait les meilleures épées de son côté, parce que c’est la conscience qui émeut la noblesse et la porte aux extraordinaires dépenses, labeurs et hasards. » D’Aubigné, si on l’avait pressé, eût peut-être été dans l’embarras de fixer ce beau temps où l’épée de la noblesse était toujours pour le parti le plus juste ; dans les souvenirs de la fin de sa vie, il confond involontairement ce temps idéal avec celui de sa jeunesse, le bel âge pour tous : quand il devint vieux, il ne fut pas des derniers à crier à la décadence. […] Le vicomte de Turenne, depuis duc de Bouillon, opina le premier : c’était un homme de grands discours et habile à donner des infinités de raisons à l’appui des conclusions qu’il embrassait ; ayant été récemment accusé d’avoir été trop prompt à la dernière levée de boucliers, son point de départ, cette fois, fut qu’il fallait changer de méthode, mettre de son côté le droit et l’apparence, éviter avant tout l’odieux : « Si vous vous armez, disait-il, le roi (Henri III) vous craindra ; s’il vous craint, il vous haïra ; s’il vous hait, il vous attaquera ; s’il vous attaque, il vous détruira. » Par ces raisons subtilement déduites et enchaînées, il concluait qu’il fallait introduire, faire couler les gens de guerre dans les armées royales et servir de la sorte sans enseignes déployées : « Le roi devra sa délivrance à notre vertu, et sacrifiera sa haine passée à notre humilité. » Cet avis allait l’emporter, et la majorité semblait s’y ranger lorsqu’un mestre de camp, c’est-à-dire d’Aubigné, commandé de parler à son tour, s’exprima en sens contraire et changea la face de la délibération. […] On en voit le thème : il s’indigne pour les siens, pour les hommes de sa cause, à cette seule idée de se faufiler dans l’armée royale ; ce serait abjurer le passé : Ce serait, dit-il en commençant, fouler aux pieds les cendres de nos martyrs et le sang de nos vaillants hommes, ce serait planter des potences sur les tombeaux de nos princes et grands capitaines morts, et condamner à pareille ignominie ceux qui, encore debout, ont voué leurs vies à Dieu, que de mettre ici en doute et sur le bureau avec quelle justice ils ont exercé leurs magnanimités ; ce serait craindre que Dieu même ne fût coupable ayant béni leurs armes, par lesquelles ils ont traité avec les rois selon le droit des gens, arrêté les injustes brûlements qui s’exerçaient de tous côtés, et acquis la paix à l’Église et à la France… Je dis donc que nous ne devons point être seuls désarmés quand toute la France est en armes, ni permettre à nos soldats de prêter serment aux capitaines qui l’ont prêté de nous exterminer, leur faire avoir en révérence les visages sur lesquels ils doivent faire trancher leurs coutelas, et de plus les faire marcher sous les drapeaux de la Croix blanche qui leur ont servi et doivent servir encore de quintaine (point de mire) et de blanc.

469. (1867) Nouveaux lundis. Tome VIII « Jean-Bon Saint-André, sa vie et ses écrits. par M. Michel Nicolas. »

Il s’adressa dans sa haute et froide impartialité à toutes les nuances, à toutes les couleurs d’opinions qui s’étaient dessinées depuis 1789 jusqu’au 18 brumaire, sans en exclure aucune, au côté droit comme au côté gauche des diverses Assemblées qui s’étaient succédé : il convenait pourtant que les Constituants lui donnaient plus de mal que d’autres à réduire et à employer ; les Conventionnels lui en donnèrent moins : ils avaient été amenés à comprendre mieux que les premiers que la liberté n’est pas tout, que le salut public doit passer même avant les principes, et que dans la vie des nations il y a telle chose qu’on ne saurait supprimer, le gouvernement avec ses nécessités à certaines heures. […] Mais, pour avoir droit de l’exercer, il aurait fallu dissimuler sa qualité, de protestant ; car les odieux Édits étaient encore en vigueur. […] Jean-Bon fut comme la plupart des hommes de cette époque : son esprit qui était ferme et net, et non supérieur, s’excitant et s’enflammant au foyer du cœur et au souffle de la passion, marcha avec les événements sans les devancer de beaucoup, et il est de ceux qui auraient pu dire en toute vérité avec le moraliste : « Les occasions nous font connaître aux autres, et encore plus à nous-mêmes. » Le 30 avril 1789, à l’occasion de l’Édit de Louis XVI en faveur des Protestants et en vertu duquel il leur était permis de s’avouer tels désormais sans péril et sans crainte, de pratiquer leur culte, de contracter mariage selon les lois et de jouir des avantages et des droits de citoyens, Jean-Bon prononçait à titre et en qualité de pasteur, « devant quelques vrais serviteurs de Dieu et divers citoyens amis de la religion, de la tolérance, de la patrie et de l’humanité », un discours ou sermon où il se montrait pénétré de reconnaissance envers « le bienfaisant monarque », et d’une sensibilité autant que d’une modération qu’il n’a que trop tôt démenties : « Mais peut-on se le dissimuler ? […] Comme la plupart des régénérateurs de son temps, il paraissait croire, moyennant méthode, à une refonte complète possible de la constitution morale, intellectuelle et physique de l’homme : « La société a besoin, disait-il, que chacun de ses membres ait une constitution vigoureuse, un esprit éclairé et un cœur droit. » Prêchant l’excellence de l’éducation, il est en garde à tout instant contre l’instruction proprement dite, et semble demander qu’il n’y en ait pas trop, absolument comme Jean Reynaud parut le dire un jour dans sa fameuse circulaire.

470. (1867) Nouveaux lundis. Tome IX « Marie-Thérèse et Marie-Antoinette. Leur correspondance publiée, par M. le chevalier Alfred d’Arneth et à ce propos de la guerre de 1778 »

On le vit bien, lorsqu’à la nouvelle de la mort inopinée de l’Électeur de Bavière, décédé sans héritier direct en décembre 1777, l’Autriche, sous prétexte de droits particuliers qu’elle revendiquait et qui n’étaient connus que d’elle, se mit en possession militairement des deux tiers du pays. […] C’est alors que Frédéric avertissant à temps le duc des Deux-Ponts, héritier présomptif après l’Électeur palatin, et qui lui-même était près de céder, saisit le beau rôle, l’occasion propice qui s’offrait à lui, de prendre en main la cause des princes lésés, de soutenir les stipulations formelles, les articles du traité de Westphalie, qui réglaient ou confirmaient cette succession de Bavière, et de faire respecter les immunités, les libertés et les droits du Corps germanique. Il devenait ainsi le conservateur à main armée et le champion du droit public en Allemagne. […] On sait que Marie-Thérèse, plus émue que personne (et elle en avait le droit), prit sur elle alors d’ouvrir une négociation particulière avec le roi de Prusse (juillet 1778) ; la négociation manqua : Joseph II fut très irrité quand il sut la tentative de sa mère.

471. (1870) Portraits contemporains. Tome III (4e éd.) « M. PROSPER MÉRIMÉE (Essai sur la Guerre sociale. — Colomba.) » pp. 470-492

Son audace inexorable poussait droit devant elle, et n’avait pas l’air de se douter d’elle-même. […] On a bientôt fait de dire que Marius représentait le principe populaire, et Sylla l’élément patricien ; que le plébéianisme, depuis les Gracques, était généralement favorable à l’émancipation de l’Italie tout entière et à une égalité de droits à laquelle s’opposait le sénat ; que les Italiens s’armèrent pour conquérir par la force ce qu’on leur déniait avec iniquité ; que la guerre fut atroce et Rome plus d’une fois en danger ; que le patriciat, en triomphant même, en se relevant un moment par l’épée de Sylla, ne put guère faire autre chose que ce qu’aurait fait également l’autre parti s’il eût été victorieux, c’est-à-dire proclamer les concessions devenues inévitables et qui ne s’arrêtèrent pas là. […] Céder aux alliés une partie de ses droits, c’eût été aux yeux du dernier plébéien de Rome s’avouer vaincu par des ennemis dont on lui redisait chaque jour la défaite ; c’eût été comme renoncer à une propriété qui, pour n’être qu’une satisfaction d’amour-propre, ne lui en était pas moins précieuse. […] Au moment où, par le sujet et par la manière, il a l’air de se ressouvenir le moins des modèles enseignés, tout d’un coup il les rejoint et les touche au vif sur un point, parce que, ainsi qu’eux, il a visé droit à la nature.

472. (1818) Essai sur les institutions sociales « Chapitre V. Seconde partie. Des mœurs et des opinions » pp. 114-142

Or, ce sont les seules révolutions que les hommes fassent ; celles qui doivent fonder la liberté sont faites par le temps : aussi avons-nous vu la révolution française produire l’abolition des dettes par les assignats, et un nouveau partage des propriétés par la vente à vil prix des biens nationaux, et par la suppression du droit d’aînesse. […] Un orateur de la Chambre des Députés demandait une sorte de code pénal pour punir ceux des électeurs qui se montreraient trop peu empressés à exercer leurs droits : sans doute il pensait aussi que le régime représentatif n’était point encore dans nos mœurs. […] Dans les gouvernements anciens, tous les hommes libres comptaient pour l’exercice des droits et des devoirs de la cité ; chez les Égyptiens tous étaient nobles : la roture, c’était l’esclavage. […] La suppression du droit d’aînesse achève, à mon avis, cette espèce d’émancipation.

473. (1856) Articles du Figaro (1855-1856) pp. 2-6

Mais la Révolution française, en créant définitivement l’individu, fonda les droits de l’homme à la comédie et destitua les grands hommes. […] Nous réclamons pour les femmes laides le droit de naturalisation dans la république des lettres. […] Eugène Maron, fortement pensé, écrit dans un style sobre et vigoureux, à la fois plein d’érudition substantielle et d’inspirations généreuses, a droit à tous les éloges. […] L’École de droit se dépeuple de jour en jour ; les amphithéâtres de l’École de médecine sont déserts ; lui-même, M.  […] Baschet se trouve avoir perdu son droit d’aînesse.

474. (1888) Portraits de maîtres

Est-ce ainsi que l’on apprend à une nation à apprécier ses droits ?  […] La riposte, les représailles sont de droit pour la critique. […] Le premier il donna droit de cité dans l’art aux humbles et aux ignorés. […] Il a exercé le droit de libre contradiction et d’appréciation historique. […] l’idée du Droit.

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