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1269. (1867) Le cerveau et la pensée « Chapitre IX. La pensée est-elle un mouvement ? »

On nous oppose que les vibrations de l’éther deviennent de la lumière et de la couleur sans être en elles-mêmes ni lumineuses, ni colorées ; mais on oublie ce que les cartésiens avaient déjà si profondément aperçu, à savoir, que le mot de lumière signifie deux choses bien distinctes : d’une part, quelque chose d’extérieur, la cause objective, quelle qu’elle soit, des phénomènes lumineux, cause qui subsiste pendant, avant, après la sensation, et indépendamment d’elle ; d’autre part, la sensation lumineuse elle-même, qui n’est rien en dehors du sujet sentant.

1270. (1906) La nouvelle littérature, 1895-1905 « Deuxième partie. L’évolution des genres — Chapitre IV. Littérature dramatique » pp. 202-220

Marinetti, a la truculence de couleurs, d’odeurs et de sens d’une kermesse flamande.

1271. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 15, le pouvoir de l’air sur le corps humain prouvé par le caractere des nations » pp. 252-276

Leur peau y devient blanchâtre, et l’on peut croire qu’une colonie de négres établie en Angleterre y perdroit enfin la couleur naturelle aux négres, comme les portugais du Cap-Verd ont perdu la leur dans les païs voisins de la ligne.

1272. (1733) Réflexions critiques sur la poésie et la peinture « Seconde partie — Section 35, de l’idée que ceux qui n’entendent point les écrits des anciens dans les originaux, s’en doivent former » pp. 512-533

Rien ne sçauroit suppléer le rapport du sens destiné à juger de la chose dont il s’agit, et les idées que nous pouvons nous en former sur les discours et sur les raisonnemens des autres, ressemblent aux idées qu’un aveugle né, peut s’être formées des couleurs.

1273. (1860) Ceci n’est pas un livre « Décentralisation et décentralisateurs » pp. 77-106

On prend des renseignements sur l’aspect et la couleur du mouchoir où le grand homme enferme, la nuit, sa tête dantesque ; on apprend qu’il nourrit un goût dépravé pour les escargots cuits sur le gril ; — l’habitude malpropre qu’il a contractée de combattre ses irritations de nez avec du suif de chandelle n’est plus un mystère ; on sait que le pingre a refusé hier un manchon aux sollicitations de sa femme… On le guette, on le suit, on le traque — on le connaît de sa salle à manger à son alcôve.

1274. (1878) Les œuvres et les hommes. Les bas-bleus. V. « Introduction. Du bas-bleuisme contemporain »

Bien avant ce célèbre club des femmes, organisé en 1848, et si ridiculement fameux ; bien avant les publications de Mme Olympe Audouard, qui demande même des droits politiques, Mme Audouard, la plus avancée des révolutionnaires féminines ; la Marat couleur de rose du parti, et que je ne tuerais pas dans sa baignoire ; bien avant toutes ces tentatives animées dont ont pu rire quelques esprits aristophanesques, quelques attardés dans leur temps, qui ont encore dans le ventre de l’ancien esprit français, car nous portons malgré nous en nos veines quelque chose des mœurs de nos pères, l’idée d’égalité, qui pénètre tout, avait pénétré la perméable substance de l’esprit des femmes, et traversé, sans grande peine, la pulpe de pêche de ces cerveaux.

1275. (1906) Les œuvres et les hommes. À côté de la grande histoire. XXI. « L’empire russe depuis le congrès de vienne »

Trois coups de pinceau trempé dans du vermillon, la couleur russe par excellence, — car, en russe, rouge est un synonyme de beau, — et c’est fait !

1276. (1909) Les œuvres et les hommes. Critiques diverses. XXVI. « Le capitaine d’Arpentigny »

« C’est à ce mouvement qu’on dut en partie la victoire… » Maintenant, qu’il déclame tant qu’il voudra contre la guerre et s’enniaise de philosophie moderne, l’homme qui a écrit cette espèce de strophe, cette phrase presque plastique, ce tableau d’un si rapide mouvement et d’une si héroïque couleur, est, avant de se donner pour un Lavater de la main, un peintre militaire indestructible qui va se trouver partout : — il n’y a qu’un moment dans l’idéal, tout à l’heure dans la réalité.

1277. (1906) Les œuvres et les hommes. Femmes et moralistes. XXII. « Sainte Térèse » pp. 53-71

Dans ses ardeurs vers Dieu, le feu qui la consume, ce feu mystique, est blanc comme la neige, à force d’être concentré, et voilà pourquoi les âmes accoutumées à la grossièreté de la terre et à l’expression violente et morbide de ses passions peuvent trouver sans couleur et sans fulgurance cette flamme divinisée en Dieu, et qui a perdu l’écarlate de la flamme humaine !

1278. (1890) Les œuvres et les hommes. Littérature étrangère. XII « Goethe »

La couleur du sang de Goethe, quelle est-elle ?

1279. (1904) Les œuvres et les hommes. Romanciers d’hier et d’avant-hier. XIX « Marie Desylles » pp. 323-339

— je ne connais que dans ce roman des lettres d’une beauté d’éloquence et de couleur comparables à celles de ces lettres de Réa Delcroix.

1280. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre X. Des Romains ; de leurs éloges, du temps de la république ; de Cicéron. »

Les poètes parcourent dans la nature tout ce qui donne des impressions ou agréables, ou fortes, et transportent ensuite ces beautés ou ces impressions dans le langage ; ils attachent par une sensation un corps à chaque idée, donnent aux signes immobiles et lents la légèreté, la vitesse ; aux signes abstraits et sans couleur, l’éclat des images ; aux êtres qui ne sont vus et sentis que par la pensée, des rapports avec tous les sens.

1281. (1773) Essai sur les éloges « Chapitre XXI. De Thémiste, orateur de Constantinople, et des panégyriques qu’il composa en l’honneur de six empereurs. »

Ils passent à travers leur siècle, sans rien emprunter de sa couleur.

1282. (1890) La bataille littéraire. Deuxième série (1879-1882) (3e éd.) pp. 1-303

» et il venait avec confiance étonné seulement de tout ce calme auprès d’autres nuits grondantes, couleur de sang, où montaient des flammes, des bruits de canon, des fusillades. […] S’il fût né pauvre, il n’eût été qu’un homme ordinaire ; riche, c’était un sot… Physiquement, M. de Maurescamp était un grand et beau garçon, un peu haut en couleur et d’une élégance un peu lourde. […] Tout d’un coup, sans qu’il parût un mouvement, sans que les yeux fussent fermés davantage, les couleurs disparurent comme un rideau qu’on lève doucement, et la pâleur s’étendit des lèvres jusqu’au front. […] * *   * Vous avez tort, madame, croyez-moi, c’est la couleur qui se porte le plus dans ce moment-ci. […] Voici deux belles pages pleine de science, de couleur et d’éloquence ; ce sont de véritables tableaux de maître.

1283. (1894) La bataille littéraire. Sixième série (1891-1892) pp. 1-368

Sans recherche de couleur locale, et rien que par la forme du savoir dire vrai, M.  […] Une tache de couleur grise, derrière les massifs, assez loin, allait et venait, avec une grâce effacée ; elle se rapprocha : on vit revenir lentement Marc et Lilia ensemble. […] … C’est un rien que ce petit coin de tableau, les couleurs y sont à peine indiquées, mais qui n’en reconnaîtrait l’absolue exactitude ? […] Nul mieux que lui ne sait prendre les idées, la langue d’un temps, vivre dans l’au-delà des siècles et nous en rapporter la couleur et le parfum. […] Le jardinier, qui était un nègre, a été prendre de l’eau dans un vieil arrosoir et il l’a répandue devant moi pour faire revivre les belles couleurs de la mosaïque, et puis je m’en suis allé.

1284. (1892) Un Hollandais à Paris en 1891 pp. -305

           Pour que tu cèdes à mes pleurs,         Ma main a dévidé des fils de sept couleurs. […] les couleurs de la fleur étaient si étroitement unies à son âme intime que sa splendeur ne pouvait complètement se ternir. […] Et auprès de l’éclat qui émanait de ses couleurs, sa vie déréglée, — ah ! […] Jusqu’à sa mise négligée avec cette petite recherche d’une couleur voyante, excite ma curiosité. […] Ces couleurs voyantes, ces lignes zigzagantes, bleues, jaunes, vertes, rouges et brunes, qui dansaient une sarabande folle sur les toiles firent violence à mes yeux habitués aux grisailles de la peinture nationale.

1285. (1922) Le stupide XIXe siècle, exposé des insanités meurtrières qui se sont abattues sur la France depuis 130 ans, 1789-1919

Ceci prouve que, si les écrivains politiques contribuent à la couleur d’une époque, il y a, dans l’ambiance politique de cette époque, quelque chose qui finalement les domine, s’ils n’arrivent à la dominer. […] Qui donc reprocherait ses ellipses au rarissime et subtil Mallarmé, non plus que ses charmantes énigmes de couleur ? […] L’homme rêve toujours, même éveillé, et son rêve a la couleur de son milieu. […] N’alléguez point que ces couleurs et cette doctrine ne sont point comparables entre elles ; car ces doctrines passagères ont la couleur du temps. […] Parés des couleurs les plus éclatantes, les perroquets de la démocratie apparaîtront toujours couverts de sang.

1286. (1893) Impressions de théâtre. Septième série

Sa voix est grave, lente et lointaine, et ses yeux couleur de mer fascinent Ellida. […] Il me semble qu’ici c’est par la couleur des habillements, non par leur coupe et leur figure, qu’on pouvait donner aux spectateurs une impression quelque peu lunaire. […] Mais les couleurs qui sont au-delà du violet foncé, est-ce M.  […] Le Dôme central a des tons rougeâtres de vieux paillons dédorés, tandis que les deux dômes bleus paraissent d’un bleu plus acide et plus blessant sous le ciel couleur de moutarde. […] Mais les affaires de cœur de Gaston et de Lucette avancent peu. — Des admirateurs de couleurs variées, rastas flamboyants de bijoux, nègres gommeux, et jusqu’à un Peau-Rouge en veston avec une chevelure de vieille femme maigrement éparse sur le dos, encombrent la loge de Nelly.

1287. (1949) La vie littéraire. Cinquième série

Peut-on, me dis-je, nous charmer ainsi, non point avec des formes et des couleurs comme fait la nature en ses bons moments, qui sont rares, mais avec des petits signes empruntés au langage ! […] Il a laissé à l’entreprise financière sa couleur antisémite et sournoisement cléricale, son caractère troublant d’agio mystique. […] Un peu de la douce mélancolie ombrienne se mélange pour l’attendrir à cette apothéose de la jeunesse et de la couleur. […] Il n’a pas dit seulement la couleur des cheveux de son amie, et il a rendu cette jeune femme immortelle, sans laisser d’elle une image sensible. […] Le premier plan est formé par une haie de curieux, parmi lesquels se trouvent des citoyennes en robes claires, avec des ceintures aux couleurs de la Nation.

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