/ 2293
358. (1853) Histoire de la littérature française sous la Restauration. Tome I

Rien ne commence, rien ne finit dans l’histoire de la littérature, comme dans celle des faits ; tout continue. […] Quant à la philosophie, c’était celle de Condillac qui continuait à dominer. […] La lutte entre les deux esprits et les deux principes continuait. […] Sous l’empire, le sensualisme de Condillac continua donc à régner dans les opinions, mais il fut plutôt pratiqué que théoriquement professé. […] Continuerait-elle ?

359. (1864) Portraits littéraires. Tome III (nouv. éd.) « Mademoiselle Aïssé »

L’esprit d’Aïssé ne fut pas lent à s’orner de tout ce qui pouvait relever ses grâces naturelles sans leur ôter rien de leur légèreté, et la jeune Circassienne, la jeune Grecque, comme chacun l’appelait autour d’elle, continua d’être une créature ravissante, en même temps qu’elle devint une personne accomplie. […] Rien n’y put faire, et Mlle Aïssé, décidée à ne point séparer le don de son cœur d’avec son estime, déclara que si on continuait de l’obséder, elle se jetterait dans un couvent. […] La fille d’Aïssé et du chevalier avait deux ans ; leur liaison continuait avec des redoublements de tendresse de la part du chevalier, qui bien souvent pensait à se faire relever de ses vœux pour épouser l’amie à laquelle il aurait voulu assurer une position avouée et la paix de l’âme. […] Cependant la postérité féminine d’Aïssé prospérait en beauté et en grâce ; je ne sais quel signe de la fine race circassienne continuait de se transmettre et de se refléter à de jeunes fronts. […] Bien que remplacé par le comte Desalleurs, qui prend en main les affaires de l’ambassade le 2 novembre 1710, M. de Ferriol n’en continue pas moins de correspondre avec la Cour sur les affaires, se plaint vivement de M. 

360. (1870) De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés « De l’origine des espèces par sélection naturelle, ou Des lois de transformation des êtres organisés — Chapitre XIII : Affinités mutuelles des êtres organisés »

— Depuis la première aube de la vie tous les êtres organisés se sont constamment ressemblés les uns aux autres par une série continue d’affinités, de sorte qu’ils peuvent se classer en groupes subordonnés à d’autres groupes. […] Conséquemment, les groupes aujourd’hui considérables, et qui, en général, comprennent beaucoup d’espèces dominantes, tendent à continuer encore à s’accroître en puissance et en nombre. […] Il devient ainsi aisé d’expliquer pourquoi une seule espèce, dans tout un groupe, peut quelquefois s’éloigner de ses alliées, par ses caractères les plus importants, et peut cependant continuer d’être classée avec eux en toute sécurité. […] Nous avons déjà vu que des parties très multiples sont éminemment sujettes à varier en nombre et en structure ; conséquemment, il est probable que la sélection naturelle, pendant le cours longtemps continué de ces modifications, se sera emparée d’un certain nombre des éléments similaires primitifs, plusieurs fois répétés, et les aura adaptés aux plus différentes fonctions. […] On m’avait dit aussi que les poulains des Chevaux de trait et des Chevaux de course étaient aussi différents que les individus de pleine taille : ce qui me surprenait énormément, admettant comme probable que les différences entre ces deux races sont entièrement le résultat d’une sélection longtemps continuée à l’état domestique.

361. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l’esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu’en 1781. Tome III « Les trois siècle de la littérature françoise. — M. — article » pp. 258-259

Ses infirmités ne lui permirent pas de continuer une Traduction de Pindare, qu’il avoit commencée.

362. (1763) Salon de 1763 « Peintures — Challe » p. 219

Monsieur Challe, continuez de nous donner vos vues, mais ne peignez plus.

363. (1893) Études critiques sur l’histoire de la littérature française. Cinquième série

Et, connue après tout, quelque estime que l’on fasse des odes ou des élégies, il importe moins à une société d’en avoir que de trouver son équilibre, il fallait, dès ce temps-là, que le lyrisme pérît ou, pour continuer de vivre, il fallait qu’il se transformât. […] Meurtriers ou voleurs, ils continuaient donc de croire, du meilleur de leur cœur, aux mystères et aux observances d’une religion que leur conduite profanait tous les jours ! […] Bayle, ce serait de l’attaquer lorsqu’il dit des choses bonnes et vraies, car ce serait le moyen de le piquer pour continuer. […] Elle étouffait le peu de liberté qui continuât de subsister encore sous l’empire de la tradition. […] Elle ne le pouvait pas davantage aussi longtemps que les sciences, isolées les unes des autres, et sans liens ou privées de communications entre elles, continueraient de former, selon l’expression de Fontenelle, des « souverainetés indépendantes ».

364. (1892) Portraits d’écrivains. Première série pp. -328

Dumas continuera à décrire l’amour et à représenter la femme tels que les lui a montrés une première rencontre. […] Ce désaccord des époux se continue par le désaccord des parents et des enfants. […] Il continue une tradition. […] L’explosion continuait, s’aggravait dans une gamme ascendante de fous rires. […] On peut continuer la série.

365. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — B — Brandenburg, Albert-Jacques (1878-1934) »

. — Émotion vague et continue, pensée volontairement et simplement supérieure, amplification spontanée, enlacement charmant des images, généralisations aisées, manière naturelle de montrer, plutôt que les choses, l’ombre abstraite des choses agrandies — il a beaucoup d’un grand poète.

366. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — D — Daudet, Julia (1844-1940) »

« … Plus tard, je continuai, à des dates éloignées, et je griffonnai des vers comme un peintre des croquis, au bas d’un registre de comptes, au revers d’un devoir de mes enfants, ou de pages lignées d’une fine et serrée écriture qui s’est faite glorieuse.

367. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — L — Lautréamont (1846-1870) »

Il est probable que Lautréamont, même vivant, ne l’eût pas continué.

368. (1903) Le mouvement poétique français de 1867 à 1900. [2] Dictionnaire « Dictionnaire bibliographique et critique des principaux poètes français du XIXe siècle — R — Ricard, Louis-Xavier de (1843-1911) »

Le poète se rattache à la fois à Leconte de Lisle et à Lamartine, pour la solennité du rythme et l’harmonie continue de la phrase.

369. (1781) Les trois siecles de la littérature françoise, ou tableau de l'esprit de nos écrivains depuis François I, jusqu'en 1781. Tome IV « Les trois siecles de la littérature françoise.ABCD — S. — article » pp. 264-265

Le Roman comique est le seul de ses Ouvrages qui soit d'une plaisanterie agréable & continue ; les caracteres en sont originaux, les détails facétieux, la narration piquante ; il est écrit aussi purement que les Provinciales, & n'a pas peu contribué, comme elles, à la perfection de notre Langue.

370. (1867) Causeries du lundi. Tome VIII (3e éd.) « Gibbon. — I. » pp. 431-451

À partir de cet âge, couronné par les règnes d’Antonin et de Marc-Aurèle, la décadence commence, et Gibbon va en retracer l’histoire avec exactitude, avec regret, en s’attachant à tout ce qui la retarde, en répugnant à tout ce qui l’accélère ; une belle histoire où le génie de l’ordre, de la méthode, de la bonne administration, domine ; une narration revêtue de toutes les qualités fermes, continues et solides, qui la font ressembler, jusque dans ses dégradations successives et inévitables à travers les temps barbares, à une large chaussée romaine. […] L’assujettissement des études s’y réduisant presque à rien, il y continuait dans l’intervalle le cours de ses lectures toutes personnelles ; il s’essaya dès lors sur un sujet singulier et qui était prématuré non seulement pour lui, mais pour tous les hommes de son temps, sur le siècle de Sésostris ; il cherchait à y concilier, au moyen de suppositions d’ailleurs assez ingénieuses, les divers systèmes de chronologie. […] De retour dans son pays natal auprès de son père qui s’était remarié, il continue le plus qu’il peut cette vie d’étude et d’exercice quotidien et modéré, il garde, au milieu des dissipations de Londres, ses habitudes préservatrices de Lausanne.

371. (1869) Causeries du lundi. Tome IX (3e éd.) « Duclos. — I. » pp. 204-223

Duclos répond par un éclat de rire, et se refuse d’abord à croire à la duperie de tant de gens plus ou moins considérables qu’on a nommés : Il me répondit, continue Duclos, que j’étais jeune et ne connaissais encore ni les hommes ni Paris ; que dans cette ville où la lumière de la philosophie paraît se répandre de toutes parts, il n’y a point de genre de folie qui ne conserve son foyer, qui éclate plus ou moins loin, suivant la mode et les circonstances. […] On regrette que Duclos n’ait pas continué et poussé plus loin ce récit. […] Les bons chapitres de Duclos n’ont que l’inconvénient d’être d’une observation morale trop suivie, trop continue, sans rien qui y jette du jour et de la lumière ; ils sont semés de jolis mots qui gagneraient à être détachés, et qui sont faits pour circuler comme des proverbes de gens d’esprit : L’orgueil est le premier des tyrans ou des consolateurs.

372. (1870) Causeries du lundi. Tome XII (3e éd.) « [Chapitre 5] — I » pp. 93-111

Celui-ci opposait qu’il n’était point harangueur, qu’il n’avait jamais prononcé d’arrêt en public, et d’autres raisons encore ; puis il ajoutait pour lui : « Sans doute que nos deux premiers ministres (car c’est de la sorte qu’il qualifiait alors M. de Chauvelin conjointement avec le cardinal de Fleury) ne m’ayant encore connu principalement que touchant les démêlés parlementaires dont je raisonne avec application, le temps présent ne nous offrant meilleur champ, ils s’imaginent que c’est là le fort de ma capacité, et se trompent. » D’Argenson n’eut même d’abord la perspective de quelques fonctions diplomatiques et de quelque ambassade (bien avant celle de Portugal où il n’alla jamais) que dans cette vue éloignée de la première présidence du Parlement : « Si l’on vous employait en quelques négociations étrangères, et de peu d’années, lui disait M. de Chauvelin, au sortir de cela vous seriez bien enhardi. » Depuis la clôture de l’Entre-sol, d’Argenson avait toujours l’idée de renouer et de continuer ailleurs avec quelques amis, parlementaires pour la plupart, des conférences sur le droit public, sur les matières politiques : c’était son goût dominant. […] Ils se plaignaient, entre autres choses, de ce que mon père menait avec lui à l’auditoire (à l’audience) un grand chien à collier, à peu près comme était le mien, mort depuis peu et nommé Calot… Et il continue sur ce ton, en passant aux commencements de la fortune et de l’élévation de son père, due tout entière à son mérite et à ses talents dès qu’ils furent connus. […] Il n’a pas d’élévation, au moins continue ; il se passe à tout moment des trivialités d’expression qui font de son langage l’opposé du langage noble et digne ; il était certes, à cet égard, très peu propre, on l’a dit, à être un ministre des Affaires étrangères et à représenter dans la forme sans déroger.

373. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Œuvres de Vauvenargues tant anciennes qu’inédites avec notes et commentaires, par M. Gilbert. — III — Toujours Vauvenargues et Mirabeau — De l’ambition. — De la rigidité » pp. 38-55

Mirabeau, qui écrit à l’emporte-pièce, lui trouve en quelques endroits le style lâche ; le mot n’est pas poli ; nous le traduirons mieux en disant : c’est une suite, un enchaînement de raisons déduites avec largeur et un peu de complaisance, dans une langue riche, un peu traînante en effet, mais d’une belle plénitude morale, d’une élévation continue, et qui rencontre quelquefois des mouvements d’éloquence. […] Dans les lettres qui suivent, la discussion continue et traîne un peu sur ce thème de l’éducation sociale du chevalier, Vauvenargues s’y dessinant de plus en plus comme un maître de grâce sérieuse et persuasive, et Mirabeau se redressant bientôt en homme de race et en patricien opiniâtre qui ne veut rien retrancher des défauts et qui entend respecter jusqu’aux tics de la famille. […] Gilbert qui a étudié de si près ce point délicat et obscur, mais il ajoute que ces accidents sont le signe d’une inquiétude qui exclut l’idée de l’indifférence ou de la neutralité. » Et il continue de repousser absolument l’explication de M. 

374. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Correspondance inédite de Mme du Deffand, précédée d’une notice, par M. le marquis de Sainte-Aulaire. » pp. 218-237

La correspondance, commencée en mai 1761, pendant les beaux jours du ministère de M. de Choiseul, se continue et dure sans interruption, sans ralentissement, jusqu’au 20 août 1780, un mois avant la mort de Mme du Deffand. […] Elle veut que je continue : « Je n’en ferai rien, madame ; je ne serai pas assez mon ennemie pour me priver du plaisir de vous voir et de vous entendre… » Enfin elle est partie ; reprenons ma lettre ; mais on vient me dire que le courrier de Paris va partir : « Il demande si madame n’a rien à lui ordonner. » — « Et si fait, vraiment ! […] Fiez-vous à lui, mes très chers frères ; il vous guidera mieux, quand il s’agira de sentiment, que les grands raisonnements des philosophes, que la trompeuse expérience du monde, et que les sophismes dangereux de votre raison. » Ce bon frère continua, et je m’en allai parce qu’il commençait à m’ennuyer, et que mon instinct ne peut supporter l’ennui ; cependant j’ai entrevu dans son discours quelques vérités applicables à la petite fille… Ainsi traitait-on cette vieille enfant malade et qui avait tant abusé et mésusé dans sa jeunesse de la faculté d’aimer, qu’elle n’en avait plus la force ni la foi dans ses derniers jours : c’était du moins quelque chose, et mieux que rien, d’en avoir gardé, à ce point, l’inquiétude et le tourment.

375. (1870) Causeries du lundi. Tome XIV (3e éd.) « Le journal de Casaubon » pp. 385-404

C’est donc sous l’invocation souveraine et après s’être agenouillé qu’il prend la plume ; c’est dans une pensée de recueillement et de piété qu’il entreprend ce compte rendu quotidien, continué pendant dix-sept ans entiers, et qui ne cessera que seize jours avant sa mort. […] Mais son latin a cela de particulier qu’il est farci de grec, dont l’auteur était tout rempli également ; et il y a même çà et là des pointes d’hébreu : de sorte qu’une seule et même phrase, commencée dans une langue, continuée dans une autre, peut s’achever dans une troisième. […] Ce qu’il faisait par dépravation, faisons-le par principe, et, prêts à nous livrer au sommeil, disons avec allégresse : J’ai vécu… — Je loue (continue Casaubon) l’art du sage stoïcien qui sait tourner à si bon usage les mauvais exemples, et faire son remède d’un poison.

376. (1863) Nouveaux lundis. Tome I « Correspondance de Béranger, recueillie par M. Paul Boiteau. »

Voltaire, par exemple, n’a jamais pu entrer dans l’idée de d’Holbach ou de Diderot, d’une éternité des choses ; cela ne trouve aucune case dans son cerveau pour s’y loger ; il veut absolument quelqu’un qui, à l’origine, ait créé l’univers, et qui, de près ou de loin, continue d’y présider. […] Pour cela, il ne faut que vouloir à votre âge ; continuez de chanter ; votre voix n’est pas celle de tout le monde… » Et comme il s’agit de vers, et que c’est à un rimeur qu’il a affaire, il ajoute, en appuyant sur la corde sensible : « Le bien que je vous ai dit de vos vers, ceux-ci viennent le confirmer. […] Les trônes qui s’écroulent, les ministres qui tombent et se succèdent, l’intéressent moins que le courant profond de la société qui continue de couler sous toutes ces arches de pont.

/ 2293