— On ne conseille pas pour cela de déserter leur école, mais de s’inspirer d’eux librement : Changeons en notre miel leurs plus antiques fleurs ; Pour peindre notre idée, empruntons leurs couleurs ; Allumons nos flambeaux à leurs feux poétiques ; Sur des pensers nouveaux faisons des vers antiques. […] … Il n’est si mauvais poète ou sot traducteur qui ne vous avertisse dans sa préface que, s’il y a des défauts dans son œuvre, ce n’est pas sa faute, c’est celle de l’instrument qu’il emploie : Si son vers est gêné, sans feu, sans harmonie, Il n’en est point coupable : il n’est point sans génie ; Il a tous les talents qui font les grands succès ; Mais enfin, malgré lui, ce langage français, Si faible en ses couleurs, si froid et si timide. […] Doux, rapide, abondant, magnifique, nerveux, Creusant dans les détours de ces âmes profondes, S’y teindre, s’y tremper de leurs couleurs fécondes ? […] Nous en citerons deux qui résument les autres ; d’abord celle de Guillaume de Humboldt, rencontrant la question au cours de ses études sur l’histoire du langage : « Il peut sembler étrange, dit-il, puisque la poésie se plaît avant tout à la forme, à la couleur et à la variété, de vouloir l’unir avec les idées les plus simples et les plus abstraites, et pourtant cette association n’en est pas moins légitime. […] Sur une pareille matière, il fallait répandre à flots la lumière, la couleur, la vie.
Il n’a pas tenté de fondre en une seule nuance les couleurs des différents drapeaux ; il a toujours été lui-même, et étant tour à tour celui-ci et celui-là, il a suivi la fantaisie et obéi à l’inspiration du moment.
On voit qu’il a tâché de rendre aussi sa maniere ; mais son pinceau n’a pu saisir ce ton simple, mais énergique ; ces couleurs vives, mais naturelles, qui caractérisent Démosthene.
Le sujet en est intéressant, le plan régulier, les épisodes sont bien amenés, les moralités naissent du sujet, les comparaisons sont justes, les images souvent heureuses ; malgré cela, le défaut de chaleur, d’élégance, de correction, un grand nombre de Vers foibles, durs, prosaïques, la monotonie qui regne dans les couleurs, la sécheresse du pinceau, les fautes contre la Langue & contre le goût, font que ce Poëme n’est pas plus lu que le Childebrand de Sainte-Garde, la Pucelle de Chapelain, le Saint Louis du P.
Le caractere dominant de son style, est la véhémence, sans que la chaleur qui l'anime, nuise à la vérité des mouvemens & aux couleurs touchantes de l'onction & de la sensibilité.
Du reste nulle expression ; point de distance entre les plans ; une couleur sombre ; des lumières de nuit.
Le pouce de Loutherbourg y manque ; je veux dire cette manière de faire longue, pénible, forte et hardie qui consiste à placer des épaisseurs de couleurs sur d’autres qui semblent percer à travers, et qui leur servaient comme de réserves.
Ce peintre-ci ne manque pas de couleur, en travaillant il peut aller loin ; il faut s’y connaître pour concevoir cette espérance.
L’effet de l’ensemble, l’intérêt de l’action, la position, le caractère, l’expression des figures, la distribution, les groupes, l’entente des lumières, quelque chose même du dessin et de la couleur sont restés ; mais arrêtez, entrez dans les détails, il n’y a plus ni finesse, ni pureté, ni correction ; vous prenez Guerin par l’oreille, vous le mettez à genoux, et vous lui faites faire amende honorable à de grands maîtres si maltraités.
. — La dénomination de « république des lettres » est et demeure abolie, comme jurant avec la couleur locale de l’Orient.
Quelques-uns de ces phénomènes linguistiques sont moins obscurs ; c’est quand l’objet nommé ou surnommé est très caractéristique de forme ou de couleur : ainsi l’able ou ablette (albula) est dite poisson blanc par les Hollandais, les Anglais, les Polonais : witfisch, white hait, bialoryb ; ainsi le choucabus (à tête ; caput, chabot142, caboche) est aussi pour les Allemands, kopfkohl, et pour les Italiens, capuccio ; ainsi le phénicoptère des Grecs, l’oiseau aux ailes de flamme, est pour nous le flamant. […] La renoncule, connue sous le nom de bouton d’or, a reçu dans les langues et les dialectes d’Europe179 deux séries de noms ; les uns la désignent d’après la forme de sa feuille, les autres d’après la couleur de sa fleur. […] Un dialecte suédois et l’islandais appellent le bouton d’or fleur du soleil (solœga et soley) : c’est encore l’idée d’or ou de couleur jaune. […] De même il avait constaté avec soin l’incohérence de la nomenclature populaire : « Les mêmes noms empruntés à des similitudes de couleur, à de grossières ressemblances de port ou de forme, à de prétendues propriétés identiques, s’appliquent indifféremment et dans les mêmes lieux à des plantes de familles très éloignées : l’ellébore est l’herbe d’enfer dans l’Aube, mais en Provence l’erbo d’infer, c’est le nénuphar. » (Polybiblion, 1897.)
À mon avis, c’est là de la fausse couleur locale. […] Nos couleurs sont riches, vives ; les mélanges de tons ont fait sa réputation par leur hardiesse ; on ne recule devant aucun mélange extraordinaire, on heurte, on oppose : mais tout cela en artiste. […] Chez madame X., on doit forcément devenir dessinateur de goût, et le goût doit être discret, fin, tandis que chez nous l’œil le plus terne devra s’habituer et finir par aimer les couleurs vives, et le goût le plus timoré deviendra hardi et original. » On pourrait croire que ce ne sont là que de jolis mots, et que le souci de l’art qu’elles savent exprimer est de bien petite importance dans la vie de ces jeunes filles obligées de travailler pour vivre. […] L’héroïne, ce serait l’une des ouvrières les plus artistes de la mode parisienne, non l’une quelconque, mais celle-ci, qui avait les yeux couleur d’eau de mer, un air d’aristocrate, un sourire si facile et si vite retenu.
Mathieu, Gustave (1808-1877) [Bibliographie] Parfums, chants et couleurs (1877) OPINIONS.
Cet Ouvrage offre un recueil des principaux systêmes des Philosophes tant anciens que modernes, sur la lumiere, sur les couleurs & sur la structure de l’Univers.
Les vagues émotions religieuses et les rêveries de cœur qu’ils savaient communiquer aux âmes, et qui étaient comme une maladie sociale de ces dernières années, leur conciliaient bien des suffrages de jeunes gens et de femmes que la couleur féodale ou monarchique, isolée du reste, n’aurait pu séduire. […] La mission, l’œuvre de l’art aujourd’hui, c’est vraiment l’épopée humaine ; c’est de traduire sous mille formes, et dans le drame, et dans l’ode, et dans le roman, et dans l’élégie, — oui, même dans l’élégie redevenue solennelle et primitive au milieu de ses propres et personnelles émotions, — c’est de réfléchir et de rayonner sans cesse en mille couleurs le sentiment de l’humanité progressive, de la retrouver telle déjà, dans sa lenteur, au fond des spectacles philosophiques du passé, de l’atteindre et de la suivre à travers les âges, de l’encadrer avec ses passions dans une nature harmonique et animée, de lui donner pour dôme un ciel souverain, vaste, intelligent, où la lumière s’aperçoive toujours dans les intervalles des ombres.
Nos appréciations du dessin, de la couleur, de la perspective et de la pâte ont l’insolence involontaire et naïve des graveurs, musiciens ou droguistes discutant la technique du vers moderne. […] Le seul élément haïssable, inacceptable, c’est celui qui fait le fond des expositions, chez les conservateurs et chez les révolutionnaires : c’est le quelconque de dessin, de couleur, et d’inspiration.
Tout y est jeté au même moule, & empreint des mêmes couleurs. […] Ils savent que rien n'est beau que le vrai ; que chaque chose doit être revêtue des couleurs qui lui sont propres ; que trop de faste dans le style est une preuve certaine de la stérilité de l'esprit ; que le naturel seul a droit de plaire, de saisir, de toucher.
Une couleur n’existe, un son, une odeur n’existent, que s’ils sont perçus. […] Je sais qu’avec des couleurs, de la toile et des pinceaux, Vélasquez fit des chefs-d’œuvre ; voici une notion.
L’Expiation de Saveli vaut beaucoup mieux, sans doute, par certains détails russes qui n’appartiennent pas en propre à l’auteur, et par l’idée même, qui en est le fond ; mais l’exécution en est si pauvre et d’une telle simplicité sans couleur, que cette exécution n’est jamais, un instant, à la hauteur de l’idée qui l’a inspirée. […] Elle n’en a ni le ton trop monté, ni les couleurs matérielles et criantes, ni le rengorgement impie, ni le détail dégoûtant des crudités basses.